Vers 350 avant notre ère
Le départ de Charmion avait ravivé la jalousie de Kebi qui voyait la présence de Demetri comme une nuisance dont elle voulait à tout prix se débarrasser. Comme ils vivaient à nouveau à trois, Amun avait recommencé à s’intéresser davantage aux séances avec le traqueur que rester auprès d’elle. Il avait été jusqu’à chercher un vampire au don de télépathie pour inciter le spartiate à contrôler ses pensées en toutes circonstances, un nouvel entraînement qui l’accaparait totalement. Plus le temps passait, et plus la belle égyptienne en venait à croire qu’il préférait Demetri à sa présence, totalement obnubilé par ce vampire aux aptitudes hors du commun, et qu’Amun oubliait qui lui avait toujours été fidèle. Elle avait même tenté de lui rappeler qu’il s’était déjà enfui une fois, en regagnant la région de Sparte avant d’être transformé, mais l’homme qu’elle aimait profondément semblait tout pardonner à Demetri.
Pensant bien faire, le chef du clan d’Alexandrie avait pourtant essayé d’occuper Kebi pour qu’elle se sente moins seule. Il comprenait sa peine, mais il n’imaginait pas à quel point sa compagne était amère, ne ressentant pas le besoin d’être en permanence à ses côtés. Ils étaient compagnons, ils étaient faits l’un pour l’autre, rien ne pouvait les séparer. Pourquoi craindrait-il de perdre Kebi ? Mais il lui arrivait souvent d’oublier que sa compagne n’était pas de même rang social que lui lorsqu’ils s’étaient rencontrés, et que malgré toutes ces paroles rassurantes, la brune était en permanence rongée par les doutes et la peur d’être délaissée. C’est ainsi qu’il avait encouragé Kebi à s’impliquer dans la diplomatie du clan, en allant rencontrer des contacts humains, et parfois vampires, pour s’informer sur les activités des autres clans. Notamment les Volturi et les Roumains. Sauf qu’au début, il avait demandé à Demetri de l’accompagner pour la protéger, ce qui n’avait fait qu’accentuer sa colère qu’elle gardait en elle. Puis il avait transformé des vampires sans importance pour l’escorter, en qui l’immortelle n’avait pas confiance, convaincu qu’ils iraient tout rapporté, alors elle avait difficilement négocié l’autorisation de voyager seule. Et Amun avait fini par concéder à ses demandes pour lui faire plaisir, rassuré par le fait que Demetri pourrait retrouver rapidement sa compagne si jamais il sentait que quelque chose n’allait pas. Jamais il n’aurait pu penser que la femme qu’il aimait tendrement puisse le trahir. Ce qu’il ignorait, c’était que Kebi avait un plan en tête, qu’elle avait longuement échafaudé au fil des décennies depuis l’arrivée de Demetri dans leur demeure.
A travers ses voyages, elle avait cherché à son tour un humain prodigieux à transformer, quelqu’un qu’elle pourrait entraîner pour atténuer sa solitude. Mieux, elle voulait débusquer un vampire si remarquable à ajouter au clan qu’Amun serait épaté, et deviendrait davantage intéressé par la créature qu’elle ramènerait, plutôt que le spartiate qu’elle haïssait. Elle voulait être celle à qui l’égyptien accorderait des regards emplis de fierté et d’attention. Malheureusement, elle n’était pas certaine de trouver un vampire dont le pouvoir soit capable de rivaliser avec celui de Demetri. Ses aptitudes psychiques, physiques et sensorielles avaient été trop travaillées pour parvenir à dénicher une perle encore plus rare. Mais elle pouvait faire mieux. Elle voulait trouver quelqu’un qui soit totalement capable d’échapper à ses dons, afin de rendre le traqueur obsolète. Amun disait toujours que lorsque la nature accordait un pouvoir aussi puissant à quelqu’un, elle faisait en sorte qu’il existe quelque part un moyen de le contrer pour que l’équilibre demeure. Si elle arrivait à former un vampire hors d’atteinte au pouvoir du grec, alors son importance pour Amun diminuerait, elle en était convaincue.
Elle avait pris soin de garder son plan pour elle, afin d’être certaine qu’Amun ne puisse pas l’empêcher de partir, et après une vingtaine d’années de recherches, elle tomba sur une piste intéressante, sur un territoire où peu de vampires s’y étaient aventurés jusqu’à présent. Des marchands hispaniques de passage sur leurs côtes lui avaient raconté qu’il se passait des évènements étranges dans leur village, sans pouvoir s’expliquer davantage. Malgré le peu d’informations, le mystère intrigua la brune qui prétexta auprès d’Amun une nouvelle mission diplomatique pour détourner son attention, et profita d’un jour où il était encore absorbé par Demetri pour mettre le cap sur l’Hispanie. Kebi ne s’était jamais aventurée si loin de chez elle, et encore moins seule. Mais l’idée de trouver quelque chose de palpitant éclipsa la crainte de tous dangers. Vivant dans l’ombre d’Amun depuis des siècles, elle avait rarement goûté à une véritable liberté et ce voyage improvisé était pour l’immortelle une bouffée de fraîcheur. Elle découvrait une autre contrée, avec d’autres coutumes, qu’elle observait avec des yeux émerveillés.
En pénétrant dans le petit village de Tarraco, elle trouva rapidement ce qu’elle cherchait. Il y avait parmi les humains, un homme différent des autres, car il n’émanait absolument aucune odeur de lui. Il se déplaçait parmi les siens telle une ombre, et beaucoup semblait ne pas le remarquer. Kebi avait constaté que quelques immortels pacifiques et solitaires s’étaient établis aux alentours et venaient chasser dans le village, mais qu’ils ne semblaient pas le sentir non plus. L’humain semblait indétectable, que ce soit de manière olfactive, ou par intrusion mentale. Et si elle était venue pour se nourrir sans avoir fait de repérage, elle ne l’aurait probablement pas vu non plus. Kebi l’observa pendant des semaines, fascinée par ce potentiel, cherchant à comprendre comment il pouvait fonctionner, se demandant si un traqueur pourrait le tracer ou s’il lui échapperait. Au fil des jours, et grâce aux nombreuses connaissances des vampires de son pays qui avaient fait des recherches poussées dans beaucoup de domaines, la brune parvint à analyser lentement Aznar, cet individu étrange qui avait fini par se sentir épié. Elle en avait déduit que cela provenait du sang de l’hispanique, qui semblait dégager quelque chose qui perturbait la perception olfactive des vampires comme des êtres vivants. Cette absence d’odeur ressemblait à un camouflage, comme s’il avait pour but d’altérer son existence auprès des autres. Même les chiens errants et affamés de Tarraco semblaient ne pas pouvoir le flairer. Les insectes qui se montraient voraces avec tous les humains, ne le piquaient jamais. Même ses congénères semblaient oublier son existence lorsqu’ils étaient dans la même pièce. L’homme s’était blessé une fois en voulant réparer la toiture de sa maison. Et malgré l’évidente trace rouge qui s’écoulait de son avant-bras jusqu’au poignet, l’immortelle ne sentit pas l’odeur enivrante et caractéristique que le sang avait habituellement. Il ne laissait aucune trace olfactive, que ce soit sur lui ou après son passage, ni dans l’air, ni au sol.
Kebi trouvait cela fascinant, tentant de se mettre à place d’Amun pour imaginer sa réaction, persuadée qu’il aurait été emballé par cet humain. Son compagnon aimait les êtres uniques, et elle avait trouvé un atout ultime. Elle ignorait s’il ferait obstacle à Demetri, mais sa particularité pourrait se révéler encore plus intéressante une fois transformé en vampire. Elle savait qu’elle devait agir vite avant que son absence ne soulève des questions et que le traqueur ne vienne la chercher. Elle captura l’humain une nuit et le mordit sans attendre. Elle qui craignait de le tuer n’eut aucun mal à se détacher d’Aznar, car son sang n’avait pas plus d’odeur une fois en bouche. Elle profita de sa transformation pour rentrer en Égypte, portant sa créature sur l’épaule avec un sentiment de soulagement. Elle allait être accueillie par l’amour inconditionnel d’Amun et la certitude de pouvoir le faire se désintéresser de Demetri.
Il lui fallut deux jours pour rentrer au palais où Amun l’attendait de pied ferme, il avait envoyé Demetri à la recherche de sa compagne, et pour la première fois, il avait échoué. Comme si quelque chose l’avait bloqué. L’égyptien ne se fâcha pas contre le traqueur, sa colère se tourna vers la brune, se sentant trahi, et pour la première fois, abandonné par sa compagne. Il n’était du genre expansif sur ses sentiments, mais il était terriblement possessif. Il avait d’abord cru que si Demetri avait échoué, c’était parce que Kebi était morte. Mais au fond de lui, il l’aurait senti. Non, la femme qui lui était pourtant fidèle depuis toujours, était partie en secret, dans son dos, sans le consulter, pour créer un vampire rival au sien, ce qui le mit dans une colère qu’il tentait de maîtriser. Kebi tenta de justifier son choix, en prenant plaisir à accabler le spartiate qui était responsable de sa décision, et essaya d’expliquer à Amun pourquoi l’homme qu’elle avait ramené était formidable pour atténuer son agacement. Mais elle ne voyait que la déception de l’homme qu’elle aimait. Plus il entendait les explications de Kebi, et moins il voulait de cet individu sous son toit. Il n’aimait pas cet homme qui se tordait de douleur sous le venin de sa créatrice, il voulait le chasser, s’en débarrasser avant qu’il puisse devenir un problème. Ce qu’il tenta de faire en faisant un pas dangereux vers l’humain en cours de mutation. Mais il croisa le regard empli de larmes qui ne pouvaient couler des yeux de la brune, et malgré le mauvais pressentiment qu’il ressentait, il ne put se résoudre à tuer Aznar et alla prendre Kebi dans ses bras pour la réconforter. Il se devait de la soutenir ou il ne serait plus digne de sa compagne. Il se résigna à laisser l’hispanique achever sa transition, se promettant de le garder à l’œil, peut-être pourrait-il le surprendre.
Malheureusement, l’égyptien regretta de ne pas avoir écouté son instinct. Dès son réveil en vampire, Aznar se révéla être tout ce qu’il redoutait. Aux yeux d’Amun, il n’avait rien d’extraordinaire, il n’était qu’une anomalie. Son don, si l’on pouvait l’appeler ainsi, existait parce qu’Aznar lui-même était dysfonctionnel. Sa particularité venait d’une altération biologique. Et au lieu de disparaître avec la transformation, elle s’était accrue et avait mué. L’absence d’odeur sanguine le masquait désormais entièrement, seul un contact visuel permettait de le trouver. Ce n’était plus seulement sa présence qui devenait indétectable, mais aussi tous ceux qui se trouvaient autour de lui, bien que seul Aznar demeure insensible à une éventuelle attaque de don. Quant à son esprit, il semblait cloisonné. Il n’était pas fermé à la façon d’un bouclier mental, mais plutôt détaché de la réalité, comme s’il était ailleurs, dans un autre monde, déconnecté du seul qui existait. Les dons psychiques, conçus pour fonctionner en s’attaquant à un type d’onde mentale, glissaient sur Aznar sans pouvoir l’atteindre. C’était comme s’il n’existait pas. Mais son anomalie n’affectait pas seulement les pouvoirs psychiques, mais aussi les dons physiques, qui lui passaient également au travers sans le toucher. Même les aptitudes uniques de Demetri semblaient inefficaces sur lui. Elles agissaient en captant les empreintes d’une personne, qui étaient liées à leur présence mentale et physique, ce dont Aznar semblait être dépourvu. C’était comme si le traqueur essayer de suivre une ombre qui n’avait aucune attache avec un corps. L’hispanique était comme une coquille vide, un fantôme, et Demetri ne pouvait pas pourchasser le néant.
Amun comprit immédiatement le véritable danger du monstre que Kebi avait créé. S’il avait été stable, il aurait sûrement cherché à l’aider à s’habituer à sa nouvelle vie. Mais il n’aimait pas Aznar, il le trouvait trop sauvage, trop imprévisible, un danger même pour lui, il était totalement incontrôlable, et ce n’était pas à cause de son statut de nouveau-né. Ce vide qui existait en lui, le rendait détaché, même imperméable à toute attache. Kebi ne parvenait pas à le guider, il était instable et violent, et surtout il semblait également immunisé à la domination naturelle de créatrice. Il ne reconnaissait pas son autorité, il la percevait comme une menace, au même stade qu’Amun et Demetri. Il lui était impossible de créer des liens avec quelqu’un, il était totalement isolé dans sa propre psyché. Pourtant l’égyptien hésita à le garder. S’il ne pouvait pas le contrôler, les Volturi ne le pourraient pas non plus, et il pourrait échapper à Aro de la même façon qu’il échappait à Demetri. Pourtant Amun ne le voyait certainement pas comme un prodige qui contrait le traqueur, mais comme un problème qui pourrait mettre en péril son clan s’il ne pouvait être maîtrisé. Et quand l’hispanique commença à vouloir éliminer le vampire grec, Amun eut peur pour Demetri.
Le traqueur demeura à distance les premiers jours, pour laisser le nouveau-né s’habituer sans se retrouver entouré de trois vampires omniprésents, malgré l’agacement de savoir qu’il était immunisé contre son don, il voulait lui éviter de se sentir oppressé et risquer de l’irriter. Mais dès qu’Aznar vit le traqueur, il devint encore plus instable. Il était censé être le meilleur chasseur au monde, et pourtant il ne pouvait pas le trouver lui. Pour l’ibérique cela ne signifiait qu’une chose, il était supérieur au blond qui se devait de le respecter et le craindre. Il défia Demetri à plusieurs reprises pour prouver sa dominance. Au début, c’était des provocations subtiles, pour ne pas éveiller les soupçons des autres. Quand Demetri devait le surveiller lors des chasses, il s’amusait à échapper à sa surveillance en allant se cacher derrière des pyramides, contraignant le blond à le suivre à l’aveugle, davantage irrité par la pensée de décevoir Amun que par le fait d’être pris pour cible par sa propre proie. Puis, dans les couloirs du palais, il s’amusait à arriver derrière lui pour le bousculer comme il savait qu’il ne le sentirait pas venir, démontrant qu’il était meilleur que Demetri dans le domaine de la furtivité. Et quand il s’ennuyait, il laissait des victimes humaines dans le désert une fois nourri, l’obligeant à faire le ménage derrière lui puisqu’Aznar était déjà loin et hors d’atteinte. Mais malgré son étrange « don », il n’avait pas l’expérience, et encore moins la discipline du traqueur qui n’avait aucun mal à l’ignorer, et à le repousser physiquement quand il tentait de le prendre par surprise. Le jeune vampire n’en devint que plus incontrôlable, voulant prouver qu’il était le meilleur.
Demetri aimait rester seul au pied des pyramides le soir pour se ressourcer et ne plus sentir son don s’agiter en continu. Et une nuit, Aznar en profita pour l’attaquer, surgissant de nulle part pour le frapper au dos avec virulence, voulant lui donner une bonne leçon. Mais habitué aux confrontations, le spartiate restait toujours en alerte, et parvint à réagir au dernier moment, pivotant avec rapidité pour lui décocher un coup de pied au torse pour le faire reculer. Aznar s’attendait à désorienter son ennemi, mais la maîtrise instinctive de l’ancien soldat ne dépendait pas uniquement de son don. Ils s’engagèrent alors dans un combat brutal et rapide qui résonna jusqu’au temple d’Amun qui assistait impuissant à ce spectacle, regrettant toujours plus de ne pas l’avoir éliminé avant. Il observait avec Kebi cet affrontement où l’espagnol comptait sur l’effet de surprise et sa capacité à s’effacer du champ sensoriel de son adversaire, qui compensait son incapacité à le sentir par son expérience et sa rapidité. Cela dit, il n’était pas aveugle, il demeurait le meilleur traqueur existant à ce jour. Alors après plusieurs tentatives de démembrements provenant de la tare, il parvint à anticiper les déplacements d’Aznar qui agissait encore sous l’impulsivité de sa nouvelle condition. Il s’empara de son poignet avec brutalité, et malgré la fureur du vampire qui tentait de se libérer, Demetri lui écrasa la gorge de l’autre main, parvenant à l’immobiliser.
- Tu es peut-être invisible mais ton pouvoir ne te rend pas aussi intelligent que tu le crois, lui avait-il sifflé sur un ton calme mais froid.
L’ibérique parvint à le repousser violemment et finit par prendre la fuite, blessé dans son orgueil.
Et durant quelques temps, ils n’entendirent plus parler de la création de Kebi qui avait subi les foudres d’Amun après sa disparition, terrifié à l’idée d’assister à la destruction de son fils. Mais ils restèrent sur leurs gardes, s’attendant à une nouvelle attaque à tout moment.
Ils avaient raison de se méfier. Humilié par Demetri alors qu’il lui était supérieur, il voulait se venger. Il profita d’une chasse de Kebi, qui regrettait son erreur et tentait par tous les moyens de se racheter auprès de son compagnon, pour l’attirer à lui en simulant sa volonté d’être pardonné. Lorsqu’elle baissa la garde une demi-seconde, il la kidnappa alors qu’elle était sous la protection de Demetri qui réalisa trop tard ce qu’il se passait. Ne détectant ni odeur ni empreinte psychique, il savait qui était derrière ce piège. Sa seule piste était les maigres empreintes de pas de Kebi laissées dans le sable, celles d’Aznar ayant disparues avec lui. Il les suivit jusqu’à un temple abandonné où il retrouva la brune avec un bras en moins, son membre ayant été arraché et exposé au sol. Le traqueur plongea tête baissée dans le guet-apens, se précipitant vers Kebi pour l’aider, avant de se retrouver le visage dans le sable, pris de court par Aznar qui lui avait bondi dessus. Le combat fut encore plus brutal que le premier. L’espagnol était fou de rage, frappant bestialement Demetri qu’il ne voulait plus uniquement vaincre, il voulait éliminer le traqueur. Le spartiate se retrouva en réelle difficulté physique pour la première fois, peinant à reprendre le dessus. Il ne parvenait pas à repousser Aznar qui le dominait grâce à son attaque surprise. Il le força donc à réagir en visant son ego pour qu’il commette des erreurs.
- Tu es un monstre raté. Même Kebi regrette de t’avoir accordé la vie éternelle.
Si le brun était totalement détaché de sa créatrice, insensible à la terreur de l’égyptienne, il n’aima pas du tout que le traqueur remette en question son immortalité. Il perdit le peu de sang-froid qu’il possédait pour se défouler férocement sur le traqueur, perdant le contrôle de ses gestes. Réputé calme et patient, Demetri n’en était pas moins calculateur et stratégique, et saisit la première occasion pour se retourner en attrapant la main d’Aznar qu’il parvint à arracher violemment, entraînant un hurlement de souffrance chez son adversaire. Il avait bien l’intention de tuer l’espagnol pour éliminer la menace de son existence, mais un gémissement plaintif provenant de Kebi accapara son attention et Aznar en profita pour s’enfuir définitivement après avoir repris sa main qui avait roulé plus loin. Après cela, Amun ordonna que l’on ne mentionne plus jamais le nom de cette anomalie, elle n’avait jamais existé et devait être oublié.
L’espagnol disparut de tout radar durant plus de deux millénaires, pouvant laisser croire qu’il était mort d’une façon ou d’une autre. Mais Aznar développa une haine obsessionnelle envers le traqueur au fil des siècles, préparant soigneusement sa vengeance. Lui qui se savait unique refusait de se laisser dépasser par un homme qui ne pouvait pas le retrouver. Avide de revanche, il réfléchissait à un plan si monstrueux qu’il ne pourrait plus être arrêté une fois mis en place. Ainsi commença une nouvelle menace pour Demetri qui demeurait sur ses gardes, une ombre planait sur lui, prête à surgir des ténèbres à tout moment.