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Ninas5382
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Chapitre 12 ~ Instinct

PDV NINA

La lumière de l'aube filtrait à travers les planches disjointes de la fenêtre, teintant la pièce d'un éclat doré presque irréel. L'espace d'un instant, j'oubliai où on était. Juste un instant.

Puis le froid dans mon dos, les courbatures, et cette sensation d'alerte constante me ramenèrent à la réalité.

Je m'étais réveillée en sursaut. Encore. La gorge sèche, le cœur battant à tout rompre. Mes yeux fouillaient l'ombre à la recherche d'un danger, même imaginaire.

À côté de moi, Alexy remuait dans son sommeil. Il avait réussi à dormir tard, accablé par la fatigue, et je n'osais pas le réveiller. Il paraissait si vulnérable ainsi, recroquevillé, les bras serrés contre lui, comme s'il voulait disparaître. Quelque part je l'enviais.

— T'es encore en train de veiller ? chuchotai-je.

Pas de réponse.

Mais ce n'était pas à lui que je parlais.

Dans le coin opposé, assis contre le mur, Nathan ne bougeait pas. Le dos droit, les yeux rivés vers l'entrée. Son couteau dans la main. Toujours.

— Tu devrais dormir un peu, dis-je doucement.

Il répondit d'un simple regard. Pas froid. Pas distant. Juste... lucide.

— Je dormirais quand vous serez tous morts. Répliqua-t-il.

Alexy venait d'ouvrir un œil, le visage à moitié enfoncé dans son sweat.

— Charmant, Nathan... J'ai toujours rêvé d'un garde du corps qui me surveille la nuit avec un air de tueur en série.

— Je suis pas ton garde du corps, répliqua Nathan sans même tourner la tête.

— Bon, ok. Mon acolyte parano alors. Ça te va mieux ?

Je souris malgré moi. Cette légèreté d'Alexy, même teintée de fatigue et de peur, était devenue une bouée dans ce chaos. Il parlait pour évacuer la tension, pour nous faire croire que tout allait bien, juste un peu. Et ça marchait. Un peu.

Mais ce bref instant de calme fut brisé net.

Un bruit. Un pas. Non... plusieurs. Lointains, précipités. Quelqu'un courait.

Alexy se redressa d'un bond, les yeux écarquillés.

— C'était quoi ça ?!

Nathan s'était déjà levé. Silencieux. Rapide. Son couteau levé, il se plaça devant l'ouverture de la porte. Un mur entre nous et l'inconnu.

— On a été repérés ? soufflai-je.

Alexy se rapprocha de moi, instinctivement. Son regard cherchait une issue, un coin où se cacher, une chance de s'en sortir.

— Merde... j'vous jure que si on doit se battre, je veux pas mourir avec ma tête du matin, marmonna-t-il.

Une silhouette apparut soudain dans l'encadrement.

Essoufflée. Sale. Amaigrie. Mais familière.

— Louis ? dis-je, incrédule.

Nathan ne bougea pas. Le couteau prêt à frapper. Prêt à tuer.

Louis leva les mains.

— Hé, c'est moi ! Nina, Alexy, Nathan... j'vous jure, c'est moi !

Alexy se redressa à moitié.

— Putain... Louis ?!

Mais Nathan n'était pas convaincu. Il le scrutait sans cligner des yeux, à l'affût du moindre geste suspect.

— Je me suis planqué quand tout a dégénéré, dit Louis, haletant. J'ai entendu vos voix hier soir. J'ai attendu. Je voulais pas débarquer et me faire égorger en croyant que vous étiez hostiles...

— On l'est peut-être, lança Nathan.

Alexy roula des yeux.

— Super ambiance. Allez, fais-lui au moins vider son sac, qu'on soit sûrs.

Louis acquiesça, lentement. Il s'agenouilla, ouvrit son sac. Une bouteille d'eau presque vide. Pas d'arme visible.

Mais Nathan ne le quittait pas des yeux.

Moi non plus. Quelque chose sonnait faux. Ses gestes étaient lents... mais trop maîtrisés. Comme s'il jouait un rôle. Comme s'il mesurait chaque mot, chaque expression.

— Vous pouvez me faire confiance. On se connaît, merde ! On était dans la même classe. Vous vous souvenez ?

— Je me souviens, répondit Nathan.
Mais c'est justement pour ça que je me méfie.

Louis poussa un soupir. Il avait l'air à bout.

— J'peux boire ?

Il tendit la main vers le sac. Trop vite.

— Attends... commença Alexy.

Mais c'était trop tard.

Sa main jaillit. Un éclair métallique. Un revolver.

— J'ai dit que je resterai pas longtemps, souffla-t-il.

Et il pointa l'arme vers Nathan.

Tout explosa dans ma tête.

Mon corps bougea sans que j'y pense. Ma main glissa dans ma manche, sortit le petit couteau planqué là depuis le massacre. Un réflexe.

Je le lançai sans réfléchir.

Le couteau fusa... et se planta dans la cuisse de Louis.

Il hurla, lâcha l'arme, s'écroula au sol.

— AAAH PUTAIN !

Nathan réagit aussitôt. Il envoya un coup de pied dans les côtes de Louis, le faisant rouler plus loin. Puis il récupéra l'arme et la pointa droit sur lui.

Alexy s'était plaqué contre le mur, haletant.

— C'est une blague ?! Il allait vraiment nous flinguer ?

— J'crois qu'on a notre réponse, répondis-je, les jambes tremblantes.

Louis gémissait, recroquevillé au sol, les mains pleines de sang.

— Vous pigez rien... Vous êtes trop naïfs. C'est chacun pour soi ici. Faut pas croire qu'on peut jouer les gentils et survivre.

Nathan arma le pistolet. Un clic sec. Il allait tirer.

Je me levai d'un bond.

— Non !

Je me plaçai entre eux. Les mains levées.

— Ne le tue pas.

Nathan plissa les yeux.

— Il t'a menacée. Il m'a visé. Il mérite de crever.

— Peut-être. Mais c'est pas à nous de devenir comme lui. Pas encore...

Alexy s'avança, la voix tremblante :

— Nina a raison... Si on commence à tirer à vue, on devient juste un autre groupe de tueurs.

Un silence. Puis Nathan baissa l'arme, lentement.

— Casse-toi, Louis, lâcha-t-il. Et si je te revois, j'te louperai pas.

Louis, en sueur, se redressa tant bien que mal, boitant, et sortit sans un mot. Laissant une traîner de sang derrière lui.

Une fois seul, Alexy éclata :

— Putain mais c'était quoi ça ?! J'croyais que mon cœur allait exploser ! Nina, t'as... tu l'as planté ?!

Je baissai les yeux vers mes mains. Elles tremblaient encore.

— J'ai juste réagi... Je sais même pas comment j'ai fait. La chance sûrement ?

— Eh ben rappelle-moi de pas t'énerver, blagua Alexy en essayant de détendre l'atmosphère. Mais sérieux... t'as géré.

Nathan nous regarda, son regard un peu plus doux qu'avant.

— Tu m'as sauvé.

Je haussai les épaules. Je n'étais même pas sûre de ce que j'avais fait.

Mais une chose était claire.

On n'était plus les mêmes.

Et dans ce jeu, même les anciens camarades pouvaient être les prochains ennemis.

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