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Chapitre 10 - Jens

Rennes, France, septembre 2008

Jeudi soir. Il n'y avait pas de soirée plus importante pour un étudiant que celle du jeudi soir.

On aurait pu penser que le vendredi aurait gagné ce privilège, mais les élèves qui étudiaient loin de chez eux fuyaient Rennes dès que la semaine de cours se terminait. Le jeudi soir était donc la soirée parfaite pour se foutre une mine et oublier la montagne de travail qui les attendait le reste du temps. Un instant pour relâcher la pression, pour fumer un joint et ne penser à rien.

Après des mois tranquilles, Rennes avait enfin retrouvé son atmosphère festive, avec les retours des étudiants qui avaient déserté la ville depuis juin.

Sur la place Saint-Anne, les policiers municipaux attendaient déjà les premiers fêtards qui sortaient de la bouche du métro pour s'assurer qu'ils ne transportaient pas d'alcool. Ces derniers n'étaient pas stupides et, avec le temps, avaient appris à dissimuler leurs bouteilles pour mieux les consommer plus tard, chez un ami ou sur la place du Parlement.

Je me faufilais dans les rues du centre de la ville sous un ciel sans étoiles pour rejoindre mon pote Gaspar. C'était déjà la deuxième fois que je me rendais chez lui cette semaine et, même si l'envie n'y était pas vraiment, j'avais également une autre idée en tête. 

Gaspar était un super pote. Nous avions sympathisé lorsque j’avais rejoint le club de natation et, en dépit de mon attitude parfois limite, il ne m'avait jamais lâché, s'assurant souvent que je sois toujours en vie.

Ce soir-là, je savais que sa maison serait remplie d'autres mecs du club, mais aussi d'élèves de son lycée. J'espérais juste qu'une certaine fille de sa promo ne serait pas là.

Lorsque j'entrai dans la ruelle où se trouvaient plusieurs maisons colorées, une première goutte de pluie tomba, avant de se transformer en véritable déluge. 

Putain de météo.

Je rabattis ma capuche pour éviter d'arriver complètement trempé, mais en relevant la tête pour l'ajuster correctement, j'aperçus la fille de l'autre soir perchée sur le rebord de la fenêtre. On aurait cru une apparition. Sa peau, aussi pâle que le clair de lune, et ses cheveux sombres encadraient son joli visage en forme de cœur. 

Je reconnus immédiatement la nouvelle qui avait tant fait parler au lycée cette semaine. J’avais eu un doute lorsque je l’avais aperçu en cours d’EPS, mais la jolie petite brune du gymnase était bien là devant moi.

Elle émit un petit reniflement et je découvris qu'elle était en train de pleurer.

Je ne comprenais pas pourquoi, mais cette image m'était désagréable. Je m'approchai en m'abritant sous un arbre qui faisait face à sa maison.

- Alors comme ça, tu n'es pas au collège ? lui lançai-je pour détourner son attention de ce qui la tracassait.

En entendant ma voix, elle sursauta et s'essuya rapidement les joues avec le revers de son haut de pyjama, un t-shirt des Super Nanas. Elle reporta son regard sur le mien.

- Tu m'as fait peur !  dit-elle, ennuyée.

Bien. Toute autre émotion valait mieux que la tristesse, et je me félicitai intérieurement d'avoir réussi ma mission.

- Je dois dire que j'étais surpris de te voir au lycée, mais au moins j'ai obtenu ma réponse. Tu étais bien nouvelle en ville, poursuivis-je.

- Félicitations, tu veux une médaille ?  répondit-elle avec sarcasme.

Son ton trahissait un énervement grandissant et je me délectais d'avoir pu générer une aussi forte émotion de sa part en aussi peu de temps. Peut-être avait-elle honte que je l'aie surprise en train de pleurer.

- Et qu'est-ce qui peut bien faire pleurer une aussi jolie fille ? l'interrogeai-je. Un problème de mec, ton copain t'a larguée ?, continuai-je sur un ton qui se voulait détaché. 

Subtile, Jens, subtile, m'engueulai-je intérieurement.

- Au risque de te décevoir, le monde des filles ne tourne pas toujours autour des mecs, lâcha-t-elle.

Je n'avais pas ma réponse, mais j'appréciais le fait qu'elle ne soit pas tombée dans le piège. Cette fille avait du répondant, et j'aimais ça.

- Alors pourquoi tu pleures ?  la questionnai-je.

- Pour rien qui n'intéresse un parfait inconnu, soupira-t-elle.

- Cela fait déjà deux fois que nous nous parlons, je dirais donc que nous avons dépassé le stade des inconnus. 

Elle renifla et s'exclama : 

- Je ne connais même pas ton prénom, on peut donc difficilement dire que nous nous connaissons. 

- Jens, lui répondis-je.

- Enchantée, Jens, dit-elle sur un ton plein de sarcasme.

- De même, Camille, et la surprise se matérialisa sur son visage lorsque je prononçai son prénom. 

- Comment tu… , débuta-t-elle au moment où mon portable se mit à vibrer dans ma poche.

Je saisis l'appareil et me rendis compte que Gaspar était en train de m'appeler.

- Hey mec, tu es où ? Mélanie arrête pas de me saouler avec toi, et j'aimerais bien m'en libérer, s'il te plaît, fit-il dans le combiné.

- Je suis à deux pas de chez toi, j'arrive dans une minute, répondis-je avant de raccrocher.

Camille me regardait fixement à présent, comme pour observer mon prochain mouvement.

- Il y aurait moyen que tu me donnes ton numéro ? demandai-je. Après tout, je n'avais rien à perdre à demander, à part un peu de mon égo.

- Non, dit-elle avec assurance.

Dieu, que cette expression sur son visage me donnait envie de passer ma nuit à tenter de la connaître plutôt que de rejoindre une énième soirée.

- Très bien, ce n'est que partie remise, Juliette. Tu finiras par me donner ton numéro. On se verra au lycée, terminai-je avant de prendre la direction de la maison de mon meilleur ami.

En m'éloignant, je l'entendis crier : 

- Je ne m'appelle pas Juliette ! Et je me mis à rire.

Maintenant, j'en étais certain, elle ne m'oublierait pas. 

⭐️⭐️⭐️

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