âą Suis mes rĂšgles et tout se passera bien âą
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â¶ïž đđźđŹđąđȘđźđ : Riptide - grandson
Je n'ose plus bouger.
Majestueuse, la bĂȘte est Ă quelques pas et grogne, sans doute aussi terrifiĂ©e que moi. J'ai l'impression d'ĂȘtre sur son territoire. Je suis une intruse et elle est en train de me le faire comprendre en me montrant ses crocs et en feulant.
Mes poils se hérissent.
Qu'est-ce que je fais ?
Mais qu'est-ce que je fais ?!
Pourquoi Kian Kelman a-t-il un tigre chez lui ?
Est-ce l'une des raisons pour lesquelles il m'a ordonné de ne pas sortir sans surveillance ?
Santa mierda, ce type est fou !
â Euh... tout doux, d'accord ? Je ne te veux aucun mal. Je... je veux partir... tu ne me verras plus ici, d'accord ?
Je sais que je suis en train de parler Ă un animal qui ne comprend pas un traĂźtre mot de ce que je raconte mais la panique m'empĂȘche de rĂ©flĂ©chir correctement. Je n'avais absolument pas pensĂ© Ă ce genre de complications ! Bon sang mais oĂč est-ce que je suis tombĂ©e ! Cet homme est encore plus Ă©trange que je ne le pensais !
Qui a un tigre chez soi, hein ?
Bon sang !
Mais que Dios me vienne en aide !
Comment est-ce que je suis censée sortir d'ici si un tigre m'a prise en grippe ? Impossible. Je suis piégée. Encore une fois.
Je tente un pas sur le cĂŽtĂ©. Je bouge lentement, les mains toujours accrochĂ©es Ă mes bras recouverts de frissons. Il me fixe, sans Ă©mettre le moindre son effrayant. C'est peut-ĂȘtre une bonne chose ? Je ne sais pas. Comment pourrais-je le savoir ?! Je ne connais rien aux fĂ©lins ! Je n'ai mĂȘme jamais eu de chat !
Bon...
Je ne vais quand mĂȘme pas rester indĂ©finiment coincĂ©e ici ?
Je continue de marcher à la lenteur d'un escargot, sans jamais quitter le tigre des yeux et commence à m'éloigner. Quand je pense qu'il va finalement se lasser de moi, il avance aussi alors que je pensais pouvoir enfin m'enfuir.
J'ai un horrible frisson. Je me fige. Lui aussi.
Ă quoi il joue, bon sang ?
â Ecoute, je suis en train de mourir de froid, je soupire. Toi, tu as une Ă©norme fourrure. Tu veux bien faire comme si tu ne m'avais pas vue ?
Ăvidemment, le silence me rĂ©pond.
Le vent souffle et fait voler mes tresses. Il m'Ă©rafle la peau qui a le malheur de lui ĂȘtre Ă portĂ©e de rafales.
Quelques gouttes me gÚlent le visage et mouillent mon pull. Les pattes du tigre sont énormes et sans doute puissantes. Je n'ai aucune envie de me prendre un coup de sa part alors je poursuis mon manÚge.
Je recule, tournée vers lui.
Doucement. Je ne dois pas courir.
Et lui, me fixe.
Mais il reste immobile.
Il m'observe comme si j'Ă©tais une bĂȘte bizarre mais il ne paraĂźt plus si agressif. Ou du moins, moins que tout Ă l'heure.
La distance grandit entre nous. Deux mĂštres, trois mĂštres, quatre mĂštres... je me retrouve vers l'un des angles de la maison et si je tourne la tĂȘte vers la gauche, je peux apercevoir les premiĂšres statues flippantes et le portail en fer forgĂ©. Le tigre est toujours en train de me regarder mais il semble me laisser partir.
Par pitié, va chasser quelqu'un d'autre.
Je tremble, mon cĆur n'a pas une minute de rĂ©pit et j'ai du mal Ă respirer. Le froid givre ma gorge et mon souffle se cristallise presque devant mon visage. Je sens mes lĂšvres gercer et mes joues me picoter. Mon nez et mes pommettes doivent ĂȘtre rougis par cette tempĂ©rature infernale.
Je vais tomber malade, c'est sûr.
Je finis par décréter que je me suis assez éloignée. Je me retourne et pars en courant. Por favor, faßtes qu'il ne me suive pas.
Je ne regarde plus derriÚre moi. Je cours comme si ma vie était en danger, ce qui est sûrement le cas si le tigre a décidé de me courser et zigzague entre ces statues qui observent ma fuite effrénée.
J'ai la sensation qu'elles savent que cette tentative ne va me mener Ă rien.
Et elles ont raison car quand je risque un regard en arriĂšre, je vois avec horreur que la bĂȘte est en train de courir dans ma direction. Mon cĆur loupe un battement.
Merde.
MERDE.
MERDE !
Je me retourne mais pas assez vite car je me prends les pieds dans je ne sais quoi. Je tente de me rattraper au bras tendu d'une sculpture mais elle ne m'aide pas du tout si bien que je tombe et roule dans les graviers blancs.
Le tigre feule.
Je me relÚve, les mains écorchées et oublie totalement mon but premier.
LĂ , tout de suite, je dois fuir cet animal sauvage.
Mais que faire ?
Je n'ai pas le temps de rĂ©flĂ©chir alors je cours sans vĂ©ritable destination mĂȘme si je ne vais pas distancer le tigre pendant mille ans. Il est bien plus rapide que moi et il va finir par m'atteindre. Je hurle quand ce dernier se propulse sur ses pattes arriĂšre et tend ses griffes dans ma direction.
Je saute sur le cÎté pour lui échapper et lùche un hurlement de douleur lorsque je me réceptionne sur ma cheville blessée. Je tombe sur les fesses et recule précipitamment pour m'éloigner, épouvantée.
Et puis...
Ma main rencontre le vide.
Puis l'eau.
Une eau monstrueusement froide.
Un cri brûle ma gorge.
Je tombe en arriĂšre et m'engouffre dans cette eau, les yeux Ă©carquillĂ©s. La derniĂšre image que j'ai avant de fermer les yeux, c'est la tĂȘte de ce maudit tigre. Mon corps se fait happer par les tĂ©nĂšbres glacĂ©es et je commence Ă paniquer encore plus, en battant des bras dans ce bassin plein de vase et autres plantes rĂ©pugnantes.
Je ne sais pas nager.
Et je ne sais donc pas comment revenir Ă la surface.
Le bruit du vent et de la pluie disparaßt au profit d'un silence macabre, me plongeant dans une éniÚme expérience de la mort.
Est-ce que le bassin est profond ?
L'air vient Ă me manquer. Je bouge dans tous les sens.
Je ne mourrai pas dans cette putain de vase !
Je ne sais pas nager mais je vais bien rĂ©ussir par atteindre le rebord. Je ne perds pas espoir, pestant contre toutes ses Ă©preuves qu'on me fait subir sans raison valable. Mon cĆur se gonfle de soulagement quand mes doigts agrippent la pierre. Je me tire vers la dĂ©limitation du bassin et plaque mes bras sur la dalle, crachant de l'eau vaseuse devant moi.
J'ai failli mourir, noyée.
La pire mort.
Mon corps est secoué par des spasmes violents que j'essaie de contrÎler bien que je sois toujours dans cette eau glaciale jusqu'au cou.
J'ai vraiment cru que j'allais y passer...
Ma respiration est si erratique que ça me brûle la gorge. J'ai froid. Si froid.
Je reprends mon souffle, choquĂ©e et essaye de me hisser hors du bassin mais des chaussures font leur apparition juste devant moi, m'empĂȘchant de me redresser. Je lĂšve la tĂȘte et Ă travers l'eau qui me dĂ©gouline devant les yeux, je le reconnais.
Kian Kelman est lĂ .
Juste devant moi.
Depuis combien de temps me regarde-t-il galérer dans cette saleté de bassin ?
Mains dans les poches d'un jean large, il me surplombe de toute sa hauteur et darde un regard si suffisant sur moi que je me demande si je ne devrais pas me noyer pour me soustraire à cette attention intense et souveraine. Il me scrute avec un ennui profond qui me fait déglutir. Ma lÚvre tremble et est sans doute devenue violette tant je meurs de froid.
â Vous allez m-m'aider ou vous com-comptez m'observer ra-ramer ?
Je veux sortir à nouveau mais je gémis de douleur quand l'un de ses pieds vient se poser sur mes doigts bleutés.
â Q-qu'est-ce que vou-vous faĂźtes ?!
Il va me les briser !
â Est-ce que tu sais lire ? gronde sa voix.
Sérieusement ?
Je vais mourir d'hypothermie et il me demande ça ?
J'ai la réponse à ma question... tous les membres de la famille Byrne sont cinglés. Reste à savoir si je suis tombée chez le plus dérangé des trois frÚres. Avec la chance que j'ai en ce moment, il se peut que l'homme qui m'écrase les doigts sans pitié soit le plus fou.
Qué te chingues con tus reglas !
â Bien sĂ»r q-que oui, je s-sais lire, je marmonne, les nerfs Ă vif et le corps glacĂ©.
Ses doigts tatoués glissent sur sa libellule alors qu'il se met à regarder dans le vague. Son pied écrase un peu plus mes mains.
â Quelle Ă©tait la premiĂšre rĂšgle alors ?
â R-retirez... R-retirez v-vos pieds, chinga !
Il baisse ses yeux sur moi et me considÚre sans la moindre pitié. Il semble énervé, agacé par mon attitude alors que je suis à deux doigts de m'évanouir tant le froid prend possession de mon corps.
Je comprends qu'il faut que je réponde à sa fichue question si je veux qu'il m'aide ou me libÚre alors j'articule du mieux que je le peux :
â Ne p-pas sortir...
Et j'accompagne cette réponse d'un... loco bichito à mi-voix.
Il retire enfin son pied, se penche en avant pour me saisir les bras et me soulever et me fait percuter son torse. Sa chaleur m'agresse et me brûle presque.
â Si tu sais lire, qu'est-ce que tu foutais dehors, a rĂșn ? me murmure-t-il sur un ton menaçant.
Je grelotte. Je n'ai pas la force de rĂ©pondre Ă cette Ă©niĂšme question. MĂȘme si sa chaleur me fait du bien et me dĂ©crispe, je m'Ă©loigne de ce tarĂ© et le fixe sans afficher la moindre Ă©motion. J'ai failli mourir dans ce bassin glacial...
Je l'entends soupirer alors que la raison pour laquelle je me trouve dehors me paraĂźt Ă©vidente. S'il pensait que j'allais rester sage comme une image dans son manoir de film d'horreur, c'est qu'en plus d'ĂȘtre fou, il est vraiment idiot. Il me tourne le dos et se dirige vers la porte d'entrĂ©e.
â AmĂšne-toi ou tu vas attraper la crĂšve.
Ă contrecĆur, je le suis, fĂ©brile. Je me rappelle la prĂ©sence d'un tigre dans cet endroit alors je me dĂ©pĂȘche et regarde partout autour de moi. L'animal n'est plus lĂ .
Quand je rentre dans la maison, Antonia se jette sur moi et me tire au centre de la piÚce. Mes chaussettes détrempées font un bruit spongieux à chaque fois que je marche et l'eau goutte de l'intégralité de mon corps. Je tremble comme une feuille.
â SĂšche-la, retentit soudain le voix grave de Kian Kelman. Cette inconsciente a failli mourir noyĂ©e.
Alarmée, Antonia griffonne vite quelque chose sur son calepin et brandit son message devant elle.
| Qu'est-ce qui vous a pris ?! |
â J'ai essayĂ© de m'enfuir... il faut croire que je suis destinĂ©e Ă rester dans cette maison flippante...
Elle m'offre une expression peinĂ©e et pose sa main sur mon Ă©paule pour m'emmener avec elle. Nous passons devant le criminel qui est adossĂ© Ă l'un des murs et qui m'observe avec une sincĂšre exaspĂ©ration mais je ne lui prĂȘte pas attention.
Antonia m'amĂšne dans la salle de bain d'une autre chambre et me fait asseoir sur le bord de la baignoire. Elle m'aide Ă retirer mes vĂȘtements imbibĂ©s d'eau et je me retrouve nue, transie de froid en attendant qu'elle fasse couler l'eau chaude.
Ma pudeur m'importe peu, lĂ , tout de suite.
Mon esprit est concentré sur mes simples sensations corporelles.
Froid.
Froid.
Froid.
Les statues avaient raison : je n'ai gagné qu'un gros rhume.
Elle revient me sécher un peu puis elle m'invite à rentrer dans le bain qu'elle a fait couler pour moi. Elle reste avec moi jusqu'à ce que je sois réchauffée. On dirait qu'elle me surveille et elle n'a pas l'air trÚs contente de mes actions de la journée. J'ignore son air réprobateur et ferme les yeux.
Chez quel genre de cinglé suis-je tombé ?
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Du verre brisé.
Un parquet rayé.
Une sculpture malmenée.
Un bureau endommagé.
Je contemple l'Ćuvre de ma colocataire indĂ©sirable, mains dans les poches. Elle n'a pas attendu longtemps avant de briser l'une des mes rĂšgles qui avaient pourtant le mĂ©rite d'ĂȘtre courtes, claires et prĂ©cises.
Il ne lui a fallu que quelques heures pour jouer à la vandale chez moi et foutre le bordel tout en manquant de mourir au passage. Je ne pensais pas tomber sur son petit corps gelé en revenant de chez Daphné.
Lorsque je suis sorti de la voiture, j'ai été surpris d'apercevoir Tundra entre les statues, particuliÚrement captivée par le bassin pour une raison obscure.
Quand elle a entendu le gravier crisser sous mes baskets, elle s'est retournée, m'a jaugé quelques secondes avant de quitter cette partie du jardin et regagné les bois sans doute. Elle a dû s'enfuir de son enclos.
Curieux, je me suis approchĂ© du bassin. Puis j'ai entendu le bruit des remous. Ătrange pour une Ă©tendue d'eau censĂ©e ĂȘtre tranquille. Des mains, des bras... quelque chose d'inhabituel qui m'a fait froncer les sourcils puis j'ai compris que quelqu'un Ă©tait en train de se noyer dans le bassin.
Un bassin qui fait Ă peine un mĂštre de profondeur.
Je me suis demandĂ© pourquoi elle paniquait autant avant d'Ă©mettre l'hypothĂšse qu'elle ne sache pas nager et que par consĂ©quent, son affolement Ă©tait loin d'ĂȘtre rationnel.
Comment avait-elle fait pour tomber dans l'eau ?
Puis j'ai mis de cÎté ma perplexité pour l'observer sortir de là .
Cette fille va vite m'agacer si elle continue à troubler l'ordre que j'ai établi au sein de ma maison.
Je n'aime pas les gens qui ne respectent rien. Ăa a tendance Ă me rendre fou et Ă me faire perdre patience.
Pourtant, elle m'avait prévenu qu'elle ne resterait pas chez moi et elle vient de me prouver qu'elle ne plaisantait pas.
à mon avis, elle recommencera ce genre de stupidités tant qu'elle sera en vie et elle ne peut comprendre que cette vie qu'elle chérit tant arrivera trÚs vite à son terme si elle réussit à s'échapper de ma forteresse.
Lug ne la laissera pas s'en aller.
Pour ma part, je serai plus que ravi de la laisser partir car je n'aime pas spĂ©cialement cohabiter avec d'autres personnes. C'est pour cette raison que je me suis isolĂ©, exilĂ© Ă la campagne, dans une vieille maison et que mon jardin peut paraĂźtre aussi dĂ©primant et lugubre : ça fait fuir les peureux et ça dissuade mĂȘme les plus tĂ©mĂ©raires de mettre un pied chez moi.
On me fout la paix. Et ça me va.
Et je peux me concentrer sur le plus important.
Trop plongé dans la contemplation de la vitre brisée, je n'entends pas Antonia entrer dans la bibliothÚque. Elle est obligée de me tapoter doucement l'épaule pour m'indiquer sa présence mais je ne la regarde pas pour autant car j'essaye de comprendre comment elle a pu se dire qu'elle serait capable de quitter ma propriété sans mon accord.
Qu'allait-elle faire une fois devant le portail ? Ou devant les murs d'enceinte que j'ai fait construire pour empĂȘcher quiconque de sortir ou de rentrer sans mon aval ?
Elle est l'espoir personnifié. Ou l'allégorie de la stupidité.
Deux options auxquelles je n'aimerais pas ĂȘtre associĂ©es.
Et maintenant, Ă cause d'elle, je vais devoir appeler un vitrier.
Encore un inconnu chez moi... magnifique.
Antonia appuie à nouveau son index contre mon épaule. Cette fois-ci, je me tourne vers elle et la jauge en silence avant qu'elle ne me montre son calepin.
| Ne sois pas trop agacé. Comprends-la. |
â Je ne suis pas agacĂ©.
Elle arque un sourcil, l'air de dire : « ah oui, vraiment ? ». Je hausse les épaules et me dirige vers le bureau que je remets à sa place. Je grimace une fois de plus en apercevant la ligne blanche que l'un des pieds a dessiné aprÚs avoir été brusquement bougé.
Elle aurait pu attacher ses draps Ă autre chose... puis j'attrape ma sculpture et la repose sur la table, dans l'un des coins.
Je contemple quelques secondes l'enfant en marbre sur lequel reposent deux précieuses libellules et vérifie que rien n'a été abßmé.
| Sois gentil, Kian. |
| Cette fille n'a pas choisi d'ĂȘtre lĂ mais si tu l'accueilles bien, elle suivra peut-ĂȘtre les rĂšgles que tu lui as imposĂ©es. |
Sois gentil...
Ăa fait deux fois qu'on me le dit en une matinĂ©e. Mais ce n'est pas un record. DaphnĂ© me le dit souvent cinq Ă six fois par jour, surtout quand Zeynep est dans les parages ou que nous sortons parce que je ne suis a priori pas agrĂ©able.
En rĂ©alitĂ©, je ne fais pas l'effort de l'ĂȘtre volontairement. On me fait moins chier, comme ça. Je ne laisse approcher que les personnes qui le mĂ©ritent, et encore.
Ăa me permet de faire le tri entre les personnes qui s'intĂ©ressent vraiment Ă moi et celles qui tentent une approche avec des arriĂšres-pensĂ©es dont je me passerais bien.
Et mon attitude nourrit les rumeurs, ce qui est plutĂŽt... pratique.
| Explique-lui la situation. |
â Pas sĂ»r qu'elle m'apprĂ©cie plus.
Et je me fiche qu'elle m'apprécie plus. Je ne suis pas là pour lui plaire.
Au moins, elle ne tentera pas de s'enfuir Ă nouveau.
| ArrĂȘte de jouer aux insensibles. Tu te soucies de sa sĂ©curitĂ©. Tu n'es pas un mauvais garçon, Kian alors montre-le-lui. |
â Je ne suis pas un mauvais garçon parce que je ne suis plus un garçon.
Elle roule des yeux, consciente que je joue sur les mots parce que je n'ai pas envie de perdre mon temps Ă convaincre une inconsciente d'ĂȘtre prudente et rĂ©flĂ©chie. Car pour l'instant, en plus de la voir comme une Ăąme perdue dans la noirceur d'un monde qui l'a piĂ©gĂ©e, elle m'apparaĂźt comme un ĂȘtre stupide prĂȘt Ă tout pour retrouver sa libertĂ© mais si elle rĂ©flĂ©chissait quelques minutes, elle comprendrait que je ne suis pas celui qui lui veut du mal.
Sinon je n'aurais pas tué cet abruti de Sullivan, cette soirée-là .
Je ne l'aurais pas non plus emmenée dans ma chambre, cette nuit-là .
Je n'aurais pas fait en sorte de passer un marché avec elle pour qu'elle puisse sortir du Bacchus sans encombre, ce matin-là .
Et je crois qu'elle le sait mais elle n'a aucune intention de rester enfermée. Je comprends. Elle a réussi à fuir le Bacchus pendant quelques heures avant de se retrouver piégée à nouveau contre son gré. Le fait qu'elle veuille s'échapper est tout à fait logique, en réalité. Le contraire m'aurait étonné.
Surtout venant de cette fille qui a éborgné son patron sans ciller.
Je soupire et fais glisser mes doigts sur mon tatouage, comme apaisé par la simple présence de la libellule qui décore ma gorge.
Hum... peut-ĂȘtre vais-je vraiment ĂȘtre obligĂ© de tout lui expliquer.
Enfin, sans doute pas tout. Elle n'a pas besoin de connaßtre les objectifs que je me suis fixés.
Elle pourrait un jour tout mettre en péril. Elle paraßt inoffensive et pourtant, je m'en méfie.
Je me dĂ©tourne du foutoir qu'elle a mis et quitte la bibliothĂšque, Antonia dans mon sillage. J'ai bien l'impression qu'elle a pris A rĂșn sous son aile et qu'elle est prĂȘte Ă la dĂ©fendre face Ă moi, ce qui ne me surprend que trĂšs peu, sachant que Antonia agit comme cela avec toutes les filles que je me suis risquĂ© Ă laisser entrer chez moi.
DaphnĂ© est sa principale protĂ©gĂ©e mais comme cette derniĂšre n'a pas besoin d'ĂȘtre couvĂ©e, Antonia se contente de jouer aux oreilles attentives quand ma meilleure amie veut se confier Ă quelqu'un de plus impliquĂ© que moi.
Car je me contrefous de ses histoires avec Zeynep et elle l'a trĂšs bien compris. En mĂȘme temps, je le lui ai dit noir sur blanc. Je me serais inquiĂ©tĂ© pour son intelligence si elle n'avait pas assimilĂ© ce que je venais de lui dire.
Mais contrairement Ă DaphnĂ©, A rĂșn est ce genre d'ĂȘtre Ă©blouissant Ă la force intĂ©rieure grandiose qui rĂ©veille l'empathie et attire les Ăąmes esseulĂ©es. MĂȘme la mienne. Et il semblerait donc que Antonia se soit fait avoir par ses sourires lumineux, elle aussi.
Ses faux sourires lumineux.
J'entends ma vieille gouvernante accĂ©lĂ©rer le pas lorsque j'atteins la porte de la chambre que j'ai assignĂ©e Ă A rĂșn mais elle n'a pas le temps de me retenir par mon sweat car j'ai dĂ©jĂ ouvert la porte pour aller m'installer dans la chaise de bureau de la piĂšce.
Elle va sortir du bain.
Je lis vaguement la note d'Antonia. Je préfÚre sortir ma cigarette de ma poche et l'apporter à mes lÚvres pour me détendre avant de faire face à l'effarement de la jeune métisse lorsqu'elle sortira de la salle de bain.
Je constate la pile de vĂȘtements propres et secs posĂ©s sur le lit qui n'a pas Ă©tĂ© dĂ©fait. A-t-elle seulement dormi cette nuit ? Peut-ĂȘtre. Peut-ĂȘtre pas.
AprÚs tout, sa santé ne me concerne pas. Je n'ai qu'à me focaliser sur sa sécurité, c'est tout. Son état ne dépend que d'elle.
Je me dĂ©tourne des vĂȘtements quand la porte de la salle de bain s'ouvre. Antonia court presque jusqu'Ă la pile pour les prendre dans ses bras et les apporter Ă A rĂșn afin qu'elle Ă©vite de se montrer nue ou en serviette devant moi.
Je pourrais sortir et attendre, bien sĂ»r mais je suis dĂ©jĂ assis et je n'ai pas envie de faire un aller-retour inutile. Autant rester lĂ oĂč je suis.
Mais lĂ encore, Antonia n'est pas assez rapide.
La vieillerie, ça ne pardonne pas.
â Ay, por Dios ! s'exclame A rĂșn en ouvrant en grand ses prunelles.
Son attention braquée sur moi, elle plaque sa main sur sa poitrine et de l'autre retient sa serviette nouée contre son corps.
Pour ĂȘtre tout Ă fait honnĂȘte, j'adore la surprendre mĂȘme si son effervescence me fatigue dĂ©jĂ .
Depuis ma soirée d'anniversaire barbante au possible, ses réactions m'amusent.
Entre ses billes noisette qui irradient Ă chaque fois qu'elle croise mon regard - peu importe l'Ă©motion Ă©prouvĂ©e, ses lĂšvres pulpeuses qui s'entrouvrent pour exhaler une rage contrĂŽlĂ©e, ses pommettes qui se colorent d'une touche discrĂšte de rose et sa poitrine qui cesse de bouger sous le choc... je ne peux qu'ĂȘtre fascinĂ©.
Et agacé.
Parce que ce divertissement peut devenir dangereux.
â Qu'est-ce qui ne va pas chez vous ? s'insurge-t-elle.
Je laisse échapper de silencieuses volutes de fumée tout en la dévisageant.
â Vous m'avez fait peur ! Vous ne pouviez pas toquer ?
â C'est chez moi, je rĂ©ponds, neutre.
â Mais...
Ses sourcils se froncent. Ses poings tremblent sur sa serviette.
Je l'agace et la perturbe.
Je prends une autre bouffée de ma vapote et embaume l'air d'un parfum sucré qui semble la déstabiliser.
â Vous m'avez prĂȘtĂ© cette chambre, non ? marmonne-t-elle.
â Mais tu n'en veux pas, si ?
â Non, c'est vrai, me dit-elle puis rĂ©signĂ©e, elle soupire : mais comme vous me l'avez dit, je ne peux pas sortir d'ici alors ce sera ma... chambre sombre et dĂ©primante.
Elle critique la piÚce en me lançant un sourire faussement ravi comme si ça allait me blesser d'une quelconque maniÚre. On dirait que ça lui coûte énormément de déclarer une telle chose mais elle est forcée d'admettre que je ne lui mentais pas hier soir : il est presque impossible de quitter ma propriété sans mon autorisation.
Elle attrape les vĂȘtements que lui tend Antonia puis elle disparaĂźt Ă nouveau dans la salle de bain pour se vĂȘtir. Je la laisse faire. Loin de moi l'idĂ©e de la forcer Ă s'habiller devant moi pour satisfaire ma simple curiositĂ©.
Une curiosité à la fois impure et artistique.
Son corps est magnifique, tout autant que l'aura qu'il dégage.
Et je me demande comment ça rendrait sur de la pierre, du marbre ou du plùtre...
Mon esprit part dans des divagations que je suis incapable de contrĂŽler, comme d'habitude.
Elle réapparaßt dans une robe pull qui moule ses formes.
Mmm. Pourquoi Antonia a-t-elle choisi de tels vĂȘtements ?
Ăa lui va... un peu trop bien.
Mon cas ne va pas s'arranger si je m'écoute et que je me mets à la mater ouvertement. Alors je garde mes yeux rivés à son visage mais je ne suis pas certain que cela soit mieux car elle semble un peu plus troublée chaque seconde.
Mais trĂšs vite la fascination irritante que j'Ă©prouve pour elle se dissipe lorsqu'elle ouvre la bouche pour me rabĂącher les mĂȘmes questions...
â Pourquoi vous ne me laissez pas partir ? Pourquoi plus tard et pas maintenant ? Je ne vous intĂ©resse mĂȘme pas, alors pourquoi vous me gar...
â Blah, blah, blah... Tu parles trop. Et j'ai dĂ©jĂ rĂ©pondu Ă tout ça.
Plus ou moins.
J'ignore le regard réprobateur de ma gouvernante.
â Je parlerai moins si vous parliez plus. Vos silences m'angoissent. Si vous ĂȘtes capable de vous murer dans le mutisme, grand bien vous fasse mais ce n'est pas mon cas ! J'espĂšre que vous ĂȘtes content de cohabiter avec un moulin Ă paroles, me sourit-elle, moqueuse.
Bon sang... non, je suis tout sauf content.
Si le peu de conscience morale que j'ai ne s'était pas manifesté, je l'aurai dégagée de chez moi tout de suite, peu importe qu'elle finisse trÚs vite dans un fleuve ou entre les cuisses d'un éniÚme type.
J'accueille avec agacement cette succession de mots énoncés sans respirer sans pour autant montrer le moindre signe de colÚre car je risque bien de me faire frapper par Antonia qui est à l'affût de la moindre de mes réactions.
Voyant que je ne dis rien, A rĂșn se met inconsciemment Ă triturer la peau de ses ongles tout en se concentrant sur autre chose que ma personne.
Son regard s'Ă©gare sur les meubles qui dĂ©corent sa chambre puis il se fixe Ă la fenĂȘtre dont la vue est obstruĂ©e par des volets. Je la vois plisser le front, comme importunĂ©e par ce rideau mĂ©tallique qui la coupe de l'extĂ©rieur.
Ce n'est pas une grande perte : il fait un temps de chien.
Et elle le sait trĂšs bien puisqu'elle a failli crever sous la pluie.
â Pourquoi vous avez un tigre chez vous ? me demande-t-elle soudain.
Elle a le don pour poser des questions alĂ©atoires. Je me rappelle encore de ses ridicules provocation de la veille. Une peluche de Pinocchio... oĂč est-ce qu'elle est allĂ©e chercher ça ? Je ne l'ai pas montrĂ© mais le fait qu'elle me traite de menteur m'a irritĂ© car je ne mens jamais.
Je n'aime pas ça et de toute façon, j'en suis incapable. Si je ne suis pas silencieux, des vérités parfois blessantes sortent de ma bouche sans filtre.
Je savais cependant que cette question allait finir par glisser d'entre ses lĂšvres. Ă vrai dire, toute personne rationnelle se demanderait une telle chose. MĂȘme moi, je me demande parfois pourquoi j'ai ce tigre, Ă la place de DaphnĂ©.
Car Tundra ne m'appartient pas.
Elle n'appartient pas non plus à Daphné mais Tundra considÚre ma meilleure amie comme sa mÚre depuis qu'elle l'a sauvée des griffes d'un trafiquant d'animaux exotiques.
â Tundra, je lĂąche dans un nuage de fumĂ©e aromatisĂ©e.
â Quoi ?
â Le tigre a un nom. Tundra.
â Ăa ne rĂ©pond pas Ă ma question, grommelle-t-elle.
Je sais.
Mais ce n'est pas à moi d'expliquer ça. Ou du moins, je n'ai pas envie de le faire.
â C'est votre animal de compagnie ? Mais qui a un tigre comme animal de compagnie? Et c'est quoi toutes ces rĂšgles ? Vous ĂȘtes sĂ©rieux ? Est-ce Ă cause de la bĂȘ...
â Tundra.
â Tundra, oui, oui. Est-ce Ă cause de Tundra que je ne peux pas sortir sans surveillance ?
â Non.
â Non ? Il y a d'autres raisons ?
Elle comprend vite comment je fonctionne puisqu'elle n'attend pas plus de trois secondes avant de me poser une autre question. Je la laisse épuiser son stock de questionnements et ensuite, ce sera mon tour.
â Vous ĂȘtes sacrĂ©ment loquace, c'est plaisant de parler avec vous, dit-elle en croisant ses bras sous sa poitrine, ce qui lui donne plus de volume. Est-ce que je peux les nĂ©gocier ? Les rĂšgles, je veux dire.
â Non.
Antonia me fait les gros yeux.
La voix de Daphné résonne dans mon crùne et j'expulse ma fumée dans un soupir exaspéré.
Sois gentil, Kian.
â Oui.
â Est-ce que je peux au moins ouvrir les volets ?
â Non.
â Pourquoi ? Ce n'est pas une grosse demande ! s'insurge-t-elle. Vous savez, c'est certainement pour ça que vous ĂȘtes aigri. Le soleil, ça fait du bien au moral !
â Autre chose ? je souffle en fixant ses doigts qu'elle triture de ses ongles.
Elle va finir par saigner, cette idiote.
â Oui. Est-ce que je peux ouvrir ceux de cette chambre, au moins ?
Je remonte mon attention sur son visage. J'avais raison : les volets la dérangent.
Je n'ai aucune raison de refuser cette requĂȘte alors je me lĂšve sous son regard attentif et mĂ©fiant et me dirige vers l'une des tables Ă chevet pour me baisser et passer ma main dessous pour rĂ©cupĂ©rer la tĂ©lĂ©commande que j'y ai accrochĂ©e il y a des lustres. J'arrache le scotch et me dĂ©place vers A rĂșn qui fait un pas en arriĂšre.
Elle n'a pas peur de moi mais elle se méfie de moi.
Mais ça risque de changer. La méfiance a souvent tendance à se transformer en horreur ou en haine en ce qui me concerne. Il n'y a qu'à voir Zeynep.
Je lui tends la tĂ©lĂ©commande en plaçant ma cigarette entre mes lĂšvres. Elle suit chacun de mes gestes. Je la prends mĂȘme sur le fait : ses yeux s'attardent un peu trop longtemps sur ma bouche qui pince ma vapote puis ils remontent Ă la vitesse de la lumiĂšre vers mes yeux.
Elle soutient mon regard.
J'entends ses ongles malmener sa peau.
J'entends sa lourde respiration.
Lentement, elle lÚve sa main et prend soin de ne pas toucher ma paume pour attraper la télécommande. Comme si un possible contact entre nous la dégoûtait. Je ne peux pas lui en vouloir et j'y suis habitué.
â Heureuse ?
Elle grimace puis hoche la tĂȘte avant de marmonner quelque chose en espagnol. Elle s'apprĂȘte Ă appuyer sur le bouton pour ouvrir les volets mais je plaque violemment ma main sur ses doigts. Elle sursaute et fait un pas en arriĂšre, stupĂ©faite.
â Plus tard, j'assĂšne.
â Quoi ? Vous allez prendre feu ? plaisante-t-elle.
Son sourire sarcastique attire mon regard et je comprends trÚs vite que parler, faire de l'humour et sourire sont ses techniques de défense.
Avec ça, elle arrive à dissimuler à la perfection ce qu'elle ressent vraiment mais quelques détails qu'elle ne contrÎle pas et que j'ai aperçus à force de la fixer trahissent ce bouclier charmant.
Je la toise sans rien dire, le visage si dur et sombre que son satané sourire finit par se fissurer. Elle n'est pas si idiote que ça car elle comprend que si elle continue sur cette lancée, je risque de perdre patience. Elle n'appuie donc pas sur le bouton. Je retire alors ma main et retourne m'asseoir. Je n'ai pas encore terminé cette discussion.
â Je peux demander autre chose ? s'hasarde-t-elle.
Je ne dis rien et la scrute.
â Est-ce que je peux appeler quelqu'un ?
â Qui ?
â Une amie.
Une amie, vraiment ?
Mensonge.
Je fouille mes poches et sors mon portable que je tends devant moi, sans bouger. Si elle le veut vraiment, il faudra qu'elle vienne le chercher. En a-t-elle rĂ©ellement envie ? C'est ce dont je veux ĂȘtre certain.
Surprise, elle contemple mon téléphone offert puis s'avance vers moi d'un pas énergique mais lorsque ses doigts l'effleurent, je le ramÚne vers moi.
Elle écarquille les yeux et entrouvre les lÚvres.
Ă mon tour.
â D'abord, quel est ton prĂ©nom ?
â Vous ne vous en rappelez pas ? s'Ă©tonne-t-elle.
â Pourquoi je m'en rappellerais ?
â Por quĂ© eso no me sorprende, marmonne-t-elle en roulant des yeux. (Pourquoi ça ne me surprend pas...)
â Je n'en ai pas besoin, j'ajoute ce qui a l'air de la rendre tout Ă coup perplexe.
â Alors pourquoi vous me le demandez ?
â C'est pour quelqu'un.
â Qui veut connaĂźtre mon prĂ©nom ?
â Tu poses encore trop de questions, a rĂșn.
â ArrĂȘtez de m'appeler comme ça, proteste-t-elle.
â Seulement si tu me donnes ton prĂ©nom, je lĂąche, dĂ©sinvolte.
Sa réponse est alors immédiate.
NaĂŻve, je ne cesserai pas de t'appeler comme je l'entends.
â Sol. Je m'appelle Sol.
Il me semblait bien que son nom avait un rapport avec son aura Ă©blouissante. Et je trouve que pour quelqu'un de si lumineux, ce prĂ©nom est d'un banal... ses parents l'ont appelĂ©e comme cela en l'entendant rire et la voyant sourire ou est-ce l'inverse ? Peut-ĂȘtre que son prĂ©nom a eu un effet sur son caractĂšre ?
Je range mon portable.
â Qu'est-ce que vous faites ?! Vous aviez dit que...
Je me lĂšve. Je me retrouve Ă quelques centimĂštres seulement de son corps et je la vois se briser la nuque pour me regarder dans les yeux et me partager toute sa frustration.
Je me penche vers elle pour me mettre à son niveau, si bien que je peux voir tous les petits détails de son visage. Ses longs cils donnent plus de puissance à son indignation et ses pupilles se dilatent comme si elles évaluaient la menace que je suis.
â Je n'ai rien dit.
â Je crois que je vais finir par vous appeler Pinocchio. Et je ne suis pas sĂ»re que vous apprĂ©cierez.
â Il te suffit de faire une chose, je la coupe, Ă©videmment agacĂ© par cette nouvelle idĂ©e stupide.
Elle plisse les yeux.
Puis son air furieux s'évanouit quand je lui dis :
â Ne plus t'enfuir et ne plus te mettre en danger. C'est tout ce que je te demande.
Elle n'en croit pas ses oreilles et je m'amuse de la voir aussi décontenancée. Elle s'attendait certainement à ce que je lui demande une faveur charnelle mais ce n'est pas dans mes intentions. Mais je ne lui demanderai jamais une telle chose.
Je m'approche un peu plus d'elle. Son souffle glisse sur ma gorge.
â Je ne suis pas le monstre que tu imagines, a rĂșn.
Ou du moins, pas avec ceux qui ne méritent pas ma violence et ma cruauté.
~ âŸâŒâœ ~
Hello !
J'aime trop les doubles pdv ! Qu'est-ce que vous en pensez ?
Oui, je sais, Kian est pas trĂšs gentil mais il va s'amĂ©liorer avec le temps đ et Sol a bien envie de le baffer mais elle reste correcte đ
Ăa va ĂȘtre une cohabitation mouvementĂ©e !
AyĂ©lĂ© đž