La reprise approche à grands pas, seulement quelques heures avant que tout ne recommence. Et moi, j'ai le trac, un de ces tracs écrasants qui font battre mon cœur plus fort. C'est étrange, cette sensation d'être à la fois impatiente et totalement angoissée. Ma mère, elle, n'a pas voulu me laisser le choix. Hier soir, elle m'a coupé la frange. Mais pas juste un petit coup pour rafraîchir, non, elle l'a coupée de façon vraiment étrange, comme si elle ne savait pas du tout ce qu'elle faisait. Et moi, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que c'était intentionnel, qu'elle l'avait fait exprès pour me contrarier. Mais bon, peut-être que je m'emballe un peu trop. Qui sait, peut-être que je me fais des idées. Je passe une main dans mes cheveux et je me force à respirer profondément. J'inspire, j'expire. C'est un simple détail. Ça va aller.
Ma mère a aussi choisi ma tenue pour ce jour. Une sorte de régime parental. Elle a opté pour des vêtements simples, mais au moins, tout est noir. C'est déjà ça. Je n'aime pas les couleurs vives, elles me semblent toujours trop voyantes, trop extraverties. Le noir, c'est un peu comme une protection, une bulle. Donc je m'en contente, même si j'aurais aimé pouvoir choisir moi-même. Mais bon, je suppose que ce n'est pas si grave. J'ai une veste en jean bleu clair sur le dos, qui contraste avec mon jean et mon tee-shirt noir, classiques mais sans personnalité. Mais au fond, j'aime bien ce côté sobre, ça m'évite d'attirer l'attention.
Je m'attaque ensuite au maquillage. Je ne suis pas vraiment une pro, et je n'ai pas grand-chose dans ma trousse. Juste un peu d'anti-cernes, que j'utilise comme fond de teint. C'est un produit bon marché, la marque sous laquelle il est vendu n'est même pas vraiment reconnue. J'essaie d'appliquer une fine couche, mais le produit est épais et ne s'étale pas très bien. Ça fait des traces et des petites peluches sur ma peau. Le résultat n'est pas terrible, mais je fais avec. Je me regarde dans le miroir. Mon visage est un peu pâteux, comme si tout était figé. Ce n'est pas ce que j'avais en tête. Puis je termine avec une touche de mascara. Juste pour donner un peu de vie à mes cils, qui sont naturellement clairs. C'est simple, pas de quoi s'enthousiasmer, mais c'est suffisant pour ne pas ressembler à un fantôme.
Quelques heures plus tard, me voilà fin prête. Je m'observe dans le miroir, hésitante, les mains tremblantes. J'ai l'impression que ce n'est pas moi qui me regarde. Mon reflet me semble étranger, comme si quelqu'un d'autre était là, à ma place. J'ai tellement honte de sortir ainsi. Chaque petit détail me dégoûte : la coupe de mes cheveux, la façon dont mes vêtements tombent sur mon corps, tout. Je voudrais pouvoir disparaître, me fondre dans l'ombre, me cacher dans une pièce sombre pour échapper à ce regard extérieur que je ressens peser sur moi. C'est comme si chaque personne allait voir mes imperfections, les juger. Heureusement, un masque chirurgical recouvre une partie de mon visage, me permettant de cacher un peu cette partie de moi qui me dégoûte le plus. Ce masque, imposé depuis la pandémie de Covid, n'est pas juste un moyen de se protéger, il devient presque un rempart, un bouclier.
Et puis, dans ma tête, une phrase surgit, totalement hors de propos :
Cache-toi, je te retrouverai toujours.
Je fronce les sourcils, surpris par cette pensée. Elle n'a pas l'air d'être la mienne, c'est comme un écho, une vieille voix que j'avais oubliée. Mais avant même d'avoir le temps d'analyser ce qu'elle veut dire, elle disparaît déjà dans les recoins de mon esprit, aussi rapidement qu'elle est venue. De toute façon, j'ai d'autres préoccupations qui me paralysent, comme ma frange qui refuse de tomber correctement, ou mon cœur qui bat plus fort à chaque instant. Un simple geste de coiffure, et pourtant, ça semble être une montagne infranchissable aujourd'hui.
Ma mère, comme à son habitude, lance quelques remarques. Je les entends à peine, mes pensées sont trop occupées à tourner en rond dans ma tête. Ses paroles ne m'atteignent plus vraiment, je suis déjà ailleurs, dans ce lieu où je me sens coincée.
Une fois prête, je prends une grande inspiration, et je pars. Je marche. En bus, cela ne prendrait que quinze minutes, mais j'ai besoin de ce temps à pied. Vingt-cinq minutes, c'est long, mais c'est le temps qu'il me faut pour respirer, pour me recentrer, pour m'ancrer dans la réalité. Chaque pas est une victoire, chaque souffle est un petit espoir qui me pousse à avancer. Il faut que je garde espoir. Même si je ne suis pas sûre de savoir pourquoi.
Lorsque j'arrive, je la vois immédiatement. Lana. Ma meilleure amie. Enfin, une vraie amie, celle qui ne me juge jamais. Elle est là, juste devant moi, ses yeux brillent sous son masque. Elle semble être une oasis dans ce monde étouffant. Je tente d'ignorer les regards des autres, mais c'est difficile. C'est une bataille constante, le regard des autres me brûle.
Inspire.
Elle me repère, et un sourire sincère se dessine sur ses lèvres, cette sorte de sourire complice qu'on n'a qu'avec les personnes qui nous connaissent bien, qui comprennent tout sans qu'il soit besoin de dire un mot. Elle baisse son masque, et je fais de même, lentement, comme si cela marquait un instant de libération. Comme si, pendant une fraction de seconde, je n'étais plus cette personne timide et hésitante, mais juste moi, enfin.
Expire.
- Hope ! Ça vas ?
Tout à coup, quand mon amie me toucha le bras, je reculais vivement. Elle me regarde, haussant un sourcil, sans comprendre. Moi non plus, je ne comprends pas, seulement c'était instinctif, sur le moment, une onde d'insécurité m'étais apparue. Je dois délirer, encore et toujours. Alors que dans un rictus de pitié de ma propre personne je me disais que cette fois les médicaments n'étaient pas en cause de cet acte, je ne devenais pas folle à cause d'eux mais car je l'étais déjà, de nature.
- Je suis désolé. Rajoute t-elle.
De son côté ma meilleure amie me regardait sans comprendre, semblant inquiète. Elle me sourit tendrement espérant me réconforter sans doute, mais loin de là, je ne l'étais pas. Je savais sur le moment qu'elle ne me voulait que du bien, et qu'elle essayait de m'arracher un sourire, que je ne pus afficher qu'en me forçant, surtout, je ne voulais pas l'inquiéter. Même si c'était sûrement le cas avec ma tentative de suicide. Mais d'ailleurs pourquoi dois-je être en tort pour avoir rechuter ? Je ne sais pas, mais c'est plus fort que moi, je n'aime pas susciter la pitié chez les autres. Je suis pathétique, pathétique, pathétique. Aller, Hope, inspire, expire et ça iras mieux. Dieu donne ses meilleurs combats à ses meilleurs combattants après tout. Non ?
En voyant que je ne parlais pas, elle entreprit de le faire. Mes mots me restaient bloquer dans ma gorge. Mais heureusement, elle n'évoqua pas ce que j'avais fait. Je ne voulais en parler à personne.
- J'aime bien ta frange Hope, elle te va bien, elle te fait un jolie visage. Tes tresses aussi.
Mensonge, mensonge, mensonge, je n'arrivais pas à accepter que cela puisse être vrai quand lorsque je me regardais, je ne voyais aucune once de beauté, même pas un seul pourcentage, je me préférais mieux sans frange. Mais nous ne sommes pas toujours contents de ce que l'on as. Puis quant à mes tresses, elle ne m'allait, vraiment pas. Mais bon. J'acquiesce dans un bref soupire que je dissimule dans un toussotement.
- Mer-...
Je m'apprêtais à lui répondre, mais la voix de ma CPE, douce et autoritaire à la fois, me coupe dans mon élan. Elle me demande de la suivre, en privé. J'accepte, presque mécaniquement, comme si ce n'était même pas moi qui agissais. Mes mains plongées dans mes poches, je marche derrière elle, observant les regards qui se posent sur moi. Chaque regard autour de moi semble lourd, chargé de jugements, de pensées que je ne peux entendre mais que je sens peser sur moi. Ou alors, est-ce seulement dans ma tête ? Peut-être que je délire encore, perdu dans mes pensées obsédantes, cherchant à comprendre ce qui ne va pas chez moi.
Je me perds, je me noie dans un tourbillon de pensées sombres.
Je suis folle, c'est ce que je me dis.
Je suis handicapée, pas physiquement, mais dans ma tête, quelque chose cloche.
Je ne mérite pas de vivre, ça m'étouffe de le penser, mais c'est là, inéluctable. Pourquoi je n'ai pas réussi ma tentative de suicide ? Je me déteste encore plus pour ça. Si j'avais voulu mourir, j'aurais dû y arriver, non ? Mais voilà, je n'ai pas réussi. Ça veut dire quoi ? Que je ne voulais pas vraiment mourir ? Que je suis trop faible, même pour ça ? Même ma propre vie, je n'arrive pas à la prendre, pourquoi suis-je aussi lâche ?
Soudain, la voix de ma CPE m'éclaire, me ramène à la réalité. Sa voix douce, posée, m'interpelle avec une gentillesse qui me prend au dépourvu. Je relève le regard, me reprends. Je remets mon masque, ce satané masque que tout le monde porte maintenant à cause du Covid, mais qui cache aussi une partie de moi, de ce que je ressens vraiment. Elle, c'est une de ces personnes rares, qui ont un rôle plus grand que leur simple fonction. Un cœur immense, une compréhension que je trouve précieuse, même essentielle. Elle a toujours été là, une présence rassurante, une épaule, un ange terrestre à qui je m'étais attachée plus qu'à quiconque. Elle ne m'a jamais jugée, elle a su voir au-delà de mes défauts et de mes faiblesses. Et dans cette mer de solitude, elle est une bouée. Une bouée que je ne veux pas laisser partir, même si parfois je me sens comme un poids.
Elle sourit, et c'est comme une lueur dans ce monde si gris.
- Hope, commence-t-elle, son regard bienveillant sur moi. Je suis contente de te voir. Comment vas-tu, réellement ?
Ces mots, si simples, me frappent comme un coup de poing dans le ventre. Elle me demande vraiment. Elle veut savoir. Mais à la fois, je n'arrive pas à lui dire la vérité. Pourquoi ? Parce que la vérité est trop lourde, trop horrible. Parce que parler, c'est se montrer vulnérable. Et moi, je n'ai plus envie de l'être.
Automatiquement, mon corps répond. Mon sourire est là, masqué par le tissu, mais il est là. Un sourire mécanique, une fausse tranquillité. Un hochement de tête pour signifier que tout va bien, comme à chaque fois que je me cache derrière cette façade.
— Ça va.
Les mots sortent vite, trop vite. Ça y est, j'ai dit ce que je devais dire. Mais au fond, je sais que ça ne va pas. Mais qu'est-ce qu'elle va penser si je lui parle vraiment ? Si elle savait à quel point je suis au bord du gouffre. Si elle savait que ma tentative de suicide n'était pas un cri pour attirer l'attention, mais un appel désespéré, une tentative d'échapper à cette douleur insupportable. Mais est-ce que je pourrais lui dire tout ça ? Aurais-je le courage ?
Avant que mes pensées ne s'enfoncent davantage, elle me regarde, bienveillante, un regard d'une douceur infinie. Elle continue, sans jugement, juste un message d'espoir.
- Tu sais, ma porte sera toujours ouverte pour toi, si tu veux en parler.
Les mots me frappent comme une vague, me submergent. Elle me laisse une chance, elle m'offre une porte, un refuge. Mais moi, j'ai peur. Peur de parler. Peur qu'en lui disant ce que je ressens, je la perds. Peur que tout le monde me prenne pour égoïste. Peur de faire souffrir ceux qui comptent pour moi. Alors, je ravale mes larmes, je les garde en moi, et j'acquiesce silencieusement.
- Merci.
La sonnerie de fin de cours me ramène brutalement à la réalité. Je suis là, dans le même monde, avec les mêmes problèmes, les mêmes douleurs. Rien n'a changé. Je vais retourner à ma vie, à mes gestes automatiques. Comme si rien ne s'était passé. Comme si ma tentative de suicide n'avait jamais eu lieu. Mais je sais, je sens, que tout va changer. Les regards des autres, eux, ne vont pas oublier. Ils vont me juger encore plus. Ils vont me rendre encore plus invisible. Et je vais me perdre un peu plus dans ce monde que je ne comprends pas. Tout va devenir encore plus lourd à porter.
Elle me sourit, et me fait signe de la tête, avant de s'éclipser. Je la regarde partir, reconnaissante, mais aussi dévastée par le poids du quotidien qui reprend le dessus. Et moi, je me sens prête à m'effacer à nouveau, à devenir transparente aux yeux des autres.
Quand à moi, je me rend sous le préau. Pour une raison que j'ignore, depuis le Covid, ce sont les professeurs qui viennent nous chercher et non nous qui allons directement en classe. Je regarde les élèves autour de moi, alors que je rejoins ma meilleure amie, je me mets devant la queue d'élèves avec elle, jusqu'à ce que je voie les élèves se ranger derrière nous, mon regard s'arrête sur un élève. Hugo. Mes souvenirs se replongent rapidement en arrière jusqu'à la date du 10 mars. Ce jour la quand j'avais fait ma tentative, il s'était moqué de moi en cours de mathématique. Alors que mon corps vacillait, il ricanait, sous l'énervement de ma professeure. Qui avait l'air plus énervé contre moi que contre l'élève qui prétendait que mon comportement était faux et que je bluffais. Vas-y, vas-y jolie cœur, met toi dans l'état dans lequel j'étais et on verra si je fais exprès.
Alors qu'un rictus fier se formait sur ses lèvres, je me mis à détourner le regard. Comme une faible. Je suis faible.
Mes pensées se tournèrent vers les évènements de ce jour dont j'essayais de me souvenir depuis plusieurs semaines. Que s'est-il passé ?.. Un soupir sort de mes lèvres alors qu'inconsciemment, mes ongles s'étaient enfoncer dans ma veste en jean couvrant ma peau. Je dois être parfaite et ne rien ressentir, je dois être gentille.
Mon professeur de technologie arriva, il me souriait légèrement, même si ça se voyait à son regard qu'il se forçait. Indirectement, je le forçais à sourire, alors qu'en réalité, je n'avais pas besoin de sa pitié.
Bonjour Britanny, tu vas mieux ?
Et là, il remarqua sa gaffe, il écarquilla les yeux, et j'acquiesçais comme si ce n'était rien, alors qu'en réalité tout recommençait, une fois de plus, les gens n'avaient à leur bouche que le prénom de ma sœur. Ça avait été son prof il y a quelques années de cela, pourtant elle marquait une place importante dans les cœurs des autres, moi je n'étais que de passage. Beaucoup disait que physiquement, je lui ressemblais. Que des balivernes. Un autre clou s'était implanté dans mon cœur.
Alors que je restais silencieuse, j'émis finalement un rire, tout en roulant des yeux.
- Monsieur, ça vas faire presque neuf mois. Mais ça va, merci !
Trop d'enthousiasme. Ils vont croire que j'ai faits exprès de faire cette TS alors que j'allais super bien. Merde...
Le professeur fit l'appel, et quand mon prénom arriva aux yeux des autres élèves, ces derniers se tournèrent vers moi en murmurant des paroles inaudibles, mais j'y étais habitué. Je me sentais comme une bête de foire, dans un cirque. Tout ce qui manquerais ce seraient des peaux de bananes, des objets tranchants qu'on lancerait sur moi. Mais je sais que si c'était autorisé. Ils l'auraient fait, sans hésiter une seule seconde. Je souriais nerveusement. Bref...
Le cours se passa calmement, à la fin, le professeur demanda à Hugo de faire moins de bruit, ou plutôt de se taire. Il avait été poli. Mais Hugo ne l'est pas et continue de parler, jusqu'à ce que le prof lui redemande le silence, quelque chose que mon camarade ne respecta pas tout en râlant.
- Rho, c'est bon, ne me les brisaient pas.
- Je te demande pardon ? Répliqua le professeur en haussant un sourcil
- Je vous pardonne.
Hugo se leva, riant légèrement.
- Rassieds-toi immédiatement.
- Je ne suis pas ta pute. De toute façon c'est mon dernier jour ici. Et les bulletins ont été fait. Donc, il n'a rien à perdre, sauf peut-être sa dignité. J'ai envie de le remettre en place, mais j'en suis incapable.
- Sort de mon cours, tout de suite.
- Avec grand plaisir, de toute façon on s'emmerder, vous aurez dû ramener des jeux ! Franchement on finit les cours dans à peine un mois.
Les profs sont courageux de subir ce genre de chose tout en restant patient, à leur place, je n'aurais pas pu et je serais partis de mon propre cours. Mais à ma plus grande satisfaction, Hugo sortie de cours me lançant un bref regard. Je ne le revis plus jamais après ça. J'espère qu'il changera. Mais après tout, je ne connais pas son passé ni son présent. Comment est sa vie extérieure ? Je ne sais pas, mais nous n'agissons jamais au hasard.
Les cours suivant se passèrent tous dans un calme, aucun problème, rien. Je suis restée avec ma meilleure amie, Lana, pendant les deux récrées, elle ne mange pas à la cantine, alors je vais devoir aller seule au réfectoire, un réel supplice. Je me prépare à faire la queue dans le rang tout en me faisant bousculer, ce qui me rappel ma place, comme d'habitude je suis invisible au point ou l'on me marche dessus. Mon cœur s'arrêtât net lorsque j'entendis des personnes que j'avais l'espace d'un temps oubliés.
- Ouais, apparemment elle est de retour, mais crois moi, j'aurais voulu qu'elle face une overdose et qu'elle en meurt.
Je me fis toute petite, un frisson qui me parcourt alors que je me force de ne rien ressentir.
- Wow, tu y vas fort. Rétorqua son ami. Tu souhaites quand même qu'elle meurt. Tu t'entends.. ?
- Elle le mérite elle fait trop la meuf, nan mais je te jure. Quand tu l'as voit tu veux la gifler Si le meurtre aurait été légal, ça aurait été la première que j'aurais tué, j'ai cette envie depuis la sixième. Je ne suis pas le seul.
Son ami ne rétorqua pas.
Malgré cette situation ironique, je me mis à bêtement sourire.
C'était plus un sourire de peur qu'autre chose.
Il pense à moi depuis la sixième. Que c'est mignon... Je hante tes pensées jolie cœur ?
Par la suite je mis presque une heure et demis à faire la queue, si bien que mal, que dans les étagères il ne restaient presque plus rien quand j'entre dans le réfectoire, je me rends compte qu'il est bondait, ce qui me fait lâcher, un très long soupir. Mon regard se balade dans la pièce jusqu'à ce que je remarque plusieurs places, chacune à des endroits différents. Je me rends au côté sud du réfectoire, ou je demande aux autres élèves si la place est disponible.
-Bonjour, hm, puis-je m'asseoir ?
La fille brune d'un doux visage éclatant hoche négativement la tête.
- Nan, elle est prise, il y en as d'autres ailleurs pourquoi est-ce que tu viens nous soûler ici ?
J'inspire puis j'expire. Okay, ça vas aller. J'accepte les propos pour ensuite me diriger à l'autre bout du réfectoire, mais à mon plus grand regret, c'est la même chose. On refuse de me faire de la place, alors je vais m'appuyer contre le mur pour manger en tailleurs sur le sol. Génial. Mais bon, avec l'habitude on s'y fait. Les élèves me regardent avec dédain et pitié, ce qui me fait penser à ma mère, je ne peux en contenir et je détourne le regard, sans même finir mon repas, je décide de me lever et d'aller le débarasser. Tandis que je fais glisser mon plateau le long du tapis, je repense aux paroles des garçons plusieurs minutes plus tôt.
Je devrais mourir.
Je le mérite.
Je ne suis bonne à rien.
Personne ne veut de moi.
Ou est-ce que je serais dans 10 ans ?
Je sors de mes pensées, interpelé par les cuisiniers de la cantine. Il m'arrache un léger sourire, avant que leur regard ne se porte sur mon assiette.
- Mini Britanny..il faut manger, arrête de gaspiller c'est pas bien.
Mini Britanny..
Non je suis Hope. C'est tout, simplement Hope..
- Excusez-moi, je suis malade, sans doute avec le virus.. ! Mais ne vous en faites pas, je suis négative.
- Mh, la prochaine fois tu devras faire attention, d'ailleurs, je suis contente de te voir, comme s'est passé le mini confinement ? me demanda la cuisinière, d'un ton calme tandis que je débarrassais mes couverts.
- Ça a été, et vous ?
- Oh m'en parle pas ! Le nombre de morts était hallucinant !
Moi qui demande de mourir, eux ne demandaient qu'à vivre..je débarrasse ensuite mon plateaux, jetant un coup d'œil sur les côtés pour voir si il n'y a personne que je n'aime pas. Mais tout de même, je réponds au petit ange qu'est la cuisinière.
- Je ne vous le fais pas dire..bon et bien.. à demain !
Et je me sauve rapidement, passant le long du couloir pour me diriger à l'extérieur et aller à la bibliothèque.
Mais je parle trop vite, avant quoi que ce soit, avant que je n'ai put passer, je me fais tirer les cheveux et une plainte de douleur quitte mes lèvres. Sans savoir par qui je me fais agresser, je tente de me défendre, mais la personne a beaucoup trop de force, je me fais emmener vers les escaliers ou les portes séparant le couloir des escaliers se ferment derrières nous, il y a quelqu'un d'autre.
Je le sens pas, je ne le sens absolument pas, ma respiration s'accélère en se saccadant. Une troisième personne arrive, elle parait plus grande. Une fille, plus précisément Ingrid, une fille de ma classe et deux garçon.
Alors que j'essaie d'évaluer la situation en me débattant et en lâchant un cri, la fille aux cheveux marron et à la peau bronzée, m'enfonce un pain dans la bouche, alors que je lâche un gémissement de douleur. Et me passe ensuite du scotch au niveau de ma bouche pour que le pain reste coincé et que je reste silencieuse. Chacun des garçons me tiennent un bras, alors j'essaie de bouger les pieds, mais ils sont beaucoup trop fort, et l'un deux me donne une gifles, mes yeux s'humidifient. Si ils me frappent, je ne dois pas avoir des marques, par pitié, faites que je ne reçois pas de marque..que je ne reçois pas de coup, même si je dois le mériter..
Mon regard se porte sur lui qui me parait être le plus grand, il enlève sa ceinture. Non par pitié pas ça..mais non. Il ne va pas me détruire de cette façon. Finalement, il m'attache les mains en bas de mon ventre assez fortement, je sais que j'aurais des traces.
Et sans que je puisse m'y préparer un coup arrive dans mon ventre, je croque dans le pain sous le coup de la douleur, ravalant mes larmes comme je pouvais, ma respiration diminuant peu à peu, j'avais du mal à respirer avec le pain.
- Oh putain, Hope vulnérable, un pur plaisir ! La prochaine fois je te mettrais des somnifères dans ton eau au réfectoire. Puis tu sais ce que l'on raconte ? Les médicaments ça te connaît. Tu te drogues même avec.
Ils gloussent tous de rire, alors que je reçois un coup dans les jambes par la fille, mes jambes vacillent et je tombe à genoux. Elle déclare alors.
- La prochaine fois évite de faire la meuf avec moi, tu n'es rien. Rappel toi en. Rappel toi ou est ta place.
Elle me remet un autre coup dans le ventre, s'abaissant à ma hauteur. Heureusement que je n'ai pas mangé.
Le garçon silencieux depuis le début, sourire en coin, me lâche, passant derrière moi pour me donner un coup de pied dans le dos. Je m'écroule au sol. Et là, il me rue de coup alternant le dos et le ventre. Je ne peux rien faire, impuissante comme je l'ai toujours été.
- Tu es seule, et tu le seras toujours Hope ! Ton prénom signifie l'espoir, mais il n'y en a plus aucun pour toi ! Tu es voué à l'échec !
Si ma mère serait là, elle serait d'accord.
Flashback
J'arrive au collège, assez énervé, la veille, ma mère ne m'avait pas donnée mon téléphone, et encore aujourd'hui je ne l'ai pas. Bien que les téléphones ne soient pas autorisés, on pouvait les garder dans notre sac. Elle ne veut pas me le passer uniquement car j'ai eu une mauvaise note, mais ce n'est qu'une mauvaise note, parmi tant d'autres qui elles sont bonnes. Ça m'énerve tellement.
Passant devant le collège, j'aperçois ma meilleure amie. Depuis le début du collège nous sommes amies, ça fait donc déjà quelques mois, et je l'ai toujours appréciée, elle est parfaite sur tous les points. Si bien que je lui fais confiance et que je lui ai passée le mot de passe mon compte snapchat, pour qu'elle puisse faire les flammes pour moi.
Alors que je me dirige vers elle, son regard se fait dur, elle à l'air trop en colère.
- Hope ! Dit-elle presque en criant.
Ou-là, je commence à avoir peur, mais je souris, de façon nerveuse.
- Oui ?
- T'es sérieuse ? Pourquoi t'as fait ça ! Tu fais plein de problèmes à chaque fois, et honnêtement, j'ai plus envie d'être ton amie !
Manon me juge de haut en bas.
Je déglutie difficilement, avec l'impression de l'avoir déçue. C'est pas comme-ci j'y étais habitué. Hier, ma mère me l'a bien fait comprendre. Sauf que cette fois, je ne comprenais absolument pas pourquoi je l'aurai déçu. Doucement, je m'approche d'elle.
- De..de quoi tu parles ?
Je ne pouvais pas supporter de devoir la perdre. Je n'ai pas réussie à sociabiliser avec les autres, je suis à part, ils me trouvent bizarre. C'est la seule à m'avoir accepté car elle savait que j'étais bosseuse. Et si..c'est car je travaillais moins ? Que j'avais eu une mauvaise note ? Je me dépêche alors de dire.
- Je te promet que je vais m'améliorer, que je vais avoir de meilleures notes..s'il te plaît, je te le promet !
Manon était de ses filles populaire, même si à ses côtés je n'avais aucune confiance en moi, et que j'étais comme son ombre, je tenais à elle.
Ses sourcils se froncent alors qu'elle continue.
- Tu as insulté toute notre ville ! Ça tourne partout sur snap ! Tu es folle, complètement folle, je ne le croyais pas à ce point !
Folle, complètement folle..
Je suis folle, ma mère aussi le dit Manon..
Je ne sais absolument pas de quoi elle parle, j'ai envie que ça soit une blague, mais je ne l'ai jamais vu aussi énervé.
- De quoi tu parles ? Je n'ai rien fait de la sorte. Je souris encore plus, de façon nerveuse. Mais quand ça m'arrive, on dirait juste un rictus méprisant. Mes lèvres se mettes à trembler.
Elle me montre alors son téléphone, et plus précisément le soit-disant post que j'aurais fait hier soir.
«Tous les gens du 91 niquez vos mères et vos pères bande de fils de pute. »
Non, non, non, je n'ai jamais écrit ça..
- Ils ont tous partagez sur les réseaux qu'aujourd'hui tu vas le regretter..Hope je le sens mal, mais je ne veux pas être dans tes problèmes, sur ça, tu te débrouilles.
Puis, elle me laisse en plan. Mais je ne suis pas bête, je vois bien que d'une certaine façon, elle se décharge de moi, comme-ci j'étais un foutu poids. Elle ne me laisse à peine le temps de m'expliquer. Comme si elle avait déjà eu sa dose pour aujourd'hui. Je perds alors mon amitié avec elle, dans un geste si facile.
Je perds ma première meilleure amie.
J'en ai mal au cœur. Pour une fois j'y avais crus.
Mais c'est alors que je me rappel ce qu'elle m'a dit quelques secondes plus tôt, « aujourd'hui tu vas le regretter ».
Mes mains se mettent à trembler, tout comme mes lèvres quelques minutes plus tôt. Je sens que mes yeux me piquent.
Je le sens mal. Mais je relève la tête, et m'avance doucement vers le portail de mon collège, la boule au ventre, et je sens déjà les regards sur moi.
C'est pas moi, c'est pas moi, c'est pas moi, je vous jure que je suis innocente..je vous le promet..
Quelques minutes après être passer le portail, et être passer devant les surveillants et fit quelques pas, on m'attrape violemment au milieu de la cours. Je regardes les différents visages, et on commence à m'encercler. Je sens déjà que l'air me manque.
Et je chute.
Je chute à cause du croche-patte.
Je chute à cause des coups qui suivent.
Je chute tout court.
- J'ai rien fais, arrêter ça, c'était pas moi ! C'était..c'était pas moi... !
Ils me crachent dessus, je me sens tellement salle, tellement, tellement.
- Alors comme ça tu insultes nos parents ?! Mais tu te prends pour qui sérieux ! Dit alors l'un des garçon qui me donna un coup au niveau des cuisses.
- Tu fais tellement pitié salope ! Ta mère et ton père, je les baises !? Puis, il lâcha un rire gras, sec, dénué de toute douceur.
Parlez pas de lui, il n'a rien à voir avec tout ça..
Je ferme alors mes yeux pour oublier toute cette douleur, je me renvois quelques années en arrière. Quand tout allait encore bien. Mon père derrière moi, les mains posées à ma taille, j'étais insouciante. A la grande différence de la maintenant, je suis en train de pisser le sang. Une main à mon ventre, je sens un presque goût de fer dans ma bouche.
Je lâche échapper des gémissement de douleur, je ne sais pas qui me regarde, qui est présent, mais je pensent que tout le collège est au rendez-vous. J'inhale l'air, j'en ai besoin. Je suis à deux doigts de la suffocation.
Faîtes qu'ils se dépêchent. La douleur me paraît moins réelle quand je pense à des souvenirs heureux, il faut que je puisse le supporter, il le faut plus que tout. Ce qu'ils me font n'est rien comparé à ce que ma mère me fera si elle me voit rentrer avec des blessures. Elle ne va pas s'inquiéter de façon positive, au contraire, elle va me le faire payer. En profitant que je sois blesser, pour me blesser encore plus, car physiquement, on peut toujours faire pire, et je n'aurais qu'à accuser les autres de mes blessures.
En attendant, je ne suis qu'à la phase une de l'histoire. C'est les autres qui me font du mal. Pas ma sœur, ni ma mère, juste les autres. A cause de moi, je gâche toujours tout, j'ai toujours une grande gueule.
Mais je n'ai rien dis.
- A..a..arrêtez..s'il..s'il vous plaît..dis-je les oreilles bourdonnantes de raffuts.
Par pitié, faites que tout ça se finisse vite. J'ai juste envie de dormir.
Et là, je me reçois un coup dans la mâchoire qui je le sens me sera fatal. J'ai mal. J'ai trop mal.
Je me met à m'étouffer, pourquoi je n'entends rien mise à part mon corps endoloris et certaines insultes ? Pourquoi les autres ne sont pas là ? Pourquoi personne ne m'aide ? Suis-je à ce point médiocre ? J'ai besoin des autres. J'ai besoin que l'on m'aide, j'ai l'impression qu'à travers mes gémissements je cris à l'aide. C'est un appel à l'aide auquel personne ne répond.
Tout iras bien, il le faut, je rentrerais chez moi et mon père me soignera, il me posera des questions, me rassurera et iras leur régler leur compte.
Il a toujours été celui qui me soigne, quand je tombais, il me relevait, encore et toujours. Mon père c'est mon roque.
Le temps semble se distordre. La douleur qui m'envahit est presque irréelle, comme si mon corps était un autre, comme si je n'étais plus qu'un simple spectateur de tout ce qui m'arrive. Les coups se succèdent, ininterrompus, et je me sens comme une poupée de chiffon, balayée par une vague de brutalité.
Je suis à genoux maintenant, incapable de me relever, la tête baissée, les mains tremblantes appuyées sur le sol froid et poussiéreux de la cour. Mon corps me crie de m'arrêter, de ne plus bouger, mais je n'ai aucune force pour obéir. Je sens les larmes monter, mais je n'ai même pas la dignité de les retenir. Elles glissent sur mes joues, discrètes, comme si elles n'étaient pas miennes. Je suis vide, un simple corps qu'on maltraite sans raison.
Une voix d'un des garçons me tire de mes pensées, je peine à comprendre ce qu'il dit, le bruit dans mes oreilles est trop fort, trop écrasant.
- Eh bien, regarde ça, c'est qui la victime maintenant ? T'es qu'une salope, t'as rien d'autre à foutre que de faire chier tout le monde.
Un coup de pied dans le ventre, encore. Je me plie sous la douleur, je tousse, je n'arrive même plus à respirer correctement. Tout est flou autour de moi. Je n'entends même plus leurs voix clairement, juste un bourdonnement, comme un mauvais rêve dont je ne peux pas me réveiller.
Je ferme les yeux, encore, je suis à deux doigts de m'évanouir. La douleur, la honte, la terreur m'envahissent complètement. J'ai l'impression d'être un animal, un sous-homme, une créature qu'on maltraite sans raison. Est-ce que ça va finir ? Quand ?
- T'es toute seule, de toute façon, personne va t'aider. Ils te regardent, mais ils s'en foutent tous. Alors tais-toi, et subis.
Il y a un silence qui s'installe après cette phrase. Un silence lourd, oppressant. Mais je ne suis pas assez forte pour relever la tête, pour crier, pour appeler à l'aide. Je me sens paralysée, comme un insecte pris dans une toile d'araignée.
Puis il y a ce dernier coup, celui qui me fait perdre connaissance, un choc brutal qui me coupe le souffle, un coup à la tempe. Je sens ma vision se brouiller, ma conscience glisser, et je suis sur le point de sombrer dans l'obscurité. Le dernier son que j'entends est celui de mes propres gémissements, étouffés par le bruit de mes pensées qui se dissipent lentement.
Dans ce chaos, je n'ai plus d'espoir. Personne ne va venir. Je n'ai plus personne.
Le monde devient de plus en plus distant. Je suis seule. Seule, comme toujours.
Et alors que je m'effondre, le dernier refuge que j'ai est de m'accrocher à l'idée que mon père me retrouvera. Il viendra me sauver, je sais qu'il viendra. Mais au fond de moi, je sais que ça n'arrivera jamais.
Je suis brisée. Et personne n'a bougé.
Retour sur le présent.
Ça dure je ne sais combien de temps, mais je sais qu'à la fin, ce qui les fait arrêter ce n'est pas la sonnerie qui as sonné deux fois, mais bien des bruits de pas. C'est seulement parce qu'il y avait des gens qu'ils ont arrêté, sinon ils auraient continué sans doute jusqu'à me tuer. La fille s'occupe de détacher mes mains et l'autre garçon qui m'as mis le premier coup s'occupe d'enlever le scotch et le pain de ma bouche que finalement il me rejette dessus. Sans me lâcher des yeux, un sourire apparaît au coin de ses lèvres. J'avais l'impression que tout avait été préparé, pourquoi personne n'était venue plus tôt.. ?
- Ose en parler à quelqu'un et la prochaine fois nous ne te laisserons pas en vie.
Et au lieu de me taire, je lui répondis. Dans un soupir de douleur et un murmurent, ces mots m'échappèrent.
- J'en parlerais alors..
Je ne comptais pas le faire, il ne fallait pas que ma mère soit au courant. Mais désormais le regard détourné, je n'arrivais plus à regarder mes agresseurs. Je tente de me rasseoir, me calant contre la rambarde d'escalier, toujours assise, mes agresseurs me dévisagent avant de rapidement partir d'ici. Je ne connaissais pas les deux garçon, seulement la fille et elle le savait. Et je savais qu'elle savait car en partant, elle m'envoie un baiser dans les airs, suivit d'un clin d'œil. Je referme les yeux tant la douleur était intense. Puis j'entends un groupe d'élève pouffer de rire. J'ouvre un œil, une main à mon ventre. Un élève arrive pour l'instant seul, on se dévisage mutuellement.
- Les gars ! Venez voir ! Baker ! Hope Baker ! Regarder comment elle est abattue ! On dirait un chien.
Ça allait, ce n'était que des paroles sans importance, même si au fond de moi je savais à quel impact avait ce genre de parole sur moi. Ça me détruisait chaque fois un peu plus, mais ça ne pouvait sans doute pas être pire que les coups reçue quelques minutes plus tôt. Je me donnai le courage de me redresser malgré la douleur imposante qui traversaient chaque particules de mon corps mort. Je restais silencieuse, observant longuement les amies de la personnes face à moi arriver en courant. Pourquoi ils sont tous en groupe et moi je me retrouve sans cesse seule ? Un garçon roux du groupe éclate de rire.
- Ohhhh, mais je la connais ! C'est celle qui à insulté tout le 91 sur snapchat, et après elle as dit que c'était pas elle.
- Comment tu sais ça toi ? Demanda un garçon, le plus petit du groupe, il avait de beaux yeux verts.
- C'est ma sœur qui me l'as dit, Liona.
Je les écoutais avec calme, un calme qui m'effrayais presque après ce qui m'étais arrivé, mais j'étais sans doute habitué, alors mon cerveau jugea tout cela que comme un évènement de passage. Séchant mes larmes, je me dépêche ensuite de dépoussiérer mes vêtements. Lorsque je vis que des traces de pas de chaussure ne s'enlevait pas, je contracta la mâchoire, ce qui m'arracha une atroce douleur.
A la mention du prénom de Liona, ma main se mit à trembler, je ne voulais pas me souvenir d'elle. Je pris mon téléphone, pour pouvoir regarder l'heure et savoir le temps qu'il me restait avant d'aller en cours. Quelle bonne blague..je suis déjà en retard de quinze minutes. On s'en est pris à moi pendant vingt minutes et personne n'est venu. Putain de merde. Tandis que le groupe parlaient comme si je n'étais pas présente, j'en profite pour partir. Je me rend dans l'autre bâtiment pour aller aux toilettes. Mettant pour habitude 1 minutes, j'en ais mis 3. J'y allais lentement, j'avais tellement mal, c'était douloureux, mais je ne devais pas le montrer, je ne devais pas me plaindre. Je me rendis dans les toilettes pour aller me débarbouiller le visage mais également nettoyer ma tenue, j'essayais de faire le plus vite possible, alors qu'une boule d'angoisse se forma dans le bas de mon ventre. Je ne pouvais pas être en retard, ça m'est impossible, mère risque de s'occuper de mon cas. Double merde..
Je pris encore cinq minutes, en calculant bien je n'allais assister qu'à trente minutes de mon cours, soit une moitié.
Arrivé devant la porte de mon cours de mathématique, la boule devint beaucoup plus grosse. La dernière fois ou j'avais assisté à son cours, j'avais fini à l'hôpital. Elle n'allait pas m'accepter en cours, elle ne m'aime pas, elle préfère ma sœur, elle aussi.
Parfois, elle m'appelle Britanny, elle aussi.
Une vie de rêve franchement, rien à redire.
Je toque une fois, puis je l'entend hurler d'entrer. Wow, je voudrais bien ses vitamines moi. J'entre. Et la, tous les regard se tournent vers moi.
Hey, oui, oui salut c'est moi, je suis belle hein ?
Arrête de me regarder comme ça toi, on dirait ta vue le père noël.
Je m'amuse à me dire que je lis dans leur pensée, je fais tout pour ne pas penser à ce qui s'est passé plus tôt. Mon regard se tourne alors vers ma professeure qui me regard avec une once de pitié. C'est bien ? Enfin, c'est ce que l'on va se dire. Je préfère ça à un regard de haine. Un sourire s'affiche sur son visage, sur le miens aussi, et pour une fois, nous avons un sourire commun, un sourire forcé. D'un ton risqué, elle regarde la chaise, au premier rang, m'invitant à m'asseoir.
- Hope, tu sais, ce qui t'arrives n'est pas une raison pour arriver en retard. Assieds- toi.
- Je sais madame. Je n'ai pas vue passé le temps, je rattrapais tout mon retard pendant ma pause, excusez-moi.
Ma meilleure amie et moi parlions beaucoup, c'est pour cela que la professeure nous avait déplacés l'une de l'autre vers le début de mon année scolaire. J'étais tout à gauche et elle, tout à droite. Les regards se détournent, et je sentis un poids s'apaisait. J'étais encore surprise que la professeure m'ait accepté. Elle a pitié de moi c'est sûr. Mes pas me guidèrent à ma place. Et le cours se passa sans aucune embûche.
Je me trouvais dans un camion, la pièce était sombre et je ne distinguais presque rien, ma tête tournée, j'avais l'impression de n'être qu'évasive et que d'une minute à l'autre j'allais m'écrouler, je sentais ma respiration se saccader mais être de plus en plus lente. J'arrivais à peine à bouger mes membres, ils me paraissaient que trop lourd, lentement est d'un geste incertain je tourna ma tête de chaque côté, je distinguait environ trois silhouettes, ou peut-être cinq, je ne sais pas du tout, tout me parait faible, me parait flou. Je bas des paupières à plusieurs reprises, essayant de m'éclaircir la vue. Mon regard se porte ensuite sur l'homme qui s'approche, peut-être pourrait-il m'aider ? Me dire pourquoi je suis comme ça ? Mais un sourire se forme sur ses lèvres, mon cerveau n'est que trop faible pour en comprendre le sens, mes yeux se referment une dernière fois.
Mais quand je les rouvres, je retrouve conscience de moi-même, et je me sens moins lourde, je suis presque apaisé d'être dans mon lit. Tout c'était passé de façon si fluide, je m'étais réveillé d'un rêve ou j'étais déjà presque endormie, mais je me sentais libre, j'avais l'impression que je n'avais plus aucun souci. Même si désormais je suis apaisé, mes problèmes sont toujours présent. J'inspire puis j'expire. C'est la pire idée d'y penser dès la mâtiné. D'ailleurs, je ne suis même pas sûr que l'on soit le matin. Je me redresse dans mon lit superposé, puis je regarde ma montre que j'allume, une lueur faible et bleue m'éblouit les yeux, et je les fermes légèrement, pourtant la luminosité n'est pas si forte. Mon réveil affiche l'heure.
09h07.
Je manque de lâcher un cri en voyant une présence à mes côtés, ce n'est que ma mère. J'avais presque oublié un instant que je devais dormir avec elle, j'adore la confiance qu'elle me porte. Je ne me méprend pas, je sais qu'elle ne fait pas ça car elle s'inquiète depuis ma tentative de suicide, non en réalité elle veut juste être sûre que je n'ai pas de téléphone en cachette que je pourrais utilisé toute la nuit. Elle n'as pas tord, je pourrais très bien. Je suis futé pour en trouvé. Et j'en avais un, avant qu'elle-même ne le trouve. Je la retrouve marmonner en me lançant d'un ton méchant, voir très abrupt.
- Rendors-toi. Reste au lit jusqu'à midi.
- Je ne suis plus fa-..
- Rendors-toi. Ne me fait pas répéter. Me coupe- t-elle.
Rapidement, je me rallongea, et les secondes qui suivirent, je tente de me rappeler de mon rêve dont beaucoup de détails m'échappèrent encore. Mais de toute façon ce n'était qu'un rêve je n'allais pas le refaire.