Intro
Je m'appelle Yoo Minrae, j'ai 20 ans, je suis en première année de médecine à l'université la plus prestigieuse de Corée... et j'ai un fils de 5 ans.
Oui, tu peux faire pause. Respire un coup. Parce que je vais pas te sortir la version édulcorée façon drama Netflix.
La vérité ? Je suis tombée enceinte à 15 ans.
Par qui ?
Par le premier amour de ma vie. Tu sais, ce type grand, beau, magnétique, qui te fait croire que t'existes ?
Ouais. Ce connard.
Je l'aimais. Genre vraiment. Aveuglément. Et lui ?
Il m'a laissée. Comme une merde.
Un matin, il est parti. Comme ça. Pas de message, pas d'explication.
Et il ne savait même pas que j'étais enceinte.
J'aurais pu lui dire. Mais j'étais trop fière. Trop brisée.
Et franchement ? Aujourd'hui encore, je ne regrette pas. Il ne méritait pas de savoir. Il mérite même pas de savoir que j'ai mis au monde la seule chose de belle qu'il ait jamais créée.
Parce que ouais, l'amour, c'est de la merde.
Un beau mot pour cacher la lâcheté des hommes et la naïveté des filles.
Mais ce qu'il m'a laissé, mon fils, Yoo Iseul, c'est le seul truc qui en valait la peine.
À 15 ans, j'ai accouché dans un foyer pour mères adolescentes.
Ambiance couches, jugements, regards dégoûtés et "comment t'as pu gâcher ta vie comme ça ?"
Mes parents ? Disparus.
Effacés par la honte.
Leur image, leur réputation, leur petit monde de brunchs et de golf valaient plus que leur fille.
Mais moi ?
J'ai pas coulé. J'ai nagé. À contre-courant. Les dents serrées. Les nuits blanches. Les mains sales. Le cœur en vrac.
J'ai bossé, j'ai étudié, j'ai dormi trois heures par nuit et j'ai tenu la main d'un bébé en même temps que mes livres de bio.
Et aujourd'hui, je suis là.
Médecine. La meilleure fac du pays.
Pas pour me prouver un truc. Pas pour me venger.
Pour lui.
Pour que Iseul n'ait jamais à ramper comme moi.
Et si j'ai tenu, c'est pas juste grâce à moi.
C'est grâce à deux femmes. Mes sœurs de cœur. Mes piliers. Mes guerrières.
Haejin, qui cogne avant de réfléchir, et Somin, qui calcule tout en silence.
Elles ont jamais reculé.
Elles ont jamais jugé.
Elles sont restées, là où tout le monde s'est cassé.
Alors non, je suis pas une princesse.
Je suis une survivante en robe de luxe et en talons.
Chapitre 1.
Bip. Bip. Bip.
6h.
Comme tous les matins.
Pas de répit. Pas d'excuse. Pas de "juste cinq minutes de plus".
Je tends le bras sans même ouvrir les yeux et j'éteins le réveil.
Mon autre bras est coincé sous un petit corps chaud qui respire lentement contre moi.
Iseul.
Mon soleil personnel. Mon calme. Mon feu.
Je lève doucement la tête du coussin, prends une grande inspiration et m'étire en silence, le plus lentement possible pour ne pas le réveiller.
Il a l'air si paisible.
Trop pur pour ce monde.
Je quitte le lit avec précaution, pieds nus sur le parquet un peu froid, et j'attrape l'élastique autour de mon poignet pour attacher mes cheveux.
Routine.
Quinze pompes.
Trente abdos.
Dix tractions sur la barre bricolée au-dessus de la porte de la salle de bain.
Pas pour un "corps parfait".
Pour tenir debout.
Pour rester forte. Pour évacuer la fatigue, les peurs, les pensées.
Mon mental est bâti comme mes muscles : à force de répétition et de douleur.
Je passe à la salle de bain, me lave le visage à l'eau glacée.
Je me regarde dans le miroir.
Pas maquillée, pas coiffée, pas préparée... mais vivante. Et c'est déjà pas mal.
Direction la petite cuisine.
Le studio est modeste, mais propre. Calme. À moi.
Mon premier vrai "chez moi", depuis que j'ai quitté le foyer à ma majorité.
Il n'y a pas grand-chose, mais tout est rangé. Chaque objet a une place. Comme dans ma tête.
Je fais couler mon café noir. Sans sucre, sans lait.
Brut, comme mes journées.
Je m'adosse au mur en tenant la tasse chaude entre mes mains.
Et je le regarde.
Iseul.
Toujours endormi dans notre lit, emmêlé dans la couette, une jambe qui dépasse, une mèche de cheveux sur le front.
Il est magnifique.
Il ne devrait pas exister dans ce monde.
Trop beau. Trop doux. Trop fort à la fois.
Je pourrais le regarder pendant des heures.
Et parfois, je le fais.
Juste pour me rappeler que tout ce que j'ai enduré, c'était pour ça. Pour lui.
Je bois une gorgée.
La journée peut commencer.
Je termine ma tasse en silence.
Le monde dort encore. Et moi, j'avance déjà.
Toujours une longueur d'avance. C'est comme ça que je tiens.
Je dépose la tasse dans l'évier, et entre en cuisine.
Les gestes sont automatiques.
Une poêle. Deux œufs. Un peu de riz. Quelques légumes coupés la veille.
Le petit-déjeuner de mon champion.
Je sors une assiette aux bords cassés mais encore debout, comme moi, et j'y dépose le tout.
Il est temps.
Je retourne vers le lit et m'accroupis doucement.
Il est recroquevillé, une main sous sa joue, les lèvres entrouvertes, totalement ailleurs.
Je pose ma main sur ses cheveux. Il bouge à peine.
— Iseul...
Un petit grognement.
Je souris.
— Mon cœur, debout. Le soleil est déjà jaloux de toi.
Il se frotte les yeux, tourne la tête sans l'ouvrir complètement.
— Encore cinq minutes... marmonne-t-il, la voix pleine de sommeil.
— Tu veux que ton petit-déjeuner refroidisse ?
Il se redresse d'un coup, toujours à moitié endormi, les cheveux dans tous les sens.
Ses pieds touchent le sol, il titube doucement jusqu'à la table et grimpe sur sa chaise.
— Eomma...
— Oui, bébé ?
— Tu viens ce soir... à mon championnat ?
Je m'arrête. Je le regarde. Et je ris, doucement, en me penchant vers lui.
— Est-ce que j'en ai déjà manqué un seul ?
Ses yeux brillent, ses joues s'étirent dans un immense sourire.
Il n'ajoute rien. Il se jette littéralement sur son assiette, les baguettes à peine tenues droit.
Un petit glouton. Un petit tigre. Mon petit roi.
Je m'assieds en face de lui, les coudes sur la table, le regard plein.
Ce moment, ce silence, ce rire étouffé... c'est tout ce dont j'ai besoin pour continuer.
Pendant qu'il dévore son assiette comme si c'était son dernier repas, je file dans la salle de bain.
Je referme doucement la porte. Pas besoin de miroir pour savoir exactement ce que j'ai à faire.
Ma mise en place, c'est une armure.
Pas pour séduire.
Pour dominer.
Je choisis un tailleur noir parfaitement coupé, cintré à la taille, jupe au-dessus du genou.
Sous la veste, un petit top blanc en soie, élégant mais simple.
J'enfile mes collants, attache une fine chaîne à mon cou, puis passe au maquillage.
Rien de tape-à-l'œil. Juste ce qu'il faut pour que mes traits deviennent coupants.
Yeux soulignés, bouche nude, teint net.
Regard de tueuse, lèvres de reine.
Mes longs cheveux châtains sont lissés, puis attachés en une queue de cheval haute.
La boucle à ma narine scintille légèrement quand je me tourne.
Tatouage discret sous la clavicule, caché par le t-shirt. Le prénom d'Iseul, à jamais inscrit dans ma peau.
Je respire. J'ajuste ma veste.
Prête.
Je ressors dans le salon et le trouve assis, jambes qui balancent sous la table, les doigts encore pleins de sauce.
Mais quand il me voit...
— Waaa... Eomma...
Il bondit de sa chaise, tire un peu sur son T-shirt.
— Regarde ! Je me suis habillé tout seul comme un grand !
Je ris, vrai rire, qui fait du bien.
— Mais bien sûr que oui. T'es magnifique, mon cœur. Tu brilles.
Il bombe le torse. Petit coq fier. Je le connais par cœur.
— Allez, maintenant, va te laver les dents. Et pas juste jouer avec ta brosse comme hier, hm ?
— Promis !
Il file à la salle de bain en courant, en chantonnant je sais pas quoi.
C'est ça, le matin parfait. Pas besoin de plus.
Je prépare son petit sac à dos, range les livres de maternelle, sa boîte de goûter, sa gourde.
Puis je m'occupe du mien. Gros sac noir structuré.
Blocs de cours, stéthoscope, carnets, stylos, élastiques. Une trousse de maquillage de secours.
Et au fond... une photo.
Lui et moi. Le jour de ses 3 ans. C'est plié, usé. Mais je la garde toujours.
Rappel de pourquoi je me lève, même quand j'ai envie de m'effondrer.
Il revient de la salle de bain, les joues humides, le col un peu de travers, l'air trop sérieux pour un enfant de cinq ans.
Il tend la bouche vers moi, haleine mentholée.
— Sent bon, hein ?
Je hoche la tête, faussement impressionnée.
— Incroyable. Une vraie tornade fraîcheur.
Il éclate de rire.
Je pose son petit sac à dos sur ses épaules. Il est bleu ciel, avec deux oreillers en forme d'oursons accrochés à l'arrière.
Un détail qu'il adore.
Je le fixe une seconde. Sa fierté. Son innocence. Sa lumière.
Je prends mon sac, mes clés, et on sort.
Dehors, l'air est frais mais agréable.
Je l'attache soigneusement dans son siège auto à l'arrière. Il balance ses jambes en attendant, chantonnant comme si chaque matin était une fête.
Je ferme la portière, fais le tour, monte côté conducteur.
Contact. Moteur. C'est parti.
Le silence dure quelques minutes. Un silence tranquille, confortable.
Puis, au coin de la rue, je m'arrête devant un petit immeuble design.
La porte s'ouvre.
Kang Haejin débarque, cheveux roux attachés à l'arrache, énorme sac de sport sur l'épaule et gobelet de café dans la main.
— Eomma numéro 2, est lààààà ! crie-t-elle en ouvrant la portière arrière.
— Tataaaa Haejin ! répond Iseul, tout content.
Elle lui fait un bisou bruyant sur le front avant de s'écraser sur le siège passager.
— J'ai dormi trois heures, j'ai une dissection à 14h, et j'ai perdu mon rouge à lèvres préféré. Prions pour ma survie.
— Tu t'es maquillée avec quoi, alors ? Une fraise écrasée ? je demande en souriant.
— Va te faire, Minrae. C'est une teinte artistique.
On rit.
Et on roule.
Deux rues plus loin, nouvelle pause.
Bae Somin sort d'un immeuble haut de gamme, lunettes de soleil sur le nez, tailleur pastel sur mesure, sac en cuir qui vaut le prix de ma voiture.
— Je monte, mais sachez que je suis d'une humeur exécrable. Mon mascara a coulé sur ma blouse. C'est un drame national.
— Tata Somin t'es encore jolie même sans mascara, dit Iseul, tout fier.
Elle fond instantanément, lui envoie un baiser à distance, et s'installe à l'arrière à côté de lui.
— Tu vas être un briseur de cœurs, c'est moi qui te le dis.
— Comme maman ? demande Iseul, un peu trop sérieux.
On explose toutes les trois de rire.
Et comme ça, dans cette petite voiture un peu trop pleine de caractère, on file vers la maternelle.
Musique douce, ambiance légère, et cette certitude silencieuse entre nous :
quoi qu'il arrive, on se tient.
La voiture s'arrête doucement devant les grilles de la maternelle.
Des enfants courent déjà partout dans la cour, des parents pressés déposent, embrassent, repartent sans même regarder.
Pas moi.
Je descends du siège conducteur, contourne la voiture et ouvre la portière arrière.
Iseul décroche sa ceinture, ses petites mains agrippant son sac ourson.
Je l'aide à descendre, et comme toujours, je prends sa main.
Sa petite paume dans la mienne, comme une promesse silencieuse.
Je me penche, pose un long baiser sur son front.
— Bonne journée, mon amour. Sois gentil. Sois fort. Sois toi.
Il hoche la tête avec sérieux. Il a ce truc en lui... cette maturité silencieuse qui me bouleverse à chaque fois.
— Toi aussi, eomma. Tu vas tout déchirer.
— Toujours, je lui murmure.
Je le regarde courir vers le portail, jeter un dernier regard, un petit signe de la main...
Puis je tourne les talons et fonce vers la voiture.
J'ouvre la portière.
Haejin et Somin sont déjà en train de chercher une playlist.
— Vas-y balance un truc qui nous met dans le mood ! dit Haejin.
— J'ai exactement ce qu'il faut, répond Somin, malicieuse.
Elle connecte son téléphone. Le beat commence.
"Cause I'm in the stars tonight / So watch me bring the fire and set the night alight~"
— BTS. Dynamite.
La voiture explose en chorale de trois meufs bien réveillées, bien habillées, bien dangereuses.
— "Shining through the city with a little funk and soul~"
— "So I'ma light it up like dynamite~"
On chante, on crie, on danse dans nos sièges.
Des voitures nous doublent, des gens nous regardent. On s'en fout.
C'est notre matin. Notre moment. Notre puissance.
Direction : notre premier jour à l'université.
Note de l'auteure — Soleil ☀️ (@theinspiredsun)
Merci d'avoir lu ce premier chapitre.
C'est plus qu'une histoire pour moi, c'est une reprise après un moment difficile dans ma vie.
Minrae,
C'est une fille qui a pris des coups, et qui avance quand même.
Et ce que la vie lui a laissé... elle va l'utiliser pour tout détruire. Ou tout reconstruire. À voir héhé..
Si t'as ressenti un frisson, un poids dans la gorge ou juste un petit "oh merde" à un moment... alors t'es au bon endroit.
N'hésite pas à vous abonner, commenter, partager.
Et surtout, reste.
Parce que ce n'est que le début.
— Soleil ☀️