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Chapitre 9 - Camille

Rennes, France, septembre 2008

Je n'aurais jamais cru devoir me rendre sous terre pour aller à la cantine. Le self du lycée Dreyfus n'avait définitivement pas l'attrait des bâtiments qui se trouvaient en surface.

Après une suite d'escaliers sombres qui menaient à un couloir étroit, nous arrivions enfin dans l'espace plateau où les élèves faisaient la queue pour se servir leur repas. On aurait facilement pu se croire dans un bunker.

À cette heure, l'enceinte était pleine à craquer d'élèves dont les estomacs avaient déjà commencé à gargouiller durant l'ultime heure de cours de la matinée.

Nous venions tout juste de terminer notre cours d'espagnol et nous attendions patiemment que notre tour arrive. Devant moi, Alice et Héloïse débattaient sur l’entrée qu’elles allaient choisir, tandis qu’à ma suite, Karl, Steve et Jonas, dont j'avais fait la connaissance ce matin, se plaignaient de la quantité de devoirs que nous avions déjà reçus en seulement deux jours de cours.

- Camille, je te conseille de prendre les œufs mimosa, lança Héloïse, me sortant de mes pensées.

- Franchement, je ne suis pas sûr que la mayo soit une si bonne idée, regarde la gueule qu’elle a, pointa du doigt Alice.

Les œufs en question étaient en effet recouverts d’une épaisse couche de mayonnaise clairsemée de petites taches vertes.

- Mais c’est du persil, Alice, je sais que tu quittes rarement la ville, mais tu peux quand même reconnaître du persil, non ?  se moqua gentiment Héloïse en entourant les épaules de son amie.

- Tout ce que je veux dire, c’est que ça a l’air chelou, je resterai safe en prenant les carottes râpées, affirma Alice.

J'adorais les œufs mimosa que je préparais moi-même à la maison avec des quantités astronomiques de mayonnaise, mais les mots de maman me revenaient encore en tête. Après mon retour de la piscine hier, elle m'avait félicitée de finalement me reprendre en main après avoir gagné quelques kilos cet été.

La piscine. J'avais clairement merdé hier en m'y rendant l'estomac vide. Je n'osais pas imaginer ce qu'il se serait passé si un certain garçon n'avait pas été là.

Ce matin, j'avais pris le temps de me faire un bol de fromage blanc, banane et noix et je comptais bien manger raisonnablement ce midi pour éviter de m'évanouir en cours de sport cet après-midi.

La queue avança et je déposai sur mon plateau une assiette de carottes râpées, un bol de salade verte, deux clémentines ainsi qu'un morceau de poulet en sauce accompagné de pâtes et de ratatouille.

- N'oublie pas de prendre ton morceau de pain, m'indiqua Karl en pointant du doigt une caisse remplie de petits pains dorés.

- Merci, lui répondis-je avec un grand sourire. Cela faisait déjà beaucoup trop de féculents sur mon plateau me disait cette petite voix dans ma tête. 

Une fois tous servis, nous descendîmes une rampe éclairée par un puits de lumière au plafond où l'on pouvait apercevoir le ciel nuageux de cette journée de septembre.

En bas, la salle était bondée et des dizaines de tables s'étendaient sur plusieurs rangées.

- Il y a une table libre là-bas, déclara Héloïse, prenant la tête de notre petit groupe.

Arrivés sur place, nous déposâmes nos plateaux avant de nous asseoir. J'étais assise en bout de table, face à une Héloïse qui dévorait déjà des yeux son assiette, à ma gauche, Alice débattait avec Karl qui tentait de la convaincre qu'un groupe de musique, dont je n'avais pas retenu le nom, allait définitivement percer cette année.

Alors que je m'apprêtais à plonger ma fourchette dans mon plat de carottes râpées, une silhouette en mouvement retint mon attention et je relevai les yeux.

À quelques mètres, Raphaël avançait nonchalamment dans notre direction, suivi de près par un garçon presque aussi grand aux cheveux châtains cuivrés. Leur procession était complétée par Charlotte et Lia qui marchaient dans leur sillage.

Arrivés à notre hauteur, le regard ambré de Raphaël croisa le mien avant qu'il ne reporte son intérêt sur le contenu de mon plateau. Il hocha brièvement la tête, un geste que je n'aurais pas été capable d'apercevoir si je ne l'avais pas fixé aussi intensément, puis continua son chemin sans un mot.

Le garçon qui le suivait se mit à sourire en nous apercevant puis lança : 

- Comment va ma reine des glaces préférée ? 

À ces mots, Alice lança un regard noir en direction du nouvel arrivant.

- Oui, toi aussi tu m'as beaucoup manqué cet été, ajouta-t-il goguenard.

- Arrête de l'embêter, le condamna Charlotte en secouant légèrement la tête, puis ils prirent la direction du fond de la salle.

- Je vois qu'il en pince toujours pour toi, Alice, commenta Héloïse avec un grand sourire.

- Il aime juste les défis, rien de plus, répliqua froidement Alice.

- Il semble avoir de l'endurance, car ça fait quand même un moment que ça dure. Depuis la seconde, non ? s'interrogea Karl.

- Depuis la troisième, intervint Héloïse.

Un peu perdue, je demandai : 

- Il y a quelque chose entre vous ? 

- Jamais de la vie, s'écria brusquement Alice, dont la réaction contrastait radicalement avec son flegme habituel.

- Matthieu n'a pas encore réussi à percer le petit cœur de notre Alice chérie, se moqua Héloïse.

- Et ça n'arrivera pas, conclut Alice avec bien trop de fermeté dans la voix.

- Toi, au moins, tu as la chance de ne pas être ignorée par l'un des Carpentier, soupira tristement Karl.

Devant mon air perdu, Héloïse expliqua :  

- Matthieu est le frère jumeau de Charlotte et Matthieu est aussi le meilleur ami de Raphaël, tout comme Charlotte est la meilleure amie de Lia. Ces quatre-là sont toujours fourrés ensemble. 

- Je croyais pourtant que Raphaël avait largué Lia, non ? demanda Steve.

- Il faut croire que c'est du passé, ça ne serait pas la première fois, rigola Héloïse.

- Non, c'est clair, acquiescèrent Alice et Karl.

Je repensai au mauvais caractère de Raphaël et à l'attitude de Lia pendant le cours de chimie. Il n'y avait pas de doute, ils étaient faits pour s'entendre.

- Bon, et sinon, plutôt que de parler d'eux, et si on pensait plutôt au week-end ? Ça vous tente une soirée pyjama chez moi samedi soir ? demanda Héloïse en nous observant avec Alice.

- C'est bon pour moi, répondit Alice.

- Hey, on est là aussi, je vous signale, les meufs, interrompit Karl en rigolant.

- Parce que tu as envie de passer ta soirée à manger du chocolat devant Gossip Girls, tout en te faisant les ongles ? Si c'est ça, je peux tenter de convaincre mon père, s'enquit-elle.

- Non, je vais passer mon tour, ma mère m'oblige déjà à regarder ses films à l'eau de rose, dit-il en se mettant à rire.

- Ta mère est une femme de goût, affirma Héloïse avant de se tourner vers moi. Alors, Camille, tu viendras aussi ? 

- Je ne sais pas si ma mère acceptera, avouai-je gênée. Elle ne sera pas là ce week-end et je pense qu'elle serait plus rassurée de me savoir à la maison en son absence. 

- Mais justement, c'est l'occasion parfaite ! Tu peux même lui donner le numéro de mes parents si ça peut la rassurer. Ça serait dommage que tu passes ta soirée seule. 

- Oh, tu sais, j'ai l'habitude maintenant, affirmai-je tristement.

- Non, non, non. S’il te plaît, demande-lui, tu ne perds rien à essayer, tenta-t-elle de me convaincre.

- Elle ne lâchera pas l’affaire, me souffla Alice à ma gauche.

- Okay, je vais lui demander, promis-je à ma nouvelle amie dont les yeux brillaient d’une lueur déterminée.

- Le cours de sport d'aujourd'hui sera très bref. Il servira principalement à déterminer les groupes qui seront constitués en fonction de vos choix pour les épreuves sportives du baccalauréat, résonna la voix de l'un des deux professeurs de sport présents.

------

Nous étions réunis dans l'un des gymnases de Dreyfus, où l’odeur de sueur ancienne se mêlait aux différents parfums des étudiants. Il faudrait définitivement qu'ils pensent à aérer la salle plus souvent.

La classe des terminales S1 n'était cependant pas seule, puisque les élèves de la S2 nous avaient également rejoints. Il y avait tellement d'élèves dans la salle que je n'étais pas certaine de reconnaître tous ceux qui faisaient partie de ma classe.

- Je vais donc commencer par énumérer la liste des sports proposés cette année et je vous inviterai ensuite à former une file indienne devant le groupe que vous souhaitez rejoindre, poursuivit le professeur d'une voix assurée.

- Ugh, je déteste l'EPS, maugréa Alice.

- Mais non, ça nous fait une pause sympa pendant les cours, argumenta Héloïse.

- C'est facile pour toi avec tes grandes jambes et ta moyenne de 18 en sport, contra Alice.

- Je suis plutôt d'accord avec Alice pour le coup, je suis une vraie quiche en sport, admis-je.

- Le premier groupe se verra proposer les trois sports suivants : natation, ping-pong et volley-ball ; quant au second groupe, vous passerez les épreuves d'athlétisme, de gymnastique et de basket-ball, continua le professeur.

- Le choix entre la peste et le choléra, quoi, se renfrogna Alice.

- Ne sois pas aussi négative, princesse, je serai avec toi, s'exclama Matthieu en approchant Alice, un grand sourire collé au visage.

- Il manquait plus que lui, dit Alice en levant les yeux au ciel.

- Je sais que tu m’aimes bien au fond, Alice, c'est juste que tu n'as pas encore assez creusé. 

- Je n'ai pas l'âme d'une jardinière, déclara-t-elle avant de s'éloigner tandis que Matthieu se mettait à rire.

- Mec, je suis amoureux, déclara Matthieu à Raphaël qui venait juste de le rejoindre.

- Je ne serais pas étonné si elle finissait par te planter son compas dans le cou, affirma ce dernier platement.

- C'est l'amour vache ça, mec, mais ça n'en reste pas moins de l'amour, observa-t-il en suivant Alice du regard.

- Je suis de ton côté, Matthieu, commença Héloïse. Sous cette apparence glaciale se cache un petit cœur qui ne demande qu'à aimer. Et le fait qu'elle ne t'ait pas encore tué depuis toutes ces années est plutôt positif, observa-t-elle.

- Ah ! Tu vois, Raph, s'exclama ce dernier avant de passer un bras musclé autour des épaules d'Héloïse.  Hélo, je compte sur toi pour faire campagne pour moi. Et ils se mirent tous les deux à rire.

- On peut savoir ce qu’il y a de drôle ? gronda Lia qui se rapprochait tout en me jetant des coups d'œil assassins. Je me demandais bien ce que j'avais pu lui faire pour retenir autant son attention.

- Rien qui ne te regarde, Lia, répondit Raphaël.

- Mais pourquoi es-tu aussi froid avec moi, Raphaël, tu vois bien que je fais des efforts en m'intéressant à tes nouveaux amis, dit-elle sur un ton faussement mielleux. Ce dernier ne prit même pas la peine de lui répondre.

- Rhoo les mecs, vous êtes relous à vous disputer, intervint Matthieu. On parlait juste de ma future copine. 

- Tu as déjà des vues sur la nouvelle ? Tu ne perds pas de temps dis donc, Matthieu. Charlotte est au courant ? 

- Sans offense, s’excusa-t-il en se tournant vers moi avant de se rediriger vers Lia. Je ne parlais pas de Camille, mais d'Alice. Et de la même manière que je ne me mêle pas de la vie amoureuse de ma sœur, ou plutôt de son absence, elle ne se mêle pas non plus de la mienne. Il y a des choses qui doivent définitivement rester de l'ordre du privé, même entre jumeaux, expliqua-t-il en remuant légèrement ses épaules comme pour se défaire d'une image désagréable.

- Et je pense que la nouvelle a tapé dans assez d'yeux en soixante-douze pour éviter de me rajouter à la liste, finit-il en jetant un coup d'œil à Raphaël.

Mon regard croisa celui de ce dernier et je me mis à rougir tout en restant muette.

- Tu entends quoi par là ? siffla Lia furieuse.

- Jeunes gens, s'il vous plaît, un peu de silence. Veuillez à présent prendre place dans la file qui correspond à votre choix, interrompit le professeur d'EPS et mon attention se reporta sur les deux tableaux noirs nous faisant face.

J'avais l'endurance d'une grand-mère de 90 ans qui se siffle un paquet de cigarettes par jour, je ne pouvais donc raisonnablement pas prendre l'athlétisme, même si j'adorais la gym. Il fallait faire un choix intelligent.

Une fois sûre de ma décision, je m'avançai dans la file de la natation, du volley et du ping-pong avec Héloïse qui avait pris place juste devant moi. Juste en face de nous, dans la file voisine, Matthieu faisait de grands gestes à cette dernière en indiquant Alice qui se trouvait également dans son groupe. Tout sourire, Héloïse tendit ses deux pouces vers le haut.

Le regard de Matthieu se reporta finalement sur notre groupe et il s’exclama en rigolant : 

- Hey mec, tu as le cul bordé de nouilles ! 

Je me retournai pour voir à qui il s’adressait. C’est alors que je me rendis compte que Raphaël était dans mon groupe, tout comme Lia. 

Mais ce ne sont ni Lia, ni même Raphaël qui retinrent mon attention. Ce fut le garçon qui se trouvait quelques mètres derrière et dont la chevelure platine ainsi que les yeux gris n’avaient pas quitté mon esprit depuis mardi soir.

⭐️⭐️⭐️

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