Froide. Il n’y avait que ce mot pour décrire l’attitude de Lughvar ces derniers temps. Le lendemain de la ponte, l’homme avait convoqué Aïden dans son bureau pour terminer le traitement dès le matin. Il n'avait rien dit de plus, répondu à aucune question et surtout… était passé au vouvoiement. Quand le tuyau avait été posé, il l’avait laissé là et était partit travaillé en arguant qu’il avait d’autre chose à faire plus importante, d’autres personnes à voir.
Il était revenu une heure plus tard, enlever le tuyau maintenant que la poche était vide et l’avait détaché. Il lui avait seulement dit qu’il pouvait partir et qu’ils se reverraient dès qu’ils auraient un autre rendez-vous.
Froid. C’était la seule sensation que sentait Aïden aujourd’hui. Deux jours qu’il n’avait presque pas quitté son nid. Deux jours où personne n’avait pu l’approcher non plus, pas même Alphyss et sa douceur ou même Alari. C’était même pire sa réaction envers lae vampire. Il était redevenu fermé envers les dominants et ses instincts le poussaient à protéger sa portée, même si elle était vide.
Deux petits coups à la porte du nid le firent sursauter dans son lit.
— C’est qui ? demande-t-il agressivement.
— Alari. Je sais que vous refusez de me voir ni même de parler. Mais il va le falloir.
— Je ne peux pas vous laisser entrer.
— Si je reste devant la porte, est-ce que cela vous va ?
— Oui. J’accepte ça.
Aïden se leva, une main sur son ventre très légèrement gonflé et vint s’asseoir contre la porte. Il souffla, son masque se brisant et sa tristesse revenant.
— Je tenais à vous le dire, murmura lae vampire, nous sommes tous horrifiés de ce que vous a fait votre médecin.
— Je ne comprends pas. Je sais qu’il ne veut pas s’attacher. Je me doute que c’est parce que cela ne fait pas longtemps qu’on se côtoie. Mais le voir se mordre le bras… et qu’il parte comme cela à peine fini… je… ça fait mal. il aurait put… je ne sais pas… s’excuser.
— Vous l’avez senti comme un rejet et là, vos instincts vous crient de protéger votre portée de tout le monde. Vous avez peur qu’on vous l’enlève… que vous soyez obligé de partir sans pouvoir avoir une chance auprès de Lughvar.
— Il ne voudra jamais de moi, murmura Aïden. Qui peut vouloir de moi après tout ce que j’ai fait ? Il ne me parle plus, il ne répond même pas à mes questions. Je suis partagé…
Alari s’installa plus confortablement contre la porte, lissant sa jupe bleu marine du jour et jeta un regard noir vers Lughvar qui passait en compagnie d’une jeune femme de centre qui partait bientôt. Le démon tourna la tête et lui rendit son regard avant de s’engouffrer dans le bâtiment central. Un reniflement étouffé par la porte fit serrer des dents Alari.
— Aïden ?
— Je sens que je dois continuer à me battre, fit-il dans un sanglot. Quelque chose en moi fait que je veux l’avoir, que je sais qu’il est à moi que… Mais mon côté rationnel me dit qu’il serait mieux que je laisse tomber et que je parte dans quelques jours. Il ne veut pas de relation, je suis jeune et je suis complètement perdu. Mes parents qui m’ont tout caché, Lugh qui m’abandonne… Je me sens seul et j’en viens à me demander si j’aurais vraiment dû me laisser guérir si c’est pour souffrir autant même après.
— Vous ne devez pas penser cela. Vous n’êtes pas le seul blessé, Aïden.
— Il le montre mal qu’il est blessé ! S’il ne bougeait pas j’en viendrais à me demander s’il a un cœur. Merde quoi ! Ça lui casserait le cul deux secondes de me parler, me dire qu’il ne peut pas et agir comme un putain d’adulte ?!
— Veuillez ne pas jurer je vous prie. Je peux comprendre que vous soyez en colère, mais les mots n’ont pas à être aussi crus. S’il ne veut pas se “comporter comme un adulte” comme vous le dites, alors faites-le Aïden. Passez au delà de la douleur et agissez sagement. Nous sommes tous de votre côté.
Aïden s’essuya les joues avec les poings et prit de grandes inspirations. Alari avait raison, il devait agir en adulte. Mais par où commencer ? Il y avait tellement de choses possibles, mais si peu qui pourraient fonctionner.
Ils lui avaient dit d’écouter sa nature, d'écouter sa nymphe, alors il le fera. Il gardera la portée tout un mois. Il apprendra plus de choses sur sa nature aussi et essayera de devenir meilleur. Peut-être avoir une discussion avec ses parents ou du moins avoir des réponses serait bien. Pour cela fallait qu’il sorte.
Il se leva et ouvrit la porte, manquant de peu de faire tomber lae vampire qui s'était adossé dessus. Alari se leva, épousseta sa jupe et se tourna vers la nymphe. Aïden ne portait qu’un pantalon de toile blanc, soulignant plus sa pâleur déjà présente mais aussi son léger ventre apparent. Ses yeux parme étaient plus foncés, teintés de tristesse et de fatigue. La sclérotique était rougie par les larmes trop versées. Le dessous des yeux était légèrement marqué.
— Vous vous êtes décidé.
— Je… Je veux garder la portée tout un mois. Il faut qu’on ait une discussion mais… lui laisser un peu de temps est le mieux à faire. Fatalement… il ne pourra pas toujours m’éviter.
— C’est une décision à lui en faire part. Voulez vous que je vous mène quelque part ?
— J’aimerais avoir une discussion avec le directeur.
— Allons-y dans ce cas. Je vous montre le chemin.
Aïden sortit timidement du nid et le ferma derrière lui. Il vit au loin, Alphys lui fait de grands signes avec un grand sourire. Il mit même ses mains en cône autour de sa bouche.
— On se retrouve plus tard ?!
Aïden réfléchit un instant et leva le pouce. Il avait besoin de lui parler. Alphyss sauta de joie au loin et se dandina avant de se ramasser un coup sur l’épaule de la part d’un Ylèndr aux long cheveux blond foncé parsemé de perles bleu. Son ventre était plutôt imposant, bien plus que possible. Aïden posa sa main sur son propre ventre en baissant du regard.
— Aïden, dit-iel pour attirer son regard. Venez.
Ils firent le chemin en silence. Le directeur accepta de le recevoir sans vraiment de surprise. Aïden prit place sur l’un des trois sièges en se mordillant la lèvre du bas. Le démon posa ses deux coudes sur le bureau et son menton sur ses mains jointes, doigts croisées.
— Que puis-je faire pour toi ?
— Je… J’aimerais pouvoir contacter mes parents, pour avoir des réponses.
— Je comprends. Il y a t-il autre chose dont tu aimerais me faire part ?
— Oui. Je vous remercie de m’avoir aider et… je m’excuse pour toutes les paroles que j’ai pu dire. Je ne le pensais pas vraiment… je … J’avais simplement peur.
— Tes excuses sont acceptées et tes remerciements appréciés, répondit le ghrul avec un petit sourire.
— Puis… Je veux rester tout un mois.
Le démon se redressa dans son siège et croisa les bras. C'était une bonne chose. Le plus jeune allait rester et se battre. Il allait l’aider. Il espérait simplement que Lughvar y mettrait du sien. Il fit un rapide signe de tête et prit la plus petite tablette. Il la déverouilla et lança le logiciel de discussion avant de la tendre vers Aïden qui s’en saisit avec un petit “merci”. Il déglutit et entre le numéro d’appel. Il reste un petit moment le doigt en suspens avant de lancer l’appel.
Une tonalité… deux tonalités… quelqu’un décroche. Le visage de sa mère apparaît à l’écran.
— Aïden ? demande-t-elle surprise.
— Hey, Je… je voulais donner des nouvelles et poser quelques questions.
— Je t’écoute childe.
— Je suis officiellement guéri depuis deux jours. Je m’intègre plutôt bien même si… j’ai encore du mal.
— D’accord, cela donc te ferait rentrer dans six jours et …
— Non, je ne rentrerais que dans un mois.
— Je pensais que la pratique d’une couvée à vide ne se faisait plus. Que c’était dangereux pour les oméga et leur faisait risquer une dépression. As-tu été obligé ? Est-ce que...
Hargvar redressa vivement son regard de son travail, sa queue battant l’air d’agacement.
— Je veux le faire ! cria Aïden. C’est MON choix et je refuse d’être avorté. Je ne peux pas. Ce n’est pas une question de ce qui est pensé, de danger… je ne suis pas obligé.
— Je vois, dit-elle platement. Tu vas le regretter de…
— Pourquoi ne m’avoir rien dit plus tôt ? Pourquoi m’avoir laissé livré à moi-même ? Coupa Aïden, craquant finalement.
Il voit sa mère détourner des yeux et soupirer, comme si parler de tout cela était un fardeau ou qu’il lui avait posé des questions idiotes. Elle tourne de nouveau son visage vers la caméra et racconte.
— Je t’ai élevée comme tout parent l’aurait fait. Que tu soit un oméga a rendu le fait de t’élever et t’éduquer vraiment difficile ; Tu étais un enfant difficile. Après tout c’est pas comme si ton père était là pour m’aider. Je savais qu’un jour tu verrais la vérité.
— La… vérité ?
— Je l’ai su dès que tu es rentré à la maison ce soir-là. Tu portais d'autres vêtements que le matin et tu étais plus refermé que d’habitude. Ce fut un soulagement que tu n’as pas été abusé.
— Vous n’êtes pas digne d’être un parent. Vous n’avez rien fait pour l’aider, répondit froidement le directeur, faisant sursauter Aïden qui manqua de lâcher la tablette.
Le démon tendit sa main et prit la tablette d’entre les mains tremblantes du plus jeune. il la tourna de façon à ce que la mère de famille le voit. La base des cornes étaient légèrement rougies, grand signe d’agacement chez ces démons. Signe pourtant qui n’était pas apparu à son arrivée. Élena allait passer un mauvais quart d’heure.
— Je pensais que cela passerait, dit-elle comme une évidence. Après tout, c'était un enfant et rien de grave ne lui était arrivé. Il n' a rien dit non plus. Puis il est arrivé à l'école supérieure. Dès douze-treize ans il s’est mis à nous insulter et revenir avec bleu, des traces de bagarre. Haròn s’inquiétait mais il m’a toujours fait confiance sur ça.
— Sauf votre respect, vous êtes usa mère, son parent porteur. Ce que vous avez fait à faillit coûter la vie de votre fils. Vous avez été complètement irresponsable de laisser un enfant de si jeune avec un tel traumatisme en pensant bêtement que cela allait passé parce qu’un enfant c’est résistant et qu’il oublierait avec le temps. N’est-ce pas ? Vous êtes sa mère et vos instincts, aussi ridiculement infimes soient-ils, auraient dû vous avertir d’agir. mais pour cela il faudrait que vous soyez une bonne mère. Aussi, quand bien même sa couvée n’aurait duré qu’une semaine, Aïden a besoin de plus de temps pour se soigner de votre négligence.
Il y eut qu’un silence, puis la discussion se coupa vivement. Hargvar fronça des sourcils face à la réponse de la mère. Il posa sa tablette entre eux et leva son regard gris vers le plus jeune qui avait le regard baissé. Il soupira longuement.
— Je … suis désolé.
— Pourquoi ? demanda Aïden en levant la tête. Vous n’avez rien fait de mal. Sans vous, elle n’aurait peut-être rien dit.
— Ce temps séparé vous permettra de guérir.
— J’aurais peut-être dû en parler aussi. L’erreur ne vient pas que d’eux. Seul notre silence à fait tout cela.
— Non. Vous n’y êtes pour rien. Vous étiez sûrement honteux et dans l’incompréhension de ce qui vous est arrivé. Votre mère aurait dû agir et de ce que j’en comprend elle n’en a pas parler à votre père aussi, fait-il en le regardant droit dans les yeux. Je le contacterais dès que possible si vous le permettez.
La nymphe acquiesça et nota le numéro personnel de son père ainsi que celui de son travail. Maintenant qu’il savait la vérité sur sa mère, l’entière vérité, il ne voulait plus jamais la voir.
— Bien, je vous aurais bien gardé avec moi, mais j’ai du travail, fit le directeur. Je note sur votre dossier votre choix et votre départ dans un mois. Je vous donne rendez-vous avec Lughvar pour demain matin à dix heures pour que vous en discutiez. Je vous demande simplement de poser votre bracelet sur la plaque sur le coin du bureau et vous pourrez partir.
Aïden murmura un merci et posa son poignet sur la plaque. Plusieurs bip se firent avant qu’il ne puisse retirer. Le directeur lui expliqua qu’il avait maintenant accès à la salle de jeu qui était au fond du couloirs de la ligne bleu, que sa limite de déplacement était étendue jusqu’à la plage et que sa santé était maintenant aussi vérifiée par Azrog pour plus de sécurité au vu de la situation actuelle.
La nymphe pu se lever et sortir. Sur le pas de la porte, le démon l’interpella. Il tourna sa tête.
— Au moindre problème avec Lughvar, si vous avez besoin de la moindre aide, comptez sur moi. Il mérite vraiment son bonheur... mais pour cela il faut lui ouvrir les yeux et cela va être très difficile.
— J’ai un mois pour lui ouvrir les yeux. Je suis encore un peu faible et triste, en colère même actuellement. Mais je ne vais pas me laisser faire. Il me veut autant que je le veux… Je ne demande pourtant pas d’être mordu, mais qu’il accepte que je veuille partager quelque chose.
— C’est tout ce que je voulais entendre, dit-il avec un petit sourire malgré la colère encore présente.
Aïden sortit et se dirigea vers l’extérieur le pas bien décidé. Il avait plusieurs choses à discuter avec son ami Alphyss.