Élisa sentit un frisson parcourir son dos lorsque le taxi passa à côté de celui de l'homme en imperméable.

Le regard de l'inconnu à travers la vitre était glacial, presque suffocant.

Il savait qu'elle l'avait vu.

Elle détourna rapidement les yeux et se recroquevilla contre la fenêtre du taxi, tentant de rester calme malgré la panique qui montait en elle.

Les lumières de la ville filaient sous ses yeux, mais rien n'éteignait cette sensation de fuite, de poursuite.

Quelque chose n'allait pas.

Elle se tourna à nouveau vers le chauffeur du taxi, un homme d'une quarantaine d'années au visage inexpressif.

Leurs regards se croisèrent brièvement dans le rétroviseur.

Elle savait qu'il la surveillait.

— Vous êtes sûr que vous savez où vous allez ? demanda-t-elle, sa voix presque tremblante.

— Ne vous inquiétez pas, mademoiselle. Je connais Paris comme ma poche, répondit-il d'un ton plat.

Mais il y avait quelque chose de bizarre dans son regard.

Comme s'il cachait quelque chose.

Élisa essaya de se détendre, de rationaliser.

C'est juste un taxi. Ce n'est rien.

Mais l'homme en imperméable, cette photo, ces hommes... tout se bousculait dans sa tête.

Elle sentait qu'elle était désormais trop impliquée pour faire demi-tour.

Et plus elle avançait, plus la réalité devenait effrayante.

Elle sortit son téléphone pour vérifier si Raphaël avait essayé de la joindre.

Rien. Aucun message. Aucun appel.

Elle se mordilla la lèvre, inquiète.

Que faisait-il ? Où était-il ?

Et surtout, pourquoi n'avait-il pas insisté pour qu'elle le suive plus tôt ?

Elle se redressa légèrement, un sentiment de détresse grandissant dans son ventre.

Puis, un bruit de téléphone qui vibre la fit sursauter.

Elle baissa les yeux.

Un message, un message de Raphaël.

"Va dans la rue Voltaire. Ne t'arrête pas. Je te retrouverai là."

Son cœur fit un bond.

Rue Voltaire. Mais c'était... c'était en dehors de la ville, non ?

Elle regarda par la fenêtre.

Les rues étaient désormais vides.

Elle n'avait plus qu'à suivre l'instruction, sans poser de questions.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à donner son avis au chauffeur, celui-ci tourna brusquement la tête.

— On a un léger détour à faire, dit-il avec un sourire qui ne parut pas sincère.

— Un détour ? protesta Élisa. Mais je vous ai dit...

— Vous allez me suivre.

La voix du chauffeur était devenue haute et autoritaire.

Élisa sentit une bouffée d'adrénaline envahir son corps.

C'était un piège.

Elle se redressa brusquement, mais déjà, la voiture s'engageait dans une ruelle sombre.

Elle n'eut pas le temps de réagir.

La portière du côté passager s'ouvrit d'un coup sec.

Un homme se glissa dans le taxi, masqué, son visage invisible sous une cagoule noire.

Il s'assit à côté d'Élisa, un pistolet à la main, caché sous sa veste.

— Parfait. Nous allons rendre visite à votre ami Raphaël, commença l'homme d'une voix calme, mais glaciale.

Élisa, les yeux écarquillés, sentit un élan de panique la saisir.

Le chauffeur, de son côté, commença à ralentir.

La voiture tourna plusieurs fois avant de s'arrêter dans une rue isolée.

Là, l'homme en cagoule ouvrit la portière de l'autre côté et ordonna à Élisa de sortir.

Elle n'eut pas le choix.

**

Raphaël avait couru, sans s'arrêter, jusqu'à ce qu'il atteigne la rue Voltaire.

Il n'avait pas pris le temps de réfléchir.

Tout se jouait là. Tout.

Il s'arrêta un instant, les mains sur les genoux, reprenant son souffle.

Mais rien ne s'était passé comme prévu.

Il aperçut au loin une silhouette, un autre taxi.

Et il le reconnut instantanément.

C'était celui qu'Élisa avait pris.

Il sentit une bouffée de terreur l'envahir.

Elle était déjà là.

Elle avait été piégée.

D'un geste rapide, il sortit son téléphone et composa un numéro.

— Elle est en route, dit-il sans préambule.

— Et toi ? répondit une voix calme à l'autre bout du fil.

— Je n'arrive pas à la retrouver. J'ai... J'ai perdu sa trace.

— Tu sais ce que tu dois faire, répéta la voix. Il est trop tard pour reculer.

Raphaël ferma les yeux.

Il allait devoir faire face à ceux qu'il avait fuits... et à ceux qu'il avait trahis.

**

Élisa se retrouva dans un entrepôt désaffecté, plongé dans l'obscurité.

Elle était seule, les mains tremblantes, son cœur battant la chamade.

Les seuls bruits étaient ceux de ses respirations et des échos lointains.

Elle attendit, écoutant les pas qui se rapprochaient.

Puis une porte grinça, et une silhouette se dessina dans l'ombre.

— Tu sais ce que tu es devenue ? dit une voix basse, qui lui fit froid dans le dos.

Élisa n'eut même pas à répondre. Elle savait.

Elle était désormais un instrument dans un jeu qui la dépassait.

Et la partie venait de commencer.