Un coup de feu retentit juste derrière moi, il me fit sursauter. Le bruit perça l'air froid de la matinée, augmentant ma panique. Prise de panique je me mis à courir, je ne me retournai pas. Je courus à travers les arbres, mon souffle court, mes jambes brûlantes. La forêt, sombre et humide, semblait se refermer autour de moi. La lumière du jour filtrait à peine à travers le feuillage, et l'ombre m'enveloppait de plus en plus à chaque pas.
…
Aujourd'hui, ma classe et moi, devons enfin partir en voyage à New York ! C'est de l'autre côté de la planète, et cela fait un an que les profs nous en parlent. Nous partons enfin ! Tout le monde est excité, et les rires se mélangent aux conversations frénétiques alors que nous montons dans le bus. Un bus de luxe, rien que ça : deux étages, des sièges spacieux où l'on peut même s'allonger, et un confort bien plus grand que ce à quoi nous étions habitués. Les profs ont tué le budget cette année. Ce bus doit nous amener à l'aéroport, et il nous faudra huit heures de trajet pour arriver à Paris. Huit heures pendant lesquelles j'espère me reposer avant notre arrivée.
La nuit tombe. Les rires et les bavardages, sont devenus silence. La plupart des élèves sont déjà plongés dans un sommeil profond, mais moi, je n'arrive pas à fermer l'œil. Je regarde à travers la fenêtre, observant l'autoroute qui défile sous mes yeux, une étendue grise sans fin. J'observe les étoiles scintiller dans un ciel dégagé. C'est alors que je remarque un bruit étrange, un clic suivi d'un léger jet de vapeur. Puis...
...
Je me réveille, désorientée. Je suis par terre, dans une salle de classe. Les tables, carrées et bien alignées, sont espacées d'environ un mètre. Les murs autour de moi semblent vieux et moisis, l'air est lourd et froid. Je touche mes vêtements, ce ne sont plus les mêmes. Je porte un uniforme bleu nuit avec une cravate rouge à rayures bleues et une chemise blanche impeccable. Je suis aussi étonnée que déconcertée. Mes camarades sont là, eux aussi habillés de la même façon : les garçons en pantalon, les filles en jupe. Leurs expressions sont figées, leurs regards vides. Les filles ont les yeux bouffis, pleins de terreur. Les garçons, eux, semblent plus inexpressifs, mais une certaine peur palpable, se cache dans leurs yeux. Que se passe-t-il ici ? Pourquoi sommes-nous ici ? Je sens la peur monter en moi.
Je cherche Lyanna et Alexy, du regard, mais ils sont comme les autres.
Une angoisse froide envahit mon corp, des frissons traversent ma peau. Je n'arrive pas à me faire une idée claire de la situation. Trois bureaux sont vides. Je me dirige vers l'un d'eux, m'assois, puis j'essaie d'attirer l'attention d'Alexy. Mais il ne bouge pas. Je tente de lui faire signe, sans succès.
Soudain, la porte s'ouvre.
- Bien, maintenant que mademoiselle Swan est levée, nous pouvons commencer.
Tous les regards se tournent vers l'homme qui vient d'entrer. Je ne l'ai jamais vu auparavant. Il dépasse facilement le mètre quatre-vingt-dix, avec une taille fine mais athlétique. Il porte un survêtement noir et blanc, et son âge est difficile à évaluer, mais il ne doit pas avoir plus de cinquante ans. Mais ce qui me frappe le plus, c'est la manière dont il me regarde, et comment il connaît mon nom ?
- Vous vous demandez probablement pourquoi vous êtes ici, mais sachez que toutes ces questions sont... inutiles. Il marqua une pause avant de continuer, un sourire presque sadique sur les lèvres. "Demandez-vous plutôt ce que vous allez faire, et pourquoi ? La réponse est simple. Mais je ne vous dirai rien. Vous allez avoir un petit coup de pouce. Vous recevrez une carte de l'île sur laquelle vous vous trouvez, ainsi qu'un sac à dos contenant un sac de couchage, une lampe torche et... une arme. Chaque arme sera différente. Pour certains, ça sera un fusil. Pour d'autres, peut-être un cure dent. La chance décidera.
Il laissa un instant de silence, observant nos réactions. Puis regarda sa montre.
- Dans exactement 14 minutes, une sonnerie retentira. Ce sera le signal qui marquera le début du jeu. Mais avant cela, je vais vous expliquer les règles. Elles sont simples...
Il marqua une pause, laissant à chacun de nous le temps de prendre un sac. L'homme, malgré l'atmosphère pesante, semblait étrangement excité, comme s'il attendait ce moment avec impatience. Je balaye la pièce du regard, essayant de repérer mes camarades.
Chloé, l'air dévastée et son maquillage dégoulinant sur ses joues, attire mon attention. Cela ne lui ressemble pas. Je scrute son visage marqué par la peur. Où sont ses amies, les insupportables Charlotte et Lian ? Je cherche autour de moi et les aperçois, allongées par terre. Inanimées. Morte. Du sang tout autour d’elle. Le souffle me manque. Je me force à ne pas vomir. Ces images, ces corps sans vie, m'envahissent. C'est peut-être pour ça qu'il reste encore deux bureaux vide ?
Je réfléchis et cherche des indices autour de moi, je gigote un peu sur ma chaise tandis que les autres sont calmes et effrayés. Étrangement je ne le suis pas tant que ça, en revanche je suis curieuse. Pourquoi sommes-nous tous ici ? Pourquoi sont-elles mortes ?
Je remarque alors deux visages inconnus. Deux élèves qui ne sont pas de notre classe. L'un a les cheveux rouges, l'autre noirs. Ils sont tous les deux rigoureusement semblable, grand svelte et une beauté diabolique. Le garçon aux cheveux rouges me semble familier. Un sentiment étrange, comme une impression de déjà vue, un souvenir enfoui, mais je ne parviens pas à remettre un nom dessus. Ils portent des uniformes déchirés, les manches maculées de sang, les bras et jambes marqués de coupures. Ils ont l'air d'avoir traversé bien des épreuves, et je me demande qui ils sont.
L'un d'eux tourne soudain son regard vers moi. Je sursaute. Son regard est glacial, menaçant. Il me sourit, un sourire qui semble dire : "Fais attention à toi, ou tu ne feras pas long feu." Je détourne les yeux, mais l'angoisse me serre le ventre. L'homme reprend, pour l'instant, je préfère me concentrer sur ce que l'homme dit.
- Ah, et j'ai oublié de vous dire quelque chose." Son regard devient plus intense, presque amusé. "À l'arrière de la salle, vous voyez ces deux-là ? À droite, Cassian Fox. Et à gauche, Adrian Johnson. Ce sont nos deux derniers vainqueurs. Maintenant, vous connaissez tous les participants. Pour les règles, c'est simple. Règle numéro un : survivre. Règle numéro deux : ne pas essayer de fuir, ou vous mourrez. Règle numéro trois : tuez. Vous êtes trente, mais à la fin, il n'en restera qu'un. Oh et s'il vous plaît ne commencez à tuer qu'à l'extérieur de l'enceinte de l'école, mais n'y rester pas trop longtemps ou vous mourrez. Si dans une heure vous y êtes encore on vous tuera.
Je suis paralysée. Comment ? Tuer ? Non, ce n'est pas possible. Il doit plaisanter. C'est juste une manière de parler, non ? Je sens la panique monter, mes pensées se bousculent. Comment allons-nous faire ça ? Je scrute les visages autour de moi. La terreur est palpable. Certains pleurent. D'autres sont figés dans l'angoisse, sans savoir quoi faire. Je jette un regard furtif à Cassian et Adrian. Mais oui, c'est lui, Cassian, je me souviens maintenant. Un ancien élève de Bellerive, porté disparu il y a deux ans, et là il est... ici. Tout cela me revient. Nous étions ensemble un temps, un court temps. Comment ai-je pu oublier ? Mais son regard aujourd'hui... froid, distant, presque… inhumain. Ma main se porta à mon poigné opposé et serre un bracelet. Un bracelet chargé de souvenir. Rassurant.
Il est là, tout comme nous, dans ce jeu. Alors, si lui est là, cela signifie que nous aussi, nous avons disparu. Nos familles, nos amis, tous ceux qui nous aiment, ils vont paniquer en ne nous voyant pas revenir. Et nous, nous serons là, coincés dans ce jeu insensé. Voir... Mort. Un frisson glacé parcourt mon corps.
La porte s'ouvre brusquement. La sonnerie retentit, stridente.
- Que le jeu commence.