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LiiymScart
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CHAPITRE VII

Lycoris

Elle est vraiment chiante, Erin. Juste parce que je commence la Seconde :

— Gna gna gna, tu dois faire attention à ton sommeil maintenant que tu entres en Seconde... je mime ses gestes avec mes mains, exaspérée.

Je m'effondre sur le matelas, sur le dos, et je fixe le plafond. Je reste comme ça pendant quelques minutes, quand mon téléphone à clapet vibre.

C'est drôle, parce que chaque fois que je l'entends vibrer, je pense à Mikaïl.

C'est l'un des rares moments où je réalise qu'offrir un cadeau à quelqu'un, ça laisse une trace dans sa vie. Une toute petite trace, peut-être, mais elle reste.

Un peu comme les fréquentations, non ?

Bon, bref, on s'en fout.

J'attrape mon tel, qui commence à déprimer grave sur le parquet.

J'ouvre les notifs, et ma bouche s'ouvre toute seule.

Depuis quand on peut être dans un groupe de discussion sur un téléphone à clapet ?!

Ou alors Mikaïl m'a filé un truc de fou, je sais pas.

En tout cas, ça me rend bizarrement heureuse, quand je regarde l'écran :

"Escargot"

R'Leslie

Demain on a art plastique j'ai

Perdu mon truc de art plastique !

20h42

Lis.Janne

Nan mais toi je suis même pas

Étonnée, mais parle français

Par contre.

20h43

R'Leslie

Mais apaise ton cœur, tu

me fais peur avec tes

mes aigries là pff, trkl chou <3.

20h43

Lis.Janne

Nan mais attends, demain

je vais t'attraper hein !

20h44

R'Leslie

Oui oui olala, mais t'es sûre

que t'as ajouté Lirys dans le

groupe ? Et t'aimes bien ou pas ?

Je l'ai renommé Escargot !!!

Hahaha...

20h45

Je reste bloquée sur le nom du groupe.

Escargot.

C'est nul.C'est parfait.

Ça me fait sourire, un vrai, sans réfléchir.

Je sais pas si c'est pour rire de moi, ou pour m'intégrer.

Peut-être un peu des deux.

Et bizarrement, j'ai pas envie de choisir.

J'ai pas envie de casser ce petit moment avec mes questions bizarres.

Je me contente de répondre :

Lirys

moi j'aime bien

20h49

J'appuie sur "envoyer", puis je balance le téléphone à côté de moi.

Il retombe sur le matelas avec un petit plop.

Je reste là, sans bouger, à fixer le plafond.

Je pense à demain.

À Erin qui va me réveiller avec sa voix douce de général militaire.

À ce lycée trop grand pour moi.

À mes chaussures qui grincent quand je marche dans les couloirs.

À la prof d'histoire qui a les yeux qui clignent comme un néon fatigué.

À Leslie qui sent le chewing-gum à la pastèque.

À Janne qui parle comme si chaque mot pouvait déclencher une guerre.

Et là, je pense à Stefan...

À ses beaux cheveux blonds, coiffés en une raie au milieu comme dans les vieux films un peu classes.

À ses yeux bleus, trop bleus, genre carte postale trafiquée. Il est vraiment beau.

Pas du genre à faire des blagues bruyantes au fond de la classe, pas ultra-populaire, mais assez pour que tout le monde sache qui c'est.

Il a ce truc cette manière de s'habiller comme s'il sortait d'un magazine, tout en restant sobre.

Genre riche, mais discret.

Mature.

Soigné.

Ça m'impressionne.

Et ça m'énerve aussi, un peu.

Parce que je me surprends à penser à lui comme si on se connaissait.

Alors qu'on s'est JAMAIS parlé. Pas une fois.

Je le regarde juste. De loin. Discrètement.

Enfin, j'essaie. Mais même moi, je trouve ça flippant.

Je suis flippante. Et c'est ça le pire.

Moi, au milieu.

Moi, qui sais pas encore trop si je suis une pièce du puzzle, ou juste un truc qu'on pose sur le bord de la table et qu'on oublie.

Mais pour l'instant, ça va.

J'ai une place dans Escargot.

Et ça suffit pour ce soir.

Et pour mon obsession bizarre aussi tant qu'on y est hein.

Le lendemain, comme d'hab, c'est super ennuyant. J'ai pris le bus de justesse, j'ai bien failli le rater, mais j'ai réussi à monter à temps. Une fois descendu, j'ai dû marcher au moins cinq minutes, voire courir un peu pour pas arriver en retard. Sauf que... maintenant je suis en avance. Trop en avance. Le portail est même pas encore ouvert, y'a personne. Juste moi. La loose.

Je m'approche d'un banc et je m'assois. Je sors mon téléphone pour checker l'heure. Et là, la vraie claque : il est 8h02. Alors que d'habitude, je commence à 7h30.

J'arrête de respirer, au moins pendant les cinq secondes qui suivent. Mon cœur aussi, il veut carrément quitter mon corps. Il veut plus de moi.

Mais putain, j'attends quoi pour me lever, merde ? Le stress monte à chaque pas que je fais vers la petite porte, celle avec tous les boutons de sonnette et les espèces de trous pour parler à travers. Putain, je sais même pas comment ça marche.

Y'a écrit "Accueil" sur l'un des boutons. J'appuie dessus, et une voix surgit de l'appareil. Je sursaute, avant de réaliser que c'est la voix de ce con de Dani.

— Nom, prénom et classe ?

— Assline Lycoris, seconde 4.

Je ferme les yeux. Je le sens venir gros comme une maison. Il va se foutre de moi, c'est sûr. Et évidemment, j'entends déjà son rire moqueur grésiller à travers l'interphone.

— Bah alors, t'étais où à 7 heures ? En train de faire la grasse mat' ? C'est pas bien ça... Je vais le dire à ta sœur !

— Ouvre-moi cette foutue porte, ducon. Si j'suis encore plus en retard, ce sera ta faute. Et c'est toi qui iras rendre tes comptes à Erin !

On s'est disputé pendant deux minutes avant qu'il daigne enfin m'ouvrir. À ce moment-là, je ressemble juste à un chien en pleine fugue, affamé, sauf que moi, ce que je cherche, c'est ma classe.

Je m'arrête un instant au milieu du couloir, je sors mon emploi du temps. Art plastique. Ouf. Mon premier cours, c'était histoire... Bon, franchement, ça va. J'ai raté que ça.

Avec un peu de bol, ils ont même pas encore commencé l'art.

Je me remets à courir, mais je repère un prof au loin, alors je ralentis direct. Il passe à côté de moi sans même un regard, comme si j'existais pas. Ça me rassure. Je le connais pas, mais en général, les profs comme ça, c'est les plus stricts en cours. Alors que si ça avait été un autre, qui prendrait le temps de s'arrêter pour me demander ce que je fous là, comme les profs d'anglais, par exemple...

Arrivée devant la porte d'art, je toque trois coups et j'attends. Mme Mackline m'ouvre avec un grand sourire en me voyant. Sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, elle m'attrape par le bras et me tire dans la classe.

Je lève les yeux. Toute ma classe est là, entassée au fond de la salle, côte à côte. Je sens que ça va mal tourner...

— C'est une bonne nouvelle que tu sois arrivée avec un peu de retard, dit-elle en appuyant bien sur les mots. Le premier binôme, je vais commencer par le choisir en commençant par toi !

Oh putain... s'il vous plaît, libérez-moi. Faites un truc. Une alarme, un tremblement de terre, un miracle, n'importe quoi.

Leslie et Janne me font plein de signes depuis le fond de la classe, mais j'y comprends rien. Je leur rends juste des regards paumés, totalement incompréhensibles. On dirait un poisson hors de l'eau qui essaie de parler en morse.

Mme Mackline lève la main et annonce, avec son sourire de prof qui prend trop de plaisir :

— Elle ira avec Stefan !

Stefan. Évidemment. Il fallait que ce soit lui.

Je jette un coup d'œil discret vers lui. Il est là, calme, appuyé contre la table, l'air indifférent.

— Sortez dans le couloir. Stefan, tu lui expliqueras le concept. Et comme ça, moi, je termine les groupes, dit Mme Mackline en nous faisant un petit geste de la main, comme si elle balayait des miettes.

Stefan acquiesce d'un léger mouvement de tête, calme. Puis il me lance un regard "viens", sans un mot. Je le suis des yeux une seconde. Il se dirige déjà vers la porte. Moi, j'ai juste le temps de jeter un dernier regard paniqué à Leslie et Janne, mais elles sont trop occupées à me faire des grimaces pleines de sous-entendus.

Il referme doucement la porte derrière lui, sans un bruit, puis se tourne vers moi et commence calmement :

— Bon, du coup je t'explique. Le sujet du cours, c'est « s'évader ». On doit faire un travail pour montrer ce que ça signifie pour nous.

— T'as une idée ? je demande, un peu nerveuse.

— Pas du tout. Et toi ?

Je réfléchis quelques secondes, hésitante.

— Euhm... des motos ?

Il fronce légèrement les sourcils, l'air un peu perdu.

— Explique-toi.

— Bah... certaines personnes font de la moto pour s'évader. Tu sais, pour s'éloigner de leurs problèmes, se vider la tête.

Il me regarde, silencieux. Et je sais pas si c'est parce qu'il réfléchit ou s'il se moque intérieurement. Mon cœur bat trop fort pour que je sois objective.

— Ah ouais, je vois, dit-il. On pourrait prendre des photos de motos qu'on croise dehors. Ce serait plus réaliste. Et en plus, j'ai mon appareil dans mon sac.

Je le regarde, un peu surprise.

— Un appareil photo ? Dans ton sac ?

— J'expliquerai plus tard. Viens, je te le montre.

Je le suis, encore une fois, comme promis. Maintenant que tous les groupes sont formés, je jette un œil rapide vers la classe. Je croise le regard de Janne et je manque de pouffer de rire : elle est avec Reiner. Force à elle. C'est une vraie plaie en travaux de groupe. Franchement, le bol que j'ai eu.

Leslie, elle, est avec Emma. Je les envie. Être entre filles, tranquille, pas besoin de gérer les malaises ou les regards en coin. Je cautionne Pas c'est pas juste.

Stefan reprend sa place au fond, et je m'assois à côté de lui, pas trop proche, pas trop loin non plus. Mon cœur fait toujours un peu trop de bruit dans ma poitrine, mais j'essaie de faire genre tout est normal. Genre je suis pas en train de penser à son sourire toutes les trois secondes hein.

Je sens une goutte de sueur glisser lentement sur ma tempe. Respire. Positivity. Tout va bien. J'ai juste à rester calme. C'est qu'un cours d'art. Juste un gars. Juste Stefan. Et moi. Ensemble. Ok. Bref.

Il sort un boîtier discret de son sac, pas très encombrant, genre simple, sans prétention. Mais quand il l'ouvre et en sort l'appareil... wow. La bête. Y'a pas d'autre mot. Je peux jurer que ce machin a une âme.

Elle est incroyable. Solide, belle, Rien à voir avec les jouets en plastique de débutants. C'est un appareil qui a bien une âme la folie.

— Il est magnifique, je souffle, presque malgré moi.

Il ne répond pas tout de suite. Puis il me regarde, et me tend l'appareil.

— Tu veux l'essayer ? Purée comment il arrive à parler avec tant de...bah j'en perd mon latin carrément, mais ça me fait tomber bien plus amoureuse que je le suis, le malaise.

Je le fixe, bouche entrouverte. J'ose pas trop le prendre, peur de le casser, j'ai pas l'habitude qu'on me propose quelque chose si naturellement si ce n'était que mes proches, les autres me voient comme une clocharde donc je ne sais si j'ai le droit ?

Mais je tends quand même les mains. Quitte à se jeter à l'eau, je sais nager.

il pose doucement l'appareil dans mes mains toujours avec les mêmes gestes délicats qu'il a. Il est plus lourd que je l'imaginais. Je le tiens avec précaution, comme un trésor. Je regarde à travers le viseur, sans appuyer sur rien, juste pour voir.

— Tu peux le garder. Pour le devoir, je veux dire. Si t'en as besoin. J'te fais confiance.

Je le fixe, choquée. Genre littéralement figée. Il me fait confiance ? Moi ? Avec ça ?

— T'es sûr ? je souffle. Genre... t'as pas peur que je le casse ?

Il hausse les épaules avec ce petit sourire que je commence à reconnaître.

— Si tu le casses, t'assumes. Mais non, j'ai pas peur.

Je baisse les yeux sur l'appareil, le cœur un peu en vrac. Ça paraît rien, un prêt comme ça, mais pour moi, c'est énorme. C'est comme s'il venait de m'accorder une place spéciale. Une toute petite. Mais rien qu'à moi.

C'est ça qu'on appelle intime ? Ou je nage dans la folie ? Franchement, j'en sais rien. Mais ce qui est sûr, c'est que j'aurais peut-être pas dû me jeter à l'eau. Parce que maintenant je suis là, entre trop heureuse et gênée à mort, et je sais pas comment revenir à la surface.

Je repose doucement la chose, ce truc fragile, précieux, cette petite partie de Stefan. Son appareil photo. Une tranche de lui, posée entre mes mains, et que je viens de toucher comme si c'était rien.

Mais c'était tout.

Je le repose sur la table, avant qu'il remarque mes mains moites, qui tremblent un peu malgré moi. Avant qu'il voie que mon cœur est en train de danser la zumba sous ma peau.

Et je réponds, avec toute la neutralité du monde :

— Merci. J'en prendrai vraiment très soin.

Comme si j'étais pas en train de fondre à l'intérieur.

***

La sonnerie de fin de journée explose dans le couloir comme une délivrance. J'ai la tête en compote, le dos en feu, et une seule envie : retrouver mon lit, enlever mes chaussures et ne plus parler à personne pendant deux jours, ou peut être trois ?

Les filles m'attendent déjà à l'entrée. Janne sur son téléphone je la voit prendre à selfie d'elle même et derrière des gars la mater, pas étonnant et Leslie a les écouteurs dans une oreille, parle trop fort, elle s'embrouille sûrement avec son petit frère au téléphone. Je souris un peu, l'appareil photo bien calé dans mon sac, serré contre moi, toute la journée j'ai pensé à ça.

On commence à sortir, toutes ensemble, et là évidemment, lui.

Dani.

Il m'attrape par le bras, discret mais pas du tout.

— Toi, Assline.

Je me retourne, les yeux levés au ciel. Je sais déjà que ça sent pas bon.

— Quoi encore ? je lâche, blasée.

Il sort son carnet, en mode flic de série Z, et me fait un petit sourire satisfait.

— Tu rentres pas tout de suite. Une heure de colle. Tu croyais que j'avais oublié ce matin ? Ta petite scène au portail ? Ta façon de m'insulter devant l'interphone ?

Je reste plantée là, choquée.

— Mais... t'es sérieux ? C'était même pas une vraie insulte !

— "Ducon" est une vraie insulte dans toutes les langues, Assline. Et j'ai les témoins. Donc tu restes. Salle C-12. Tu connais la route. Il me sourit et pars.

Les filles se retournent, déjà dehors. Leslie me fait un geste du genre t'as encore fait quoi toi ?, et Janne rit doucement. Moi je suis juste... dégoûtée.

Je grogne dans ma barbe invisible, serre les dents, et me dirige vers la salle de colle. Mon sac est lourd, l'appareil me cogne contre la hanche, et j'ai cette phrase dans la tête qui tourne en boucle : fallait pas ouvrir ta grande bouche, Lycoris. Fallait juste passer la porte et te taire.

Libéré moi pour de bon....

_____________________________

Comment ça va ?? Moi ça va trkl.

c'est la première fois que je fais un chapitre avec des messages téléphoniques hihaiahz je me sens pousser des ailes sorry.

Comme promis les choses sérieuse commence dans le chapitre juste après se chapitre la, celui dont j'ai rêvé plein de foiiisss.

DONNEZ MOI DES AVISIDISIZKZIZ 🤧🙏🏼

C'est bon pardon j'arrête A+ 👋🏼💋💋



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