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MiaClarke
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Chapitre 7

Nous étions installés dans une salle de réunion sobre mais élégante, au dernier étage de l'hôtel. L’atmosphère y était lourde, presque oppressante. Autour de moi, Elizabeth, mon agent Calors, et quelques avocats au visage impassible scrutaient leurs téléphones ou griffonnaient dans leurs carnets.

Moi, je m’efforçais de rester discrète, me fondant dans le silence pour éviter les regards noirs et les reproches. Je ne savais toujours pas pourquoi j’étais ici, ni pourquoi j’avais raté mon vol.

Une idée me traversa l’esprit, glaçante : avais-je reçu une plainte lors de la Fashion Week ? Pourtant, j’avais fait attention, évité les drames. Rien dans mon comportement ne pouvait justifier un tel rassemblement.

Cela faisait presque une heure que nous étions là, à attendre. Le silence était à peine interrompu par des murmures discrets ou le grattement d’un stylo sur le papier. J’essayais de ne pas bouger, pour éviter d’attirer l’attention.

Mais quand la porte s’ouvrit enfin et que je vis entrer la personne que nous attendions, tout mon calme apparent s’évapora.

Je me levai brusquement, presque instinctivement, sous le choc.

Zen Whitmore.

Suivi de sa grand-mère, Eleanor Whitmore.

Calors m’attrapa doucement le bras pour m’inciter à me rasseoir, murmurant un « — Assieds-toi » à peine audible. Je me laissai guider, trop abasourdie pour répondre.

Elizabeth, imperturbable, se leva pour saluer les invités d’un ton courtois mais professionnel :

Monsieur Whitmore, Madame Whitmore, nous sommes honorés de votre présence.

Zen, toujours aussi hautain et distant, ne répondit que par un bref hochement de tête. Eleanor, en revanche, offrit un sourire poli avant de balayer la pièce du regard. Ses yeux se posèrent sur moi un instant, et une lueur indéchiffrable traversa son regard.

Je me raidis, le cœur battant, en me demandant ce qui allait suivre.

Elizabeth parlait, parlait et parlait encore. Elle qui d’habitude était d’une concision tranchante et d’un calme glacial semblait aujourd’hui incapable de se taire. Elle jonglait entre flatteries et affirmations audacieuses, étalant mes succès avec une insistance presque gênante.

Je me sentais prise au piège, comme si elle essayait de m’envelopper dans une toile dont je ne pouvais pas m’échapper.

Eleanor Whitmore, quant à elle, ne disait rien. Pas un mot. Elle se contentait de me fixer avec une intensité déroutante tout en écoutant attentivement Elizabeth. Son regard semblait lire à travers moi, dénudant mes pensées les plus intimes.

Chaque seconde sous son regard me faisait perdre un peu plus de ma contenance. J’étais sur le point de céder à la panique quand Zen, toujours aussi nonchalant, releva enfin la tête de son téléphone.

On pourrait en venir au fait ? dit-il d’un ton sec mais parfaitement contrôlé.

Un soulagement fugace me traversa. Enfin, quelqu’un allait couper court à ce discours interminable.

Elizabeth, légèrement déstabilisée par l’intervention, s’arrêta, ajusta ses lunettes et tourna la tête vers Calors.

C’est là que tout bascula.

Calors, mon agent, celui qui m’a toujours utilisée pour son propre intérêt et celui de l’agence, se racla la gorge et déclara :

Nous sommes d’accord pour qu’elle effectue votre campagne de publicité. Et je crois que le contrat stipule six mois.

Six mois.

Mon cerveau mit un instant à assimiler ces mots. Quand leur signification me frappa, je me tournai vers Calors, sidérée, et laissai échapper un cri :

Pardon ?!

Toute la pièce se tourna vers moi.

Confuse et incapable de contenir ma réaction, je fixai Calors, cherchant désespérément une explication. Mon cœur battait si vite que je craignais qu’il explose.

Elizabeth pinça les lèvres, visiblement irritée par mon intervention.

Sierah, calme-toi, dit-elle d’un ton froid, comme si ma confusion était une offense personnelle.

Mais je ne pouvais pas me calmer.

Six mois ?! C’est une blague ? Personne ne m’a consultée, personne ne m’a demandé mon avis ! lançai-je en me levant de ma chaise, mes mains tremblant légèrement.

Eleanor Whitmore posa enfin son regard perçant sur Elizabeth, puis sur Calors, avant de revenir vers moi.

Vous n’étiez pas au courant ? demanda-t-elle avec une neutralité troublante, mais une pointe d’intérêt dans ses yeux. J’ai envoyé une demande à votre agence le soir de la Fashion Week après votre défilé, puis je vous ai abordée…

Je restai bouche bée, étonnée qu’on ne m’ait rien dit depuis hier par mes employeurs.

Zen, quant à lui, se contenta de croiser les bras, un sourire ironique au coin des lèvres.

Eh bien, ça devient intéressant, murmura-t-il, assez fort pour que je l’entende.

Mon regard se tourna vers lui, une colère froide m’envahissant.

Et ça vous amuse, peut-être ? répliquai-je, les dents serrées.

Zen ne répondit pas, se contentant de hausser légèrement son sourcil, comme si tout cela ne le concernait pas vraiment.

Elizabeth tenta de reprendre le contrôle de la situation.

Sierah, il faut penser à ta carrière, tu n’as pas besoin de faire une scène. Ce contrat est une opportunité unique, une chance de collaborer avec les Whitmore. On ne pouvait pas se permettre de dire non.

Mais je peux au moins être informée avant qu’on décide de me vendre comme une marchandise, non ? répondis-je avec plus de fermeté que je ne le pensais possible.

Je ne sais pas si c’est la fatigue, mais c’est la première fois que je parle ainsi à Elizabeth, et je sens, par son expression, que je viens de franchir une ligne invisible.

Un silence tendu s’installa dans la pièce.

Eleanor se redressa légèrement, ajustant une mèche de ses cheveux blancs, un geste qui semblait presque calculé.

Sierah a raison, dit-elle calmement.

La pièce entière sembla retenir son souffle.

Une collaboration de cette envergure nécessite un consentement mutuel. Si elle n’est pas prête à s’engager, alors il est inutile de continuer cette conversation.

Zen tourna brusquement la tête vers sa grand-mère, surpris.

Elizabeth ouvrit la bouche pour protester, mais Eleanor leva une main, la réduisant immédiatement au silence.

Mais, poursuivit-elle en me fixant, si vous refusez, Sierah, sachez que ce sera une occasion que peu de personnes pourraient se permettre de laisser passer.

Ses mots pesaient lourd, comme une promesse et une menace à la fois. Je me sentais prise dans un étau, entre la colère face à cette manipulation et la pression immense d’accepter. Mon cœur battait trop vite, mes pensées s’embrouillaient.

Zen brisa le silence avec une nonchalance exaspérante.

Alors, c’est quoi ton choix ? lança-t-il, son regard plein de défi. Vu qu’on supplie maintenant nos recrues, ajouta-t-il en se tournant vers sa grand-mère.

Celle-ci fit comme si elle n’avait rien entendu. Mon téléphone vibra doucement dans ma poche. Je le pris discrètement, profitant du silence pesant qui régnait dans la salle, et j’aperçus un message de Calors :

"Il ne te reste qu’un an. N’oublie pas."

Ces mots, bien que courts, me clouèrent sur place. Une boule se forma dans ma gorge. Toujours cette menace, cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de ma tête. À chaque fois que je pense être libre de mes choix, elle revient, implacable, pour me rappeler que ce n’est pas le cas.

Je respirai profondément, mes doigts tremblant légèrement autour du téléphone. Je sentais tous les regards sur moi, attendant ma décision. Elizabeth était impatiente, Eleanor affichait un sourire énigmatique, et Zen… Zen, lui, observait tout cela avec un mélange de curiosité et de scepticisme, son regard planté dans le mien comme pour chercher à deviner ma prochaine réaction.

Je ravalai ma salive, mon cœur tambourinant dans ma poitrine.

Très bien, dis-je finalement, ma voix légèrement tremblante. J’accepte la campagne.

Un silence de surprise envahit la pièce, suivi d’un sourire satisfait qui s’étira sur les lèvres d’Eleanor.

Excellente décision, dit-elle avec une voix douce, mais teintée d’une autorité indiscutable.

Je tournai la tête vers Zen et captai un éclat de colère dans son regard. Il serra la mâchoire, ses traits se durcissant à peine perceptiblement. Il resta silencieux, mais je pouvais presque le voir "manger ses dents", comme s’il luttait pour ne pas réagir.

Il ne s’attendait pas à cette réponse, je le devinais. Et franchement, moi non plus. Je suis du même avis que lui, de toute évidence. Ce partenariat entre nous ? Une pure folie. Je ne vois pas comment cela pourrait fonctionner. Nos personnalités sont comme deux pôles opposés, prêts à se repousser à chaque instant.

Mais la réalité est là, implacable : je n’ai pas le choix.

Je remis mon téléphone dans ma poche, évitant le regard de Calors qui devait sûrement jubiler intérieurement. Eleanor échangea un bref regard moqueur à Zen avant de se tourner vers Elizabeth.

Bien. Nous allons finaliser les détails avec vos avocats, dit-elle en se levant avec élégance.

Je restai assise, figée, alors que tout le monde commençait à se lever autour de moi. Zen passa près de ma chaise sans un mot, mais son parfum me frappa, une odeur riche et complexe qui me laissa un goût d’irritation et de confusion.

Je ne pus m’empêcher de murmurer pour moi-même, presque inaudible :

Qu’est-ce que je viens de faire ?

Mon téléphone toujours dans ma poche, je tentai de me redresser, de reprendre contenance. La pièce semblait s’être rétrécie, et chaque respiration me pesait. Elizabeth échangeait maintenant des banalités avec Eleanor, et les avocats prenaient des notes, sans doute en train de rédiger un contrat à une vitesse record.

Zen, de son côté, restait silencieux, mais sa posture en disait long. Il était appuyé contre la table, son téléphone à la main, mais il ne regardait plus l’écran. Son regard fixait un point devant lui, peut-être la porte. Peut-être moi. Je n’osai pas vérifier.

Elizabeth, pour sa part, semblait vibrer d’une excitation qu’elle ne tentait même pas de dissimuler. Elle parlait vite, trop vite, enchaînant compliments et plans d’avenir, comme si cet accord était le sommet de sa carrière. Je la regardai d’un œil morne, tentant de contenir l’envie de rouler les yeux.

Eleanor, en revanche, restait calme, majestueuse. Elle me fixait de temps à autre, un sourire calculé jouant sur ses lèvres, comme si elle savait quelque chose que j’ignorais. Je me sentais prise au piège, coincée dans un jeu d’échecs dont elle était la maîtresse.

Parfait, dit enfin l’un des avocats, refermant son carnet de notes. Nous finaliserons tout d’ici demain.

Eleanor se dirigea vers la sortie, et tout le monde suivit, comme des élèves devant leur professeur. Elizabeth s’empressa de lui tendre la main, ses remerciements débordant presque d’adulation. Je restai à ma place, les jambes raides, observant la scène comme un spectateur impuissant.

Zen passa près de moi, et cette fois, il s’arrêta juste assez pour murmurer, d’un ton bas et acerbe :

Espérons que tu sois à la hauteur.

Je serrai les poings, mais je gardai le silence. Répondre à Zen ne ferait qu’empirer les choses. Il partit sans un regard en arrière, et Eleanor, toujours impeccable, lui emboîta le pas.

Quand la porte se referma derrière eux, je lâchai un souffle que je ne savais pas retenir.

Elizabeth, elle, explosa de colère.

À quoi tu pensais en l’ouvrant ainsi, Sierah ? Tu sais combien va nous coûter ce contrat, tu connais bien de quelle famille on parle, et tu oses protester. Jusqu’ici j’ai accepté ton insolence auprès des autres, mais gare à toi, car ma colère n’est pas un paradis.

Elle continua, et je m’enfonçai encore pour éviter de commettre l’irréparable. Quand elle sortit, Calors se tourna vers moi, et sa phrase me fit couler une larme que j’essuyai directement. Je n’étais qu’un objet de bénéfice.

De retour dans ma chambre d’hôtel, je m’effondrai sur le lit, le visage enfoui dans l’oreiller. Les événements de la journée défilaient dans ma tête à une vitesse folle.

Le message de Calors, et sa dernière parole avant de sortir…

Le sourire satisfait d’Eleanor.

L’expression tendue de Zen.

Je serrai les dents en me redressant légèrement. Pourquoi avais-je accepté ? Je connaissais la réponse. Ce message, ce rappel incessant que ma liberté était conditionnelle. Calors avait toujours eu ce pouvoir sur moi, et chaque fois, il me poussait à faire des choix que je regrettais instantanément.

Une campagne pour Whitmore. Avec Zen. Je soupirai, les pensées se bousculant dans ma tête.

Comment allais-je travailler avec cet homme ? Son arrogance, son mépris, tout chez lui me mettait hors de moi. Mais ce n’était pas juste une question de lui. Cette campagne pourrait changer ma carrière, mais à quel prix ?

Je finis par me lever et me dirigeai vers la fenêtre. Les lumières de la ville scintillaient en contrebas, comme un océan de promesses et de pièges.

Un an, murmurai-je à moi-même, ma voix se perdant dans l’immensité de la nuit.

Un an pour tenir. Un an pour survivre à cette alliance improbable.

Et après ?

Je n’avais pas encore la réponse, mais une chose était sûre : ce chapitre de ma vie serait le plus difficile.

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