Les ruelles sombres de Paris semblaient se resserrer autour d'eux, chaque coin, chaque ombre devenant une menace.

Les pieds d'Élisa frappaient le pavé avec force, mais l'air froid, presque glacial, coupait sa respiration.

Raphaël courait à ses côtés, son regard fixé sur l'horizon, mais ses yeux cherchaient aussi les signes de danger.

Le bruit de leurs pas résonnait dans la nuit.

Ils tournèrent dans une rue déserte, longeant les murs des immeubles.

Élisa se força à respirer profondément, à ne pas paniquer.

Mais son esprit n'arrivait pas à chasser l'image de la porte de son appartement défoncée.

Les hommes. Ils étaient là.

Ils étaient si proches.

— Il faut qu'on se sépare, souffla Raphaël. Ils vont avoir du mal à nous suivre tous les deux.

Élisa le regarda, surprise.

— Quoi ? Mais... où est-ce qu'on va ?

Il la saisit par les épaules, la forçant à le regarder dans les yeux.

— On doit les semer.

Il marqua une pause.

— Écoute, tu sais où est la station de métro la plus proche ?

— Oui, mais...

— Tu prends un taxi. Je vais partir de mon côté.

Il la lâcha doucement.

— Fais-le maintenant, Élisa. Je te retrouverai plus tard.

Elle s'apprêtait à protester, mais il la coupa.

— Fais-moi confiance.

Et il partit.

Sans un mot de plus. Sans même la regarder.

Élisa sentit un frisson la traverser.

Elle se tourna alors, cherchant du regard une issue.

Au loin, elle aperçut la station de métro.

Elle ne pouvait pas rester là.

Pas maintenant. Pas avec eux à ses trousses.

Elle se précipita vers la station.

Sous la lumière clignotante de la rue, elle aperçut un taxi.

Elle le héla, s'engouffrant dedans dès que la portière s'ouvrit.

— Où vous allez ? demanda le chauffeur sans relever les yeux.

— Peu importe ! conduisez-moi... loin d'ici !

La voiture démarra en trombe, laissant derrière elle la ruelle et la silhouette de Raphaël s'effacer dans les ténèbres.

**

Raphaël, quant à lui, avait disparu dans un enchevêtrement de petites rues.

Il entendait les voix derrière lui, les pas lourds, la précipitation de ceux qui le suivaient.

Des bruits durs, implacables, qui se rapprochaient.

Il avait l'habitude, mais ce soir, tout était différent.

Les choses étaient plus sérieuses, plus... violentes.

Il s'engouffra dans un passage étroit, se faufilant entre deux bâtiments, puis s'arrêta un instant pour reprendre son souffle.

Ses doigts frémissaient.

La photo qu'Élisa avait vue, la mention de "SPECTRE"...

Cela n'aurait jamais dû arriver.

Raphaël posa son dos contre le mur froid, son esprit bouillonnant.

Il savait qu'il ne pouvait plus revenir en arrière.

Mais il n'avait jamais voulu l'entraîner là-dedans.

Il s'était juré de la protéger.

Et pourtant, il venait de la laisser seule. De la pousser dans la gueule du loup.

S'il n'avait pas été aussi imprudent, si seulement il avait agi plus tôt...

Il sortit un petit téléphone de sa poche, l'écran lumineux éclairant son visage marqué.

Un numéro.

Il composa.

— C'est bon. Elle est dans la nature, souffla-t-il d'une voix grave. Mais... ils savent où elle est.

— Tu sais ce que tu dois faire, répondit une voix calme de l'autre côté du fil.

— Oui... je vais la retrouver. Et je vais les éliminer. Tous. Cette fois, ils ne me laisseront pas le choix.

**

Pendant ce temps, Élisa fixait la fenêtre du taxi, son esprit encore embrouillé par la fuite.

Elle se força à respirer calmement.

Le taxi roula lentement dans les rues désertes, loin des faubourgs animés.

Elle avait l'impression d'être la seule vivante, seule à respirer dans ce monde gelé.

Mais alors qu'elle scrutait les lumières de la ville, un autre taxi arriva en sens inverse.

Elle le reconnut instantanément.

C'était celui de l'homme en imperméable.

Celui de l'inconnu.

Celui qui lui avait donné la photo.

Ses yeux s'écarquillèrent.

Il la regardait à travers la vitre.

Et, cette fois, il sourit.