Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Lucy
Share the book

Épilogue - La saison des épines

Trois ans plus tard.

Adossée au fond de mon siège, mes ongles martèlent frénétiquement la table en verre, les yeux vissés sur la lettre impertinente. Une invitation du Grand Cercle des Mages difficile à ignorer. Une sommation. Celle de se rendre en Italie. Seulement, hors des frontières de ma ville, je n’aurais plus les cartes en main. Et on ne bluffe assurément pas avec le Grand Cercle des Mages.

La contrariété creuse un sillon entre mes sourcils.

Tout ça pour le décès d’un des membres et l'ascension d’un autre. Le jeu de pouvoir y est bien trop dense pour ne pas soupçonner un meurtre dans cette histoire. Une mort dans une toile tissée d’intrigues et autres magouilles qui me donne tout sauf envie d’y mettre un doigt.

De plus, je ne parle pas un traître mot d’Italien.

— Boss ? m'interpelle Wallace.

Je lève la tête, lui signifiant d’une simple expression qu’il a tout intérêt à jacter de façon brève et pertinente. Mais j’ai assez confiance en mon caporal pour savoir répondre à mes attentes. Le temps a fini par huiler les rouages du clan et m’inclure en pièce maîtresse. Désormais, plus personne n’ose contester ma légitimité.

Mon subordonné se tient droit, bras croisés dans le dos.

— L’inspectrice Abbott souhaite s’entretenir avec vous.

Mes doigts suspendent leur pianotage à la mention de cet agent de l’ordre. Un agent qui vient fricoter avec le clan Thornes sans le moindre mandat. Voilà qui est audacieux. Wallace n’a pas besoin d’en rajouter pour deviner ce que cette femme souhaite en venant frapper à ma porte. Une information en échange d’une autre. Après tout, New York grouille de criminalité et j’ai assez d‘yeux pour être un témoin indésirable de chacun d’eux. J’en sais suffisamment pour que même la police vienne me quémander des miettes. Malheureusement, ce n’est jamais sans contrepartie et seulement si mon humeur du jour l’accorde.

De l’autre côté de la baie vitrée, un compagnon à plume croasse.

Je dodeline de la tête.

— Non, rétorqué-je dans un mélange de grondement et de murmure.

Depuis la mort d’Oleander, mes cordes vocales ne se sont jamais remises complètement, une fine douleur persistant au fond de ma gorge. Aussi, je ne développe pas davantage ma réponse. L’homme en face de moi acquiesce d’un simple mouvement de la tête, et d’un geste de la main, je le congédie.

Une porte se referme dans un silence satisfaisant.

Une ombre se déplace avant de déposer, devant moi, un verre de whisky sous la mélodie cristalline de quelques glaçons. Je souris. Mes doigts interceptent ceux de mon bienfaiteur en une douce caresse. Ils me les rendent volontiers. J’aime ce langage qui se passe de mots.

Toutefois, l’apaisement est de courte durée.

La feuille qui s'étale toujours sous mes yeux est une vive piqûre de rappel d’une tout autre réalité. Une petite voix dans ma tête me souffle le nom de l’auteur sous-jacent de cette convocation. Ou plutôt de cette mort abrupte.

Le géniteur.

Des comptes sont à régler et, ma foi, il est temps de me débarrasser une bonne fois pour toutes de cette épine.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet