Ils finirent par se poser sur un banc, non loin des quais, là où les péniches oscillaient doucement sous le vent.
Élisa frissonna. Le froid s'insinuait dans ses vêtements mouillés.
Raphaël ôta sa veste sans un mot et la posa sur ses épaules.
— Merci... murmura-t-elle, touchée.
Le silence retomba entre eux, mais cette fois, il n'était pas lourd. Il était... doux. Apaisant.
— Tu vis à Paris ? demanda-t-elle pour briser la timidité qui renaissait.
Raphaël haussa les épaules.
— Un peu partout. J'ai pas vraiment d'attaches ici. Je bouge souvent.
— Photographe itinérant ?
Il eut un sourire en coin.
— Disons que je cherche ce que je ne sais pas encore avoir perdu.
Élisa sourit à son tour. Elle aimait cette façon qu'il avait de parler en énigmes, même si une part d'elle sentait qu'il se protégeait derrière ses mots.
Ils restèrent là, à parler de tout et de rien, de voyages, de rêves oubliés, de blessures anciennes que l'on n'ose plus montrer.
Chaque minute rapprochait Élisa un peu plus de lui.
Chaque regard partagé devenait une promesse silencieuse.
Quand minuit sonna, Raphaël proposa de la raccompagner.
Ils prirent un chemin différent pour revenir vers chez elle, traversant des ruelles étroites, presque désertes.
L'air était glacé, et leurs pas résonnaient sur les pavés mouillés.
Au détour d'une rue, Élisa crut entendre des pas derrière eux.
Elle se retourna brusquement.
Rien. Seulement l'ombre des bâtiments, l'écho de leur propre présence.
Raphaël se figea un instant, lui aussi aux aguets. Puis, reprenant son calme, il lui tendit la main.
— Viens.
Elle hésita.
Ce geste, cette main tendue... c'était si simple, et pourtant si vertigineux.
Elle la saisit.
Ils coururent ensemble jusqu'à son immeuble, riant comme des enfants sous la pluie.
Arrivés devant la porte, ils s'arrêtèrent, essoufflés.
Élisa sentit son cœur battre à tout rompre.
Pour la première fois depuis longtemps, ce n'était pas de peur. C'était autre chose. Quelque chose de beau, de fragile.
Raphaël approcha son visage du sien.
— Bonne nuit, Élisa.
Son souffle effleura sa joue. Il ne chercha pas à l'embrasser. Pas encore.
Il se contenta de lui sourire, comme s'il savait que ce qu'ils venaient de vivre valait mille fois plus qu'un simple baiser volé sous la pluie.
Il s'éloigna dans la nuit, disparaissant peu à peu dans la brume.
Élisa monta les marches jusqu'à son appartement, son cœur flottant.
Elle ferma la porte derrière elle.
Se laissa glisser contre le bois, souriante, émue.
Mais de l'autre côté de la rue, dissimulée dans l'ombre, la silhouette était toujours là.
Et cette fois, elle parla à son téléphone d'une voix froide et déterminée :
— Cible confirmée. Phase 1 prête à être déclenchée.