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Theinspiredsun
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Le passé a un badge.

La voiture monte doucement l'allée privée, encadrée d'arbres taillés au millimètre et de lampadaires en acier poli qui brillent comme si le soleil leur devait quelque chose.

Au loin, on commence à distinguer le bâtiment principal de Daehan University of Medical Sciences.

Un monstre de verre et de marbre blanc.

Imposant.

Silencieux.

Riche.

Tellement riche que même l'air semble coûter plus cher ici.

— Putain, lâche Haejin, un sourcil levé.

— On est à Daehan, bébé, souffle Somin, un sourire en coin.

Je garde les mains sur le volant, concentrée.

Oui, c'est beau. C'est prestigieux. C'est irréel.

Mais je suis pas venue ici pour admirer l'architecture.

Je suis venue pour prendre ce qui me revient.

Je gare la voiture entre une BMW et une Audi noire rutilante.

Autour de nous, les autres étudiants débarquent en silence.

Des voitures privées.

Des chauffeurs en costard.

Des gosses de ministre, d'actionnaires, de PDG, tous avec le même regard condescendant, genre "je suis né pour ça".

Nous aussi, on descend.

Haejin sort la première, claque la portière avec insolence, lunettes de soleil sur le nez.

Somin descend de l'arrière, lisse sa veste, sort son miroir de poche.

Moi, je prends une seconde de plus.

J'ajuste ma veste, retouche mon rouge à lèvres avec assurance dans le rétro, puis je passe ma main dans ma queue de cheval bien tirée.

On n'a pas besoin d'annoncer notre présence. On est déjà regardées.

— Les héritières sont là, murmure Haejin en souriant.

— Et on est là pour marquer le territoire, ajoute Somin.

Je ferme la voiture.

Talons sur l'asphalte.

Regard droit.

Trois femmes. Trois bombes. Trois menaces silencieuses.

Et on marche vers les portes dorées de l'enfer... avec le sourire.

On se met bras dessus bras dessous, comme à l'ancienne.

Une ligne droite de talons, de regard froid, et de rouge à lèvres parfaitement posé.

Somin sort un paquet de chewing-gum de son sac.

— Menthe ou fraise ?

— Menthe. Toujours menthe.

— Fraise, ça fait fille naïve, ajoute Haejin en coinçant le sien entre ses dents.

Elle nous en tend un à chacune, et on mâche en rythme, comme si c'était une préparation au combat.

Un chewing-gum pour l'impertinence. Une attitude pour la guerre.

Les grilles de verre s'ouvrent automatiquement devant nous, dans un pshh presque cérémonial.

À l'intérieur, c'est encore plus grand que ce qu'on imaginait.

Le hall principal est un mélange d'ultra modernité et de prétention architecturale :

plafonds hauts avec lustres en suspension, escaliers immaculés, personnel en blouse blanche, écrans holographiques qui diffusent les meilleurs classements de l'université dans le monde entier.

Bienvenue à Daehan. Le royaume des intouchables.

Un assistant nous accueille, poli mais sans émotion.

— Bienvenue. Veuillez suivre le groupe vers la salle de présentation. Merci.

On suit le flux d'élèves jusqu'à une salle gigantesque, style auditorium haut de gamme.

Estrade en bois massif à l'avant, projecteurs au plafond, sièges en cuir alignés avec une précision militaire.

On s'installe à mi-hauteur, trois reines anonymes au milieu des futurs rois du monde.

On parle peu.

On observe.

Les regards vont et viennent.

Certains nous dévisagent.

D'autres nous ignorent, comme si on ne valait pas la peine.

Parfait.

On aime ça.

Moins on nous voit venir, plus ça frappe.

Je croise les jambes, croque dans mon chewing-gum, et fixe l'estrade.

Quelqu'un va venir parler.

Nous expliquer pourquoi on doit être honorés d'être ici.

Pourquoi on doit se soumettre à la grandeur de Daehan.

Je suis curieuse de voir s'ils vont réussir à m'impressionner.

Spoiler : ça risque d'être compliqué.

Un claquement sec.

Des pas lourds.

Et d'un coup, tout le monde se tait.

La salle est figée.

Pas un souffle. Pas un chuchotement.

Juste cette aura glaciale qui vient de s'abattre sur l'amphithéâtre comme une lame invisible.

Le Professeur Im Hwanwoo monte lentement sur l'estrade.

Costume trois pièces noir.

Visage fermé.

Aucune émotion.

Juste deux yeux perçants qui scannent la salle comme si chaque étudiant était un dossier à trier.

Apte. Inapte.

Il ne dit rien pendant cinq longues secondes.

Le silence est pesant. Parfaitement maîtrisé.

Puis il parle.

Calmement. Lentement. Avec une voix grave qui tord l'air.

— Bienvenue à Daehan University of Medical Sciences.

Chaque mot est précis.

Tranchant.

Pas un discours motivant.

Un avertissement déguisé en félicitation.

— Vous êtes ici parce que vous êtes les meilleurs. Ou les plus puissants. Ou les deux. Cela ne me regarde pas. Ce qui compte, c'est ce que vous allez devenir... ou ce que vous ne deviendrez jamais.

La salle ne bronche pas.

On écoute. Parce qu'on a pas le choix.

Parce que ce mec pourrait te briser la carrière avec une seule phrase.

— Ici, l'intelligence ne suffit pas. L'endurance, la discipline, la précision. Voilà ce que nous exigeons. À Daehan, nous ne formons pas des étudiants. Nous façonnons l'élite.

Il fait une pause.

Regarde la salle.

Et baisse légèrement le menton, comme pour conclure.

— Enfin, je tiens à remercier un élève... dont la famille a, ces dernières années, soutenu notre université par des dons conséquents.

Haejin lâche un petit rire étouffé.

— Encore un richou qui paye son diplôme au lieu de le mériter, chuchote-t-elle.

Somin lève les yeux au ciel.

— T'inquiète, il va sûrement porter du Prada en blouse blanche.

Je souris, à peine.

Puis le directeur ajoute, sans émotion :

— Seo Taeyang.

Le temps s'arrête.

Mon souffle aussi.

À l'instant même où il prononce ce nom, une silhouette monte sur scène par le côté.

Décontractée. Lente.

Comme s'il savait que tous les regards allaient se poser sur lui.

Parce que c'est ce qu'il a toujours su faire. Attirer. Capturer. Détruire.

Et quand je le vois...

Je me fige.

Mon cœur s'arrête, puis explose.

Il est encore plus beau qu'avant.

Mais c'est pas une beauté douce.

C'est une beauté qui fait mal.

Cheveux noirs bouclés tombant sur son front, silhouette grande, large, charismatique à en crever.

Et ce putain de sourire. Arrogant. Léger.

Le même que celui qui m'a laissée, il y a cinq ans.

À côté de moi, Haejin ne bouge plus.

Somin me lance un regard paniqué.

Mais moi ?

Je ris.

Un petit rire nerveux, sec, incrédule.

Un truc qui sonne faux, même à mes propres oreilles.

Seo Taeyang.

Le père de mon fils.

Sur scène. À quelques mètres.

Et lui, là, en train de saluer la foule comme une rockstar.

Ignorant tout.

Putain.

Il prend le micro, l'air parfaitement à l'aise, comme s'il avait fait ça toute sa vie.

— Merci à Daehan pour l'accueil. C'est un honneur d'intégrer cette institution. Ma famille a toujours soutenu les grandes causes, et je suis fier de faire partie de cette génération qui fera avancer la médecine coréenne.

Bla, bla, bla.

Le ton est posé, confiant, presque ennuyeusement parfait.

Tout en lui est maîtrisé. Calculé. Séduisant. Et détestable.

Je sens le regard de mes deux meilleures amies glisser dans ma direction.

— Ça va ? murmure Somin, inquiète.

Je garde les yeux fixés sur l'estrade. Mon visage reste figé.

— Ouais. Tranquille.

Je mâche mon chewing-gum lentement.

— Il est plus rien pour moi. C'est juste un mec. Un connard classe sur une scène. Il va pas ruiner ma journée.

Haejin me regarde avec un petit sourire.

— Toujours aussi glaciale quand t'as envie de hurler.

Je souris un peu.

— J'hurlerai ce soir. Sous la douche.

Les filles rigolent discrètement, et juste à ce moment-là, les applaudissements éclatent.

Seo Taeyang incline légèrement la tête, toujours ce sourire en coin au bord de la provocation.

Puis il redescend lentement, sans pression.

Je le suis du regard.

Chaque mouvement est fluide, presque trop sûr.

Mais je le connais.

Je vois que c'est un masque.

Et quand il rejoint un groupe de trois garçons installés au premier rang...

Mon ventre se serre.

— C'est pas vrai...

Je les reconnais.

Rion. Jaehyuk. Minseok.

Ses trois meilleurs amis. Les mêmes qu'au collège.

Je me souviens de leurs rires, de leurs sales coups, de leurs secrets.

Ils l'accueillent avec des sourires, des tapes sur l'épaule, comme si rien n'avait changé.

Et peut-être que rien n'a changé, pour eux.

Mais moi, j'ai changé.

Le professeur Im reprend la parole.

— Vous pouvez vous diriger dans le hall pour récupérer vos cartes et vos emplois du temps. Ne soyez pas en retard. Daehan n'attend pas.

Et voilà.

La pièce se vide peu à peu.

Les sièges claquent, les sacs se soulèvent, les étudiants s'éparpillent.

Je me lève, droite, le menton haut, mes talons claquant dans l'allée comme des battements de guerre.

Pas une seconde d'hésitation.

J'ai dit qu'il allait pas ruiner ma journée.

Et j'ai horreur de me contredire.

Haejin et Somin me suivent, toujours aussi synchro.

Bras dessus bras dessous, trois silhouettes assurées dans un couloir d'élite.

Direction : le hall.

Le monde s'agite autour de nous.

Des élèves discutent, rigolent, comparent déjà leurs groupes.

On approche de la longue file installée devant un comptoir, où plusieurs assistants et étudiants de deuxième année distribuent les cartes.

Et là.

Putain.

Je m'arrête net.

— Quoi ? demande Haejin, qui freine d'un coup.

Somin plisse les yeux.

— T'es sérieuse...?

Je me recule d'un pas, et me plaque contre le mur, à moitié cachée derrière une colonne en marbre.

— C'est une blague. C'est une putain de blague.

— Dis-moi que t'exagères... souffle Somin.

Je tends un doigt discret vers la table numéro trois.

Et là, posé, tranquille, carte en main, voix calme, sourire poli... lui. Seo. Taeyang.

— IL DISTRIBUE LES CARTES ??? Je parle en murmurant fort, genre crise intérieure contrôlée.

— Tu veux qu'on change de file ? propose Haejin, mi-morte de rire, mi-sérieuse.

— Tu veux qu'on l'assomme ? ajoute Somin, bras déjà prêt.

Je recule encore.

Mode "opération camouflage".

Dos contre le mur, yeux qui dépassent juste ce qu'il faut.

Je regarde la file. Puis lui. Puis la file. Puis lui.

— C'est bon, c'est fini, j'abandonne mes études. J'ouvre un food truck. Je pars élever des chèvres à Busan.

Haejin étouffe un rire.

— Tu vas vraiment te planquer toute ta scolarité ?

Somin, sérieuse cette fois :

— Tu veux que j'aille récupérer ta carte à ta place ?

Je reste encore une seconde planquée.

Et puis je redresse la tête.

Je me détache du mur.

Rassemble mes cheveux d'un geste.

Mon regard se durcit.

— Non. Il m'a laissée. Il m'a oublié. Mais moi j'ai rien à me reprocher.

Je les regarde, droite.

— C'est pas moi qui dois avoir honte. J'y vais. De front.

Haejin sourit.

— Ma meuf est de retour.

Somin rajuste sa veste.

— Alors allons-y. Qu'il tremble.

Et on avance.

Vers la table.

Vers lui.

Vers l'inévitable.

On avance dans la file.

Un pas. Puis un autre.

Et tout à coup, ma confiance me glisse entre les doigts.

Je redresse un peu plus le menton.

Mais mes mains ? Elles tremblent à peine.

Juste assez pour me rappeler que j'ai été humaine un jour.

— Tu stresses ? me glisse Haejin avec un sourire en coin.

— Pas du tout, je réponds. J'ai juste envie de vomir dans son sac.

Somin éclate de rire, couvre sa bouche avec sa main comme si c'était un réflexe de princesse.

— Tu veux qu'on passe devant toi, genre formation commando ?

— Non, je souffle. Je suis une femme forte. Une mère. Une survivante. Une...

— Une ex en panique, lâche Haejin en la coupant.

Je souffle un bon coup.

Mon tour.

Je m'avance.

Pas trop vite. Pas trop lentement.

Comme si j'avais pas passé les cinq dernières minutes à prier pour une invasion alien.

Il lève les yeux.

Et c'est là que ça frappe.

Ce regard.

Froid. Détaché. Tellement beau que t'as envie de pleurer.

Mais rien.

Pas un sursaut. Pas un froncement de sourcil.

Juste cette voix calme, grave, familière et pourtant lointaine.

— Nom ?

Je le fixe.

Je serre les dents.

Et je dis :

— Yoo Minrae.

Silence.

Aucun tressaillement.

Rien.

— Yoo Minrae, répète-t-il en fouillant dans les cartes.

Comme si c'était la première fois qu'il entendait ce nom.

Il me tend la carte sans me regarder une seconde de plus.

Comme si j'étais rien.

Comme si j'étais jamais arrivée dans sa vie.

Jamais tombée enceinte.

Jamais existée.

Je récupère la carte sans un mot.

Mes doigts frôlent les siens.

Il ne réagit pas.

Derrière moi, Somin et Haejin s'approchent, à peine plus stables.

Ils prennent leurs cartes à leur tour, et on s'éloigne.

Pas un regard.

Pas un mot.

Rien.

On sort dans la cour, encore un peu sous le choc.

Et là, je m'arrête net.

Je sors une cigarette de mon sac, l'allume d'un coup sec.

Et j'explose.

— CE FUMIER DE PREMIÈRE ! CE FILS DE P** EN COSTARD DE LUXE !

Haejin éclate de rire.

— Il m'a regardée comme si j'étais une étudiante lambda, meuf. Moi ! MOI !

Somin tousse de rire.

— Tu veux dire... la fille avec qui il a couché, qu'il a larguée, qui a accouché dans un foyer, qui élève son gosse seule et qui porte toujours son initiale tatouée dans le cou ?

Je la fusille du regard.

— Ce bâtard est vraiment foutu de m'oublier ! Même mon prénom il l'a prononcé comme si c'était un mot croisé !

Je fronce les sourcils.

Somin tire sur sa clope.

Je regarde au loin, le cœur serré et les nerfs en vrac.

— J'ai pas le temps pour ses conneries. Je suis venue pour déchirer cette année. Et si je dois l'ignorer tous les jours, je le ferai avec des talons et un rouge à lèvres plus cher que sa dignité.

Les filles rient.

Je tire une dernière fois sur ma clope.

Et je me jure que ce regard vide qu'il m'a lancé... c'est la dernière fois qu'il aura le dessus.

note d'auteur — Soleil ☀️ (@theinspiredsun)

Bon. Voilà.

Il est là.

Le fantôme. Le père. Le foutu beau gosse.

Et il fait genre il connaît pas Minrae ?

On va voir combien de temps il va tenir avant que les souvenirs lui explosent à la gueule.

Merci d'avoir lu ce chapitre jusqu'au bout ! J'espère que vous avez kiffé le mix entre tension, malaise, et fous rires.

N'hésitez pas à commenter, partager vos théories ou insulter Taeyang avec moi en commentaires (on est ensemble).

— Soleil ☀️

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