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MissFantastique511
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Chapitre 21

Quand je repris connaissance, je sus immédiatement que je n'étais plus à Volterra. Le cachot dans lequel j'étais enfermée ne ressemblait en rien à ceux que possédais les Volturi, et je ne parvenais pas à percevoir le lien qui m'unissait à Demetri à proximité. Je me repassais en boucle les récents évènements dans la tête. J’essayais de comprendre ce qui avait bien pu m'attaquer, et comment ma propre mère, ou plutôt ma génitrice pouvait connaître l'existence d'Aznar.

Bien que je ne ressente plus le froid, je voulus me réchauffer en appelant mon don à moi. Mais quelque chose le bloquait, et en baissant les yeux je vis que la moitié de ma cellule était inondée, rendant mon pouvoir totalement inutile. Il me fallut de longues minutes pour me redresser, ma force étant amenuisée par la faim, et la brûlure que j'avais ressentie juste avant de perdre pied avec la réalité. Une fois campée sur mes appuis, je tentais de détruire la porte en fer forgée qui aurait dû ployer sous ma force mais rien, pas même un minuscule craquement ne se fit entendre. Je fis plusieurs tentatives qui ne servirent qu'à m'épuiser davantage, et si j'avais encore était capable de pleurer, mes joues auraient été inondées par des larmes face à la peur et surtout l'incompréhension de la situation. Aznar était-il encore entré dans la forteresse ? Je ne pouvais pas croire qu'il parvienne à aussi bien s'infiltrer sans un coup de main venu de l'intérieur. Puis je pensais à Demetri, s'il s'agissait d'une autre attaque ? Et si d'autres avaient été blessés ?

M'acharnant sur les barreaux en criant comme une folle, un son à proximité résonna, semblable à une chaîne traînée au sol et je me tournais dans cette direction en fronçant les sourcils. Je n'étais visiblement pas la seule captive alors qu'une ombre s'approchait de ma cellule tout en demeurant enfermée dans la sienne. Le visage d'une femme brune aux traits très doux apparut derrière les barreaux et m'observait avec bienveillance, malgré sa jambe attachée à une chaîne fermement boulonnée au mur. Je remarquais ses vêtements étaient en lambeaux, calcinés par endroits, et qu’ils étaient recouverts de poussière. Vu l’odeur qui s’en dégageait, ma compagne de cellule se trouvait là depuis bien plus longtemps que moi, des années, peut-être même des siècles. Je n’avais jamais vu des yeux aussi noirs, assombris par une soif de sang qui n’avait pas l’air d’avoir été étanchée depuis des décennies. Pourtant leur propriétaire ne semblait pas en proie à la folie, ou des pulsions incontrôlables provoquées par le besoin de sang. L’immortelle devait exister depuis suffisamment de temps, avec une longue expérience pour savoir se maîtriser.

- Tu ne peux pas sortir, j'ai déjà essayé, le fer a été renforcé par un don et on t'affaiblit délibérément pour éviter toute tentative de fuite, fit-elle sur un ton résigné mais pas moins doux.

Fronçant les sourcils, je me concentrais pour faire travailler ma mémoire. Ce visage, j’avais le sentiment qu’il ne m'était pas inconnu, parce que je l'avais déjà vu sur certains tableaux de la forteresse italienne.

- Vous... vous êtes la compagne de Marcus ? Vous êtes Didyme ? M'exclamais-je abasourdie quand je parvins à faire le lien.

Je vis alors son regard assombri se poser sur le médaillon qui ornait mon cou. Il y avait une lueur d’espérance dans ses yeux, pourtant elle ne semblait pas totalement surprise de me voir.

- Tu appartiens à la garde, tu es des nôtres, releva-t-elle en esquissant un sourire. Comment va-t-il ? Demanda-t-elle pleine d'espoir alors que je culpabilisais déjà de lui imposer cette souffrance, me demandant depuis combien de temps elle pouvait bien être enfermée ici.

- Je suis arrivée il y a peu, je suis la compagne de Demetri, répondis-je en me laissant glisser contre le mur de ma cellule pour me mettre à sa hauteur. Je n'ai pas beaucoup côtoyé Marcus, mais... disons qu'il ne va pas fort, il vous croit morte et...

- J'avais espoir qu'il me perçoive à travers notre lien mais la particularité d'Aznar est épouvantable. Il ne se contente pas d'effacer sa présence par son absence d'odeur, tous ceux qui se trouvent à proximité voir leurs existences être également effacées. D’autant plus que son pouvoir est renforcé par un bouclier mental, ainsi qu'un autre qui est physique... je comprends mieux pourquoi tu as été enlevée, c'est un moyen d'affaiblir les Volturi avant l'offensive en privant Demetri de sa moitié, vu qu'il ne peut pas te retrouver à cause du vampire ibérique...

- Comment pouvez-vous être là ? Je croyais que vous aviez disparu dans l'incendie de Castelul Bran ?

- C'est en parti vrai, je suis tombée dans un guet-apens orchestré par les roumains. Quand ils m’ont vu, ils y ont vu une opportunité et m’ont enlevé, laissant les Volturi croire que j’avais pu mourir.

- Les roumains ? Mais vous êtes prisonnière d'Aznar non ? Cherchais-je à comprendre, perdue par les explications de Didyme.

- Les deux clans travaillent depuis l’anéantissement du clan roumain à se venger les Volturi ensembles. Aznar nous a trouvé durant l'incendie et a caché Stefan et Vladimir avec son don quand c'était nécessaire. Ils m'ont remis à l'espagnol qui n'a pas cessé de se renforcer depuis. Ils ont longtemps espéré une opportunité avant de passer à l'attaque, ils ont profité de l'affaiblissement du nom des Volturi après cette histoire à Forks. Ils ont ensuite attendu qu'ils se retrouvent totalement isolés, et Aznar a attaqué avec quelques vampires non entraînés pour les déstabiliser mais j'ai entendu qu'ils avaient été pris de court par leur secrétaire. J’en déduis que c’était toi, j’ai entendu parler de ton pouvoir, et je sais que tu as repoussé Aznar grâce à lui. Pendant ce temps, Stephan et Vladimir ont continué de vivre en solitaire pour ne pas se faire repérer, ainsi ils n'ont jamais vraiment été soupçonnés de fomenter une vengeance. Ils se sont joints que très récemment à Aznar dont les rangs se sont épaissis ces dernières années en s'installant dans les ruines de Castelul Bran, où nous sommes actuellement. Quand ils ont su que l’espagnol avait lancé cette offensive de déstabilisation à laquelle tu as été confrontée, ils ont compris que le moment était venu de rejoindre définitivement les rangs de l’hispanique. Je sais que les roumains se sont rendus à Volterra dans le seul but d'obtenir des informations précieuses sur les clans présents, et les dons, avant de procéder à ton enlèvement. Ils sont des centaines sous les ordres des trois immortels, avec des dons qui n'auront aucun mal à rivaliser avec ceux de mon frère...

- Vous êtes retenue en otage depuis tout ce temps ?

- On perd très vite la notion du temps quand on est un vampire, et je suis souvent inconsciente à cause du don de l'un des protégés d'Aznar qui provoque des souffrances radioactives, qu’il a transformé suite à l’explosion d’une centrale nucléaire en Ukraine il y a une vingtaine d’années. C'est comme ça que les roumains ont réussi à t'enlever aussi facilement, en faisant rentrer Alexei dans le château sans s'inquiéter d'être démasqués. Demetri n’ayant jamais rencontré ce vampire, n’ayant même pas eu vent de son existence, il n’a pas pu anticiper son intrusion en se fiant à sa signature mentale. Quand je suis éveillée, je les entends parfois comploter. Quand ils ont su que notre traqueur avait trouvé sa compagne, douée de pyrokinésie, alors qu'Aznar cherche à l'éliminer depuis le début, il a tout de suite voulu te retirer de l'équation. Mais il ne va pas te tuer, pas maintenant. Il attend depuis trop longtemps de prendre le dessus sur Demetri en t’éliminant aussi rapidement, sans pouvoir voir de ses yeux l’impact de ta mort sur ton âme-sœur. Tout comme moi, il va attendre l'affrontement pour nous décapiter devant nos compagnons pour les affaiblir au pire moment, parce que lorsqu'un lien d'âme-sœur se rompt réellement, surtout s'il était solide, la souffrance terrasse celui qui reste en vie... c'est comme si une part de soi-même mourrait avec le vampire tué. Nous allons être utilisées comme des armes pour détruire notre propre clan, siffla l'ancienne reine en parvenant à demeurer incroyablement calme.

Et je l’admirais pour cette sérénité à toute épreuve, alors que l'angoisse me foudroyait. J’étais terrifiée de me savoir si loin de Volterra. Et terrifiée de savoir que j’étais un moyen de pression contre Demetri. Je ne me sentais même plus capable de réfléchir sous les rires d'une troisième femme qui arriva devant nos cellules, et je sentis ma mâchoire se décrocher sous le choc. Certaines de mes interrogations allaient pouvoir être résolues.

- Mère ? Soufflais-je abasourdie, reconnaissant bien les traits de ma génitrice malgré sa transformation qui semblait plus ancienne que la mienne, mes yeux fixant les siens qui étaient d'un rouge profond.

- Ma fille adorée… Alors c'est toi la compagne du danger que représente le grec, la menace que veut éliminer Aznar ?

- Le danger ? Sifflais-je à mon tour en l'entendant parler du traqueur comme s'il s'agissait d'un vulgaire parasite à supprimer. Et en quoi les projets d'Aznar te concernent ?

- Ils sont compagnons, il a ramené Charlotte il y a six mois, répondit Didyme avec lassitude.

Non, elle n’était pas surprise par cette révélation familiale, pas plus qu’elle avait été étonnée de me voir, ayant sûrement des doutes sur mon identité. Encore quelque chose qu’elle avait dû entendre durant sa captivité, alors que la concernée grognait à son encontre.

- Les vampires qui ont engendré une descendance et ayant eux-mêmes un don ou une particularité augmentent la possibilité que ce soit héréditaire, sans que cela puisse être expliqué. Quand il a appris que la lignée de Félix était toujours active, il a cherché à retrouver les héritiers, et il est tombé sur Charlotte. Mais…

- Mais il n'avait pas envisagé que cette recherche lui permettrait de trouver son âme-sœur, coupa ma mère qui n'avait clairement aucun respect pour la souveraine des Volturi alors qu'elle devait à peine la connaître. Il m'a rapidement transformé et il m'a formé pour me rendre opérationnelle lorsque le combat arriverait. Puis après plusieurs mois, il a voulu savoir où tu étais mais tu avais disparu, tu n'avais laissé aucune trace derrière toi. Ton appartement avait été vidé et rendu, ta voiture n'avait pas été repérée récemment, ta carte bancaire avait même été désactivée... j'ai tout simplement cru que tu étais morte, jusqu'à ce que les roumains se rendent à Volterra pour y glaner quelques informations qui pourraient nous être utiles. Quand ils nous ont transmis qu'en réalité tu étais vampire à te pavaner au bras de ce sale limier à la botte d'Aro, on a élaboré un plan pour te faire sortir de la forteresse, sachant combien l'enlèvement d'un des gardes allait les dérouter. Je n'en reviens pas que ce soit ton insignifiante présence qui ait pu faire capoter le plan d'invasion d'Aznar...

- Fais attention à ce que tu dis, l'avertis-je en grognant à mon tour, n'aimant pas du tout la façon dont elle parlait de Demetri alors que je trouvais son don tout simplement remarquable, et j'espérais que même sans pouvoir me localiser, il sentirait que j'étais toujours vivante. Tu es au courant des projets monstrueux que ton cher compagnon veut mettre en place ?

- Quelle hypocrisie Charlie. Tu cautionnes pourtant les élevages d'animaux envoyés à l'abattoir, en quoi est-ce si différent avec des humains ? Ricana-t-elle en reprenant les mêmes arguments qu’Aro m’avait donnés avant ma transformation.

- Et les femmes qui seront victimes d'abus pour créer des hybrides ?

- Elles ne vivront pas assez longtemps pour qu'on ait pitié d'elles, souriait ma mère avec une telle froideur que j'avais du mal à la reconnaître.

Nos relations s'étaient dégradées avec le temps mais je ne me souvenais pas d'une maman aussi insensible et cruelle lorsque j’étais enfant. Elle était comme métamorphosée, et pas dans le bon sens.

- Les Volturi ont commis bien des atrocités aussi je te signale. Ceux que tu considères comme ton clan, ta famille, ont massacré des centaines d'enfants immortels ! Me reprocha-t-elle alors que Didyme réagit très vite pour défendre les siens.

- Les enfants immortels sont ingérables, la transformation met un terme à leur développement cérébral, ce qui les rend incapable à être contrôlés ou même éduqués. C’était un problème sur lequel ils devaient intervenir, pour préserver le secret de notre existence, et la vie des humains qui croisaient la route de ces enfants…  

- Pourtant Aro a bien fait une exception pour ses précieux jumeaux, contrecarra Charlotte sans se laisser démonter. Les Volturi aiment quand les autres respectent leurs lois, alors qu'eux-mêmes semblent se dispenser de suivre les règles visiblement.

- Jane et Alec approchaient de l'âge adulte, Aro voulait les transformer depuis qu’ils étaient enfants. Il a patienté autant que possible en les laissant grandir auprès de leurs parents, mais il n’a pas pu attendre davantage une fois qu’ils étaient sur le bûcher. La plupart des jeunes immortels étaient transmutés avant même leurs dix ans !

- Vous êtes vraiment touchantes à défendre avec autant d'ardeur ceux qui seront bientôt éliminés, et vous avec. En attendant, pour m'assurer que vos existences demeurent secrètes et que vous ne tentiez pas une évasion désespérée, nous allons devoir continuer à vous affaiblir, continua la quadragénaire alors que je l'interrompais.

- Donc tu as un don aussi, ou tu n'as réussi à contenter pleinement le monstre qui te sert de compagnon même en étant dépourvu d’un quelconque pouvoir ?

Un sourire narquois défigura son visage ; alors que l'eau qui se trouvait à mes pieds me gicla à la figure avec tellement de force qu'elle me fit basculer à la renverse. Cela ne fit qu’anesthésier toujours plus mes flammes que je n'arrivais pas à faire apparaître à cause de cette humidité constante qui régnait autour de moi. Demetri avait vu juste, peu importait combien mon don serait puissant, il n'avait aucune chance face à de l'hydrokinésie. Et ironie du sort, ce pouvoir appartenait à ma propre mère.

- Alexei ! Appela-t-elle en jugeant sa réponse suffisante.

Un jeune homme d'une vingtaine d'années apparut à son tour dans les souterrains des cachots, s'approchant de nos cellules avec un regard aussi sombre et insensible que celui qu'il servait. Didyme grimaça subtilement en le voyant, ce qui accentua la jovialité de ma génitrice qui posa une main presque maternelle sur son épaule alors qu'elle venait juste de dire qu'elle voulait ma mort. Pourtant je la connaissais assez pour voir que son comportement était feinté, c'est très bien interprété mais je savais encore lire en ma mère. Et bon sang, malgré tout, qu'est-ce que ça me faisait mal de la voir aussi bienveillante, même de façon contenue, avec cet inconnu quand sa propre fille lui inspirait ce qui ressemblait à de la haine et du dégoût, lui ayant balancé sans le moindre remord qu’elle regrettait sa naissance.

- Charlie, laisse-moi te présenter l'un des joyaux d'Aznar. Alexei est ukrainien, il était pompier à Pripiat quand l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl a explosé et l'a condamné à mort. Mon compagnon l'a trouvé en train d'agoniser de la radioactivité avec tellement de violence qu'il a vu en lui un potentiel incroyable. Il l'a transformé convaincu qu'il serait un élément dangereux pour l'ennemi et il avait bien raison. C'est pourquoi, en attendant de lancer l'offensive tant attendue contre les Volturi, il va s'assurer que tu ne puisses pas t'échapper, m'expliqua-t-elle sans la moindre gentillesse.

Une main fraîche s'empara alors de la mienne avec douceur et compassion, et j'avais beau connaître Didyme depuis moins d'une heure, je l'appréciais déjà énormément, sa présence était un atout pour que je ne craque pas totalement.

- Bien, fais-la souffrir d'accord mon trésor ? Tu peux t'amuser avec l'autre aussi, mais elle d'abord, je veux être sûre qu'elle ne pourra pas utiliser son don d'une façon ou d'une autre.

Ma mère disparut ensuite sans m'accorder un regard de plus tandis que je sentais celui de mon nouveau geôlier sur moi. La douleur arriva si brutalement que j'hurlais à nouveau sous les vagues de souffrance que je percevais. C'était si violent qu’une nausée permanente s'empara de ma gorge accompagnée d'une migraine si intense qu'elle me foudroya sur place, ma condition de vampire ne me protégea pas de ces sensations, elle les amplifia. Cette sensation de brûlure dévastatrice m'envahit de nouveau, mais ce n’était pas une chaleur agréable et vivante comme je l’aimais. C’était une irradiation, comme si toutes les particules de mon corps éclataient les unes après les autres, telle une combustion sans fin. Ce feu-là était invisible, froid, bombardant mon esprit pour le faire imploser, au point que mes souvenirs se brouillaient, et que ma vision perdait de sa netteté désormais infaillible. C’était ironique de voir que je savais faire naître des flammes, mais que je ne pouvais pas résister à la virulence du feu qui m’habitait et dont j’étais prisonnière.

Je voulus faire appel à mon propre don pour me défendre, en vain. Amun avait bien dit qu’il agirait selon ma volonté. Or, je n’en avais plus aucune, elle avait été annihilée par la souffrance par ce feu étranger. L’une de mes mains s’abattit sur le sol et griffa la pierre alors que j’hurlais sans parvenir à m’arrêter. Je ne pouvais pas encaisser cette torture, c’était trop pour moi alors que je perdis une nouvelle fois connaissance contre les barreaux de ma cellule.

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