- Que le jeu commence.
Ces mots résonnèrent dans la salle, lourds de sens. Un frisson me parcourut alors que l'homme, celui qui semblait être le meneur de ce jeu macabre, s'éloignait lentement. Des chuchotements s'élevaient parmi les autres participants, et déjà certains se précipitaient hors de la salle, prêts à se lancer dans cette épreuve impitoyable. Adrian et Cassian étaient parmi les premiers à s'éclipser. Mon esprit était ailleurs, trop préoccupé par les conséquences à venir.
Je me retrouvai alors seule dans cette pièce, plongée dans une confusion totale. Partir ou rester ? C'était la question que je me posais. Si je partais, je risquais de me retrouver seule dans cette folie, mais si je restais, je n'étais pas certaine de ce que je trouverais. Mais si je restais trop longtemps, je finirais par mourir, sans aucune chance de vivre.
Finalement, après un instant d'hésitation, je choisis de rester. Observer, analyser, comprendre... Peut-être pouvais-je trouver un indice sur ce qui m'attendait. Mais surtout, je devais découvrir les armes des autres. Je gardais la mienne secrète pour l'instant. Tout cela allait devenir un jeu de stratégie, et je devais m'y préparer.
Le premier à m'attirer l'attention fut Chloé. Son arme... si on pouvait appeler cela une arme... était une pince à épiler. Un rictus m'échappa involontairement, malgré la situation je trouve drôle que'elle n'est que ça, mais son regard, glacial, me fit aussitôt ravaler ma moquerie. Heureusement ce n'était qu'une pince à épiler, sinon... Je n'osais imaginer la scène. Elle se mit à pleurer encore plus, se replia sur elle-même.
Nathan, son frère, se joignit à elle peu après, brandissant un Beretta. Le pistolet semi-automatique semblait disproportionné entre ses mains. L'arme était imposante, lourde, et bien trop sérieuse pour ce que j'avais vu jusqu'à présent. J'étais plutôt calée en matière d'armement, mon père est un passionné, collectionneur et militaire, j'ai eu des journées entières d'entraînements militaire avec mon père, lancer de couteaux, tir avec un fusil sur des cibles. Il voulait que je prenne la relève pour défendre notre pays. Personnellement je ne voulais pas ça, qui plus est je n'étais pas très douée, mais c'était les seuls moment père/fille auquel j'avais droit.
Plus loin, Alex, un grand type aux cheveux verts, était armé d'un couteau papillon. Il le faisait virevolter entre ses doigts avec une habileté impressionnante. C'était un couteau élégant, long, effilé, et parfaitement adapté à quelqu'un comme lui. Il avait toujours été un passionné de nature, et je trouvais que cet outil lui correspondait bien. Mais moi... j'avais de plus en plus peur. Que me réservait ce jeu ?
Finalement, je pris une décision : il était temps de quitter la pièce et de trouver un endroit où je pourrais découvrir ma propre arme en toute tranquillité. Je me précipitai à l'extérieur, le cœur battant, mon esprit embrumé par la panique. Vers la plage ? Non. La forêt. Il fallait que je m'enfonce dans la forêt. C'était l'endroit le plus sûr, ou du moins je l'espérais.
Un coup de feu retentit juste derrière moi, il me fit sursauter. Le bruit perça l'air froid de la matinée, augmentant ma panique. Prise de panique je me mit à courir, je ne me retournai pas. Je courus à travers les arbres, mon souffle court, mes jambes brûlantes. La forêt, sombre et humide, semblait se refermer autour de moi. La lumière du jour filtrait à peine à travers le feuillage, et l'ombre m'enveloppait de plus en plus à chaque pas.
Je finis par atteindre un vieux bâtiment abandonné, presque en ruines. Il semblait avoir été oublié par le temps, un vestige d'une époque révolue. Mon cœur s'emballa en m'approchant. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. Quelque chose n'allait pas ici. Mais je n'avais pas le choix. Je poussai la porte, frémissante, et montai d'un étage. Il n'y avait pas un bruit. J'étais seule, pour l'instant. Enfin, je pouvais découvrir mon arme.
Je fouillai dans mon sac. J'y trouvai un sac de couchage que je dépliai et posai au sol. Il y avait une lampe de poche à côté la carte, je la pose a côtéde moi pour la regarder plus tard. Et au fond... dix couteaux à lancer, parfaitement rangés. Une bouffée de soulagement m'envahit. Ce n'était pas l'arme la plus imposante, mais c'était une arme que je maîtrisais pas trop mal. Un sourire fugace traversa mon visage. Cela pourrait être pire, pensai-je. Pourtant, l'angoisse persista. Je pris un couteau en main, prête à toute éventualité, scrutant la porte, attendant le moindre bruit.
La nuit tomba peu après. Je décidais de rester vigilante, les couteaux à portée de main. Il fallait que je reste calme, que je garde mon sang-froid. Mais la tension dans l'air était palpable. J'avais du mal à fermer les yeux. Chaque bruit m'alertait. Je pris alors la décision de regarder un peu la carte. L'île était irrégulière, l'école se trouvait au centre, des bâtiments tout autour, une serre pas loin de la plage, il n'y a pas d'échelle donc je ne sais pas si elle est grande ou non, je crois savoir à peut près ou je me situe, mais je suis trop prêt du point de départ. Demain il faudrait que je bouge.
Alors que je commençais à cligner des yeux, sentant le soleil m'envahir doucement. La porte s'ouvrit soudainement dans un craquement terrifiant, avant de se refermer aussi brutalement. Je bondis, couteau en main, mes sens en alerte.
Une silhouette apparut, se découpant dans l'obscurité. Mon cœur rata un battement. Mais lorsque la lumière de ma lampe de poche éclaira ses traits, je poussai un soupir de soulagement. C'était Lyanna.
Elle avait un tournevis à la main. Dès qu'elle me reconnue, elle se laissa tomber dans mes bras, tremblante, les larmes aux yeux. "Dieu merci, c'est toi ! Nina !" me dit-elle, sa voix brisée par l'angoisse. Je la pris dans mes bras, essayant de la réconforter, bien que l'inquiétude me rongeât aussi.
Elle pleura pendant un long moment, s'accrochant à moi comme si j'étais la seule chose stable dans ce chaos. Je la laissai parler, absorbant ses paroles confuses, en essayant de garder mon calme. Lorsque ses sanglots se calmèrent enfin, je pris la parole.
- Lyanna... il y a déjà eu des morts, hein ?
Elle baissa les yeux, la tristesse visible sur son visage. "Oui..." dit-elle en murmurant. "Evan a été tué. Il avait cinq crayons, et c'est Déborah qui l'a tué."
Je restai figée, mon esprit cherchant à assimiler la nouvelle. Déborah. Elle était là. J'avais du mal à y croire. Mais plus encore, la peur me saisit.
- Déborah ? Elle est ici ?
- Oui... Je n'y croyais pas non plus. Elle a un pistolet. Une espèce de revolver. Et Rose... Sa voix se brisa à l'évocation du nom de Rose. Elle a été tuée aussi. Par Dakota, avec des flèches empoisonnées.
- Quel... quel connard... murmurai je, mon cœur se serrant. "Dakota, il a pris ces flèches... il est devenu fou. Un monstre.
Un silence pesant suivit ses mots. La réalité de ce que nous vivions m'écrasait peu à peu. Nous étions des survivants à présent, mais pour combien de temps ? Nous étions tous coincés dans ce jeu où la violence était la règle, et où chaque décision pouvait être fatale.
Je pris une profonde inspiration.
- Lyanna, on doit être prêtes. Ce ne sont pas que des jeux. Ce sont des vies qui sont en jeu.
Elle hocha la tête, la peur toujours présente dans ses yeux, mais aussi une détermination qui commençait à se dessiner. Nous devions nous préparer à ce qui allait suivre.
Morts : 2 | Survivants : 28
- Qu'est ce que tu en penses de tout ça ? Ce jeu ? Ce cauchemar ? Tu crois qu'ils nous laissent vraiment une chance de nous en sortir ?
Lyanna leva les yeux vers le plafond.
- J'avais entendu des rumeurs. Des gens qui disparaissaient, des histoires de jeux mortels sur le dark web... Mais je pensais que c'était juste des légendes, des trucs pour faire peur... Pas ça. Pas à nous.
Je baissai la tête, les doigts tremblants.
- Tu crois qu'on va devoir tuer ? Murmurais-je. Que c'est vraiment ça le but ?
Un silence pesant s'installa. On le savait toutes les deux. La réponse était oui.
- Et Cassian ? demanda-t-elle doucement, comme si son prénom était un secret qu'on ne devait pas prononcer trop fort.
Mon cœur se serra, rien qu'à l'entendre.
- Je l'ai vu tout à l'heure... Il ne m'a pas regardé. Mais je sens qu'il a changé. Il est... plus sombre. Plus dangereux.
Elle posa une main sur mon bras, ses yeux doux mais remplis de peur.
- Et toi... Tu ressens toujours quelque chose pour lui ?
Je pris une longue inspiration, luttant contre l'émotion.
- Je n'en sais rien. Je n'y avais pas pensé depuis longtemps et je pensais l'avoir oublié, mais de le revoir... Je crois que oui... Mais ici, avec lui je pense qu'il n'y a pas place aux sentiments.
Lyanna acquiesça lentement. Elle aussi avait changé en si peu de temps. On était plus les mêmes qu'avant. Et ce jeu n'allait pas finir de nous transformer, que ça nous plaise ou non.
Lyanna avait vu un enfer. Nous parlâmes peu le reste de la nuit. On décida juste des tours de garde. J'ouvris la première. Trois heures environ plus tard, je la réveillai pour prendre la relève, et m'endormis.
Quelques heures plus tard, un cauchemar me réveilla. Trempée de sueur, je me redressai en sursaut. Lyanna avait disparu. Ses affaires, elles, étaient toujours là. Mon cœur s'emballa.
Je saisis trois couteaux et ouvris doucement la porte... pour me retrouver nez à nez avec Dakota.
- Dakota ! Où est Lyanna ?!
- La fille aux cheveux blancs ? siffle-t-il avec un sourire malsain. Je l'ai tuée. Et maintenant, c'est ton tour.
Il lève un teaser. Je réagis aussitôt et lève le bras pour me protéger.
- Dakota, attends !
- C'est Dake, je t'ai déjà dit !
- Dake... pardon. Écoute, on pourrait s'allier tous les deux. Et, au moment venu... tu me tuerzs. Mais pas maintenant.
- Et pourquoi je te ferais confiance ? Rien ne me dit que ce n'est pas toi qui finiras par me planter un couteau dans le dos.
Il m'effraie de plus en plus. Je m'approche lentement de mon sac, où se trouvent mes autres armes... Mais en reculant d'un pas, je fais tomber un couteau. Il fonce sur moi sans prévenir.
- Moi ? Te tuer ? Mais Dake, réfléchis ! J'ai toujours eu un faible pour toi... Je l'ai toujours.
- Je le savais que tu m'aimais ! Ricane-t-il. Je fais craquer toutes les filles. Mais ce n'est pas une raison pour te faire confiance. Dommage, je t'aurais bien mise dans mon lit...
Et sans prévenir, il m'électrocute. Une douleur fulgurante m'envahit. Je ne peux plus bouger. Mon corps est paralysé. Je sens que je vais lâcher... Puis soudain, l'électricité s'arrête.
Dakota s'effondre sur moi.
Il est lourd... trop lourd. J'arrive à le pousser tant bien que mal. Et là, je la vois.
Lyanna.
Elle reste figée. Le regard vide. Choquée.
- Lyanna ? Tu... tu n'es pas morte ?!
Elle secoue la tête, d'abord doucement, puis elle accélère comme pour revenir à elle. Elle me regarde, une larme coule le long de sa joue.
- Bah... à ce que je sache, non.
- Mais Dakota m'a dit qu'il t'avait tuée !
- Je suis juste sortie quelques minutes... j'avais un besoin pressant. Je ne pensais pas nécessaire de te réveiller... puis, j'ai entendu du bruit... Je l'ai vu, j'ai agi. Je suis désolée, j'aurais dû te prévenir. Dit-elle en pleurant plus fort.
- Ce n'est pas grave. Mais fais préviens moi la prochaine fois, d'accord ?
- Oui.. Promis.
Je prends une inspiration, puis lui demande :
- Lyanna... je peux te poser une question ?
Elle hoche doucement la tête.
- Ça fait quoi... de tuer quelqu'un ?
Elle hésite, prend une grande inspiration. Puis elle sourit un peu et répond :
- Si c'est pour dire des idioties pareilles, tu n'es pas obligée de parler.
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire. Elle rit aussi, un peu plus doucement. Perdue dans ses pensées. Elle avait tuée, pour moi..
Morts : 3 | Survivants : 27