Lev

Flashback

J'étais avec Lyla, une amie que je m'étais faite au lycée. Depuis, nous étions devenues inséparables. Nous allions à une soirée qui devait commencer dans quinze minutes.

Plus nous approchions, plus le son nous parvenait, accompagné de l'odeur du tabac et de l'alcool.
Mais, à chaque coin de rue, à chaque pas qui nous rapprochait, je sentais une tension sous la surface. Pas celle de la fête, non. C'était autre chose. Quelque chose qui n'avait pas encore de nom, mais qui se trouvait là, tapi. Un inconfort qui collait à ma peau, que je refusais de voir.

Arrivées à l'entrée de la soirée, les rires, les voix, la musique nous plongèrent immédiatement dans l'ambiance.
On entra ensemble.
Il y eut un instant de flottement. La lumière vive de l'entrée faisait ressortir des visages que je connaissais à peine. Un regard croisé, un autre trop insistant. Je me forçai à sourire, à me fondre dans la scène. Je voulais juste profiter de la soirée.

Mais quelque chose me titillait, une alarme basse dans le fond de ma tête. Je la chassai. Je me dis que j'étais trop parano, que c'était juste l'ambiance. J'étais là pour m'amuser, pas pour me faire du souci.

Nous nous faufilâmes entre les étudiants agglutinés autour du bar pour aller nous servir des verres.
— Qu'est-ce que tu veux ? demandai-je à Lyla.
— Je vais prendre un mojito, s'il te plaît.
— Deux mojitos, s'il te plaît, demandai-je au barman.

Il nous les servit, puis nous nous éloignâmes de la foule.
— On monte ? me proposa ma meilleure amie.
— Oui, si tu veux.

La chambre était calme, maintenant. Le bruit de la fête s'estompait derrière la porte fermée.
Lyla s'était allongée sur le lit, le verre encore à la main. Moi, je restai assise au bord, un peu tendue. Je n'arrivais pas à me détendre. Pas complètement.

— Tu penses encore à ce mec d'en bas ? me demanda-t-elle, l'air léger.
— Non, ça va, répondis-je, même si c'était faux.

Elle s'approcha. Posant sa main sur ma cuisse.
— T'es tendue, faut que tu te détendes un peu.

Je souris, mal à l'aise.
— Je crois que j'ai bu assez, je vais redescendre.

Elle ne bougea pas.
— T'es bien ici. Avec moi.

Sa main remonta légèrement. Mon corps se crispa. Je l'attrapai doucement, pour la repousser, sans brusquer.
— Lyla... non. Pas là, pas maintenant.

Elle rit doucement, comme si je plaisantais.
— Arrête de faire genre. Je te connais.

Elle se pencha et m'embrassa. Je tournai la tête.
— Lyla, j'ai dit non.

Mais elle insista. Elle grimpa sur moi, m'immobilisa à moitié, comme un jeu. Pour elle, peut-être. Pour moi, non. Je la repoussai encore, plus fermement.
— Arrête. Sérieux.

Son visage changea à peine. Elle continua, comme si ce que je disais n'avait pas de poids. Comme si mon corps ne m'appartenait pas. Comme si dire « non » ne suffisait pas.

Je me sentis piégée. Pas parce qu'elle était plus forte. Mais parce que c'était elle. Parce que je ne comprenais pas ce qui se passait. Parce que je n'aurais jamais pensé devoir me défendre contre ma meilleure amie.

Je finis par la repousser brutalement. Je me levai, tremblante.
— Qu'est-ce que tu fous ?! criai-je, sans m'en rendre compte.
— T'énerves pas. Je sais que c'est ce que tu veux.
— Non Lyla ! C'est pas ce que je veux.
— Que tu le veuilles ou non, ça ne change rien du tout, dit-elle en se collant un peu plus à moi.

La peur commença à m'envahir. Pas seulement la peur de ce qu'elle pourrait faire, mais surtout la peur de la perdre, elle. Car si je la perdais, elle, je perdais mon monde entier. Mon univers.