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Theinspiredsun
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Le sang parle.

Vous vous demandez d'où mon fils tient ses talents pour frapper avec la précision d'un adulte ?

Laissez-moi vous montrer.

Parce que moi, je le savais.

Je l'ai toujours su.

Depuis le premier jour où Iseul m'a regardée avec ses grands yeux et m'a dit : "Eomma, je veux apprendre à me battre."

J'ai pas posé de questions.

Pas cherché à comprendre d'où ça venait.

J'ai juste hoché la tête, rempli le formulaire, payé le club.

Parce que j'avais déjà vu ce regard.

Ce calme. Cette rage contrôlée.

Je l'avais déjà vu... encore et encore.

Et surtout, j'avais vu lui.

Son père.

Et aujourd'hui, à quelques mètres devant moi...

Il me le rappelle.

BOOM.

Le bruit que fait un poing quand il percute un visage avec toute la hargne du monde.

La foule s'est déjà formée.

Un cercle d'étudiants autour de l'implosion.

Certains crient, d'autres filment. Certains rient nerveusement, d'autres reculent.

Moi ?

Je reste là.

Immobile.

Je le fixe.

Seo Taeyang.

Chemise à moitié ouverte, souffle court, regard noir.

Il est au-dessus d'un mec, les mains pleines de sang, les yeux vides.

Le type en dessous gémit. Un étudiant.

Je sais même pas comment il s'appelle.

Et maintenant, il a les dents dans la gorge et les pommettes qui crient.

Un garde du campus hurle :

— SEO TAEYANG ! LÂCHE-LE !

Mais il entend rien.

Il est ailleurs.

Perdu dans cette colère glaciale qu'il maîtrise trop bien.

Ce truc qu'il cache derrière ses sourires en coin et ses mains tatouées.

Et moi, debout, les bras croisés, je me dis :

Voilà. C'est de là que ça vient.

Ce sang. Cette violence. Cette précision.

Iseul ne l'a pas inventée. Il l'a héritée.

Et maintenant, si vous voulez comprendre comment on en est arrivé là...

Alors laissez-moi vous ramener un peu plus tôt.

Avant les cris.

Avant le sang.

Avant le chaos.

Retour au début de l'après-midi.

Avant le bruit, avant les coups... y'avait juste un après-midi banal.

Celui qui commence comme tous les autres.

Sauf qu'ici, même le banal a des allures de destin.

On sort du coin d'herbe, nos sacs sur l'épaule, nos estomacs à moitié pleins.

Direction : Physiologie cardiovasculaire, bâtiment D, salle 4-05.

Deux heures de tension artérielle et de pompes cardiaques avec le célèbre Professeur Han.

Un type réputé pour son calme olympien et ses crises d'autorité magistrales.

— Il paraît qu'il a déjà viré un mec pour avoir éternué sans lever la main, souffle Haejin.

— Il paraît surtout qu'il déteste les retardataires, ajoute Somin. Alors bouge ton cul, princesse.

On presse le pas.

Le bâtiment D, c'est celui avec les grandes baies vitrées et les escaliers en colimaçon.

Tout est silencieux à l'intérieur.

Silencieux, classe, intimidant.

On grimpe les marches.

Un étage. Deux. Quatre.

Salle 4-05.

Je pousse la porte.

Amphi semi-circulaire, sièges en cuir noir, écrans intégrés aux tables, lumière tamisée, air climatisé parfaitement dosé.

Un bijou d'enseignement.

Une salle qui te fait oublier que t'es juste une étudiante parmi tant d'autres.

On choisit des places au milieu, bien placées, assez loin de la scène pour ne pas être ciblées, assez proches pour tout suivre.

Je pose mon sac.

Je sors ma tablette.

Je m'installe.

Et évidemment...

Ils arrivent.

Les quatre princes du chaos.

Taeyang en tête.

Suivi de Rion, Jaehyuk et Minseok.

Ils entrent en riant, trop à l'aise, comme si l'amphi était une extension de leur salon.

Taeyang passe près de moi.

Pas un regard.

Pas un tressaillement.

Il s'installe deux rangées devant.

Je l'ignore royalement.

Parce que s'il a décidé de jouer à "je te connais pas",

alors très bien.

On va jouer.

Et je vais gagner.

Mais faut pas croire.

Je le sens.

Je sens chacun de ses mouvements.

Chacune de ses respirations.

Le moindre de ses gestes est un écho dans mes os.

— T'es tendue, murmure Somin à côté de moi.

— Je suis concentrée.

— Tu veux dire armement prêt à l'usage, traduis Haejin en sortant son crayon.

— Exactement.

Le professeur entre.

Silence immédiat.

Il est jeune, pour un prof.

Costume sombre, regard dur.

Han Jiseok.

Un nom déjà redouté sur le campus.

— Bonjour.

Il ne sourit pas.

Pas une fois.

Il scanne la salle comme un chirurgien regarde un cœur à nu.

— Bienvenue en Physiologie cardiovasculaire. Ce cours... va vous briser. Et vous reconstruire.

Le ton est donné.

— Sortez vos cerveaux. Et vos tripes. Ici, on parle du cœur. Pas de romantisme. Pas de pitié.

Il allume l'écran tactile géant à l'avant.

Un schéma complexe d'artères et de valves s'affiche.

Et moi...

je rentre dans ma bulle.

Note après note.

Termes après termes.

Je suis concentrée. Glaciale. Imperturbable.

Et pourtant...

Deux rangées plus bas...

Lui.

Seo Taeyang.

Dos droit.

Menton haut.

Main qui tourne paresseusement son stylo.

Il prend pas de notes.

Il écoute à peine.

Mais il comprend tout, je le vois.

Parce que c'est ça, le pire :

il est brillant.

Le cours bat son plein quand Professeur Han lève les yeux de sa tablette.

— Bien. Placez-vous en duos pour l'exercice pratique.

Un frisson collectif parcourt l'amphi.

— Je vous envoie les binômes aléatoirement via la plateforme.

Je jette un œil à l'écran intégré.

Chargement en cours...

Duo : Yoo Minrae & Seo Taeyang.

...

Je cligne des yeux.

Je rafraîchis l'écran.

Duo : Yoo Minrae & Seo Taeyang.

...

Pardon ???

Somin me jette un regard genre "nooon la poisse".

Haejin, elle, se marre déjà sans aucun respect.

— Bonne chance, Queen. RIP ton calme, murmure-t-elle.

Je souffle. Longtemps.

Je sens ses pas avant de les entendre.

Lourd. Sûr. Détendu.

Il s'approche, contourne la rangée, et s'installe à côté de moi.

Sans un mot.

Sans même un regard.

Comme si j'étais une parfaite inconnue.

Et là... il se tourne vers moi, tend la main, regard neutre :

— Seo Taeyang. Enchanté.

...

Il est sérieux.

Ce fils de dieu grec amnésique est en train de me tendre la main.

Je souris.

Un sourire qui pue la rage bien contenue.

Je prends sa main.

Et je serre.

Un peu trop fort.

— Yoo Minrae, je réponds. Ravie de faire ta connaissance.

Espèce de connard...

Magnifique connard... mais connard quand même.

Il ne bronche pas. Il sourit à peine.

Un genre de petit rictus poli, distant, insupportable.

— On va bosser ensemble donc, dit-il d'un ton calme, genre type lambda qui veut juste valider son semestre.

Je le fixe.

Yeux dans les yeux.

Et dans ma tête, c'est un feu d'artifice de punchlines.

Ah ouais ? Donc tu vas vraiment me faire croire que tu m'as jamais vue de ta vie ?

Qu'on a jamais couché ensemble dans ton lit pendant que tes potes faisaient semblant de pas entendre ?

Qu'on s'est jamais dit qu'on s'aimerait toujours ?

TOUJOURS ? Sérieux ?

Mais à l'extérieur ?

Un hochement de tête. Digne.

La froideur d'une reine trahie.

— Bien sûr. Travaillons efficacement.

Et je me tourne vers l'écran.

En vrai, je pense que mon foie a explosé tellement je serre les dents.

Il s'installe à son aise.

Bras posé sur la table.

Sourcils légèrement froncés, concentré sur les images 3D de valves cardiaques qui s'affichent.

L'exercice commence.

On doit identifier le trajet exact du flux sanguin à travers le cœur, modélisé en 3D sur la table tactile devant nous.

Valves. Oreillettes. Ventricules. Tout le bordel.

Le genre d'exercice qu'un étudiant normal trouve complexe.

Mais pas moi.

Et visiblement, pas lui non plus.

Je tends la main vers l'écran.

— Donc, on commence ici, par l'oreillette droite, le sang désoxygéné...

— Non, coupe-t-il, il arrive par la veine cave, donc on devrait commencer là.

Je tourne lentement la tête vers lui.

— C'est littéralement ce que j'allais dire.

— Tu pointais l'oreillette, corrige-t-il, un brin amusé. Faut suivre le sang, pas les vibes.

Je souris.

Froid. Chirurgical.

— J'ai pas besoin d'un GPS pour suivre le sang, merci. J'ai une mémoire. Et un cerveau.

Il hausse un sourcil.

Il aime ça. Je le vois. Ce petit combat d'égo.

— OK. Vas-y alors. Je te laisse diriger, Docteure Minrae.

— Parfait.

Je reprends.

— Veine cave, oreillette droite, valve tricuspide...

Il lève la main. Encore.

— T'as oublié le nœud sino-auriculaire. C'est lui qui déclenche la contraction, non ?

— J'ai pas oublié. Je suis en train de dérouler le trajet, pas de donner un TED Talk.

— Wow. OK.

Il lève les mains en mode "pardon madame la cardio en chef".

Je respire.

Profondément.

Je suis à ça de lui planter le stylet dans la gorge.

Mais je garde le cap.

On continue.

Les valves s'affichent.

Il en touche une. La fait tourner.

— Et donc là, valve mitrale, souffle-t-il.

— Faux. C'est la valve tricuspide, on est encore du côté droit.

— Ah merde, t'as raison.

Pause.

— Ça t'a tué de le dire ?

Il se marre.

— Peut-être un peu.

Je le déteste.

Mais genre, est-ce qu'on peut haïr quelqu'un qui a des fossettes quand il sourit ?

Spoiler : OUI.

Je replonge dans l'exercice.

Mais dans ma tête ?

C'est pas du sang que je suis.

C'est mes nerfs qui se décomposent, cellule par cellule.

Et le pire ?

Il sent bon.

Ce connard sent bon.

Genre propre, épicé, dangereux.

Un parfum de mec qui va ruiner ta vie mais te laisser une playlist parfaite en souvenir.

Je m'efforce de rester concentrée.

Mais lui...

Lui il s'installe, le dos légèrement voûté vers l'écran, bras musclé juste à côté du mien, regard ultra focus.

Et il continue comme si de rien n'était.

— Tu sais que t'as une bonne mémoire ? Il me balance ça comme si on était potes.

Je le fixe.

Regard neutre, ton tranchant.

— J'ai pas le luxe d'oublier.

Il hoche lentement la tête.

Genre il comprend.

Tu comprends que dalle, espèce de clown de luxe.

T'es même pas foutu de reconnaître le prénom que t'as murmuré contre ma peau y'a cinq ans.

On envoie notre devoir sur la plateforme de l'université, chacun de notre côté, sans un mot.

Il clique. Je clique. Fin.

Je range ma tablette d'un geste sec, sans même lui jeter un regard.

Hors de question de lui accorder une seconde de plus.

Pas après cette séance d'apnée émotionnelle.

Pause entre les deux heures.

J'me lève, talons bien ancrés dans le sol, dignité vissée sur l'épaule, et je trace.

Je sors de la salle sans un regard en arrière, direction l'allée ombragée où les filles m'attendent déjà.

Elles sont appuyées contre le muret, leurs cafés dans les mains, genre comité de soutien version gossip.

— Alors ? fait Haejin en haussant les sourcils.

— Dis-nous tout, ajoute Somin, un sourire aux lèvres.

Je souffle, je roule des yeux, et je lâche :

— Il est. Insupportable.

Elles explosent.

— J'LE SAVAIS, crie Haejin. Ce genre de mec te rend folle même quand il dit rien !

— Il a tenté un move ? demande Somin, faussement innocente.

— Il a osé me tendre la main. Genre... "Enchanté." J'ai failli lui enfoncer sa tablette dans le crâne.

Elles hurlent de rire.

— Je t'aime, dit Haejin en tapant dans mes mains. Je suis tellement fière de ta contenance.

— À ta place j'aurais sorti le prénom du gosse direct, ajoute Somin.

Je ris un peu.

— Non. Qu'il se noie dans le doute. Moi, j'ai pas besoin de hurler pour exister dans sa mémoire.

On trinque nos cafés en silence.

Et la cloche interne de mon self-control sonne doucement :

deuxième heure.

Deuxième round.

Je me rassois à ma place, entre Somin et Haejin.

Pause terminée. Calme (presque) revenu.

Je me dis que le pire est passé.

Vraiment.

J'y crois.

Le Professeur Han entre, carnet en main, lunettes sur le nez, l'air toujours aussi zen mais sadique.

— Bien. J'ai observé les premiers échanges de ce matin.Les binômes ont fonctionné... plutôt correctement. Donc.

Petit silence.

Je le sens venir.

Ce silence, c'est jamais bon signe.

— Vous garderez ces duos pour l'année entière.

...

Pardon ?

QUOI ?

Je tourne lentement la tête vers les filles.

Haejin a les yeux ronds comme des soucoupes.

Somin est déjà en train de secouer la tête.

Et moi ?

Je cherche la caméra cachée.

— C'est une expérience pédagogique. Vous apprendrez à collaborer avec des profils variés. À gérer les divergences. À construire sur vos différences. Bref... la médecine, c'est aussi savoir travailler avec l'insupportable.

Il dit ça en me regardant.

Genre il sait.

GENRE IL SAIT.

Je jette un œil discret vers la rangée de gauche.

Taeyang est assis. Bras croisés.

Sourire léger au coin des lèvres.

Le genre de sourire qui te donne envie de brûler des choses.

— Parfait... je murmure.

Somin glisse :

— Respire, Minrae. Respire et pense à Busan.

— Je pense à l'étrangler avec son stéthoscope.

Haejin étouffe un fou rire.

Je ferme les yeux.

J'inspire profondément.

Je redresse le menton.

— Très bien. Si c'est la guerre... j'ramènerai la trousse de dissection.

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