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AludraPrince
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Chapitre 15 : La douloureuse délivrance

Lughvar était assis derrière son bureau à travailler. Il soupira en se frottant les yeux. Il aimait son travail, vraiment, et faire des heures supplémentaires ne le dérangeait pas non plus. Mais traiter autant de patients différents alors qu’ils étaient si peu dans le centre était une plaie. Il fallait vraiment qu’ils embauchent plus de monde. 

La porte du bureau s’ouvrit doucement et la lumière s’alluma. Il leva son regard, se rendant soudain compte de l’heure avancée et qu’il faisait bien nuit. Dans l'encadrement, Aiden avait un plateau avec un repas et faisait la moue. Il n’avait qu’un sous vêtement simple de couleur chair, laissant croire qu’il était nu. Par dessus une “jupe” transparente en organza de couleur violet sombre avec des motifs et une ceinture dorés, mettant parfaitement en valeur la forme du ventre .

Le démon observa son amant la bouche ouverte. Déjà plus d’une semaine qu’ils étaient officiellement ensemble. Leur “mise en couple” avait provoqué le soulagement de tout le monde et ils avaient même trouvé que l’occasion se prêtait parfaitement à une fête. Ils s’étaient tous couchés tard après avoir dansé au clair de lune et joué sur la plage ou dans l’eau. Depuis ce jour, ils parlaient dès que possible. Souvent le soir, une fois couché dans leur lit et parfois, après une séance intime tout en douceur et sensualité. Pourtant, il ne l'avait jamais vu porter un tel habit. C’était presque indécent sur lui. 

Le rire clair de son arhöa le fit revenir au présent. Aïden avait les joues rouges et un petit sourire ravi de son effet. Il se rapprocha et posa le plateau devant Lughvar. 

— Depuis quand portes-tu ce genre de tenue, arhöa ? 
— Je l’ai passé avant de sortir pour t’apporter de quoi manger. Cela te plait ? dit-il en tournant sur lui-même faisant voleter un peu les pans de sa tenue.

Lughvar attrapa la nymphe par les hanches et le fit asseoir sur ses jambes, collant les délicieuses fesses contre son désir montant. Il se pencha dans son cou, le mordillant. 

— Qu’est-ce que tu en dis ? murmura-t-il 
— Que tu es ravi de me voir, love.

Aïden tourna sa tête et déposa un tendre baiser sur les lèvres sombres de son compagnon. Il soupira avant de passer une main sur son ventre en grimaçant. 

— Tu as mal ? Cela fait longtemps ?
— C’est un peu lourd et fatiguant, répondit le plus jeune. Depuis ce matin. 
— Cela ne devrait pas te peser autant Aïden. Monte sur la chaise, je vais vérifier ça. 
— Tutututu ! Avant ça tu vas te nourrir, Mr le médecin Alpha. Je t’ai bien vu ce midi ne pas prendre ton temps pour manger. 
— D’accord, d’accord.
— Que l’assiette soit vide ou du moins bien entamée sinon tu dors dans le hamac ce soir, menaça Aïden de nouveau debout en le pointant du doigt.
— Mon oméga est un tortionnaire, dit avec tendresse Lughvar en commençant à manger.

Aïden soupira et se plaça devant la chaise avant d’enlever toute sa tenue, se retrouvant parfaitement nu, et de s’asseoir sur la chaise, attendant son compagnon qui le dévorait du regard. Lughvar finit rapidement son repas et alla se laver les mains avant de venir ausculter Aïden. Il palpa le ventre, le périnée, posa des questions. La “naissance” était pour bientôt. Il n’était question que d’une semaine maximum. Le ventre était tendu et plutôt dur. Il ne savait pas trop. Cela l’inquiétait aussi. 

— Je vais devoir faire venir Azrog. Il a beau être casse-c...ornes, il est celui qui est le plus spécialisé dans les naissances et il aura sûrement la tête plus à même de savoir. 
— Vas-y je vous attends. 

Le démon se pencha, embrassa l’ylèndr plusieurs fois et murmura qu’il revenait vite avant de sortir. Il parcourut le couloir et entra dans la pièce où il était certain de le trouver. Il buvait un jus d’ananas, penché sur quelques feuilles et la tablette à côté. Il redressa la tête. 

— J’aurais besoin de toi pour Aïden. Il vient de me faire part que depuis ce matin il a des douleurs dans le ventre et qu’il lui semble lourd. Je l’ai palpé c’est plutôt dur. Je pense que cela vient du fait que son corps ait pris de l’ampleur, mais j’aimerais avoir ton avis car je n’ai pas la tête assez froide pour réfléchir correctement.
— J’arrive. Tu penses le présenter à ta famille ? demande-t-il en rangeant ses affaires.
— Mon père et Mary seraient contents de voir que je vais mieux… surtout que cela fait longtemps que je ne les ai pas vu et il paraît qu’ils vont bientôt enfin se lier. Pour mon frère… Je ne préfère pas que Valrech soit au courant tout de suite. Tu sais comment il est. Pour ma mère… n’en parlons pas. 
— Le jour où tu diras quelque chose à ta mère, il va pleuvoir des cendres célestes. 

Ils prirent la direction du cabinet où attendait le plus jeune. Lughvar voulut entrer mais une main sur son torse l’arrêta. 

— Je sais que c’est frustrant, mais je vais avoir besoin de discuter seul avec lui pour le coup. Peut-être qu’il ne te dit pas tout, mais je te promets de ne pas te l'abîmer. 
— Gare où tu poses des mains, sinon je te les coupe. 
— Tu sais très bien qu’il ne m’intéresse pas, trop oméga pour moi.
— Je comprendrais jamais ton désir envers les Alpha. Arhöa, je te laisse entre les mains de Azrog, s’il te fait quoi que ce soit, je donne l’autorisation de le frapper.
— Compris, répond Aïden en éclatant de rire.

Lughvar sortit et attendit sur un banc non loin. Merde. Il était complètement relégué au rang de compagnon et devait attendre à l’extérieur. Devoir attendre en dehors de la pièce, le stress de ne pas savoir ce qu’il se passait. Est-ce que tout le monde était aussi angoissé ? Sûrement. Il compta le nombre de planches au sol, le nombre au plafond. Se leva, fit des allers-retours, reprit sa place, plusieurs fois. Mais qu’est-ce qu’ils foutaient ?

La porte s’ouvrit le faisant se lever, Azrog lui fit signe de rentrer. Lughvar le poussa presque et vint à côté de Aïden qui était en train de se rhabiller. Il le toucha et vérifia que tout allait bien, sous le regard de l’autre démon. Il toussota, pour avoir leurs attentions.

— Ta théorie était la bonne Lugh, le fait que le corps ait autant réagis a fait que la quatrième semaine soit aussi douloureuse. Je conseil de prendre des bain, ça peut aider. Mais il reste bien moins d’une semaine avant la délivrance. Trois jours, quatre grand maximum. Le mieux serait que vous déménagiez dans une des chambres d'accueil dès demain. Ensuite, une discussion avec Alari et Hargvar pour vous deux devrait être faite après. Vous êtes seulement ensemble que depuis peu et vous allez vous séparer après cette épreuve qui va vous toucher autant l’un que l’autre. Ce n’est pas rien. De plus, vous allez sûrement ne vous revoir que dans quelques mois et cela pendant quelques années je pense. Il serait bon que vous parliez de votre avenir. 
— T’es vraiment chiant, mais t’as souvent raison. 
— Souvent ?! s'écria Azrog faisant mine d’être blessé. Mais j'ai tout le temps raison voyons, surtout concernant ta vie. 
— Va te faire voir mini ghrul, en toute amitié.
— Moi aussi je t'apprécie Lugh, dit-il en partant de la pièce avec un grand sourire.

Les deux amoureux restèrent un moment ensemble avant que Lughvar ne soupire et dit qu’il valait mieux rentrer car ils avaient à parler un peu. La nuit ne fut pas assez longue pour parler de tout. Leur peur, leur futur. Aïden redoutait de partir et que leur romance si jeune ne tienne pas. Surtout qu’il ne savait pas du tout combien de temps ils devaient tenir loin l’un de l’autre avant de pouvoir être ensemble. La luminosité extérieure commençait à filtrer à travers la fenêtre. Encore un jour de moins. Une larme coula sur sa joue. Larme traîtresse alors que sa gorge se noua douloureusement.

Lughvar sentit la tristesse traverser Aïden. Il resserra son étreinte autour du plus jeune et serra les dents. Ils s’étaient promis de s’écrire, de se voir aussi souvent que possible, même en dehors du centre si besoin. Mais il ne voulait pas le voir partir… pas maintenant, pas aussi tôt. 

Le ciel était déjà haut quand ils prirent le chemin vers une chambre du bâtiment central. Cela rendait les choses beaucoup trop réelles et Lughvar, bien qu’il eût du travail à faire, traînait des pieds. Il fut de nouveau derrière son bureau après qu’ils furent installés. Il soupira pour la sixième, septième fois peut-être alors que cela ne faisait même pas une heure qu’il était là. 

Il ne fallut que trois jours de plus pour que le moment arrive. Ils étaient en train de dormir quand le cri de douleur de Aïden réveilla Lughvar en sursaut. Le plus jeune tenait son ventre à deux mains et était plié en deux. Il fallait évidemment que cela arrive en pleine nuit. Il passa un caleçon, souleva dans ses bras son amant complètement nu et ouvrit la porte de la chambre, courant dans les couloirs avec son amant contre lui. Il s’en foutait bien de sa tenue légère pour le moment, il voulait juste en prendre soin. 

Il entra facilement dans la salle d'accouchement. Il pressa le bouton d’appel et entra dans la pièce à côté. Il fit couler l’eau dans la douche et y fit pénétrer Aïden. La porte de la salle principale s’ouvrit. 

— Nous sommes là, dit Lughvar. 

La seconde porte s’ouvrit et Lughvar sentit la crainte le prendre. Il passa ses mains minutieusement sur le corps du plus jeune qui tremblait par les vagues de douleurs qui le traversaient, le nettoyant. 

— Yeux bandés ou paravent ? demanda Azrog qui était dans l’entrée de la salle de bain. 
— Paravent, répondit Lughvar. 
— Attaché ?
— Oui sauf un bras, je tiens à pouvoir lui tenir la main. 
— Installe-le dès que t’as terminé et passe des vêtements qui sont dans l’armoir ici, dit-il en montrant un petit meuble couleur nacre. 

Azrog laissa les deux ensemble, sachant ce qu’il avait à faire. Ce n’était certainement pas la première fois… Mais Azrog savait que l’épreuve toucherait les deux. La porte principale s’ouvrit sur Elròn qui était parfaitement prêt. Ils n’attendirent que quelques minutes avant que n’arrive le patient. 

Aïden fut installé dans un lit médicalisé, les jambes relevées en position gynécologique. Le garçon tremblait, gémissait de douleur. Pleurait même. Lughvar lui tenait la main et lui parlait doucement alors que les deux professionnels faisaient leur travail. Oui, actuellement Lughvar se sentait démunie et prenait à cœur son rôle de compagnon. Il savait parfaitement qu’il aura mal de voir la couvée vide. Mais il voulait accompagner Aïden, son compagnon, son oméga, jusqu’au bout. 

Le corps était presque entièrement attaché, le rideau entre le haut et le bas du corps tiré, cachant la vue des deux amants. Cela allait commencer. 

— Nous y allons, dit Azrog. Aïden tu vas pousser aussi fort que tu veux à chaque vague. Nous avons notre temps. Je ne vais pas te toucher plus que le ventre, je te le promet. Quand tu veux.

Ce fut le début d’une longue nuit. À chaque contraction, Aïden poussait, hurlant presque. À chaque fois, la douleur était là, plus que présente. Puis ce fut la libération. Un premier œuf, de presque cinq centimètres de diamètre, passa la barrière et sortit. Il fut récupéré, ainsi que les suivants. Lughvar avait la main presque broyée, mais la douleur qu’il subissait lui permettait d’oublier la douleur de perdre autant d’œuf. Le matin filtrait à travers la rare fenêtre de la pièce quand tout fut terminé. Azrog scanna le ventre à l’aide d’un galet et, tournant la tête vers Elròn il acquiesça. Il pouvait partir avec la couvée vide avant qu’ils ne la voient. 

L’Edhel lui rendit son geste et sortit rapidement de la pièce, n’entendant que le cri déchirant du plus jeune réclamant ses petits. Le cri d’un oméga lui déchira le cœur. Aïden fut détaché rapidement et le paravent enlevé. Azrog sortit sans un mot. Il avait besoin de boire quelque chose de fort, peut-être qu’il pourrait demander à l’edhel de le rejoindre. 

Dans la pièce, Lughvar redressa rapidement Aïden et le prit entre ses bras. Le serrant dans une étreinte douloureuse. Les deux pleuraient. Ils pleuraient la perte d’enfants non promis, la fin de leur temps ensemble qui arrivait. Ils avaient tellement mal et pourtant… Ils devaient se relever et avancer. 

Lughvar enleva la blouse qu’il avait et la passa au plus jeune avant de le soulever et de sortir, les menant jusqu’à leur chambre. Il l’allongea sur le lit, retira toutes leur affaire et, peau contre peau, ils restèrent enlacés l’un contre l’autre à pleurer, se rassurer que ce n’était qu’une étape, que tout irait bien…  jusqu’à s’endormir de fatigue et de douleur. Les yeux gonflés et les joues encore baignées de larmes. Les cornes du démon teintées d’un gris sombre.

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