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Chapitre 4 - Camille

Rennes, France, septembre 2008

La cloche sonna les douze coups de midi, et l'alarme résonna dans les couloirs pour clore cette première journée de rentrée.

Tel un seul homme, tous les élèves de la terminale S1 se levèrent et rangèrent leurs affaires avant de se précipiter vers la sortie.

- N'oubliez pas votre blouse pour les TP de chimie demain, s'il vous plaît, rappela Madame Vicard.

- Tu sais où se trouvent les casiers ?, me demanda Héloïse en me devançant pour sortir de la classe.

- Pas encore non, lui répondis-je honnêtement. Le lycée était plutôt grand, et je n'avais pas encore eu le temps de me familiariser avec le plan de l’établissement.

- Allez viens, on t’accompagne pour te montrer, me dit-elle en me prenant par le bras, embarquant aussi Alice dans son passage.

Nous redescendions d’un étage, empruntant un escalier en pierres aux marches cabossées, pour arriver dans un hall menant vers l’une des cours extérieures. Dehors, quelques élèves étaient affalés sur des bancs, profitant des rares rayons de soleil qui arrivaient à traverser les nuages gris.

Finalement, alors que nous nous rapprochions des casiers, situés sous les voûtes au fond de la cour, la voix de Lia résonna.

- Tu vas continuer à m'ignorer longtemps comme ça ?, demanda-t-elle à un garçon dont nous ne voyions que le dos.

La différence de taille entre Lia et l'inconnu était vraiment impressionnante. Elle lui arrivait à peine au niveau de la clavicule, mais elle ne semblait pas s'en incommoder.

- Raphaël, je te parle, je te signale, poursuivit-elle, alors que le garçon refermait la porte de son casier.

- Lia, il me semblait avoir été clair en juillet. Je n'ai plus rien à te dire, finit-il par céder, d'une voix grave et profonde.

Cette voix me sembla familière, mais je n’arrivais pas à la replacer.

Avant qu'elle n'ait le temps de rétorquer, l'inconnu se tourna dans notre direction, et ce sentiment de familiarité prit tout son sens. Devant moi, le garçon du banc arborait une mine encore plus renfrognée qu'il ne l'avait ce matin après notre échange. Il portait à présent une veste en jean brut et des lunettes rondes, ce qui lui donnait un air d'intello. Un très bel intello.

Son regard croisa le mien et il soupira, comme si ma présence ne faisait qu'empirer sa mauvaise humeur.

Sans un mot de plus, il se lança dans la direction que nous venions d’emprunter et disparut, nous laissant face à une Lia dont le regard noir aurait pu en effrayer plus d’un.

- Si vous racontez quoi que ce soit, je vous le ferai payer, nous menaça-t-elle avant de ramasser son sac et de partir dans l’autre direction.

Une fois seules, Héloïse et Alice explosèrent de rire.

- Ça va ?, leur demandai-je, quelque peu surprise par leur réaction et par la scène qui venait de se jouer devant nos yeux.

- Ils feraient presque de la concurrence à tes meilleurs feuilletons, se moqua gentiment Alice en regardant Héloïse.

- Je devrais peut-être prendre des notes pour plus tard. On ne sait jamais, peut-être que je finirai par décrocher un poste de scénariste à Hollywood, et avec ces deux-là, j’aurai matière à écrire, répondit Héloïse, toujours hilare.

Je me sentis un peu bête d'être la seule à ne pas comprendre la blague. Même si je ne les connaissais que depuis quelques heures, j'enviais Alice et Héloïse, ou plutôt cette relation où un seul regard valait plus mille que mots. Cette confiance et cette compréhension que seule une véritable connexion pouvait offrir.

Mon visage devait être aussi facile à lire qu'un livre pour enfants, car, devant mon air perplexe, Héloïse se lança : 

- Tu viens d'assister à l'un des nombreux épisodes de la série la plus connue de tout Dreyfus ou, plus simplement, à une énième dispute du couple le plus populaire du lycée. 

- J'ai entendu dire par Victor qu'ils ne sont plus ensemble, la coupa Alice.

- Pour combien de temps ?, lui rétorqua Héloïse.

Face à mon silence, elle continua : 

- Lia et Raphaël sont ensemble, ou étaient, mais ça peut encore changer avec eux. Ça fait plus de cinq ans que je les connais. Ils étaient déjà ensemble au collège quand je suis arrivée en cinquième, et tous les ans, c'est la même chose. Ils se disputent et se remettent ensemble. 

- Lia n'avait pourtant pas l'air ravie de nous voir assister à leur petite représentation, finis-je par dire, l'air gênée. Cela ne faisait que quelques heures que j'étais arrivée dans ce lycée, et déjà deux fois j'avais croisé son regard mauvais.

- Lia n'aime pas que toutes leurs petites disputes soient étalées sur la place publique. Elle aime faire croire à qui veut l'entendre qu'ils sont le couple parfait, mais personne n'est dupe, reprit Héloïse. 

- Tiens, les casiers des terminales S sont là, tu as quel numéro ?, me demanda-t-elle, mettant fin à la conversation précédente.

- Le 234, répondis-je, me rappelant du numéro que la professeure principale m’avait communiqué le matin, en même temps que mes identifiants pour me connecter à l'espace numérique du lycée.

- Oh non, intervint Alice. Je crois bien qu'il va te falloir une échelle pour atteindre ton casier. 

Je relevai les yeux pour mieux observer les numéros affichés sur les portes des casiers devant moi. En effet, le casier 234 se trouvait tout en haut d'une des quatre colonnes, et mon bras atteignait à peine la serrure lorsque j'essayais de l'ouvrir. Mais ce n'était pas ce qui retenait le plus mon attention. À côté du numéro 234, un casier avait sa porte bleue taguée d’un marqueur blanc. On y voyait inscrit deux lettres majuscules entourées d’un cœur : « R + L », que je devinais sans mal faire référence à Raphaël et Lia. Deux personnes que je venais à peine de rencontrer et qui semblaient déjà ne pas me porter dans leur cœur.

Le destin avait vraiment un drôle de sens de l'humour.

⭐️⭐️⭐️

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