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LiiymScart
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CHAPITRE I

Lycoris

Il est sept heures onze, je remarque sur l'horloge de ma pauvre chambre, très pauvre chambre... Elle contient juste un matelas qui représente mon "lit", recouvert de plusieurs draps pour survivre au froid de la nuit, une armoire en bois qui fait de la peine quand on l'ouvre à cause du peu de vêtements qui s'y cachent. Je me demande : quand vais-je avoir de nouveaux habits ? Une fenêtre en face de cette dernière et une table basse en bois sur laquelle sont posés une lampe de nuit, des cahiers ouverts, des stylos, quelques feuilles volantes et des livres pour l'école.

Ça aurait été différent si elle était toujours vivante ? Est-ce que ma vie aurait été différente si elle avait toujours existé ?

Ma peau frémit au contact de l'air froid, je viens d'enlever ma couverture. Vivement qu'on puisse s'acheter un chauffage, bientôt je n'aurai plus à aller dormir sous un gros pull et mettre des joggings l'un par-dessus l'autre. Hier, j'étais trop fatiguée pour le faire d'ailleurs... J'espère ne pas être malade le premier jour de ma rentrée.

Je dois me rendre au lycée à sept heures trente, et c'est mal parti. Je suis tellement fatiguée... Je me lève de mon lit pour rejoindre ma sœur dans la salle de bain. Le sol en bois est aussi froid quand je mets un pied devant l'autre. Mes draps me manquent profondément, j'étais si bien installée... Ma sœur, elle, ne manque pas de me gueuler dessus quand je la rejoins près d'elle, en train de se brosser les dents.

— Mais bordel, Lyris, tu vas être en retard, grouille-toi ! crie-t-elle dans ses dents, remplies de mousse à dentifrice. C'est pas pour rien que je me suis démenée comme une folle pour t'inscrire dans un lycée privé !

Elle crache dans le lavabo, ouvre le robinet et le referme avant de m'offrir toute son attention.

Elle me regarde avec cet air fâché et autoritaire, ce même air qu'elle me montrait quand, petite, je faisais une bêtise. Je suis consciente que ce n'est pas ma mère et elle aussi, elle est consciente que je ne suis pas sa fille, mais pour autant, c'est elle ma responsable légale. Ma mère, elle, est morte.

— C'est le premier jour de la rentrée, tu rentres en seconde, et en plus de ça, tu devrais être contente de revoir tes copines.

Elle devient plus douce d'un coup.

— Oui d'accord, ok, je me dépêche, lui répondis-je en passant devant elle pour me laver le visage, tout en faisant attention à ne pas gaspiller trop d'eau. Erin déteste ça, elle déteste gaspiller.

Elle me fait une petite tape sur le dos.

Je la regarde s'éloigner à travers le miroir. Ses cheveux châtain clair lui retombent presque au bout du dos, formant des vagues. Elles n'ont rien à voir avec les miens, d'un brun foncé, qui me viennent juste en dessous de la poitrine, ne formant aucune vague, lisses et un peu abîmés au bout. En fait, elle et moi, on n'a rien en commun, à part nos petits délires de gamines et notre regard que tous les gens jugent "agressif". Je la vois se retourner une dernière fois.

— Je vais demander à Mikaïl de te déposer, je pense pas qu'il y ait le temps de prendre un bus, dit-elle avant de disparaître de la salle de bain.

J'attrape la brosse à cheveux sur l'étagère au-dessus du miroir et la ramène à mes cheveux. Quatre ou cinq coups de brosse suffiront avant que je les attache en un chignon, un peu mal fait, mais c'est pas grave. Erin dit que ça fait joli quand c'est comme ça.

Je me précipite vers sa chambre et lui emprunte quelques-uns de ses habits qui traînent par terre. Pas le temps d'aller jusqu'à ma chambre. Un jean gris et un sweat noir feront l'affaire. J'enfile tout ça après m'être déshabillée. Malheureusement, la course n'est pas finie. Je dévale les escaliers une à une, les grincements qu'elles font à chaque pas me dérangent, tellement que j'en deviens aigrie. Dans le salon, j'emprunte aussi la veste en cuir marron posée sur le dossier du canapé. Celle-ci appartient à Charles, mon alcoolique clown de père, qui n'est déjà plus là. Il reviendra le soir, comme à son habitude.

Erin et Mikaïl m'attendent dehors. J'ouvre la porte d'entrée, les mains fourrées dans mes poches, et m'avance vers eux sur le trottoir. Il fait drôlement froid, hier il faisait plus chaud.

Je vois mon aînée de sœur entourant ses bras au cou de Mikaïl. Ce dernier lui sourit comme un enfant. Il tient un sac à dos dans sa main, sûrement celui qu'il a acheté sur ordre d'Erin pour moi.

— Bonjour, Lyris ! me salue mon voisin, le sourire aux lèvres. Il porte une main à ses cheveux pour défaire une de ses locks derrière sa tête.

Comme d'habitude, il s'est encore fait charmer par Erin, et encore une fois, il lui obéit. L'amour, ça fait peur.

— Tu m'as encore piqué mes vêtements, petite, dit ma sœur en s'éloignant de sa "victime" et en s'avançant droit sur moi.

J'ai mal au crâne, putain...

Le soleil ne s'était même pas encore levé. Il faisait bleu foncé dans le ciel, et des nuages gris y trônaient.

— C'est la rentrée, tu l'as dit toi-même, répliquai-je en l'ignorant, puis je marchai en direction de la voiture de Mikaïl, juste à ma gauche. J'ouvre la portière du siège passager et m'installe. C'est pas la première fois qu'il va me faire office de chauffeur, et pas la dernière.

Il me rejoint après avoir reçu un petit bisou d'au revoir d'Erin, qui retourne se réfugier à l'intérieur de la maison.

— Tiens, ton sac, dit-il en me tendant le sac, qui était évidemment le mien, en démarrant la caisse.

Je le prends sans hésiter.

Un sac à dos de haute qualité, celui que tout le monde veut grâce à sa résistance et son design simple et esthétique.

— Je te l'ai pris en vert forêt. Ta sœur m'a dit que c'était ta couleur préférée, commence-t-il, alors que le paysage défile doucement à travers les vitres. J'espère qu'il te plaît.

Le vert, ma couleur préférée... oui, c'est ça...

« Le vert, c'était sa couleur préférée. »

Les mots de Charles résonnent dans ma tête. Pourtant Ça fait déjà six ans que j'ai entendu ça.

— Merci beaucoup, Mikaïl, vraiment. Et ça me plaît énormément, le remerciai-je tout en regardant l'intérieur du sac : une trousse noire basique, des cahiers, une pochette plastique et compagnie.

Il a dû prendre du temps à chercher tous les articles dans les rayons "Rentrée scolaire", et ça a dû lui coûter cher.

— Ça me rassure alors. Il fait une pause, puis reprend : Euh... qu'est-ce qu'elle aime manger, ta sœur ?

— Elle aime beaucoup les plats ivoiriens et aussi les plats coréens.

Il a un bon cœur, et ça, personne ne pourra le contredire. C'est la seule véritable personne qui nous aide et nous tient compagnie, moi, Erin et Charles, sans vouloir quelque chose en retour. Parfois, il me dit même qu'il me voit comme une petite sœur. Après, c'est sûr qu'il m'a connue à mon plus jeune âge... Il participait même aux farces que je préparais pour Charles. Je me demande souvent comment il fait pour aimer ma sœur, elle qui travaille en tant que serveuse et vend son corps dans un hôtel de bourges. En fait, il s'en fout de tout ça, il est amoureux d'elle. Pourtant, il sait qu'elle ne ressent rien pour lui. Alors pourquoi ? Pourquoi s'obstine-t-il tant à vouloir quelque chose avec elle ?

L'amour, évidemment. Sûrement.

— Eh bien, elle a des goûts bien originaux, tiens... souffle Mikaïl.

— Tu souhaites l'emmener quelque part ? demandai-je en posant ma tête contre la vitre froide.

Il prit un raccourci en virant à droite. On pouvait voir la boulangerie de la ville, "Le Lepvier".

Je me demande si Charles va encore se retrouver en garde à vue ce soir... S'il y est, Erin me demandera encore d'aller le chercher en me faisant passer pour elle, tellement elle n'en peut plus de le faire elle-même...

— Elle accepterait ? me demande-t-il.

Mes oreilles se sont refroidies à force, alors je me redresse et tourne ma tête vers mon voisin.

— Peut-être... T'as qu'à essayer, de toute manière, tu risques juste un non.

Je baille sur ces mots.

Je vais bientôt descendre de la voiture, dans trois minutes. Ça va, c'est pas très long. J'espère juste que cette année, j'ai des profs qui me laissent dormir un peu dans leur cours et que je serai dans la même classe que mes amies, sinon je vais déprimer sans elles.

Quand on est arrivés, Mikaïl m'a donné son deuxième téléphone à clapet au cas où j'aurais besoin de l'appeler pour qu'il revienne me chercher. Je l'avais enlacé dans mes bras, puis j'étais sortie de la voiture avant de ranger le téléphone dans ma poche.

Me voilà devant mon lycée privé, un très grand bâtiment, bien joli. Je sens déjà l'odeur de la richesse, je me sens comme un imposteur du coup. Le portail ne s'est pas encore ouvert, donc on peut voir une grande mer de lycéens. Ils ont déjà formé plein de petits groupes, et certains sont sur leur téléphone. Il faut bien que je trouve mes copines à moi. J'ai hâte de les retrouver. On s'est vues à plusieurs reprises pendant les vacances, mais faire une rentrée scolaire ensemble, ça m'avait manqué.

Je contourne et traverse tranquillement la foule, regardant à droite et à gauche, toujours les mains dans les poches.

Soudain, une main m'agrippe le bras fortement et me tire en arrière. J'entends des rires bourdonner dans mes oreilles.

— Eh ! je crie.

C'était la seule chose que je pouvais faire.

Mon pied trébucha sur un truc qui me fit perdre l'équilibre, mais on me retient avant que je tombe.

— Eh, tout doux, Lycoris... chuchote une voix masculine inconnue à mon oreille.

Il était carrément collé à mon dos, ce connard. Naturellement, je me débats et me libère de son emprise en me retournant maladroitement.

— C'est quoi ton putain de problème ?!

C'était un de ces mecs bruns, grands, et au sourire sadique. Je ne le connaissais que de vue, mais je n'aurais pas imaginé que notre première "rencontre" serait comme ça. Il me regarde en rigolant avec ses potes, composés de trois autres gars semblables.

Comment il connaît mon prénom, lui, même ? Il s'intéresse à moi ? Non, ça serait trop bizarre.

Je serre fort une des sangles de mon sac. Je ne peux pas me battre dès le premier jour quand même.

Bon, j'ai qu'à les laisser. De toute façon, ça n'arrangera rien. Pas envie de perdre du temps avec ces idiots ni de la force.

Je me retourne, fais un ou trois pas, et, à mon plus grand soulagement, je tombe sur Leslie et Janne, mes deux meilleures amies.

— Salut ! Ça va ou quoi, là ? commence Leslie, son sourire est magnifique.

Comme toutes les rentrées scolaires qu'on a faites, elle s'est habillée d'une chemise bleu satin avec un pantalon noir classe, sans oublier ses cheveux bouclés roux coiffés en une natte, avec quelques mèches qui retombaient sur son visage angélique. Ses yeux bleu marine, ses taches de rousseur sur sa peau claire, qui faisaient ressortir ses lèvres recouvertes de gloss rouge, et son nez fin lui donnaient un charme fou.

— Enfin, je vous trouve !

Je les prends dans mes bras toutes les deux.

Leslie me serre encore plus fort avant de me relâcher. Quant à Janne, elle regarde maintenant derrière moi, les sourcils froncés. Je lui pose la question :

— Qu'est-ce que t'as, Janne ?

— Tu me permets, Lyris ? Je reviens tout de suite.

Elle passe près de moi, une de ses mains sur mon épaule droite, me faisant reculer d'un pas sans intention brusque. Je l'entends jurer des mots entre ses lèvres, puis mes yeux s'attardent sur ses poings serrés.

Le vent soufflait légèrement, mais pour moi, c'était comme s'il sifflait dans mes oreilles. Alors que Janne, elle, avançait tout droit sur le groupe de mecs qui m'avaient embêtée il y a encore quelques minutes. Ses longs cheveux dorés flottaient dans le vent. Malgré la météo, elle ressemblait juste à une lumière dans une marée noire. Sa peau lisse et naturelle rend les filles envieuses et jalouses. Les gens disent que son visage est celui d'un top modèle et qu'elle est destinée à le devenir.

Le mec de tout à l'heure était dos à elle, en train de discuter avec ses potes, pendant que Janne s'approchait de plus en plus furieusement.

Elle m'a sûrement vue me faire malmener par lui.

— Arron ! crie-t-elle.

Il s'appelle Arron ?

Arron se retourna, confus, mais il se fit vite tirer l'oreille par Janne. Apparemment si fort qu'il se tordit en deux. Il suppliait Janne d'arrêter, et tous les gens autour les regardaient. Janne finit par le pousser au sol. Son visage était neutre, mais elle était furieuse aussi. Quelques rires se font entendre, mais personne n'intervient. Pourquoi ? Parce que c'est Janne. L'une des filles qui connaît le plus de monde ici, celle qui a la plus grosse cote auprès des garçons comme des filles. Et c'est de même pour Leslie. On peut appeler ça la "popularité".

Elle s'accroupit près d'Arron, toujours par terre et humilié. Elle lui dit quelque chose que Leslie et moi ne pouvons pas entendre, mais Arron hoche la tête plusieurs fois, apeuré.

Moi, je ne ferai jamais partie de leur case, la "popularité", aux yeux de tous. Malgré le fait que nous sommes amies depuis la primaire et que nous avons passé les meilleurs moments ensemble, je n'en ferai pas partie.

— Elle y va pas de main morte, elle... murmure Leslie à mon oreille avant de continuer : faut pas l'énerver, parce que c'est à son tour, lundi, de payer les donuts.

Je laisse échapper un petit rire. Janne revient vers nous.

— Je veux rire moi aussi ! dit-elle en nous secouant avec ses deux mains.

Au moment où Leslie allait prononcer quelque chose, le portail du lycée s'ouvre.

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