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LiiymScart
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CHAPITRE II

Lycoris

La foule s'anima dès l'ouverture du portail, chacun avançant à son rythme, discutant, riant ou absorbé par son téléphone. Naturellement, je suivis le mouvement, calée entre Leslie et Janne, qui continuaient de parler tranquillement.

— Imaginez qu'on ne soit pas toutes les trois dans la même classe... ? s'inquiéta Leslie, une main dramatique sur le front.

— C'est pas grave, répondit Janne en sortant un baume à lèvres de sa poche. Je dirai à mes parents de faire en sorte qu'on soit ensemble, comme chaque année.

C'était vrai. Chaque année, les parents de Janne intervenaient pour nous remettre dans la même classe. Surtout Leslie, qui finissait souvent séparée de nous... sûrement à cause de ses mauvais plans au sein du collège. Je me rappelle encore de la fois où on s'était cachées dans les toilettes pour sécher un cours, sauf que l'alerte incendie avait sonné...

Mais les parents de Janne ont du pouvoir, beaucoup trop de pouvoir dans cette ville et celles aux alentours. Les enseignants ne pouvaient rien leur refuser. Aller à l'encontre de leurs décisions, c'était condamner leur propre carrière.

Devant les affiches mal scotchées sur l'un des grands murs de la cour, la foule se pressait, hurlait, pleurait ou sautait de joie. On se fraya un chemin au milieu du chaos et je scrutai la liste des noms malgré l'agitation.

— Vous avez trouvé, les filles ? demanda Janne.

— Nope, répondis-je, les yeux plissés devant les colonnes de noms.

— Moi non plus, ça m'agace... soupira Leslie.

Puis mes yeux tombèrent sur une ligne familière :

"Les élèves de secondes 4 :

Assline Lycoris"

— J'ai trouvé le mien ! lançai-je, soulagée.

Janne et Leslie se rapprochèrent aussitôt, balayant la liste du regard.

"Lister Janne"

"Roswood Leslie"

— Ohhh, j'y suis aussi ! s'excita Leslie.

— Parfait, pas besoin de demander un transfert cette année, souffla Janne, soulagée.

On s'enlaça brièvement avant de s'éloigner de la foule. On alla s'asseoir sur un banc un peu plus loin, Janne s'allongeant sur mes cuisses, ses jambes reposant sur celles de Leslie.

Un groupe de garçons, un peu plus loin, nous pointait du doigt en ricanant. Ce genre de comportement ne m'avait pas du tout manqué... enfin, pas à nous mais plutôt à elles. Je savais déjà comment ça finirait : s'ils trouvaient un moment où Leslie et Janne n'étaient pas avec moi, ils sauteraient sur l'occasion. Soit pour me forcer à les aider à sortir avec elles, soit juste pour m'embêter. Ça ne serait pas la première fois.

Un silence s'installa jusqu'à ce que Leslie le brise :

— Janne, n'oublie pas, c'est toi qui régale les lundis.

— Ah ouais, t'inquiète, j'ai pas oublié. Lyris, toi c'est un donut chocolat-fraise, et Leslie, mangue.

Notre petit rituel du lundi... Depuis la 5ᵉ, on achètes des donuts au Lepvier après les cours.

Quatre ans plus tôt

— WOUAH ! Enfin... FINI LES COURS, BONJOUR LE WEEK-END !!!

— Leslie, t'es une personne civilisée, oui ou non ?! soupira Janne. Regarde Lyris, tu lui as assené le coup fatal avec tes cris...

J'étais littéralement en train d'agoniser. Pourquoi fallait-il qu'on termine la semaine avec EPS... et pire : un cours d'orientation. Plus de force. Plus d'énergie. J'étais littéralement en train de me cramponner à un muret pour ne pas m'effondrer.

Non, je n'exagère pas. J'étais tombée cinq fois en courant. Mon jogging gris, assorti à mon haut, était un champ de bataille de taches de terre. Et puis, Erin allait me tuer en voyant l'état de mes vêtements...

Je soufflai lentement mais fort, écrasée sur le muret. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur nous ? Pourquoi cette matière de l'enfer existait-elle ? Et surtout... pourquoi mon binôme était-il Reiner ? Ce mec n'avait pas bougé le petit doigt de toute la séance, préférant aller discuter avec ses potes pendant que je galérais seule.

Finalement, ce muret n'était pas si mal. Il faisait chaud, c'était agréable... Peut-être que j'allais juste rester ici. Mourir ici.

Une main secoua doucement mon épaule.

— Allez, Lyris, lève-toi. On va à la boulangerie s'acheter des sucreries pour reprendre des forces.

Janne s'était penchée à mon oreille. Sa voix était douce... mais effrayante à la fois. Peut-être parce que je l'avais déjà vue nous courser, moi et Leslie, avec un couteau à la main ?

À contrecœur, je me redressai. Doucement et m'assis sur le muret, encore fatiguée.

— Pourquoi pas... ?

— Allez, en route, on y va !

On marchait toutes les trois côte à côte... enfin, sauf Leslie, qui sautillait devant nous, débordante d'énergie. Janne, elle, était absorbée par son téléphone, tandis que moi, je me battais contre l'envie de m'écrouler et de dormir là, sur le trottoir.

Ellipse de deux heures

La porte de la maison était entrouverte. Je m'approchai lentement et jetai un regard à l'intérieur.

— Erin... ?!!

Pas de réponse. Un frisson me parcourut. Mais bon, il commençait à faire froid dehors, alors j'entrai quand même. Tant pis si un cambrioleur était là... de toute façon, il n'y avait rien à voler ici.

Une odeur d'alcool me prit au nez. En baissant les yeux, je vis des bouteilles éparpillées au sol, certaines encore pleines, d'autres vides. Et bizarrement, je n'étais même pas étonnée que la porte soit restée ouverte.

Je marchai tranquillement vers la cuisine, retirai mon gilet gris et le lançai sur le canapé.

— Charles...

Il était là, affalé sur le sol froid, en train de pioncer. Et, bien sûr, il n'avait même pas pris la peine d'éteindre la plaque de cuisson. Cet alcoolique...

Je me précipitai pour l'éteindre, ne manquant pas de lui écraser le dos au passage.

— Aïeuuuu... gémit-il faiblement.

C'était rare qu'il rentre tôt, mais quand c'était le cas, c'était toujours pour des conneries. De toute façon, il ne savait faire que ça.

— T'as laissé la porte ouverte et, en plus, la plaque allumée ! Cerise sur le gâteau, franchement ! T'as 42 ans, Charles, t'as pas honte ?!

Il se redressa péniblement et bailla sans la moindre gêne. Puis il tourna lentement la tête vers moi et me scruta de haut en bas... comme si j'étais l'intruse ici.

— Pourquoi tes fringues sont pleines de merde ?

Je rêve. C'est ça la seule chose qu'il trouve à dire ?

Je me baissai à son niveau, un regard noir planté dans le mien.

— Où est Erin ? demandai-je d'un ton sec.

— Ah... Riri ? Il souffla, l'air encore plus à l'ouest que d'habitude. Elle bosse de nuit ce soir, donc c'est moi qui veille sur toi !

Je restai silencieuse une seconde... avant d'exploser de rire. Un rire tellement fort que j'en oubliai mes pensées.

Lui, veiller sur moi ?!

C'était plutôt moi qui devais veiller sur lui... et ça, on le savait tous les deux.

Le soir venu, on était tous en train de regarder la télé. Oui, tous, parce que les potes d'Erin avaient débarqué à la maison. La seule personne qui manquait, c'était elle.

Heureusement, sa copine Aïma, mon ivoirienne préférée, était là. Elle me laissa poser ma tête sur ses cuisses pendant que je m'allongeais sur le canapé et rabattit une partie du tissu de son voile sur moi pour me couvrir un peu, sans jamais le retirer, bien sûr.

Il y avait aussi Deven et Elio, installés devant l'écran, concentrés sur le film d'aventure qu'on avait décidé de regarder.

— Deven, pousse ta tête, j'arrive pas à bien voir. lui lançai-je.

Il était assis par terre juste devant moi, donc bon, il allait devoir se décaler un peu.

— Je bouge si Aïma accepte de sortir avec moi. répondit-il, tout content de sa remarque, en se tournant vers nous.

Il adressa un grand sourire à celle qui me servait de coussin, visiblement fier de lui.

— La petite t'a dit de bouger, alors obéis. lâcha Aïma d'un ton sec.

Sans discuter, il alla s'asseoir un peu plus loin, un air dépité collé au visage, près de Charles qui ronflait comme un ours.

— T'es vraiment un singe, Deven...

Elio ne put pas se retenir et se plia en deux, mort de rire devant la scène.

La soirée s'était bien terminée. Erin avait fini par rentrer, et tout le monde était reparti chez soi. Aïma avait finalement accepté que Deven la raccompagne, et Elio... on n'avait même pas eu le temps de lui dire au revoir qu'il s'était déjà éclipsé. En même temps, c'est un dealer, tout comme Erin a l'ancienne. J'ai toujours supposé qu'ils s'étaient rencontrés grâce à ça, d'ailleurs.

Quant à Charles, je ne l'avais pas balancé à ma sœur pour l'histoire de la porte et de la plaque de cuisson. Je le voyais mal se faire réveiller en plein milieu de sa sieste juste pour se faire engueuler... Il reste mon père, quand même.

J'ai vraiment aimé cette soirée. J'aimerais que ce soit toujours comme ça...

Retour au présent

— Mademoiselle Assline !

Je sursaute violemment et me frotte les yeux pour reprendre mes esprits. Où est-ce que je suis, déjà ?

Oh, merde...

Je me suis endormie sans le vouloir. En plein cours. Non, pire... en plein premier cours de l'année, dans la secondes 4.

Les souvenirs me reviennent peu à peu : lycée privé, rentrée... et là, je suis en cours de...

Histoire.

C'est vrai...

Ça ne m'étonne même pas de m'être endormie en histoire. Franchement, c'est presque logique.

Je tourne la tête à gauche et aperçois Leslie, morte de rire, essayant de ne pas se faire griller par la prof. Je lui fais un doigt d'honneur sous la table, mais cette fois, c'est Janne qui pouffe de rire. Elle, sa table est a une rangée devant nous.

Je leur lance un regard bien sombre, mais ça ne les arrête pas. Le reste de la classe me fixe aussi. Genant. Mais bon, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même et au cours d'histoire.

— C'est pas possible de s'endormir en plein cours, jeune fille ! tonne la prof en retournant à son bureau. Pour la peine, tu n'auras pas une retenue, mais un exposé... tiens, sur Jeanne d'Arc ! Ça tombe bien, tu es d'origine française.

Elle tape quelque chose sur son ordinateur avant de poursuivre son cours comme si de rien n'était.

Elle a sûrement lu mon dossier pour savoir ça.

Mon père, oui, il est français. Mais ma mère, elle, était londonienne. Dommage que quand ils se sont mariés, ils aient décidé de s'installer aux États-Unis. J'aurai toujours la haine de ne pas être née à Paris ou à Londres...

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