Aïden s’éveilla en sursaut quand il entendit un éclat de voix dans la navette où il était. Une jeune personne semblait de très mauvaise humeur d’être en direction du centre. Il passa une main dans ses cheveux qui avait pris de la longueur et se leva, se dirigeant vers l’éclat de voix. Le jeune... homme était à première vue un ylèndr et il s’engueulait avec ses parents. Celui lui fit remonter des souvenirs qui le font sourire.
— Je t’ai déjà dit que je refusais d’y aller, tous les alphas sont des pervers qui ne pensent qu’au sexe, vous le savez mieux que moi il me semble.
— Il ne le sont pas tous, c’est toi qui les exècre, jeune fille.
— Dites ça à celui qui vous a abandonné pour se taper des succubes dans les bas font des grottes quand tu m’attendais et que dad travaillait.
— Excusez-moi, dit-il.
Les trois personnes se tournèrent vers lui. Observant sa tenue complète, sûrement pour évaluer sa richesse ou son statut. Il roula des yeux devant le manque flagrant de discrétion.
— Nous vous avons dérangé ? demanda l’un des pères.
— Vous m’avez éveillé, c’est certain au vu des éclats de voix. Mais je ne suis pas là pour ça. Je me présente Aïden Borvuldor, je suis infirmier dans le COMFY. Puis-je parler au jeune….
— Meiluna et c’est elle, répondit le second père, faisant crisper la nymphe.
— Je m'appelle Mei. C’est impossible que vous soyez un infirmier, vous êtes un oméga et il est trop difficile pour des personnes de notre nature d’entrer normalement dans une telle voie.
— Suis-moi Mei, nous allons parler loin de tes parents si tu veux bien.
L’ylèndr accepta et suivit Aïden un peu plus loin s’asseyant à côté de façon à pouvoir chuchoter. Le futur infirmier soupira et se tourna vers la nymphe.
— Bien, maintenant que nous sommes seuls, peux-tu me dire pourquoi tu refuses vraiment d’aller au centre ? demande-t-il doucement.
— Mes deux pères ont été abandonnés par leur alpha. Comment peut-on leur faire confiance s’ils agissent ainsi ?
— Il n’y a pas que cela. Tu t’es crispé à ton prénom, je l’ai vu.
— Ils ont toujours voulu une fille, dit la nymphe. Pourtant, je suis hermaphrodite, je suis né... garçon et je vais devenir une nymphe accomplie dans quelques jours.
— Je comprends parfaitement. Sache qu’au centre je vais être le premier oméga à avoir un statut de professionnel médical. Je pourrais tout à fait te prendre en charge si tu le veux. De plus, Alari, notre psychologue, pourra certainement t’orienter si tu lui parles. Iel n’est ni homme ni femme. Est-ce que cela te parles plus ?
— C’est… c’est possible de ne pas choisir ? demanda Mei surpris.
— Bien sûr, c’est ton corps, ton choix. Tu es une nymphe, on ne te l’enlèvera jamais, mais ce qu’il y a entre tes jambes n’a pas à définir ce que tu es vraiment. Les parents n’ont pas à dicter ni à t'obliger quoi que ce soit. Tu es une personne à part entière, Mei. D’accord ?
— Je… d’accord. Je ne sais pas trop ce que je veux, comment je veux qu’on m'appelle.
— Tu as tout le temps pour cela. Tu peux rester jusqu’à un mois dans le centre, même si tu ne pratique pas la couvée jusqu’à terme.
— Merci, souffla Mei.
La nymphe se leva et retourna auprès de ses parents. Iel ne prononça pas un mot quand ils lae questionnèrent. Aïden se sentit ravi de ce qu’il avait fait. Bon… certe il s’était présenté sous son futur nom de famille, mais il était bien trop fier de bientôt le porter et cela été sorti bien trop naturellement. Il observa par le hublot l'île qui approchait de plus en plus. Ce n’était plus qu’une question d’une vingtaine de minutes. Il voyait déjà les nids, le toit du centre, les maisons et la plage qui était proche. Il ne tenait plus en place. Il reçoit un message sur sa tablette qui lui fait détourner le regard. Il l’ouvrit.
“ — Hargvar m’a foutu dehors, je ne serais pas assez concentré pour travailler.
— Ahahah, mon pauvre amour. Je viens de faire déjà mon premier travail, l’oméga qui arrive en même temps que moi ne veut pas être genré et a beaucoup de mal avec les alpha. Je pensais voir pour le prendre en charge.
— Oh, je vais en faire part de suite à Alari, peut-être qu’une rencontre directement avec iel au lieu que ce soit Hargvar serait bénéfique.
— Oui j’y pensais aussi. Fais-moi savoir si c’est possible. Tu sais… Je me suis présenté avec ton nom de famille accolé à mon prénom… j’ai vraiment pas fait attention.
— Tu sais que ce n’est plus qu’une question de jour arhöa. Cinq mois sans te voir… j’ai cru devenir fou. Heureusement que l’on pouvait se parler et se voir par visio.
— Oui, heureusement.“
Cela avait été l’enfer ces derniers mois. Il avait passé tellement de temps à réviser qu’ils avaient à peine eu le temps de parler ensemble. Heureusement il arrivait certain soir que ce soit Lughvar qui le faisait réviser lui et parfois aussi en compagnie de celui qui avait pris la place de Elüdjä après plusieurs mois.
Le Sûlgoll était finalement parti chez les êtres élémentalistes de la mort pour des études d’art et apprendre à se servir de son don, après s’être battu contre ses parents. Aïden savait par le message reçu la veille qu’il avait hâte de lui montrer ses dernières œuvres. Alphyss, lui, attaquait sa dernière année de maîtrise d’enseignement pour être professeur, ayant redoublé la première année. Celeste vendrait toujours des fleurs dans un magasin en compagnie de sa grand-mère et aurait des vues sur une vampire Alpha du quartier.
Sa relation avec sa mère était restée au point mort, devenant même hostile quand cette dernière tentait un rapprochement quelconque, certainement sous couvert d’intentions plus néfastes. Du côté de son père, il savait qu’il y avait potentiellement quelqu’un, voir même plusieurs personnes. Il l’avait vu plusieurs fois en compagnie d’un faelen et de ses 2 autres compagnons. Il était aussi plus présent dans sa vie, nouant finalement un véritable lien au cours de ces dernières années.
La navette annonça de sa voix plate la descente à destination. Il ferma les yeux et pressa dans la main le pendentif de son dernier collier offert. C’était une fiole contenant une petite opale iridescente qui venait des abysses. Elle était de couleur bleu-violette et valait certainement des année de salaires d’une personne normal.
L’attache se défit à peine qu’il se leva et tira sa lourde valise derrière lui. Il revenait enfin et cette fois de façon définitive. Il vit Lughvar au loin parler avec Alari. Iel semblait le taquiner un peu au vu de l’air de presque agacement de sa moitié. La porte s’ouvrit, il tira d’un coup sec sa valise, la jetant presque au loin et de côté. Il la lâcha et courut vers Lughvar qui le réceptionna à mi-chemin et le souleva, l’embrassant langoureusement sans se soucier des potentiels spectateurs. Ce soir allait être le grand soir, ils en avaient parlé plusieurs fois ensemble et attendre plus n’était vraiment pas nécessaire. Quand leurs lèvres se détachèrent enfin, à bout de souffle, ils restèrent juste front contre front.
— Bon retour à la maison, arhöa.
— Il est bon d’être là. Tu m'as vraiment et terriblement manqué. Est-ce que… Hargvar nous en voudra de ne me voir que demain ?
— Il t’en voudra jamais, love. Je pense même qu’il s’en doute. Rentrons, nous avons du temps à rattraper.
Lughvar le posa doucement au sol et partit chercher la valise. Il la tira par la poignée grâce à sa queue, la faisant rouler à même le sol. Il passa son bras sur les épaules de son fiancé et ils partirent vers les habitations sous le regard curieux du jeune qui venait d’arriver.
Dans son bureau, Azrog regardait par la fenêtre les deux amoureux se diriger ensemble dans leur chez eux avec un petit sourire. Aïden était un envoyé du ciel pour le centre. Il avait fait plus que personne d’autre. Il soupira en sentant deux bras puissant l’enlacer et un baiser se déposer dans son cou. Oui... vraiment plus.
— Il semblerait que je n’ai le droit de saluer mon nouvel employé que demain, fit le grand démon en observant aussi le couple partir.
— Tu le savais Harv. Après autant de mois sans se voir… ils ne pouvaient que s’enfermer dans la maison. Ils nous font le coups à chaque fois.
— Ils vont se lier, dit-il en resserrant un peu son étreinte sur son démon.
— Sans aucun doute. Plus rien ne les retient.
— Je t'attends ce soir à la maison. Moi aussi j’ai envie de profiter d’une soirée à deux, pas toi ? demanda le directeur du centre en prenant la mâchoire de son amant en main, basculant la tête en arrière.
— Si, monsieur, répondit Azrog en fermant les yeux.
— Bon garçon, murmura-t-il près de son oreille.
Hargvar le retourna, le plaqua contre le mur voisin, bloquant ses bras au-dessus de sa tête d’une poignée de fer et l’embrassa jusqu’à lui voler son souffle avant de le laisser pantelant pour retourner travailler. Azrog gémit faiblement, impatient d’être le soir.
Le soleil venait à peine de se lever. Aïden ouvrit les yeux, un peu perdu avant de reconnaître l’endroit que ce soit par l’odeur, le visuel ou cette chaleur, dont il s’était rapidement habitué, dans son dos. Son cou le faisait légèrement souffrir mais il était heureux. Il se rappelle qu'à peine entré dans la maison qu’ils s’étaient jetés l’un sur l’autre, ayant très certainement laissé un chemin de vêtement derrière eux. Il l’avait pris plus d’une fois, comme à chaque retrouvaille. Puis ils avaient mangé dans le lit le repas qu’avait préparé en avance Lughvar, parlant enfin de l’avenir proche et futur, des mois passés sans l’autre ainsi que des résultats plus que bons que Aïden avait obtenu pour ses concours. Il avait vraiment travaillé comme un fou et cela avait payé.
Il se tourna dans l’étreinte de Lughvar qui dormait encore. Il observa la marque qu’il lui avait faite dans son cou. C’était incroyable, et d’après le démon étrange, mais il l’avait senti, il avait eu ce besoin infernal de le mordre aussi, de le marquer comme sien. Ils étaient maintenant liés et dans les jours qui arrivaient, ils allaient se marier.
Il passa doucement sa main sur le corps de son fiancé, de son lié, avec tendresse. Il était vraiment sublime. Il se pencha sur son corps et déposa un baiser entre les deux pectoraux, là où était le cœur de ces démons. Il soupira de plaisir alors que Lughvar vint à resserrer naturellement son étreinte autour de son corps.
Il ferma de nouveau les yeux, profitant d’encore un peu de repos et remercia silencieusement Yalun’da, plusieurs fois, pour lui avoir offert une vie aussi merveilleuse.
De l’avoir fait naître Ylèndr.
A plus sur une prochaine histoire