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MiaClarke
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Chapitre 6

Vous avez été magnifique,  dit-elle d’une voix posée mais ferme. Votre démarche, la façon dont vous avez mis en valeur ces créations Vous êtes une véritable ambassadrice. 

Je la remerciai timidement, mais quelque chose dans son regard me paralysa. Il y avait une puissance tranquille dans cette femme, une aura indéniable d’autorité. Puis, elle prononça ces mots :

Je suis Eleanor Whitmore. 

Le monde sembla vaciller sous mes pieds. Eleanor Whitmore. La matriarche de la famille Whitmore. Une femme dont le nom seul évoquait respect et crainte dans tous les cercles de pouvoir et de richesse. Connue pour son sens aiguisé des affaires et sa poigne de fer, elle était l’élégance incarnée, une véritable légende vivante. Même si son petit-fils, Zen Whitmore, était officiellement à la tête de l’empire familial, tout le monde savait qui en tirait véritablement les ficelles.

Je tentai de reprendre mes esprits tandis qu’elle poursuivait, son ton devenant presque complice.

Je suppose que vous savez déjà qui je suis,  dit-elle avec un léger sourire en coin, presque complice.  Mais permettez-moi de vous parler de vous, Sierah. 

Elle commença à raconter des détails sur ma carrière, des faits précis que seule une personne bien informée aurait pu connaître : mes débuts hésitants, les campagnes qui avaient marqué mon ascension, jusqu’à ma récente percée dans les défilés internationaux. Chaque mot était un mélange de vérité et de reconnaissance, comme si elle avait suivi mon parcours avec une attention particulière.

Vous incarnez bien plus que la beauté,  dit-elle en me fixant d’un regard perçant. Vous avez une présence rare, quelque chose qui transcende la simple apparence. Et c’est exactement ce dont j’ai besoin

Je la regardai, déconcertée. Elle continua, sa voix s’adoucissant, mais gagnant en intensité.

J’aimerais que vous deveniez le visage de notre nouvelle campagne pour les bijoux Whitmore. Ces pièces ne sont pas seulement des objets de luxe ; elles sont le reflet d’une tradition, d’un art, et de l’excellence. Et vous, Sierah, êtes parfaite pour porter cette histoire au monde. 

Je restai sans voix, tentant d’assimiler ce qu’elle venait de dire. Être choisie par Eleanor Whitmore elle-même pour représenter leur collection était bien plus qu’une opportunité. C’était un honneur, une reconnaissance qui dépassait tout ce que j’aurais pu imaginer.

Qu’en dites-vous ?  demanda-t-elle, inclinant légèrement la tête, un sourire subtil aux lèvres, comme si elle connaissait déjà ma réponse.

Je pris une profonde inspiration, hésitante. Cette offre était tentante, mais un sentiment me retenait. Depuis des mois, j'avais rêvé de ce moment de répit, une pause bien méritée après une saison effrénée.

Je suis honorée, Madame Whitmore,  répondis-je enfin, mes mots mesurés.  Mais cette saison est la dernière avant un long congé que j’ai prévu, et j’ai besoin de ce temps pour moi. 

Un silence étonné suivit ma réponse. Eleanor sembla réfléchir un instant, son regard toujours aussi perçant. Puis, à ma surprise, elle acquiesça avec un sourire.

Une réponse honnête et courageuse. Prenez ce temps, Sierah. Mais sachez que ma porte vous restera toujours ouverte. 

Elle me tendit une main que je serai avec reconnaissance.

Merci pour cette opportunité, murmurai-je, émue par sa compréhension. Et alors qu’elle s’éloignait, je sentis un étrange mélange de soulagement et de gratitude. Parfois, dire non pouvait être tout aussi puissant que dire oui.

La soirée battait son plein, baignant dans une atmosphère de luxe et d’exubérance. Les rires fusaient de toutes parts, des groupes se formaient et se dispersaient, des conversations animées émaillaient les espaces richement décorés. Les célébrités, parées de leurs tenues les plus éclatantes, prenaient la pose devant des objectifs affûtés. Les hommes d’affaires, eux, échangeaient des accolades formelles et des discussions feutrées, tout comme dans ces soirées où l’argent et le pouvoir se côtoient sans retenue.

À plusieurs reprises, des photographes m’ont interpellée, certains criant mon nom avec enthousiasme. Mais mon énergie s’était dissoute quelque part entre les flûtes de champagne et les sourires figés. Je me sentais vidée, mon épuisement surpassant de loin mon envie de plaire. La décision de partir fut presque instinctive.

Traversant la foule pour atteindre la sortie, mon corps heurta soudain un obstacle solide, un mur de chair et d’élégance brute. Sous l’impact, je perdis l’équilibre et chutai lourdement sur le sol. Une douleur sourde pulsa à l’avant de ma tête tandis que je la frottais machinalement. En levant les yeux, prête à asséner une réprimande bien sentie à l’énergumène inconscient, je croisai un regard perçant, d’une hauteur glaçante.

Zen Whitmore. Son visage était un mélange de froideur et d’arrogance. Il arqua un sourcil en signe de curiosité narquoise avant de me contourner sans un mot. Mon indignation monta en flèche. Je ne pouvais pas laisser passer cela. Me relevant rapidement, je saisis le bout de sa veste, le contraignant à se retourner. Peu importait qu’il soit une figure influente, il avait un devoir de civilité.

L’argent vous a fait oublier la politesse ou vous êtes tellement stupide que vous ne savez pas dire  “je suis désolé”  après ce que vous venez de faire ?

Ses yeux balayèrent ma silhouette avec un mépris palpable avant de s’arrêter sur ma main toujours agrippée à sa veste immaculée. Il s’en dégagea d’un geste brusque, presque violent, qui me fit vaciller de nouveau.

Ne touche pas à ce que tu ne peux pas rembourser, rétorqua-t-il d’une voix cinglante. Et je te conseille de consulter un médecin pour tes yeux si tu ne vois pas où tu vas, à moins que tu n’attendes un miracle.

Je m’apprêtais à riposter, mais une voix douce et mielleuse nous interrompit.

Chéri, tu es venu.

Il tourna la tête vers la source de la voix sans pour autant bouger son corps, toujours immobile face à moi. Une silhouette gracieuse apparut dans mon champ de vision. Elle était belle à couper le souffle, d’une élégance qui transcendait les normes. Amara, la fiancée de Zen.

Hum hum, répondit-il simplement.

Amara se tourna vers moi, un sourire rayonnant sur ses lèvres parfaitement dessinées.

Oh mon Dieu, Sierah ! Vous êtes encore plus magnifique en vrai que sur vos photos. Je suis une très grande admiratrice. Votre assurance, votre élégance sur scène me laissent sans voix. On croirait que tout le monde est à vos pieds.

Sa sincérité désamorça ma colère. Je lui souris en retour, la remerciant tout en la complimentant à mon tour. Amara était aussi splendide que charmante, mais une chose était claire : son élu était loin de partager sa grâce.

Cela faisait maintenant une demi-heure que je restais plantée à côté de monsieur mal élevé et de sa charmante fiancée. Cette dernière me racontait, avec une passion non dissimulée, des anecdotes sur sa carrière et les défis qu’elle avait rencontrés. Comme si tout le monde dans cette pièce n’était pas déjà au courant de son parcours. J’avais accepté son invitation à discuter par pure politesse, mais je le regrettais amèrement.

Quant à Zen, il n’avait pas desserré les dents. Pourtant, ses regards suffisaient à trahir son dédain. Ses yeux me scrutaient sans la moindre gêne, comme s’il cherchait à déceler un défaut invisible à l’œil nu. Cette attitude arrogante aurait dû me mettre hors de moi, mais l’épuisement m’avait gagné. En d’autres circonstances, je lui aurais bien mis mon poing dans la figure.

Prenant une profonde inspiration pour calmer mon irritation, je présentai mes excuses à Amara sous prétexte de devoir partir. Sa réponse chaleureuse et compréhensive était tout l’opposé de l’homme qu’elle avait choisi pour fiancé. Je quittai rapidement les lieux et retrouvai la fraîcheur nocturne de l’extérieur.

De retour à mon appartement, je laissai tomber mes escarpins dans un soupir de soulagement. Demain, je rentrerais à Milan. Loin de ces regards hautains et de cette atmosphère suffocante.

En rentrant chez moi, je n'avais qu'une seule idée en tête : m'effondrer sur mon lit et disparaître dans un sommeil bien mérité. Je ne pris même pas la peine de me démaquiller ou de changer de tenue. Mon corps, exténué, s'effondra sur le matelas.

Le sommeil me gagna immédiatement, lourd et profond, jusqu’à ce que le bruit strident d’une sonnerie me réveille en sursaut. Mon cœur s’accéléra alors que je me redressai brusquement, oubliant les vertiges qui accompagnent souvent un tel mouvement. Je plaquai une main sur mon front pour calmer la sensation désagréable avant de chercher l’origine du bruit.

Mon téléphone.

L’écran clignotait, affichant un nom qui me fit froncer les sourcils : Elizabeth Baronn.

Elizabeth, la directrice de mon agence, ne m’appelait jamais sans une raison urgente. Surtout pas à cette heure-ci. Quelle heure, d’ailleurs ? Je jetai un coup d’œil à l’horloge digitale sur ma table de chevet. 11 h passées.

Merde,  murmurai-je en me rendant compte que j’avais raté l’heure du départ pour l’aéroport.

Je refusai l’appel, sachant pertinemment ce qu’elle voulait. Elizabeth n’était pas du genre à appeler pour vérifier si j’avais bien dormi. Je bondis hors du lit, enfilant en vitesse un jean et un pull. Les autres filles devaient être déjà en route pour l’aéroport, ou pire, déjà dans l’avion.

Je pris mes affaires et descendis les escaliers en courant, prête à m’excuser à grand renfort d’arguments pour expliquer mon retard. Mais ce que je vis dans le hall me figea sur place.

Elizabeth Baronn elle-même.

Debout, dans toute sa gloire froide et impeccable, habillée d’un tailleur crème sans une seule pliure, son visage sévère accentué par un rouge à lèvres écarlate. Elle était là, dans le hall de l’hôtel, entourée de quelques assistants qui semblaient s’efforcer de ne pas croiser son regard.

Elizabeth Baronn ne se déplaçait jamais. Jamais. Son arrogance légendaire la précédait toujours, et elle considérait qu’on devait venir à elle, jamais l’inverse.

Et pourtant, là, elle était devant moi.

Je restai un instant immobile, les yeux écarquillés, cherchant à comprendre ce qui pouvait bien avoir motivé une telle apparition. Puis une question s’imposa : qu’est-ce qu’elle me voulait exactement ?

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