Paris.
J'avais toujours idéalisé cette ville. Comme si elle pouvait réparer ce qui était brisé, soigner ce qui saignait en silence. Comme si, en errant dans ses ruelles pavées, je pourrais recoller les morceaux de moi que la vie avait éparpillés.
Peut-être que c'état pour ça que j'étais ici.
Ou peut-être parce que je n'avais plus nulle part où aller.

J'écrivais depuis que je savais tenir un stylo. Depuis que les histoires, bien plus sûres que la réalité, avaient envahi mon esprit, me protégeant du reste. Les mots étaient devenus un refuge, un monde où je pouvais tout contrôler, tout comprendre.
Mais aujourd'hui, même eux m'avaient abandonnée.
Chaque page restait vide. Chaque tentative se dissolvait dans un vide glacial.

Alors, j'avais décidé de partir.
Quitter ma ville, quitter mes souvenirs, tenter de laisser derrière moi ce poids invisible qui m'écrasait un peu plus chaque jour.
Paris n'était pas un rêve. C'était une fuite. Un dernier pari.

J'aurais pu choisir la solitude d'un studio, me couper du monde, disparaître dans l'anonymat.
Mais au fond, je croyais que je cherchais encore quelque chose. Quelqu'un.
Alors, presque sans y croire, j'avais posté une annonce.

« Cherche colocataire à Paris. Appartement lumineux. Quartier calme. De préférence quelqu'un de discret... et qui aime les livres. »

Comme une bouteille jetée à la mer.
J'avais attendu.
Les jours avaient passé, vides, lourds, et ma boîte mail était restée muette.
Je me suis demandé si c'était moi le problème.
Si même à travers un écran, les gens pouvaient sentir ce que je portais.

Et puis, un soir, au milieu de ce silence, une réponse etait tombée.
Un seul mot : Lev.

Un message bref, froid, presque brutal.
Il voulait visiter rapidement. Rien de plus.

Je ne savais rien de lui.
Et c'était peut-être mieux ainsi.

Ce que j'ignorais encore, c'était que cette rencontre allait tout briser un peu plus. Que parfois, ce qu'on cherchait à fuir finissais par nous retrouver sous d'autres visages. Et que certaines tempêtes ne laissaient aucun survivant