chap 10
Juste après avoir quitté le bureau de Zen, Leon et moi nous dirigeons vers l’immeuble de presse qu’il dirige, un des joyaux du "Veritas Media Group". Nous partageons la même voiture, conduite par son chauffeur personnel, un homme silencieux qui semble taillé dans le marbre, tout comme son patron.
Leon reste assis de l’autre côté de la voiture, aussi froid et distant que son frère. Sa posture est impeccable, ses jambes croisées avec une élégance décontractée, tandis que son regard est rivé sur son téléphone. Ses doigts glissent avec précision sur l’écran, comme s’il traçait des stratégies invisibles à chaque mouvement. Moi, je garde une certaine distance, collée contre la portière, le regard perdu dans le paysage qui défile derrière la vitre teintée.
Les rues de New York semblent animées, vivantes, presque étouffantes, mais ici, dans cette bulle de luxe et de silence, je me sens comme une étrangère dans un monde qui ne m’appartient pas.
Le silence dans la voiture est lourd, presque oppressant. J’ai l’impression que chaque bruit – le cliquetis de ses notifications, le ronronnement du moteur – amplifie le vide entre nous. Je jette un coup d'œil furtif à Leon. Toujours impassible, son visage est un masque de neutralité, si bien que je me demande s’il ressent quelque chose d’autre que ce froid glacial qu’il dégage.
Enfin, je décide de briser le silence.
— On va directement , ou y a-t-il une étape avant ? demandé-je, d’un ton neutre mais curieux.
Leon lève à peine les yeux de son téléphone, m’accordant un regard rapide avant de répondre d’un ton aussi tranchant que la lame d’un rasoir.
— Directement. Chaque minute compte.
Sa réponse est concise, presque militaire. Pas de place pour l’improvisation, pas d’effort pour rendre la conversation agréable. Je me renfrogne légèrement et retourne à ma contemplation du paysage.
Le trajet se poursuit dans le même mutisme étouffant. Les grattes-ciels se dressent fièrement autour de nous, et j’essaie de me rappeler pourquoi j’ai accepté ce projet. Chaque seconde passée auprès de cette famille me rappelle que ce sera une bataille constante, et je n’ai pas encore vu le pire.
En arrivant devant l’imposant immeuble de "Veritas Media Group", une tour de verre qui semble toucher le ciel, je prends une profonde inspiration.
Dès que nous franchissons les portes imposantes de l’immeuble de "Veritas Media Group", l’atmosphère change. L’endroit est à la fois élégant et intimidant, avec des murs en verre fumé, des sols en marbre noir et un éclairage minimaliste qui donne une impression de pouvoir brut.
Leon ne perd pas de temps. D’un geste rapide, il fait signe à une jeune femme élégamment habillée de l’approcher. Elle porte un tailleur gris clair impeccable, assorti à des escarpins noirs et à une montre en argent qui brille à son poignet.
— Amelia, appelle-t-il d’un ton autoritaire.
La femme, apparemment son assistante, s’avance rapidement, un sourire professionnel figé sur les lèvres.
— Conduisez mademoiselle Sierah à l’étage créatif. Montrez-lui où se dérouleront les tournages et séances pour les six prochains mois, puis présentez-la à l’équipe.
Il n’ajoute rien de plus, se contentant de hocher brièvement la tête avant de tourner les talons. Il s’éloigne d’un pas ferme, son allure imposante laissant derrière lui une aura presque écrasante. Pas un regard en arrière, pas un mot supplémentaire.
Une fois qu’il est hors de vue, Amelia relâche un soupir discret et lève les yeux au ciel. Puis, dans un geste qui me surprend autant qu’il me fait sourire, elle tire furtivement la langue dans sa direction, un juron à peine audible s’échappant de ses lèvres.
— Désolé pour ça, dit-elle en se tournant vers moi, son visage soudain illuminé d’un sourire chaleureux et sincère.
Son changement d’attitude est presque désarmant. L’assistante professionnelle et stricte s’efface pour laisser place à une jeune femme accueillante et pleine d’énergie.
— Bienvenue dans l’antre de la bête ! plaisante-t-elle, son ton léger brisant immédiatement la glace. Bon, pas de panique. Je vais tout vous montrer, et surtout, je vais m’assurer que vous ne vous perdiez pas dans ce labyrinthe.
Je ne peux m’empêcher de sourire face à son enthousiasme contagieux. Amelia dégage une chaleur qui contraste radicalement avec l’attitude froide et distante de Leon.
— Merci, dis-je simplement, soulagée d’avoir enfin une interaction normale et amicale dans cet univers glacial.
— Allez, suivez-moi. On va commencer par le studio principal. Vous allez voir, l’équipe est géniale. Enfin, pas tous, mais on fera avec !
Elle m’adresse un clin d’œil complice avant de se diriger vers l’ascenseur, ses talons claquant sur le sol marbré. Je la suis, me sentant pour la première fois depuis mon arrivée un peu plus à l’aise.
Nous arrivons à l’étage créatif après un court trajet en ascenseur. Dès que les portes s’ouvrent, l’ambiance change du tout au tout. Les murs sont tapissés de moodboards, de photos de campagnes passées et de croquis de bijoux. Un mélange d’effervescence et de concentration flotte dans l’air, ponctué par les éclats de voix d’une discussion animée et le clic régulier des appareils photo.
Amelia me guide à travers un dédale de bureaux ouverts et de studios aménagés. Chaque espace semble avoir sa propre personnalité : l’un est rempli de tissus et de bijoux éparpillés, un autre de projecteurs et d’appareils photo dernier cri.
— Bienvenue dans le cœur battant de Veritas Créatif, dit-elle avec un sourire enjoué. C’est ici que toute la magie opère. Enfin… quand tout le monde est de bonne humeur.
Elle m’amène directement vers un petit groupe de personnes qui discutent près d’un immense écran montrant des clichés de bijoux.
— Tout le monde ! appelle Amelia pour capter leur attention.
Les conversations s’interrompent et tous les regards se tournent vers nous.
— Je vous présente Sierah, la nouvelle égérie, le visage qui sera accompagné de la merveille, de la campagne Paris. Elle sera avec nous pour les six prochains mois, alors soyez gentils avec elle… Enfin, essayez.
Un murmure d’approbation parcourt le groupe. Quelques personnes me saluent d’un signe de tête ou d’un sourire. Amelia commence alors à me présenter chaque membre.
— Voici Karim, notre photographe principal. Il est une véritable légende dans le milieu, mais il peut être un peu… exigeant, dit-elle en chuchotant pour que seul moi puisse l’entendre.
Karim, un homme élégant avec des lunettes rondes et une chemise en lin, me serre la main avec assurance.
— Enchanté, Sierah. J’espère que vous êtes prête à travailler dur, dit-il avec un sourire qui mélange professionnalisme et bienveillance.
Amelia poursuit en désignant une jeune femme blonde aux cheveux impeccablement lissés.
— Et voici Jodie, notre styliste en chef. Elle s’assure que chaque détail soit parfait.
Jodie me jauge du regard avant de me faire un petit signe de tête.
— Ravi de travailler avec vous, dit-elle d’un ton neutre mais professionnel.
Alors qu’Amelia continue de faire le tour, je remarque une femme légèrement en retrait, assise sur un tabouret, les jambes croisées avec une assurance presque insolente. Ses cheveux auburn brillent sous les lumières, et son maquillage est impeccable. Elle arbore un sourire satisfait, comme si elle savait quelque chose que personne d’autre ne savait.
— Et enfin, voici Alyssa, dit Amelia, son ton plus réservé. Elle est notre modèle de secours… et parfois leur muse.
Alyssa se lève gracieusement, comme si chaque mouvement était une performance.
— Muse, c’est un grand mot, dit-elle en riant doucement. Mais merci pour l’introduction, Amelia. Elle se tourne vers moi et me regarde de haut en bas avant d’ajouter avec un sourire teinté de condescendance : J’espère que vous êtes prête à relever le défi.
Amelia se penche discrètement vers moi alors que nous nous éloignons légèrement.
— Un conseil, évitez de trop attirer l’attention de Karim. Alyssa a… disons, une certaine proximité avec lui, et elle peut devenir très protectrice.
Je hoche la tête en silence, notant mentalement de rester prudente.
— Et, autre chose, ajoute Amelia en souriant légèrement. Ne prenez pas tout ce qu’elle dit au sérieux. Alyssa a l’habitude de se croire indispensable, mais elle ne l’est pas autant qu’elle le pense.
Sinon je suis toujours la
Et puis je suis toujours là