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Chapitre Bonus XIII : Le parfum du désespoir

Hiver 2007

Le retour en Italie s’était révélé houleux pour les Volturi qui n’arrivaient pas à digérer l’humiliation subie par les Cullen, mais également imposée indirectement par Aro. Une fois encore, le clan tout entier, y compris Marcus, Caïus ainsi que les reines, s’était plié aux envies du souverain télépathe qui ne savait pas réfréner ses ardeurs et ses ambitions. Inquiété par le clan Olympic qui s’accroissait et gagnait en puissance grâce à différents dons, Aro avait voulu saisir l’opportunité de cette histoire d’enfant immortel pour l’éradiquer, pensant pouvoir rafler les quelques vampires qui l’intéressaient, et éliminer les autres. Et comme ils s’y attendaient, l’affaire avait rapidement dévié sur sa volonté de s’emparer notamment de la voyante, et éventuellement du télépathe et sa compagne, qui aurait renforcé son propre clan. Sauf que cette fois, les choses ne s’étaient pas déroulées comme il l’avait espéré. Non seulement le témoignage apporté par Irina Denali était faux, mais en plus, ils étaient revenus les mains vides, sans nouveaux vampires, sans avoir fait justice, et surtout, ils s’étaient retrouvés face à la plupart des vampires qui composaient leur monde. Et chaque témoin présent avait pu assister à leur humiliation de devoir repartir. Ils n’étaient déjà pas appréciés de la majorité d’entre eux, notamment à cause de vieux conflits, dorénavant ils avaient perdu le peu de respect et de confiance qui demeuraient.

Le trajet s’était étonnamment déroulé dans le silence, chacun ruminant dans son coin, malgré quelques grognements chez certains gardes, dont Jane qui avait envie de tuer Isabella Swan, et de nombreux regards noirs, tous adressés à Aro qui demeurait muet et impassible, pour ce retour expéditif. Même les jumeaux qui étaient les plus loyaux envers le souverain télépathe, lui avaient lancés de nombreuses œillades de mécontentement. Et ils n’étaient pas les seuls, Caïus était de ceux qui soupiraient et grognaient le plus, malgré les tentatives d’Athenodora de calmer son époux, et qui en voulait à Aro pour l’humeur massacrante de son compagnon. Rares étaient les vampires qui se « réjouissaient » de rentrer à Volterra sans avoir participé à la moindre bataille, et Demetri n’était pas le seul à en être satisfait, bien qu’il le garde précieusement pour lui. Corin, toujours aussi dévouée envers ses maîtresses, était soulagée que leur sécurité n’ait pas été mise en péril, tout comme Renata, le bouclier d’Aro, qui était toujours submergée par l’inquiétude de ne pas pouvoir protéger tous les souverains en cas de combat.

Mais dès que le clan pénétra dans la vieille forteresse étrusque et que les lourdes portes se refermèrent sur ceux qui fermaient la marche, ce fut le chaos total. Des explosions de voix fusèrent de tous les côtés, exprimant enfin la colère, la frustration et l’incompréhension qui grandissaient en chacun depuis leur départ de Forks. Le brouhaha était d’autant plus anarchique qu’il était répercuté sur les pierres de la vieille bâtisse, créant des échos qui couvraient les paroles de ceux qui tentaient d’avoir une explication sur cette décision. Même l’autorité d’Aro, d’ordinaire inébranlable, ne parvint pas à tempérer ni sa garde, ni les autres souverains, et pour la première fois, il se sentait désemparé. Il ne parvenait même pas à élever la voix pour faire taire les autres. L’anarchie se prolongea jusqu’à ce qu’il mette les pieds dans la salle aux trônes de marbre, celle située sur la verrière, et alla s’asseoir sur son siège, attendant une accalmie pour parvenir à dire quelque chose.

Demetri se moquait bien des raisons, la vie d’Amun n’avait pas été mise en danger, et son clan allait pouvoir continuer à vivre en paix. Pour qu’Aro décide de faire marche arrière, il avait dû voir quelque chose d’inimaginable, et n’oserait pas envisager de représailles sur les témoins, ou les Cullen. 

- Nous n’avions pas le choix, finit par dire Aro quand il y eut un peu de calme, provoquant un nouvel éclatement de colère. Si nous avions décidé de nous battre, il n’y aurait plus de Volturi, le clan aurait été anéanti !

Un véritable silence s’empara cette fois de l’assemblée, qui ne comprenait pas et qui attendait d’en savoir plus.

- La vision était parfaitement claire. Si nous avions persisté, provoquant un combat entre les deux camps, c’est nous qui aurions été décimé.

Et malgré les visages ahuris des vampires qui l’entouraient, Aro avait pris soin d’expliquer tout ce qu’il avait vu, tous les détails, tous les rebondissements… et surtout l’issue finale. Quand il termina de parler, plus personne n’osa dire quoi que ce soit. Personne ne pouvait y croire, se regardant les uns les autres pour essayer de connaître le ressenti de leur voisin. Une tension lourde et suffocante s’était installée dans la forteresse. Ce n’était plus seulement l’humiliation d’être reparti si vite qui les dérangeaient, désormais ils allaient devoir vivre avec l’humiliation et la certitude des autres clans de pouvoir les défier quand bon leur semblait. Si certains passages semblaient crédibles, d’autres laissèrent sceptiques, y compris chez la garde. Ce fut Félix qui fut le premier à briser ce mutisme, murmurant plus à Demetri qu’aux autres, mais chacun l’entendit.

- On est censé croire qu’un mioche qui ne sait même pas tuer un humain pour se nourrir, peut te supprimer toi ?

Le traqueur, qui était appuyé contre un mur près de son meilleur ami observait les autres en silence. Il voyait leur nervosité, leur agacement… mais personne ne semblait prendre au sérieux cette révélation. Et surtout pas lui. Il n’avait pas traversé les siècles en sortant vainqueur de tous ses combats pour laisser un vampire aussi insignifiant le vaincre. Il n’existait qu’un seul immortel capable de le mettre en difficulté, et ce n’était certainement pas un Cullen.

- Ils avaient besoin d’un argument pour nous repousser et ils ont utilisé celui qui serait le plus efficace.

- Tu crois que la vision est fausse ?

- Soit elle a été manipulée, soit elle a montré une réalité plus que biaisée. Certains passages de cette prédiction me semblent cohérents, totalement réalisables, mais sûrement pas celui-là. S’il était vraiment mort dans le gouffre, alors j’aurais perdu sa signature mentale, le fil invisible qui nous relie aurait été brisé, me confirmant sa mort. Puisque de toute évidence, sa compagne ne peut pas tenir son bouclier si elle se bat, elle n’aurait pas pu le masquer et je serais resté sur mes gardes. Et je suis censé croire qu’il peut me prendre par surprise au combat ? Même Aznar n’y est pas parvenu, alors que je n’avais aucun moyen de le sentir arriver.

Bien que les deux amis conversaient ensemble à voix basse, chacun écoutait ce qu’ils disaient, peut-être dans l’espoir de se rassurer sur la survie de leur clan.

- Il n’a même pas réussi à prendre le dessus sur toi quand vous vous êtes battus dans cette salle, après sa tentative de suicide, lui rappela Demetri. Et quand la voyante a tenté de l’aider, je l’ai arrêté sans la moindre difficulté, son don ne l’a pas sauvé. Et contrairement à ce qu’ils ont l’air de penser, leur nouveau bouclier ne peut pas m’arrêter non plus. Je ne peux peut-être pas la traquer en suivant son empreinte, mais Amun m’a entraîné à suivre les pistes olfactives, pour contrer ce genre de problème, la traque est moins précise, mais je peux la suivre sans aucun mal. Même si le reste de la garde avait péri, je restais une menace pour leur clan, j’aurais pu les suivre où qu’ils aillent, et vu qu’Amun était à Forks, Edward l’a sûrement lu dans son esprit. Cette vision, c’est juste une tentative pour m’affaiblir aux yeux des autres, notamment ceux d’Aro et d’Amun. Je serais la risée de Sparte si je laissais quelqu’un me vaincre aussi facilement, contrairement à bien d’autres vampires, je savais déjà me battre bien avant d’être transformé.

- C’est totalement ridicule, approuva Charmion, qui avait choisi le prénom Chelsea depuis quelques décennies, lassée de celui qu’elle portait depuis des siècles. Demetri n’a jamais été mis en échec, alors qu’il a affronté des adversaires bien plus dangereux, je ne crois pas non plus à ce passage.

Le problème était que d’autres y croyaient. Dont Aro, qui écoutait en silence le traqueur sans parvenir à déceler le vrai du faux. Il avait vu sa précieuse garde vaciller face aux Cullen, il avait senti le contrôle lui échapper, et il commençait à réaliser qu’il avait peut-être trop tiré sur la corde, aveuglé par ses ambitions.

- Les jumeaux, eux… continua Demetri en regardant Jane et Alec. Oui, ils pourraient tomber. Ils n’ont jamais été formés au combat parce qu’on a jugé que c’était inutile, comptant sur leurs dons pour se protéger, et qui deviennent pourtant inefficaces face à un bouclier mental.

Alec se renfrogna, mais ne dit rien, parce qu’il en étudiait la possibilité. Il prenait en compte les éléments donnés par Aro, le contexte, les alliés des Cullen, le fait d’être pris par surprise… il ne voulait rien laisser au hasard pour pouvoir travailler dessus afin que cette éventualité ne puisse pas se réaliser dans le futur. Mais Jane se mit à sourire, retenant presque un rire moqueur.

- Personne n’a jamais pu nous approcher sans trembler ou spplier, et les Cullen sont censés nous tuer ?

Cependant, les autres, y compris les maîtres, semblaient croire cette hypothèse, rejoignant l’avis de Demetri. Ils n’avaient jamais reçu de formation, parce qu’elle n’était pas nécessaire, jusqu’à maintenant. Et s’ils voulaient survivre, ils allaient devoir restructurer tout le clan en mettant en place de nouvelles consignes.

Et c’est dans cette optique que les Volturi changèrent leur fonctionnement, mettant en place des entraînements obligatoires pour leurs gardes les plus fondamentaux, et davantage d’anonymes furent recrutés pour défendre leur résidence en les postant à différentes entrées. Caïus craignait que cette humiliation ne donne à certains l’idée de venir les envahir maintenant qu’ils pouvaient être tués. Il n’y eut plus d’humains qui circulèrent dans les couloirs, toute secrétaire était devenue inutile vu la fracture qui avait eu lieu entre les Volturi et les autres vampires, ils ne s’attendaient pas à être sollicités par leurs congénères, ils devaient trop craindre l’éventualité de représailles. Cela dit, Aro réfléchissait à comment redorer l’image de son clan aux yeux des autres. Mais malgré tous ses efforts, il ne pouvait oublier ce qu’il avait vu. Avec le temps, il avait fini par se ranger à l’avis des autres, son traqueur ne pouvait pas être défait par un Cullen, mais le reste… oh il savait que le reste était véridique, des dons uniques et irremplaçables auraient disparus, et surtout, lui-même, Marcus et Caïus auraient été tués aussi. La vision s’était arrêtée à sa propre mort, il ignorait ce qu’il se serait passé ensuite. Mais il imaginait sans mal les réactions de leurs compagnes qui auraient été submergées par le chagrin, et qui auraient succombé à la perte de leurs compagnons, à moins d’être également terrassées par le camp adverse par précaution. L’idée que quelqu’un puisse tuer sa douce Sulpicia avait donné bien des sueurs froides au roi télépathe, se reprochant ses ambitions. Oui il y avait un début de remise en question, un exploit qui aura pris plus de deux millénaires à se produire, mais qui avait fini par arriver. Alors il était obsédé par le fait de protéger son clan. Sa compagne bien sûr, ses frères, Athenodora… et surtout sa garde qui servait leurs souverains sans jamais faillir, et qui aurait péri à cause de l’une de ses décisions. C’est aussi cette vision qui précipita la transformation du compagnon de Corin, l’indispensable protectrice des reines.

Le britannique, encore humain, arriva à Volterra au milieu d’un groupe de mortels ramené par Heidi pour l’un de leurs festins. Les repas étaient devenus une nécessité depuis le retour de Forks. Outre le besoin de s’alimenter et épancher leur soif, ils étaient devenus l’un des seuls moments où l’on trouvait la garde au complet réunie au même endroit, le reste du temps, chacun occupait son temps libre enfermé dans ses appartements. Il n’y avait plus de missions, plus de lois à faire respecter. Les autres clans se tenaient à carreaux, et même dans le cas contraire, la venue des Volturi pour régler un quelconque problème n’aurait fait que raviver des tensions. De ce fait, la cohésion même du clan en pâtissait, y compris les liens solides et existants depuis des siècles. Les festins permettaient à chacun de se réunir et d’échanger un peu avec les autres, Chelsea préférant laisser les liens évoluer de manière naturelle plutôt que chercher à les influencer.

Mais même les repas ne suffisaient plus à divertir les Volturi, ne ressentant plus la même excitation à se nourrir au milieu d’humains terrifiés, car cela ne faisait que rappeler pourquoi ils étaient devenus si méprisés des autres. Chose qui n’étaient jamais arrivés depuis qu’Heidi était chargée de leur apporter des humains, désormais ils se nourrissaient  dans le calme. Chacun était dans son coin, à prendre sa part avant de ressortir sans se soucier des autres vampires. Leur suprématie avait été remise en cause et rien ne pourrait leur faire oublier cet affront. Aro ne pouvait même plus se procurer de nouveaux gardes aux dons talentueux, bien qu’il ait désormais connaissances des pouvoirs de Benjamin, Kate, Zafrina, ou encore Bella et son bouclier invincible. Les autres clans ne laisseraient plus les Volturi leur voler des vampires sans se battre. Et sans le don d’Eleazar, il ne pouvait pas non plus partir à la recherche d’humains prodigieux, cachés au beau milieu de milliers de leurs congénères. Le clan italien semblait figé. Athenodora suggéra pourtant d’imiter les roumains durant leur règne, qui avaient misé sur la force brutale plutôt que sur les dons psychiques. Mais la simple mention de Stefan et Vladimir, après avoir vu leur petit sourire suffisant dans la clairière au moment de leur retraite, ne fit qu’accentuer leur frustration.

C’est donc dans un calme olympien, et une atmosphère tendue, que la belle allemande mit les pieds dans la salle aux trônes souterraine, les rois ayant préféré abandonner celle située sous la verrière, se renfermant dans les ténèbres de Volterra. Elle fit entrer la petite troupe d’humains qu’elle avait soigneusement choisi, dans l’espoir de rendre le repas plus convivial. Elle avait sélectionné un groupe de touristes en provenance du Royaume-Uni, qui était convaincu d’avoir gagné une visite inédite d’une prison secrète étrangère, sans savoir dans quel pays elle se trouvait. Parmi eux se trouvait un jeune homme de petite taille, ne dépassant pas le mètre soixante, qui avait le regard vide et perdu, comme s’il avait perdu goût à la vie, suivant les autres avec un air profondément déprimé, vêtu de manière désuète mais élégante, ressemblant à un aristocrate britannique. Il ne semblait même pas comprendre ce qu’il faisait là, perdu dans ses pensées, détaché du sort qui allait bientôt s’abattre sur lui et ceux qui l’accompagnait.

Les Volturi jaugeaient leurs proies pour choisir celle qui leur servirait de déjeuner, voulant se nourrir au plus vite pour repartir se morfondre ailleurs dans la forteresse. Et c’est là qu’elle le vit. Elle fut la première à l’apercevoir, attirée par son air égaré. Corin fut envahie par un océan d’émotions indescriptible pour quelqu’un qui ne l’avait jamais vécu, et qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant. Un instinct primaire et violent lui broya les entrailles, lui intimant de s’emparer de l’humain. Mais pas pour en faire son repas. Non, il lui dictait de retirer ce mortel de cette pièce avant qu’il ne soit trop tard. Lentement, la gardienne des souveraines comprit ce que cela signifiait, et s’avança vers lui, frôlant les autres humains sans se soucier de leurs supplications, alors que le festin avait commencé. Elle croisa le regard du jeune homme, qui passa de l’égarement à la curiosité, éprouvant enfin un intérêt pour quelque chose, mais il était également possible qu’il soit légèrement atteint par le don de contentement addictif de Corin, lui permettant peut-être d’apaiser les éventuels maux dont souffrait l’humain. Elle vit du coin de l’œil Renata tenter de l’attraper mais la garde fut plus rapide, l’envoyant valser contre un mur malgré le bouclier de répulsion de la maltaise.

L’humain, qui était absorbé par la scène de deux femmes à la beauté irréelle se battant sous ses yeux, et même pour lui, en oublia le reste, ne voyant pas le carnage qui s’animait autour de lui. Et qui se termina bien vite d’ailleurs, certains étaient déjà partis sans même prêter attention aux querelles des deux immortelles, tandis que les autres finissaient seulement leur dîner. C’est là qu’ils remarquèrent la posture défensive de Corin, qui faisait barrage de son corps pour protéger le rouquin, tandis que Renata s’extirpait du mur où l’on voyait sa silhouette incrustée dedans. Même les souveraines ne purent approcher leur gardienne qui grognait sur tous ceux qui tentaient de faire un pas dans sa direction. Aro échangea un regard avec Marcus, s’empara de sa main pour étudier ses pensées et ce qu’il avait senti à travers son don d’identification relationnelle, et comprit aisément ce qu’il se passait.

- Eh bien… c’est intéressant, souffla-t-il en ordonnant aux autres de reculer pour ne pas attiser la méfiance de Corin. Nous manquions de nouvelles réjouissantes dernièrement !

Le roi télépathe ne pouvait laisser quelque chose arriver à cet humain. Ils allaient devoir le transformer, très rapidement, pour ne pas risquer d’affaiblir Corin s’il venait à être attaqué par d’autres gardes. Il en allait de la sécurité de sa douce Sulpicia, ainsi bien entendu de celle d’Athenodora. Si leur garde la plus dévouée venait à en perdre le mortel, comme Charmion avait failli perdre Afton par le passé, qui pourrait les protéger avec autant d’efficacité et de dévotion ? Il savait d’autant plus qu’elles ne voudraient pas d’une autre gardienne, elles étaient trop attachées à Corin, indépendamment de son don, pour se passer d’elles. Elles appréciaient bien trop sa compagnie lors de discussions autour d’une tasse de sang, ou quand Corin leur donnait honnêtement son avis sur leurs nouvelles créations vestimentaires.

- Il nous faut le transformer, déclara-t-il à haute voix. La protection de nos compagnes dépend désormais de ce jeune homme, nous ne pouvons risquer de le perdre… ajouta-t-il en échangea un regard avec Caïus qui approuva immédiatement.

- Je pense qu’il est trop tôt, intervint Sulpicia qui n’avait jamais peur de contredire son compagnon, n’ayant pas oublié l’affront de Jane envers Corin dans les jardins. On devrait lui inculquer les bases de notre mode de vie. Un nouveau-né instable ne ferait que rendre notre règne encore plus précaire…

Athenodora se rangea de l’avis de celle qu’elle considérait comme sa sœur, se soutenant régulièrement pour pouvoir tenir tête à leurs maris quand ils décidaient de s’entêter dans quelque chose. Elles ne voulaient pas risquer que cela fasse du tort à celle qui leur tenait compagnie depuis tant d’années. Une transformation précipitée risquait de faire de l’humain un nouveau vampire incontrôlable, et Corin deviendrait alors trop préoccupé par son compagnon pour penser à autre chose. Mais Aro n’était pas prêt à faire des concessions sur ce point, se rappelant en permanence la vision d’Alice. Le clan devait être renforcé, et non affaibli.

Mais il accorda à Derren le reste de la journée et la nuit qui suivit pour lui enseigner le strict minimum. Il insista sur le rôle des vampires dans la chaîne alimentaire, puis sur l’importance qu’il représentait pour eux, pour leurs reines, pour Corin. Il reproduisit le même schéma qu’avec les jumeaux après leur mutation, offrant au mortel de nombreux privilèges avant qu’il ne soit transformé, ne se souciant même pas de savoir s’il avait un don, seul la sécurité de Sulpicia et Athenodora importait pour Aro. Il promit au jeune homme d’être légal de sa compagne, ce que Chelsea peinait encore à obtenir pour Afton qui n’était pas respecté à sa juste valeur par les maîtres, qu’il serait chargé avec sa compagne de la protection de ses nouvelles maîtresses, convaincu qu’ils feraient un merveilleux duo, leur permettant de passer leur éternité à travailler ensemble sans jamais être missionné en-dehors du château, tant que les reines n’avaient pas besoin de se déplacer. Le but était autant de convaincre Derren à accepter de devenir un vampire, qu’à rassurer Corin sur l’importance de son compagnon qui ne serait pas négligé, promettant au rouquin que peu auraient le droit de lui donner des ordres. Un détail qui contraria Demetri qui n’avait pas non plus oublié les débuts de Jane et Alec. Aro avait bien insisté sur le fait que jamais un humain n’était ressorti vivant de leur festin, aucun n’avait été transformé. Cela prouvait à quel point Derren était spécial, qu’il était bien au-dessus des autres humains, et que bientôt, il serait un vampire tout aussi exceptionnel. Aro savait comment flatter et convaincre quelqu’un de faire une chose à laquelle il n’aurait jamais pensé. Corin, qui était à ses côtés depuis le début, dévorant des yeux le mortel, sentant néanmoins que la situation lui échappait, voyant son compagnon se laisser séduire par les paroles d’Aro, n’ayant plus du tout cet air égaré au visage, comme si le souverain télépathe avait réveillé quelque chose chez lui, alimenté par le don de contentement de Corin qui l’avait pourtant maintenu à distance pour ne pas l’influencer. Aro voulait Derren, il n’aurait reculé devant rien pour parvenir à ses fins. Et après de longues heures d’entretien, en compagnie de Caïus également qui voulait s’assurer que la sécurité de son épouse ne serait pas inquiété, rendant cet instant encore plus unique car il ne s’occupait jamais de ce genre de choses en temps normal, l’inévitable arriva. Une fois que Derren fut totalement hypnotisé par les promesses d’Aro, recevant sûrement plus qu’il n’avait jamais eu de sa vie humaine, ce qui devait aussi jouer dans la balance, le roi télépathe le transforma directement dans son bureau. Le hurlement de souffrance du rouquin face aux ravages du venin se répercuta dans tous les recoins de la forteresse, sans se soucier d’un réveil mouvementé chez le jeune homme. Lentement, Aro apprenait de ses erreurs, mais il finissait par en faire d’autres tout aussi périlleuses.

Et exactement comme on pouvait s’y attendre, le réveil de Derren fut chaotique. Il n’était plus le jeune homme calme, discret et détaché, il était devenu un nouveau-né incontrôlable, mais surtout arrogant, persuadé d’être supérieur aux autres, grâce à l’endoctrinement rapide mais efficace d’Aro en seulement quelques heures. Le traqueur qui était toujours le premier témoin de la moindre chose qui se passaient dans l’ombre grâce à son hyper sensorialité, était désespéré de constater qu’il était entouré de guerriers aussi redoutables, et pourtant si bêtes quand il était question de grandes décisions. Parfois il se demandait par quel miracle les Volturi pouvaient encore être debout, c’était presque surprenant qu’ils n’aient pas été renversés avant ce conflit avec les Cullen. Lui qui était d’ordinaire si envieux quand un Volturi trouvait son âme-sœur, quand il voyait le résultat avec Derren, il était presque rassuré de ne pas vivre la même chose avec sa compagne, qu’il attendait pourtant toujours avec autant d’impatience, ne comprenant pas pourquoi les autres gardes trouvaient lentement leurs compagnons, sauf lui. Néanmoins, personne ne pourrait contester qu’il était l’un des vampires les plus patients et les plus tolérants de leur monde, surtout quand il se savait entouré d’immortels qui étaient trop absorbés par leurs ambitions pour prendre le temps de la réflexion.

De ses appartements qui étaient les plus éloignés, et qui avaient été insonorisés au fil des siècles pour son confort, il entendit le vacarme que faisait Derren, et qui lui cassait les oreilles. Apparemment, Corin avait jugé bon d’amener un humain au jeune vampire pour qu’il puisse étancher sa soif sans le faire patienter. Le traqueur n’eut aucun mal à percevoir l’effroyable craquement qui s’ensuivit ainsi qu’un hurlement de souffrance et de terreur de sa proie qu’il avait déchiqueté sur le coup, éclaboussant de sang les murs de la salle dans laquelle il s’était réveillé, suivi d’un rire sinistre qui fit frissonner le spartiate.

- Calme-toi Derren… tenta d’intervenir Corin qui n’était pas habituée aux vampires remuants, ses journées auprès des reines étant toujours paisibles et joyeuses.

- Ne me touche pas ! Grogna le nouveau-né, provoquant chez sa compagne une peine que ressentit Demetri qui s’était insinué dans sa signature mentale, s’accrochant à son odeur qui exprimait sa souffrance.

Bon sang, Demetri espérait ne jamais vivre un moment pareil avec sa compagne. Il entendit le jeune vampire prendre l’ascendant sur la gardienne, usant de sa nouvelle force pour la repousser et se précipiter dans le couloir. Un soupir échappa au blond, une fois encore il allait devoir faire le ménage derrière les bêtises d’Aro, qui comptait comme bien souvent sur l’expérience du traqueur pour gérer les conflits au sein de la garde. Mais pas aujourd’hui, non Demetri décida de prendre un jour de congé, pour la première fois depuis qu’il était chez les Volturi, afin de les laisser se débrouiller, espérant qu’ils finissent par apprendre à gérer des problèmes sans qu’il n’ait besoin d’intervenir.

Au final, ce petit congé dura quelques semaines de plus. Il honora ses responsabilités de commandant des armées d’Aro, refusant de la laisser aux mains de Jane alors qu’elle n’avait pas la moitié de ses aptitudes au combat ou en stratégie militaire. Mais pour le reste, Demetri se la couler douce, écoutant d’une oreille distraite les malheurs de chacun, dont Corin, qui ne parvenait pas à approcher son compagnon, la repoussant à la première occasion. Désemparée, devant en plus continuer de veiller sur ses maîtresses, l’immortelle ne savait plus quoi faire, et finit par aller toquer à la porte du seul qui pourrait l’aider de manière efficace, tambourinant à la porte du traqueur. Il n’esquissa pas un geste pour manifester sa présence, mais rien ne découragea Corin qui grognait de l’autre côté.

- Ouvre cette foutue porte Demetri, je sais que tu es là, je t’entends lever les yeux au ciel ! Pesta la gardienne en se mettant à donner des coups de pieds pour faire plus de bruit, sachant combien le traqueur y était sensible.

Sa ruse fonctionna, car le blond ouvrit la porte à la volée, et esquiva à la dernière minute un coup de poing qui était destiné à atterrir sur la porte.

- Je suis en congé, répliqua le traqueur qui s’était mis à apprécier cette petite tranquillité. Cesse d’agresser mes sens ou les reines devront se trouver une nouvelle protectrice.

- Et depuis quand tu te soucies de tes congés ?

- Depuis que je suis entouré d’une bande d’imbéciles et que j’ai réalisé à quel point ils étaient irrécupérables. Va falloir apprendre à vous passer de moi pour régler des conflits mineurs.

- Mineurs ? Je suis rejetée par mon compagnon Demetri !

- Le coupable est le même qu’à chaque fois. Va donc te plaindre à Aro qui ne m’écoute toujours pas et qui s’étonne toujours quand il réalise que j’ai raison.

- Tu oserais redire ça devant Jane ?

- Je n’ai pas à m’occuper des histoires des autres, quand moi, je dois m’accoutumer de l’absence persistante de ma compagne.

- Je te signale que j’ai respecté ton intimité quand d’autres auraient fracassé ta porte sans attendre que tu daignes bouger ton séant préhistorique, fit Corin en ignorant sa remarque.

Demetri lui accorda un regard des plus sombres, qui en disait long sur son agacement, et fit un pas en arrière pour refermer l’accès à ses appartements, mais l’immortelle italienne fut plus rapide, se doutant que le traqueur chercherait à battre en retraite, mettant son pied dans l’embrasure.

- Je t’en prie ! Derren a commencé à manifester des signes de don depuis quelques jours. Il est… il est effroyable… encore pire que celui d’Alec.

- Oh vraiment ? Souleva le spartiate qui avait du mal à croire une chose pareille, mais il était tellement peu impliqué dans le clan dernièrement que si Corin ou la garde avaient paniqué, il n’avait rien entendu.

- Il… c’est l’exact opposé du mien Demetri. Il ne génère aucun bonheur, aucune satisfaction…

- Tant mieux. Ce n’est pas parce que tu provoques une illusion de contentement que ton don n’est pas épouvantable. Ce n’est qu’un mensonge de plus. Les reines en sont peut-être satisfaites, mais il demeure aussi horrible que les autres.

- Tu préfères rester perdu dans le vide ?

- Quoi ? Réagit instantanément le traqueur qui était sensible à ce concept depuis que le néant hispanique lui avait échappé.

- Ce n’est pas une simple privation sensorielle comme peut le faire Alec où tu ne ressens rien… non, en fait tu ressens beaucoup de choses.

- Dans ce cas, ce n’est pas un vide si tu peux ressentir quelque chose.

- Derren provoque une sorte de privation émotionnelle, la seule chose qu’il te reste, c’est le désespoir… il fait remonter tes pires souvenirs, tes pires craintes, les doutes qui t’habitent… il te plonge dans tes propres ténèbres, sans pouvoir t’en libérer…

- Aro doit être enchanté d’avoir pu se dégoter un nouveau don, souleva Demetri qui imaginait bien son sourire euphorique.

- Derren était incontrôlable, Aro a voulu le contraindre à obéir, il ne s’attendait pas à ce qu’il riposte, il s’est pris son don de plein fouet. Plus personne ne veut l’approcher, même les jumeaux n’arrivent pas à le canaliser avec leurs pouvoirs, dès qu’ils cessent d’y avoir recours, Derren plonge dans une colère encore plus noire et dévastatrice…

- C’est ce qui arrive quand on précipite une transformation sans prendre le temps de préparer le nouveau vampire. Et Aro le sait, des transformations désastreuses, il y en a eu bien d’autres avant ton compagnon, et pourtant il a réitéré, trop angoissé par cette histoire de vision ridicule.

- Il faut que tu interviennes, si personne ne fait rien, ça risque de durer encore des mois, et je ne veux pas passer tout ce temps à fuir mon compagnon.

- Oh crois-moi, tu ne veux pas que je m’en mêle, parce que je ne fais pas parti de ceux qui le ménageront sous prétexte qu’il sera dévoué aux reines. Bien au contraire, un garde royal qui ne sait pas se comporter convenablement, je peux te garantir qu’il va déguster tant qu’il ne sera pas rentré dans le rang.

- Je sais, grimaça Corin. Mais s’il s’agit de la seule façon de le contraindre, tu as carte blanche.

- Tu ne t’interposeras pas si je m’approche ?

- Non.

Dubitatif, le traqueur finit par se résigner en soupirant, s’il n’acceptait pas, l’italienne serait capable de rester plantée dans le couloir jusqu’à ce qu’il bouge, voire être rejointe par d’autres gardes qui viendraient tambouriner à sa porte, et il n’aurait pas la paix. Il n’eut même pas besoin de suivre l’odeur de l’empreinte laissée par Derren, juste à suivre les plaintes et grognements émanant d’une des nombreuses salles d’entraînement, et y pénétra pour voir un funeste spectacle. Félix, qui remplaçait Demetri quand il ne pouvait pas assurer ses fonctions à cause de missions, prenait sa relève en veillant sur la garde, avait sûrement tenté d’apprendre au roux à se battre. Or le colosse était genoux à terre, le regard vague et inexpressif, sous le sourire arrogant du jeune vampire.

- Aro a dit qu’il ne fallait pas m’endommager pour ne pas compromettre la sécurité des reines, recommence et je t’arrache la tête, avait-il sifflé sournoisement au français qui n’était plus en mesure de répondre.

L’attitude du jeune vampire fit craquer Demetri qui comprenait lentement l’ampleur de la situation, refusant de laisser son meilleur ami dans une si mauvaise posture. Ses congés étaient officiellement terminés, il était temps de reprendre les choses en main. Il apparut derrière le jeune vampire pour l’attraper par la gorge et le déconcentrer, ce qui libéra Félix de son don, bien qu’il reste au sol, encore marqué par ce qu’il venait de vivre. Le rouquin se débattit mais le traqueur ne se laissa pas impressionner par sa nouvelle force, le plaquant violemment au sol pour lui écraser la tête dans le marbre.

- Ça suffit, trancha-t-il d’un ton glacial.

- Tu crois que je vais te laisser me donner des ordres traqueur ? Ricana Derren.

La suite se passa en une fraction de seconde. De nature impassible et inébranlable, Demetri fut parcouru par un frisson glacé que même les pouvoirs des jumeaux n’avaient pu lui procurer. Quelque chose de sournois s’insinuait dans son esprit, quelque chose d’invisible le submergea, avant d’attaquer sans prévenir. Le monde et la vision du spartiate basculèrent et sombrèrent loin dans son subconscient. Il n’y avait plus de Volterra, plus de forteresse, plus de Volturi, même Derren avait disparu, il n’y avait plus rien. Un gouffre s’ouvrit sous Demetri, une brèche qui semblait ne pas avoir de fond. Une obscurité pesante s’étira dans son esprit, tordant ses pensées, et noyant toute certitude, tout espoir sous une vague de détresse infinie. Une douleur illusoire s’installa à l’intérieur du traqueur, qui était convaincu qu’elle était réelle, oppressé par un poids qui l’écrasait et le maintenait au sol. A genoux sur le sol marbré de la salle, Demetri chercha inutilement à reprendre son souffle sous le flot de souvenirs qui remontaient à la surface. Les siècles qu’il traversait dans cette solitude, ne parvenant pas à trouver la compagne qui lui était destiné, ravivant de plus belle sa frustration de ne pas pouvoir être heureux. Il se revoyait à Castelul Bran en train de chercher la dépouille de Didyme sans jamais parvenir à mettre la main dessus. Il avait presque oublié la disparition de son ancienne maîtresse, pourtant revoir son visage si doux et souriant fit remonter une vague de culpabilité et d’amertume. Son échec d’avoir laissé Aznar s’échapper après l’avoir eu entre ses mains à plusieurs reprises, cette erreur lui coûterait cher un jour, et il ne put que ressasser davantage sur la fuite de l’espagnol. Mais le pire souvenir de tous fut le regard brisé d’Amun, anéanti de voir l’humain qu’il avait formé le quitter pour un autre clan. L’existence même de Demetri avait traversé trop de siècles dans l’ennui et la solitude pour le laisser indemne, elle en devenait presque insignifiante. 

A quoi bon continuer à lutter ? A quoi servait cette éternité qui lui avait été accordée quand la routine avait pris le dessus sur le reste, où même les plaisirs simples de la traque et de la chasse ne lui apportaient plus de satisfaction ? Il avait beau créer des liens avec les Volturi depuis l’arrivée de Félix, des liens bien réels et non forcés par un don, Demetri demeurait distant, il vivait depuis trop longtemps pour être naïf. Même pour un vampire les attaches demeuraient éphémères et finissaient par se briser tôt ou tard. Pourquoi résister ? Peut-être devrait-il cesser de se battre et accepter que sa présence sur terre n’avait plus aucun sens, il était temps de partir…

La tête de Demetri vacilla légèrement vers l’avant, se pliant sous cette vague d’abandon, prêt à se laisser aller, quand un murmure résonna dans sa tête. Son propre murmure. Son instinct cherchait à l’atteindre pour le sortir de cette transe, le forçant à se rappeler qui il était. Un traqueur. Un soldat. Un commandant. Un Volturi… il sentit le fil invisible de son don malgré le chaos mental qu’il subissait. Le lien qui l’unissait au britannique était tenu, mais il était bien là, presque palpable sous cette vague de désespoir. Ce bref instant de lucidité lui permit de demeurer en alerte, et s’y accrocha de toutes ses forces. Un grognement animal lui échappa alors qu’il parvenait à briser l’étreinte invisible de Derren. Demetri se propulsa en avant par réflexe, et heurta de plein fouet le nouveau-né qui se fit surprendre, tomba à nouveau en arrière. Son emprise mentale s’évapora pour de bon, laissant un vide vertigineux que le traqueur tenta d’ignorer pour bloquer le rouquin au sol, lui éclatant violemment le crâne contre le sol.

- J’ai dit, ça suffit, je suis ton commandant. Tu obéis, lui ordonna froidement le spartiate.

Derren ne souriait plus, grognant à son tour sans parvenir à se défaire de la prise ferme du blond tandis que Corin assistait à toute la scène avec détresse. Elle aurait aimé que les choses se passent autrement, mais cette scène de domination était nécessaire pour faire entrer Derren dans le rang sans menacer la sécurité de tout le clan, y compris la sienne. Quant au traqueur, son regard carmin brûlait sous cette rage qu’il ressentait rarement, influencé par les souvenirs imposés par le don du jeune vampire. Il perdait rarement patience, mais ce nouveau-né avait besoin d’être secoué pour qu’il apprenne la leçon. Et Demetri s’assurerait qu’il la retiendrait.

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