• Plus rien à perdre •
SOL
Est-ce qu’une barrette peut servir d’arme ?
Assise face à ma coiffeuse, je contemple ma pince invisible, les yeux plissés en essayant d’imaginer ce petit objet planté quelque part dans le corps de ce culero. Avec un peu de force, je suis certaine que je parviendrai à lui faire mal. À lui faire très mal.
Il suffit d’y mettre du sien.
Je jette un coup d'œil à l’écran du vieux téléphone qu’il m’a autorisée à avoir et dans lequel n’est enregistré que son numéro. Il vérifie à chaque fois qu’aucune autre personne n’ait élu domicile dans mes contacts et il affiche ce sourire horripilant au possible quand il se rend compte que seul son prénom apparaît dans la liste : Sullivan. J’aimerais bien le remplacer par hijueputa ou encore culero, mais ces insultes sont bien trop connues, si bien qu’il saurait immédiatement que je le méprise.
Même si mes regards suffisent amplement à comprendre la haine que j’éprouve envers lui.
Pas de message. Il n’est pas encore revenu. C’est dommage, j’aurais pu l’attaquer à coup de barrette.
Je repose la pince avec un léger sourire, amusée par mes pensées.
Je n’ai plus rien à perdre, plus personne à protéger. Je peux très bien perforer ses yeux lubriques avec cette broche, sans qu’il ne s’y attende. Je peux me rebeller, lui cracher les pires insultes au visage sans craindre qu’il ne s’en prenne à ma sœur pour me punir, moi.
Ça va faire quatre mois que nous sommes piégées, ma soeur et moi, dans le réseau de prostitution le plus important du continent américain. Dirigé d’une main de fer par une mafia puissante et à l’influence tentaculaire, ce réseau arnaque, kidnappe et enferme des dizaines et dizaines de femmes et la plupart du temps des jeunes filles vierges pour les offrir aux plus vils prédateurs. Ils se cachent dans l’ombre, à l’abri derrière les hauts et épais murs du plus gros hôtel de la ville de Santa Faclino.
Le Bacchus.
Les filles qui s’y trouvent font partie de ce qu’ils appellent « la chair luxueuse ». Choisies parmi toutes les pauvres âmes qui se sont faites berner, ces filles-là doivent travailler au sein de cet hôtel pour satisfaire les hommes les plus riches de l’Etat, en laissant libre cours à leurs fantasmes.
Malheureusement, ma sœur et moi avons été choisies dès le début pour rejoindre ce club privé traumatisant. Aucun moyen de nous échapper à moins de mourir sous les coups de nos propriétaires mais l’espoir de m’enfuir de cette ville de malheurs subsiste toujours dans un coin de ma tête.
Depuis que ma sœur a quitté le Bacchus il y a une semaine, vendue à un inconnu à la libido cruelle, cette idée grandit et prend de plus en plus de place dans mon esprit. Si avant, je prenais garde à ne pas faire de vagues pour protéger ma sœur des répercussions de mes actes, maintenant, je me fiche complètement d’ouvrir ma bouche pour vomir des horreurs.
Ils ne peuvent s’en prendre qu’à moi, désormais, Nora n’étant plus là pour instaurer ce climat de peur dans lequel j’ai évolué pendant quatre mois.
Face au miroir, je grimace, les yeux plongés dans ce reflet qui me renvoie avec violence mon apparence. Une apparence qui me remue les tripes de rage.
Je me masse le visage pour tenter d’effacer les marques qui le colorent mais ma peau hâlée ressemble toujours à un tableau multicolore d’une violence silencieuse. Je serre les dents lorsqu’une douleur vive se répand dans mes pommettes et mes joues.
Qué te chingues, Sullivan… (Va te faire foutre, Sullivan…)
Avec agacement, je sors de quoi cacher ces immondices et applique du fond de teint sur le bleu jaunâtre qui est en train de s’estomper sur mon œil droit. J’ai le droit à ce genre de « cadeaux » dès que j’ai le malheur de contrer les volontés de Sullivan.
Parce que je refuse de me taire.
Parce que j’ai décidé que je ne m’abandonnerai jamais. Si je le fais, ça voudra dire qu’ils auront gagné et je ne peux accepter ça. Ils peuvent détruire mon corps mais ils n’atteindront pas mon âme. La protéger devient de plus en plus dur mais perdre espoir reviendrait à mourir alors je fais de mon mieux pour combattre les pensées sombres qui germent dans mon esprit, comme des mauvaises herbes.
Je ne mourrai pas dans cette situation que je n’ai pas choisie.
Je peux sortir d’ici, je le sais.
Je peux trouver un moyen. Je peux même faire plusieurs tentatives sans craindre que ma sœur n’en paye les conséquences.
Et une fois dehors, j’irai la chercher. J’irai la libérer des griffes du lion affamé qui a jeté son dévolu sur la brebis égarée que Nora représente aux yeux de tous les mâles qui posent leurs yeux sur elle.
Je farde mes paupières en insultant encore et encore Sullivan et tous ces hommes que j’ai dû satisfaire. Je sublime mes cils d’un peu de mascara en me rappelant que ma vie n’a pas toujours été comme ça et que je retrouverai mon existence d’avant, coûte que coûte. J’appose un rouge à lèvres mat sur ma bouche en priant pour que tous mes souhaits se réalisent un jour et que je sois libérée et heureuse… à nouveau.
Je n’écoute plus les remontrances de Sullivan ou alors, je les laisse simplement nourrir ma haine et ma colère.
Ses réprimandes concernent à chaque fois mon comportement, l’attitude normale d’une femme qui ne parvient plus à supporter ces violences machistes à toute heure de la journée mais il semblerait que tous les hommes que côtoie Sullivan et Sullivan lui-même oublient que nous ne sommes pas que de simples poupées gonflables conçues pour répondre au moindre de leurs désirs.
Le client est roi… alors, tais-toi.
Et si le client allait se faire foutre pour une fois ?
Une fois mon maquillage fait, je pose mes mains à plat sur le meuble et me fixe de nouveau dans le miroir. Le reflet qu’il me renvoie me donne envie de rire tellement il est absurde. On dirait que je fais face à une femme qui s’est préparée pour un rendez-vous galant.
Mais la réalité est bien plus sombre et moins romantique.
Je ne vais pas retrouver un homme galant pour aller dîner.
Non. Je vais retrouver des clients qui m’ont dépossédée de mon propre corps avant de laisser ce plaisir à un seul connard nommé Sullivan.
— Pinche cabrón repugnante, je maugrée, dégoûtée. (Sale connard répugnant.)
En scrutant toujours cet horrible reflet, j’apporte mes doigts vers mes lèvres, crochète mes commissures et les étire pour me forcer à sourire. J’ai l’air ridicule. Mais je m’entraîne. Je m’entraîne à afficher ce rictus d’une douceur amère qui plaît aux hommes qui ne voient pas au-delà de cette expression créée de toute pièce.
Souris, Sol.
Quand tu n’y arriveras plus, c’est que tout sera perdu.
Alors je m’efforce de toujours sourire et de rire face aux choses les plus simples de la vie.
C’est comme ça que je survis.
Je contenais mes rires face aux comportements pathétiques de ces hommes en manque de tout, mais maintenant, je me laisse aller. Je me donne le droit d’être moi.
Mais ce qui me rend le plus folle, ce n’est pas ses chaines qui me retiennent prisonnière, c’est le fait que je sois presque la plus âgée parmi toutes les filles qui travaillent dans cet hôtel alors que je n’ai que vingt-et-un ans. La plupart d’entre elles ont entre quinze et dix-huit ans… Même pas la majorité aux Etats-Unis.
Mais le maquillage et les traumatismes réussissent à les rendre toutes plus vieilles.
Ça me rend malade.
Je jette un coup d'œil à la vieille horloge posée à même le sol. Je me rappelle encore de la fois où elle s’est détachée du mur pour venir s’écraser par terre après un énième accès de colère de Sullivan. Je me souviens avoir utilisé le verre brisé pour m’attaquer à lui. Ce n’était pas il y a si longtemps ; c’est ce qui m’a valu ses marques sur le visage.
Aucun de nous deux ne l’a remise à sa place. Elle gît par terre depuis maintenant quatre jours. Et elle affiche toujours la même heure : 18h46.
L’heure qui marque le début de ma rébellion.
Je me lève pour me changer mais me tourne avant vers l’enceinte à laquelle est connecté mon téléphone. Si ce dernier ne m’était pas tant utile, je l’aurai déjà brisé en mille morceaux.
Je mets en route la musique qui me donne la force d’enfiler cette maudite robe qui m’attend pendue au portant. J’augmente le son sans me soucier des voisins ou de l’arrivée imminente de Sullivan qui déteste quand je mets de la musique, surtout quand elle est en espagnol.
Depuis quelques jours, j’écoute souvent Rata De Dos Patas de Paquita la del Barrio à fond, je danse dessus et je chante les paroles quand sa colère prend possession de lui et que je le hais du plus profond de mon âme.
Ça a tendance à l’énerver encore plus.
Surtout quand je me mets à sourire puis rire et que je l’ignore.
Rata inmunda, animal rastrero
Escoria de la vida, adefesio mal hecho
Infrahumano, espectro del infierno,
Maldita sabandija, cuánto daño me has hecho
Je me débarrasse de mon jogging et de mon pull, profitant de l’absence de Sullivan pour me délester du poids qui écrase mes épaules et me laisser vivre un moment avant de rejoindre cet enfoiré pour nous rendre au Bacchus.
Je ferme les yeux et commence à fredonner doucement avant de me mettre à hurler quand la musique s’accélère même si je sais que je chante probablement faux. Je bouge dans tous les sens, seulement vêtue de mes sous-vêtements. Mes talons frappent le vieux plancher alors que je tourne sur moi-même.
¡ Deshecho de la vida, te odio y te desprecio !
Danser me permet d’extérioriser. Et ça me rappelle ces fois où je poussais ma sœur à me rejoindre pour qu’elle oublie pendant un instant là où nous nous trouvions, le passé que nous avons laissé derrière nous… je la revois rire timidement alors que je me casse la voix sur les paroles, grimaçant avec exagération pour donner plus d’intensité à chaque insulte.
Je la faisais rire, c’était tout ce qui comptait.
Surtout avec cette chanson que nous étions les seules à comprendre.
Mais très vite, je suis coupée par des coups à la porte d’entrée. Si d’abord je les ignore, je finis par baisser le son et me diriger vers le salon en comprenant que mon trouble-fête n’a pas l’intention de s’en aller. Je prends une grande inspiration pour plaquer mon sourire factice et radieux sur mon visage. J’entrouvre le battant et regarde qui est mon visiteur. Je laisse mon visage se détendre en reconnaissant mon amour de voisine qui me salue de son plus beau sourire.
Non, cet enfoiré de Sullivan n’est pas encore de retour…
Soulagée, j’ouvre en grand le battant pour faire face à la quinquagénaire en oubliant momentanément que je ne suis vêtue que de mes sous-vêtements. Dolores me détaille de la tête aux pieds et roule des yeux. Je lâche un rire.
— Je peux entrer ? me demande-t-elle.
— C’est quoi cette question ? Bien sûr que oui !
Je m’efface pour la laisser pénétrer dans notre appartement et referme derrière elle. Comme si elle était chez elle, Dolores s’installe à la petite table à manger et pose ce qu’elle tenait dans ses mains jusque là.
— Tu vas travailler ?
— Malheureusement, oui, je réponds en arborant une expression de dégoût assumé.
Dès mon arrivée dans l’immeuble, Dolores est devenue la maman que j’avais laissée au Mexique.
Quand ma sœur a été vendue, j’ai été offerte à Sullivan, comme une récompense. Au lieu de passer toutes mes journées et mes nuits dans le Bacchus, je me suis retrouvée dans l’appartement miteux du directeur de l’hôtel, celui que je haïssais le plus après les propriétaires eux-mêmes. Si au début, la cohabitation était simple parce que je n’avais pas la force pour me battre en sachant que ma sœur était loin, j’ai vite repris mes esprits en me rendant compte que c’était peut-être une opportunité pour moi.
Celle de pouvoir m’enfuir pour ensuite la chercher.
C’est pendant les premiers jours que j’ai rencontré cette quinquagénaire argentine qui est venue toquer à la porte de l’appartement miteux dans lequel vivait Sullivan.
Je me souviens que je n’ai pas hésité une seule seconde avant d’ouvrir la porte, persuadée qu’il s’agissait de Sullivan qui revenait du Bacchus mais je suis tombée face à une vieille dame qui s’est mise à parler en espagnol sans prévenir. J’en ai eu les larmes aux yeux et j’ai souri comme je n'avais pas souri depuis longtemps.
Elle savait qui était Sullivan, à quoi il s’adonnait et était venue toquer un jour où il n’était pas là pour voir qui était la fille qu’il avait ramenée.
Dolores est devenue mon point d’ancrage dans ce pays inconnu et effrayant qui, pourtant, avait l’air moins traumatisant que las colonias populares de Guadalajara. Surtout que Nora n’était plus là pour me donner une raison d’être cette fille souriante, pleine d’énergie qui cherchait toujours à alimenter la flamme d’espoir de sa sœur.
J’étais la nouvelle attraction du quartier parce que personne ne m’avait jamais vue dans le secteur. Tout le monde se connaissait à Jonestown et moi, j’étais étrangère. Je n’avais même pas la nationalité américaine.
J’étais une migrante mexicaine clandestine. On pouvait me renvoyer dans mon pays à tout moment. Et mes papiers, c’était eux qui les avaient : les Byrne, cette maudite famille mafieuse irlandaise. Et ils les ont toujours.
Elle soupire, elle-même touchée par ma situation et tapote de son index le paquet qu’elle a posé sur la table.
— Je ne peux pas faire grand-chose alors je t’ai amené ça.
— Un cadeau ! je m’étonne. Génial ! Ce sont des donuts ?
— Absolument pas, rétorque-t-elle en m’envoyant un regard réprobateur. C’est mauvais pour la santé et je t’en ai ramené trois hier. Tu les as déjà dévorés ?
— Ils n’arrêtaient pas d’hurler : Sol ! Sol ! Cómenos ! Cómenos ! (Mange-nous ! Mange-nous !)
Elle ricane alors que j’éclate de rire. Je ne peux pas résister à l’appel du sucre. Surtout quand mes angoisses veulent à tout prix s’exprimer. Manger des gâteaux m’aide à faire taire ces cris internes en les étouffant avec tout ce glucose. Sullivan ne m’engueule jamais pour ces excès car c’est simple, il ne sait pas que je me goinfre de la sorte et ce n’est certainement pas son avis qui m’éloignera de ce péché mignon.
— Allez, ouvre-le, déclare Dolores.
Je m’assois à côté d’elle et ouvre le paquet pour y découvrir une veste kimono d’un jaune or magnifique. Je la sors et l’admire quelques minutes avant de me rendre compte qu’elle est accompagnée d’une jolie jupe mi-longue en cuir noir.
J’écarquille les yeux et me tourne vers Dolores.
— No diga nada, déclare-t-elle en balayant déjà mes remerciements avant que je ne les prononce. (Ne dis rien.)
— Pourquoi m’avoir acheté ça ?
— Pour remplacer cette horrible robe trop courte que ton culero t’a offerte, marmonne-t-elle. D’ailleurs, très bon choix de musique.
J’explose de rire suite à l’insulte qu’elle vient d’utiliser et à sa remarque. J’ai commencé à le surnommer ainsi dès que j’ai compris qui il était vraiment. Si ma sœur a toujours préféré rester silencieuse et ne jamais insulter nos supérieurs, j’avais décrété que c’était le mot parfait pour qualifier Sullivan.
Et elle ne pouvait pas dire le contraire : c’est un véritable trou du cul.
J’embrasse Dolores sur la tempe, prends le paquet et pars dans ma chambre pour enfiler ma nouvelle tenue. Je me sentirai sans doute plus sereine avec le cadeau d’une femme aimante sur le dos plutôt qu’avec la robe d’un vulgaire proxénète.
Je vêtis la jupe, un croc-top noir ainsi que la veste kimono qui donne plus de vie au noir qui moule mes formes généreuses. Je relève ensuite mes braids en couette haute et les laisse retomber sur mes épaules avant de décorer mes oreilles de boucles en or pour accompagner mes multiples piercings.
— Bon courage, Sol. Tu sais que tu peux dormir chez moi si la soirée a été trop mouvementée, s’exclame-t-elle depuis le salon.
— Merci, Dolores !
J’entends ensuite la porte claquer. Elle est partie. Et c’est bientôt le moment pour moi d’enfiler mes escarpins afin de me rendre sur mon lieu de travail même si je préférerais m’emmitoufler dans mes couvertures, manger les restes des gâteaux secs que Sullivan achète pour lui et regarder la télévision jusqu’à m’endormir tranquillement.
Mais ça fait bien longtemps que ça ne m’est pas arrivé.
Je prends le paquet pour le ranger sous le lit quand mon téléphone se met à sonner dans la chambre, me faisant sursauter. J’en lâche le paquet qui s’écrase par terre. Le bruit qui en résulte me fait froncer les sourcils. Il était pourtant vide, non ?
— Je vais finir par t’appeler Santa Dolores…
Je ricane en sortant le petit paquet décoré du logo d’une pâtisserie. Elle me disputait tout à l’heure pour avoir mangé trop vite ses donuts et voilà qu’elle m’offre des macarons. Ça a dû coûter cher d’ailleurs ! J’oublie complètement mon téléphone qui se remet à sonner et m’installe sur mon lit pour choisir ma victime du jour.
Je fais danser mes doigts au-dessus de ces petites merveilles aux différentes saveurs et souris de toutes mes dents en jetant mon dévolu sur celui à la vanille. Je croque dedans et soupire de bien-être quand la saveur sucrée vient charmer mes papilles.
Dolores sait très bien à quel point je suis stressée avant d’aller au Bacchus et elle sait comment je gère mon anxiété même si ce n’est pas la meilleure manière de faire taire mes peurs. Et je suis sûre qu’elle espérait secrètement que je ne trouve pas tout de suite son petit cadeau.
Dommage pour elle, grâce à Sullivan, j’ai pu avaler trois macarons avant que ma sonnerie me rappelle à l’ordre pour la troisième fois. Couchée sur mon lit, mes pieds touchant le sol froid qui réveille la moindre de mes terminaisons nerveuses, je réponds enfin à l’insistance du culero.
— Sol ?! Pourquoi tu n’as pas répondu ? Qu’est-ce que tu fous ?
— Te imagino muerto con una pinza en el ojo, je marmonne. (Je t’imagine mort avec une barrette dans l’œil.)
— Qu’est-ce que tu racontes ? Et ne me parle pas la bouche pleine !
Je lève les yeux au ciel et fourre l’entièreté de mon quatrième macaron dans ma bouche avant de lui répondre.
— Che chuis bientôt prête.
— Je t’attends en bas. Bouge-toi le cul, sale peste, grogne-t-il.
Je raccroche alors qu’il se plaint de mon attitude et de mes provocations. Je crois même l’avoir entendu me menacer mais je ne lui ai pas laissé le temps de terminer ses mises en garde. Je laisse tomber mon bras sur le matelas et tourne ma tête vers la boîte à moitié vide de macarons en me demandant si un dernier me donnera le courage de me lever.
Mon estomac répond pour moi.
Je n’ai pas envie d’être ballotée toute la soirée alors je décide de fermer la boîte et d’en garder pour demain, histoire d’étouffer la haine que cette soirée aura provoquée en moi.
Mais je ne resterai pas longtemps dans cet hôtel.
Je vais sortir de là et je te retrouverai Nora. Te lo prometo. (Je te le promets.)