Le lendemain, Élisa décida de ne pas appeler Raphaël.
Elle avait besoin de réfléchir. De respirer.
De comprendre ce qu'elle ressentait vraiment... et ce qu'elle devinait sans vouloir se l'avouer.
Pourtant, toute la journée, elle sentit une étrange sensation de présence derrière elle.
Dans le métro.
Dans la rue.
Même à la librairie, entre deux rayons.
Chaque fois qu'elle se retournait, il n'y avait personne.
Juste la foule anonyme de Paris, ses visages pressés, ses silhouettes indifférentes.
En fin d'après-midi, alors qu'elle rangeait des cartons à l'arrière de la boutique, la sonnette de la porte d'entrée tinta.
— Élisa, appela son patron depuis la caisse, y'a un jeune homme pour toi !
Elle sentit son cœur bondir.
Raphaël ?
Elle se précipita dans la boutique.
Mais ce n'était pas Raphaël.
C'était un inconnu.
Grand, vêtu d'un imperméable gris, une casquette enfoncée sur le crâne.
Son visage était banal, presque trop banal. Comme s'il avait été créé pour se fondre dans la masse.
Il lui tendit une enveloppe brune, sans un mot.
— C'est pour toi, murmura-t-il.
Avant même qu'elle puisse répondre, il se retourna et disparut dans la rue.
Élisa resta figée, l'enveloppe à la main.
Son patron haussa les épaules, visiblement indifférent.
— Des livreurs bizarres, y'en a tout le temps dans ce quartier.
Mais Élisa, elle, sentait son estomac se nouer.
Elle ouvrit l'enveloppe, les doigts tremblants.
À l'intérieur, il n'y avait qu'une seule chose : une photo.
Une photo en noir et blanc.
On y voyait Raphaël.
Assis sur un banc.
Mais ce n'était pas une photo prise récemment. Non.
Il avait l'air plus jeune.
Et à ses côtés, un homme, qu'Élisa ne connaissait pas.
Un homme qui lui tenait le bras, comme s'il l'obligeait à rester assis.
Sur le dos de la photo, quelques mots griffonnés :
"On ne fuit pas le SPECTRE."
Le cœur d'Élisa manqua un battement.
Que signifiait tout ça ?
Que lui cachait Raphaël ?
Et surtout... était-elle en train de se laisser emporter dans une histoire bien plus dangereuse qu'elle ne pouvait l'imaginer ?
**
Quand elle rentra chez elle ce soir-là, elle verrouilla sa porte à double tour.
Elle éteignit toutes les lumières.
Et pour la première fois depuis longtemps, elle eut peur de s'endormir.