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Ninas5382
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Chapitre 15 ~ L'ombre derrière les pas

PDV INCONNU

Je quittai la maison sans un regard en arrière. Louis était mort. C'était tout ce qui comptait.

Je passai deux doigts sur la manche de ma veste, essuyant une éclaboussure rouge encore tiède, vestige d'un combat sans suspense. La chemise blanche glissait sous la veste d'uniforme, un peu froissée, tachée. Pas de capuche pour se dissimuler ici. Juste le silence et ma propre discrétion pour me fondre dans le décor.

Je resserrai la lanière de mon sac contre mon épaule. Un sac que j'avais récupéré dès le début du jeu, en même temps que les autres recevaient leurs armes de fortune, leurs kits de base. Sauf que le mien n'était pas tout à fait comme les autres.

Il portait une marque gravée discrètement sur le cuir, un symbole simple, presque invisible à l'œil non averti. Mais je le connaissais. Il m'était destiné. Ce sac contenait des rations de survie, de l'eau, un petit réchaud portatif, quelques seringues remplies de stimulants, et des pansements hémostatiques. Il y avait même un carnet à la couverture renforcée, avec un stylo à encre permanente glissé dans une fente latérale. Tout était prévu. Calculé.

Parce que je ne suis pas ici pour survivre. Pas comme eux.

Je suis ici pour observer. Pour manipuler. Si nécessaire... pour éliminer. Mais surtout la protéger elle.

Je marchai dans les bois, mes pas absorbés par l'humus. Chaque craquement de branche, chaque bruissement de feuille me parvenait avec une clarté presque douloureuse. Mes sens étaient toujours en alerte. C'était la clé : ne jamais se relâcher.

Le visage de Louis me revint brièvement. Son regard embué, ses lèvres tremblantes, cette peur panique à peine contenue. Il n'avait pas fui. Il n'avait pas crié. Il était resté là, à moitié affalé contre le mur, les jambes trop blessées pour courir, le souffle court. Il savait. Il n'a même pas essayé.

Pathétique.

Il était déjà condamné. Je n'ai fait que hâter l'inévitable.

Je repérai bientôt l'arbre. Mon repaire.

Un tronc épais, isolé entre deux collines, dont la cime dense masquait bien plus qu'elle ne laissait voir. J'y avais installé une planque rudimentaire quelques jours plus tôt. À cette hauteur, je pouvais observer sans être vu. La cachette était invisible depuis le sol. Accessible uniquement par un enchaînement de prises naturelles et de nœuds que j'étais seul à connaître.

Je grimpai avec l'agilité d'un chat. Arrivé en haut, je retrouvai ce que j'avais laissé : un coin abrité par des branches épaisses, dissimulant mon sac, une paire de jumelles, une couverture thermique, et mon carnet.

Je m'assis en tailleur, sortis le carnet, et l'ouvris à la page marquée.

Une liste. Des noms.

Tous ceux que j'ai croisés, vus, entendus.

Nina — toujours pas tuée. Protégée.

Je relus cette ligne plusieurs fois, mon stylo suspendu au-dessus du papier. Nina. Il y avait quelque chose chez elle. Ce n'était pas seulement sa manière de survivre, c'était la manière dont elle refusait de devenir comme les autres. Comme si une partie d'elle résistait encore. Pour combien de temps ?

Je notai une nouvelle remarque sous son nom : « Intéressante. Encore propre. Mais ça ne durera pas. »

Je descendis un peu plus loin dans la liste.

Cassian — imprévisible, violent, attaché à elle ?

Cassian était un mystère. Trop de haine dans son regard. Trop de sang sur ses mains. Et pourtant, il ne la tuait pas. Pourquoi ? Quel lien les unissait ? Était-ce la culpabilité ? L'amour ? Ou un jeu pervers où seul lui connaissait les règles ? Il fallait que je creuse.

Nathan — dangereux s'il se contrôle. Arme retrouvée.

Lui, c'était une bombe à retardement. Calme en apparence, mais avec cette lueur dans les yeux. Je l'avais vu protéger, puis hésiter. Capable du pire, si les conditions s'y prêtaient. Je le surveillais, mais il ne fallait pas l'éliminer trop tôt. Il pouvait encore être utile.

Alexy — pas une menace directe.

Il parlait trop. Riait trop. Mais parfois, ceux-là survivaient parce qu'on ne les prenait pas au sérieux. Pour le moment, il ne représentait aucun danger. Mais je ne devais pas le sous-estimer pour autant. La peur fait parfois faire des choses étonnantes.

Louis — éliminé.

Je rayai son nom d'un trait sec. Pas besoin d'écrire les détails. Je savais comment ça s'était passé. J'avais été rapide. Je ne pouvais pas me permettre de le laisser vivre.

Je refermai le carnet, le glissai dans la poche intérieure de ma veste, et portai une gourde à mes lèvres. L'eau était tiède, mais précieuse. Les autres n'avaient pas autant. Pas autant de vivres. Pas autant d'informations. Pas autant de chances. Ils n'avaient finalement.

Je savais que c'était injuste. Mais la justice n'avait jamais fait partie des règles de ce jeu. Depuis le début, on m'avait confié un rôle différent. Un rôle que personne ne connaissait. Pas même ceux qui pensaient diriger.

Ils croient que je suis un pion.
Mais j'ai toujours été un joueur.

Le soleil déclinait lentement à travers les feuilles, jetant des éclats dorés sur l'écorce et les rochers. Une beauté cruelle. Presque mélancolique. Ce monde pouvait encore être magnifique, même alors qu'il se décomposait de l'intérieur.

Je fixai l'horizon.

Ce n'est pas la force brute qui sauve. Ce ne sont pas les armes, ni les cris, ni les alliances bancales qu'ils forment au gré de leurs émotions.

Ce qui compte, c'est l'adaptation. L'observation. La patience.

Je l'ai appris ailleurs. Avant.

Ils pensent tous être spéciaux. Uniques. Comme si leur douleur méritait plus d'égards que celle des autres. Comme si leur peur allait les rendre invincibles.

Mais dans ce jeu, le vrai pouvoir, ce n'est pas le nombre de morts qu'on provoque. Ce n'est pas le sang qu'on verse.

C'est ceux qu'on laisse vivre.
Ceux qu'on épargne pour mieux les regarder tomber, lentement. De l'intérieur.

Et c'est ça qui rend ce jeu... fascinant.

Je laissai mon dos reposer contre le tronc. Le vent s'était levé légèrement. Dans le lointain, j'entendis un bruit de branches brisées. Quelqu'un passait, sans doute à une centaine de mètres. Trop loin pour que je voie qui. Mais je n'avais pas besoin de voir.

Pas encore.

Je restai là. Immobile. Invisible.

À observer. À attendre.

Mais l'heure n'est plus à rester immobile.

Je sais vers où ils se dirigent.

Nina. Alexy. Nathan.

Je les ai vus s'éloigner vers l'est, en bordure de la vieille zone rocheuse. Ils pensent être seuls. Ils pensent avoir un peu de répit.

Je rangeai le carnet. Refermai le sac. Et me laissai glisser le long de l'arbre, jusqu'au sol. Il était temps de quitter cette planque pour de bon.

Je me devais de les rejoindre.
Pas pour attaquer.
Pas tout de suite.
Juste... pour continuer d'observer.
Ils ne m'ont pas encore repéré. Ils ne savent pas que je les suis. Ils ne savent pas à quel point je suis présent dans le jeu. Surtout elle.

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