Le couloir près de la cafétéria était baigné d'une lumière terne, amplifiant l'atmosphère pesante qui régnait autour de nous. Ma mère était là, comme toujours, me jetant ce regard rempli de dédain, comme si mes larmes ne pouvaient jamais atteindre son cœur. Chaque goutte qui roulait sur mes joues semblait s'écraser contre un mur d'indifférence. Je me réfugiais dans les bras de Zora, sentant sa chaleur contre moi. Nous étions sur le point de nous dire adieu. Je déteste les adieux, peut-être plus que tout au monde. Ils laissent une trace, un vide que rien ne peut combler. Et pourtant, je devais affronter ce moment, lui dire ces mots qui me déchiraient de l'intérieur.
Je resserrai mon étreinte, refusant de lâcher prise, comme si en la tenant plus fort, je pouvais retenir le temps, empêcher les mots de franchir mes lèvres. Mais le silence pesant devait être brisé.
- Tu...commençai-je, mais elle prononça les mêmes mots au même moment. Cela nous fit glousser nerveusement, un rire teinté de tristesse, de peur, de tout ce que nous n'osions pas dire. Je reculais légèrement, relâchant ma prise, mais nos regards restaient verrouillés, nos yeux humides comme ceux de deux chiots apeurés. L'idée de dire au revoir était insupportable.
-Vas-y, commence, lui dis-je, la gorge nouée.
- Je sais que ça va aller, que tout ira bien et qu'on se reverra un jour, mais... s'il te plaît, ne m'oublie pas, murmura-t-elle, sa voix tremblant légèrement.
- Jamais je ne pourrais t'oublier, Zora. Ni toi, ni les autres. Vous m'avez redonné ce que j'avais perdu depuis longtemps, le sourire. Et tel un phénix, je renais de mes cendres ! dis-je, essayant de masquer ma peine par un rire maladroit, essuyant doucement mes larmes.
Ma mère, observant la scène, adressa un sourire poli à Zora, un sourire qui, pour un instant fugace, semblait appartenir à une mère parfaite. Mais je savais mieux que de me laisser duper par ces gestes vides de sens. Je fermais les yeux, essayant de trouver un semblant de paix en moi, avant de jeter un dernier regard au groupe qui s'était formé autour de moi. Ma gorge était si sèche que chaque mot me coûtait un effort immense.
- Hm... eh bien... adieu, réussis-je à articuler, à deux doigts d'éclater en sanglots. Je me retournai brusquement, quittant le service, ma mère sur mes talons, mes pas résonnant comme un écho dans le couloir désert. Derrière moi, les filles retournaient à leurs occupations, comme si rien ne s'était passé, comme si ce moment douloureux n'avait jamais existé.
En passant les portes du service, puis celles de l'hôpital, une douleur sourde envahit ma poitrine. Mon cœur se serrait, se contractait, comme s'il luttait contre l'idée même de partir. Je sentais que j'avais laissé quelque chose derrière moi, ou plutôt quelqu'un. Oui, c'était moi. Je m'étais oubliée, transformée par cette expérience qui m'avait changée à jamais. Je me sentais différente, nouvelle, mais l'idée de continuer sans celles qui m'avaient aidée à renaître me terrifiait.
Sur le chemin du retour, ma mère et moi ne prononcions pas un mot. Nous étions des étrangères partageant un lien de sang. Un silence pesant, presque oppressant, régnait entre nous. À notre arrivée dans le hall de notre immeuble, je croisai notre voisine, refermant sa boîte aux lettres. Elle me sourit, mais cette fois, il y avait une lueur d'inquiétude dans ses yeux. Elle devait être au courant. Mais de quoi, exactement ?
- Hope ! Je suis tellement contente de te voir ! Viens là ! s'exclama-t-elle avant de me prendre dans ses bras sans que je ne lui demande rien.
Son étreinte était chaude, réconfortante, mais au fond, je ne ressentais rien. Voir sa figure familière ne me faisait ni chaud ni froid. Ce n'était que ses bras qui m'apportaient un semblant de réconfort. Mais cela aurait pu être les bras de n'importe qui.
Je sentais le regard perçant de ma mère qui nous surveillait, comme une ombre silencieuse derrière moi. Ma voisine, inconsciente de cette tension, continua à me sourire chaleureusement avant de relâcher doucement son étreinte.
- J'ai appris ce qui s'est passé... Je suis désolée. Ton collège aurait dû renforcer la sécurité.
Les mots résonnèrent en moi comme une vague de confusion. Quelle version de l'histoire ma mère avait-elle bien pu lui raconter ? Une chose était certaine, ce n'était pas la vérité. Sinon, ma mère ne se tiendrait pas là, à nos côtés, feignant la bienveillance. Je me contentais de hocher la tête, incapable de trouver les mots pour répondre. Chaque jour qui passait, les mots semblaient me glisser entre les doigts, me laissant avec ce sentiment d'incompréhension et de vide. Je ne savais plus comment m'exprimer, comment traduire en paroles ce chaos intérieur.
- Hum, oui... murmurais-je, ma voix à peine audible.
Sentant la conversation arriver à une impasse, ma voisine m'adressa un dernier sourire avant de poursuivre son chemin. Un soupir discret s'échappa de mes lèvres tandis que je la saluais, imitant le geste de ma mère, qui jouait parfaitement son rôle. Finalement, je me glissai dans l'appartement, un poids invisible pesant sur mes épaules.
Quelques heures plus tard, je me retrouvai allongée sur mon lit, les yeux fixés sur le plafond. Les souvenirs des dernières semaines envahissaient mon esprit, m'écrasant sous leur poids. Je repensais à ma tentative, cet acte désespéré qui avait échoué. Une vague de peur me saisit à l'idée de retourner à l'école, ce lieu qui me semblait maintenant si lointain et hostile. À part les messages reçus à l'hôpital, je ne savais rien de l'état de mes camarades. Et depuis mon retour, ma mère m'avait confisqué mon téléphone, me coupant ainsi de ce monde extérieur.
Instinctivement, je me mis à masser mon ventre avec douceur, un geste devenu habituel ces derniers temps. C'était un réflexe apaisant, bien que je ne sache pas vraiment ce que j'essayais de soulager.
Je finis par me redresser, consciente que j'avais encore tant à faire. Le travail s'accumulait. Mon principal défi était ce cours de mathématiques en distanciel, un rappel constant de la vie que je devais reprendre. Mon professeur était strict, mais juste. Il punissait ceux qui le méritaient, et je savais que j'étais dans son viseur. Apparemment, je cherchais trop à me faire remarquer, à montrer que j'existais. Mais peu importe. Le cours en ligne imposait une visioconférence, une exigence qui me poussait à sortir de mon état léthargique. Je me levai lentement, traînant les pieds jusqu'à la salle de bain. Le maquillage ne m'avait jamais intéressée, et de toute façon, ma mère et ma sœur n'auraient jamais approuvé. Je me contentai donc de me recoiffer rapidement, d'éclabousser mon visage d'eau froide, espérant que cela suffirait à masquer la fatigue et l'angoisse qui pesaient lourdement sur moi.
Les yeux encore embués, je pris mes affaires : cahier de brouillon, cahier de cours, calculatrice, et ma trousse. Les bras chargés, je me dirigeai vers le salon, où ma mère était assise sur le canapé. Je m'arrêtai un instant sur le seuil, la fixant sans vraiment la voir, perdue dans mes pensées. Les souvenirs de nos récentes disputes et de tout ce qu'elle m'avait dit à l'hôpital revenaient en rafales, me percutant de plein fouet. Sa responsabilité dans tout ce chaos m'étouffait, et je sentais la rancœur se nicher un peu plus profondément en moi.Dans sa main gauche, elle tenait un verre de mousseux, un vin blanc pétillant qu'elle buvait comme on boit de l'eau. J'avais osé espérer qu'elle puisse un jour arrêter de boire, qu'elle comprenne enfin l'impact dévastateur de son alcoolisme sur moi. Mais, une fois de plus, mes espoirs avaient été balayés, me laissant avec un goût amer de déception. Mon père aurait été tout aussi déçu de moi, j'en suis sûre.
- Maman, dis-je d'un ton sec, presque cassant. J'ai besoin de ton ordinateur pour faire ma visio en math. Où est-il, s'il te plaît ?
Elle leva les yeux de son film, me regardant à peine.
- Je vais te le chercher dans cinq minutes. Attends un peu, que je finisse mon film.
Un soupir s'échappa de mes lèvres, la frustration montant en moi comme une vague.
- J'en ai besoin maintenant, maman. S'il te plaît.
Avec un souffle évasif, elle finit par se lever à contrecœur, quittant le salon pour revenir cinq minutes plus tard avec l'ordinateur et le code pour le déverrouiller. Je pris l'ordinateur sans un mot, m'installant rapidement dans ma chambre. Je ne préfère en aucun cas rester avec ma mère, ne sachant pas comment elle pourrait agir. Puis, elle regarde la télé. Je me connecte sur la plateforme de visioconférence dont mon professeur avait partagé le lien sur Pronote. Une fois connectée, j'en profite pour aussi regarder mes dernières notes.
15,16 sur 20,00 de moyenne générale.
Le chiffre me fit l'effet d'un coup de poing. Comment pourrais-je espérer obtenir mon brevet avec mention très bien ? Je me sentais de plus en plus lamentable, une spirale de doute s'emparant de moi. Je me rendis sur Discord – là ou se passe le cours-, cette application dont j'avais vaguement entendu parler. Les geeks du collège en avait parlé une ou deux fois. Tout ce que je savais, c'est que c'était une plateforme pour les jeux en ligne, un univers qui ne m'avait jamais intéressée. Je me crée ensuite un compte.
> Hope. B
Je suis la première à arriver sur la plateforme. Comme dans la vie réelle, je suis toujours à l'heure en cours. Quelques minutes plus tard, le professeur fait son apparition. Me voila seule avec lui, et un silence assez gênant s'installe entre nous. Et je peux le comprendre. Il ne doit sans doute pas savoir comment me parler avec ce que j'ai fais.
Doit-il demander de mes nouvelles ?
Ou bien faire comme si de rien était et faire comme si c'était un cours normal ?
Il choisit la première option.
- Bonjour Hope, comment tu va ?
- Ça va, répondais-je un peu trop rapidement. Et vous ?
C'est stupide de retourner ma question. Mais il me sourit légèrement.
- Ça va merci. J'espère que tes camarades n'ont pas oubliés qu'ils avaient cours.
Je me contente de hausser les épaules, mais ça ne m'étonnerais guère. Cependant, la seconde d'après, les élèves, - pas très nombreux- arrivent. Je ne sais pas si ils me regardent vraiment, mais tout ce que je sais c'est que leur yeux s'élargissent comme si il venait de voir un fantôme. On peut dire que d'une certaine façon oui, je suis un fantôme, je reviens d'entre les morts.
Pendant tout le cours, je n'arrive qu'à peine à me concentrer, quand il me demande quelque chose, j'affirme que je ne connais pas la réponse, et d'un air déçu, il passe à autre chose. Mais ce n'était pas très intelligent de sa part de faire un cours sur une plateforme comme discord, j'ai envie d'appuyer partout, de découvrir plein de chose.
Et d'un geste hasardeux, je clique sur un bouton « Rejoindre un serveur » , et je défilent les serveur, et il y en a un, avec pas beaucoup de membre s'intitulant « RP|Harry Potter. ». « RP ? Qu'est-ce que c'est ?
J'ouvre une page Google, pour taper, « RP signification, discord »
Signifie Role Play ou jeu de rôles. Vous incarnez un personnage dans un univers où vous évoluez.
Ça paraît cool. Dès lors, je rejoint le serveur. Je sais absolument pas comment cela fonctionne, mais je ne vois que très peu de partie. La seule que j'aperçois est intitulée « Départ ». Wow, ça pourrait totalement être une métaphore de ma nouvelle vie après mon acte. Cliquant alors dessus, plusieurs sous-parties s'affichent. « Arrivées », un salon où un « 1 » entouré de rouge s'affiche. Puis, il y a aussi « Aurevoir », « Règlement », « «Partenariat ». Je scrute tous les salons. Quand arrive le moments de règles, je les accepte. Et à ce moment, une dizaine de parties défilent. Il y a tellement de chose, je ne sais pas où donner de la tête. Mais je reçois une fois de plus le « 1 » rouge qui s'affiche puis qui se transforme en 2 puis 3 puis 4. Ça fait trop de bruit.
Heureusement que ma mère n'est pas présente dans la pièce avec moi, elle se serait énervé. J'essaie de couper le son uniquement de..et bien non. Sinon je n'entendrais plus le professeur. Je me rends alors dans la salon où se trouve les numéros, et alors je vois mon prénom qui s'affiche plusieurs fois. Alors, si je comprends bien, les numéros sont des mentions de mon noms d'utilisateur. Beaucoup me disent bonjour, je suis gênée, il y d'un coup trop d'attention sur moi.
Puis, il se remette à parler de Hermione Granger. Je ne sais pas c'est qui ; Puis à vrai-dire je n'ai jamais aimée cette saga de geek. Je connais une fille qui donnerait ciel et terre pour cette saga. Je ne comprends pas. Mais je ne comprendrais sans doute jamais.
Cela fait une heure que le cours de mathématique vient de finir. J'ai quitté rapidement le cours, mais avec politesse, ensuite, je me suis mise à la création d'une fiche RP, pour pouvoir « Jouer mon personnage », m'avait dit Tristan. Un garçon qui m'avait acceuili sur le serveur. Je le trouve assez gentil. Tout le monde l'est. Il y aussi Timeo, Naomie – mais cette dernière paraît un peu peste - il y a également Pablo, qui j'ai l'impression flirte avec moi. Où bien, il n'est que trop gentil. Il m'a expliqué beaucoup de chose en message privé, tout en me taquinant. Et puis, il y a une autre fille. Aurélie, elle est arrivée en même temps que moi, et m'aide à comprendre le fonctionnement du role-play. C'est beaucoup trop complexe à mon goût.
C'est peut-être trop tard, mais je commence déjà à m'attacher à eux, même si je ne les connais que depuis quelques minutes.
Je complète alors ma fiche, tout en faisant certaines recherche au sujet de la saga Harry Potter. Les personnes principaux, les espèces, les dons etc. Je dois m'y reprendre à plusieurs reprises sur ma fiche. Les personnes qui me corrigent ne sont pas satisfait, et j'ai l'impression qu'il ne m'apprécie pas trop, j'ai l'impression d'être longue à la détente. Ai-je déjà tout gâché avec eux ? Je ne l'espère pas, mais je sais que j'ai ce dons de tout détruire.
Quatre ans auparavant.
- Hope ! Pourquoi y as-tu touché ? Ça ne t'appartenait pas ! C'était à ta sœur ! s'écria ma mère, sa voix tranchante comme une lame. Dans un accès de rage incontrôlée, elle leva sa main en l'air, et la frappa avec force sur ma tempe. Le choc se propagea à travers moi, une onde de douleur qui résonna dans mes os comme si j'avais reçu un coup de tonnerre. Mon esprit, soudain engourdi, se mit à tourner, et le monde autour de moi se déforma, un flou de couleurs aussi éclatants que celui d'un arc-en-ciel.
- Je...
La petite moi, celle de dix ans, peinait à respirer. Chaque respiration était un effort, comme si l'air était trop épais, trop chargé de tension et de peur. Elle désirait ardemment ce que sa sœur possédait, ce bonheur lumineux qui semblait toujours hors de portée. Dans son esprit, un tourbillon de pensées l'accablait.
Pourquoi ne puis-je pas être aimée comme elle ? Pourquoi suis-je condamnée à toujours rester dans son ombre ?
Elle tentait de reproduire chaque geste, chaque sourire, persuadée qu'en imitant sa sœur, elle pourrait un jour accéder à ce bonheur. Mais chaque tentative était une lutte quotidienne, un combat épuisant contre une marée montante de désespoir.
- Tu quoi ?! Mais enfin, parle ! Tu ressembles à une autiste comme ça ! Parle, dépêche-toi ! Pourquoi y as-tu touché ?! Je ne fais déjà pas assez pour toi ?! Hein ?!
Ma mère était comme un volcan en éruption, ses paroles jaillissant avec une violence inouïe. Non, ma mère ne faisait pas assez pour moi. Elle agissait, certes, mais son amour semblait toujours conditionnel, mesuré avec parcimonie. Chaque fois qu'elle frappait, physiquement ou verbalement, je ressentais un poids supplémentaire sur ma poitrine, un poids qui me disait que je n'étais jamais assez bien.
- Je voulais juste... la regarder aussi. Je suis désolée, je suis très désolée, maman, s'il te plaît... pardonne-moi.
Les mots se précipitaient de ma bouche comme une rivière en crue, pleins de désespoir et de peur. Mais au fond, je savais que ce n'était pas suffisant. Ma mère ne pardonnerait jamais à sa fille d'avoir brisé la poupée Monster High de sa sœur, ce symbole d'un monde parfait auquel elle n'avait jamais eu accès. Dans ses yeux, on y voyait un mélange de déception et de rage, un reflet de tout ce qu'elle ne pouvais jamais être. Elle ne lui pardonnerait jamais d'avoir osé vouloir la même chance que sa sœur, de vouloir goûter à ce bonheur qui semblait toujours être réservé à l'autre.
Les souvenirs des rires de ma sœur résonnaient dans mon esprit, comme un écho cruel. Je pouvais l'imaginer, jouant avec ses poupées, un sourire éclatant illuminant son visage, tandis que moi, je restais là, en retrait, un spectateur silencieux de sa joie.
Car Hope, dans ses yeux, était différente.
Elle était celle qui ne méritait pas le bonheur, la fille qui devait se contenter des miettes. Dans cette maison, l'amour avait des règles strictes, et je ne savais pas comment les enfreindre.
- Tu crois que c'est facile pour moi ? continua ma mère, ses mots chargés de ressentiment. Je fais tout ce que je peux pour que vous soyez heureuses. Et toi, tu ne peux même pas respecter ce que ta sœur possède ? Son regard brûlant de colère, elle ajouta avec un dédain palpable, Peut-être que si tu étais plus comme elle, je n'aurais pas à me soucier de toi.
À ces mots, ma poitrine se serra encore plus. Le contraste était insupportable : ma sœur, la brillante étoile, et moi, l'ombre qui l'entourait. Je baissai la tête, le regard rivé sur le sol. Les larmes, bien que prêtes à jaillir, restaient bloquées dans ma gorge, une marée d'émotions refoulées. Je murmurai, à peine audible.
- Je ne veux pas être comme elle... Je veux juste être moi avec ce qu'elle a.
Ma mère haussait les sourcils, surprise par ma réponse.
- Être toi ? C'est ça qui t'apporte tant de souffrance ? Tu crois que ta misérable petite existence est la solution ? Regarde-toi ! (Sa voix était comme un coup de fouet, chaque mot frappant plus fort que le précédent). Si tu n'arrives pas à comprendre ça, je ne sais pas ce que je vais faire de toi !
À ce moment, le désespoir me submergea. Je pensais aux moments où ma sœur et moi jouions ensemble, aux rires partagés, à ces instants fugaces où je pensais que peut-être, juste peut-être, nous pourrions être amies. Mais tout cela semblait maintenant si loin, perdu dans un océan de déceptions et de blessures. Dans cette maison, l'amour avait des règles strictes, et je ne savais pas comment les enfreindre.
- Je ne voulais pas briser la poupée. Je voulais juste... sentir que j'avais ma place aussi.
Ma mère, arrêtée par mes propos , sembla hésiter un instant. Je vis une lueur de confusion traverser son regard. Elle lâcha un soupir lourd de reproches et de regrets, puis murmura, presque pour elle-même :
- Tu ne comprends pas... Il y a tant de choses que je dois gérer. Je n'ai pas le temps pour tes caprices.
À cet instant, je réalisai que je ne serais jamais ce qu'elle espérait que je sois. J'étais celle qui ne méritait pas le bonheur, la fille qui devait se contenter des miettes. Et dans cette lutte incessante, j'appris qu'il y avait des blessures qui ne guériraient jamais, des fractures dans notre famille qui se creuseraient de plus en plus, chaque cri, chaque déception, chaque coup, ajoutant une couche à l'édifice fragile de nos relations.
Pour fuir ma réalité devenue trop lourde à porter, je plonge dans l'univers du jeu de rôle. Cela fait maintenant trois mois que je m'y consacre sans relâche, passant mes journées à écrire et à imaginer des histoires. Ces trois mois sont une véritable bouffée d'air, un bonheur euphorique où je découvre une passion que je n'avais jamais ressentie auparavant. À travers mes mots, je fais vivre un autre être, un personnage de fiction qui me permet d'échapper à ma propre existence.
Par message, le harcèlement ne cesse pas ; il se transforme, se fait plus insidieux, mais reste toujours là, comme une ombre persistante. Quand je ressens la douleur, je l'évacue en l'assignant à mon personnage. Les mots, pour moi, possèdent un pouvoir immense. Dès le début de cette aventure de rp, je comprends que je peux les utiliser pour me libérer. Je commence à m'améliorer, à écrire avec plus d'aisance et de créativité. Mon personnage, Hermione Lodge, parvient à vivre des aventures passionnantes, défiant les obstacles qui se dressent sur son chemin. À travers elle, je vois une lueur d'espoir, un reflet de ce que je pourrais être.
Je n'éprouve plus la peur d'aller au collège. Au contraire, j'ai hâte de retourner dans cet environnement, car rester à la maison est devenu insupportable. Chaque jour, je suis coincée auprès de ma mère, et l'atmosphère devient étouffante. Il me faut un peu d'air, une échappatoire à ce quotidien pesant.
Le plus douloureux, c'est que je n'ai pas de nouvelles de Zora. À cet instant, je me demande si elle est en sécurité, alors que le coronavirus s'aggrave autour de moi. J'ai désespérément besoin d'une raison valable pour sortir de chez moi, mais je me sens piégée dans un trou noir, sans échappatoire. Chaque soir, je dors mal, mon esprit tournant en boucle, et je passe mes nuits sur Discord, à chercher des serveurs de rp, à jouer jusqu'à tard avec un téléphone que j'ai caché. Le matin, je me réveille tard, encore engourdie par le sommeil, et je n'ai pas la force de me battre pour sortir de ma chambre. Je préfère m'enfermer dans mon univers de rp, où je peux oublier mes soucis.
Cette activité devient une dépendance. Je crée d'autres personnages, des filles, des garçons, des adultes, chacun portant une part de moi-même. Je m'y perds, mais c'est un bonheur éphémère, une bulle d'évasion. Cependant, quand les personnes avec qui je joue sur Discord ne me répondent pas tout de suite, et que je les vois interagir avec d'autres, une vague de doute m'envahit. Je m'imagine alors des scénarios catastrophiques, me demandant ce que j'ai pu faire de mal. C'est une boucle infernale, où les autres exercent une emprise considérable sur moi, tout comme ces personnages fictifs qui, bien que réconfortants, deviennent également des prisons.
De l'autre côté de la sphère, ma mère était devenue une source de douleur supplémentaire. Elle ne comprenait pas ma souffrance, et chaque remarque qu'elle me lançait me faisait sentir encore plus vide. « Tu ne fais toujours rien, Hope. Quand vas-tu enfin sortir de ta chambre ? » Sa voix résonnait dans l'appartement, m'atteignant comme une flèche. Je la regardais, les yeux pleins de tristesse, incapable de lui répondre. Que pouvais-je dire ? Que je me sentais comme un fantôme dans ma propre vie ?
Je me sentais vide, comme si un trou béant s'était ouvert en moi. J'avais besoin de me remplir, de combler ce vide qui me dévorait de l'intérieur. Alors, sans réfléchir, je me mis à manger, à engloutir des quantités de nourriture. Je me retrouvais devant le frigo, le regard fixe sur les étagères pleines, en quête d'un réconfort qui ne venait jamais. Les sucreries, les plats préparés, tout y passait, et pourtant, je ne ressentais jamais de réelle satisfaction. Les chiffres sur la balance montaient, et avec eux, ma culpabilité, se transformant en une douleur sourde dans ma poitrine.
- Pourquoi tu manges autant ? Me lançait-elle parfois, le visage sévère, les bras croisés, me foudroyant du regard.
- Je... je ne sais pas. Murmurais-je, détournant les yeux, honteuse de mes actions. Mon estomac se serrait, mais je savais que je ne pourrais jamais lui expliquer.
Depuis ma tentative de suicide, je me sentais bizarre, comme si j'étais devenue un étranger dans ma propre peau. Les cauchemars s'étaient intensifiés, rendant mes nuits cauchemardesques. Je me réveillais en sueur, le cœur battant, et la peur me paralysait. J'étais devenue hypersensible au moindre bruit. Le craquement d'un meuble, le bruit d'un pas dans le couloir, tout me faisait sursauter. Quand ma sœur me touchait, même doucement, je me crispais, me sentant comme une bête traquée.
-Pourquoi tu es si tendue ? Me demandait-elle, perplexe.
- Je ne sais pas... je ne sais pas. Répétai-je, larmes aux yeux. Je me sentais tellement désolée de lui infliger ça, mais je ne pouvais pas m'empêcher de réagir ainsi.
J'avais souvent l'impression d'être comme un homme des cavernes, expulsé de son habitat naturel. Je ne reconnaissais plus ce monde qui m'entourait. Tout était devenu étranger, insupportable. Les douleurs physiques, souvent localisées entre mes jambes, étaient un rappel constant de ma féminité, mais je me disais que toutes les femmes devaient supporter cela. C'était un cycle naturel, n'est-ce pas ? Je n'en étais pas si sûre, mais je n'avais pas d'autre choix que de l'accepter.
Les douches étaient devenues ma refuge. J'y passais des heures, laissant l'eau chaude couler sur moi. À chaque goutte, je croyais me purifier, me débarrasser de la saleté que je ressentais à l'intérieur. Mais honnêtement, même après cela, je me sentais toujours aussi sale. Sans même savoir pourquoi.
- Tu es encore sous la douche, Hope ? Me grondait ma mère, sa voix perçant la porte de la salle de bain comme une lance. Tu sais que l'eau n'est pas gratuite !
- Je ne veux pas en sortir. Protestai-je, presque en chuchotant, l'eau chaude engourdissant mes pensées.
Un jour, alors que je savourais enfin ce moment de chaleur, je réalisai soudain qu'il n'y avait plus d'eau chaude. Mon cœur s'emballa. C'était probablement un coup de ma mère, encore une fois.
- Maman ! Il n'y a plus d'eau chaude ! Criai-je à travers l'appartement, espérant qu'elle m'entende.
- Ce n'est pas mon problème ! Répondit-elle, sa voix résonnant comme une cloche au-dessus de ma tête. Il ne fallait pas que tu utilises tout, on voit bien que ce n'est pas toi qui paie !
- Mais maman ! S'il te plaît, j'ai froid ! Je vais tomber malade ! Insistai-je, ma voix tremblante, presque désespérée.
- Déjà, estime-toi que je te laisse de l'eau ! S'emporta-t-elle. Tu te débrouilles !
La porte se ferma avec un claquement sec, laissant l'écho de sa colère résonner dans ma tête. Je restai là, l'eau froide glissant sur ma peau, me rappelant à quel point je me sentais abandonnée.
Je me tus, l'esprit envahi par les mots de ma mère qui résonnaient encore dans ma tête. Elle avait raison, bien sûr. Comment pouvais-je lui expliquer que tout cela me faisait tellement mal ? Chaque mot qu'elle prononçait était une flèche en plein cœur, et je me mordis légèrement la langue pour réprimer le sanglot qui menaçait de s'échapper. L'angoisse me nouait la gorge.
Pourquoi ne peux-tu pas comprendre, maman ?
Je savais qu'elle ne serait pas là pour m'entendre. Je me rinçai les cheveux dans l'eau encore tiède de mon bain, profitant de cette chaleur réconfortante qui s'effaçait lentement, tout comme ma paix intérieure. Je fermai les yeux un instant, essayant de me laisser porter par le flot chaud, de faire disparaître le monde extérieur. Je voulais juste un peu de répit.
Une fois mes cheveux rincés, je m'allongeai à nouveau dans la baignoire, espérant que l'eau puisse m'engloutir et me cacher du monde. Je sortis mon téléphone de ma cachette, mon précieux compagnon, l'un des rares objets qui me permettait d'échapper à ma réalité morose. J'ouvris l'application discord avec une impatience presque palpable. Mon cœur battait à tout rompre alors que je scrutais l'écran à la recherche d'une notification qui n'arrivait jamais.
Personne. Pas un seul message. La déception m'envahit comme un nuage sombre. « Pourquoi ne réagissent-ils pas ? » pensais-je, l'angoisse serrant mes entrailles. Je voulais leur dire : « Moi aussi, j'existe, remarquez-moi ! » Chaque minute sans réponse était un coup de poignard dans mon cœur. Oui bon..j'exagère peut-être un peu, mais je n'ai strictement personne. Pour attirer leur attention, je décidais de me mettre en mode invisible, un geste de défi, comme si cela pouvait changer quelque chose. Je pensais à ce qu'ils pourraient dire, à quel point ils pourraient être curieux de ma soudaine absence.
Je vais leur montrer.
Convaincue que ce petit coup de théâtre serait suffisant pour qu'ils se souviennent de moi. Je reposai mon téléphone sur le rebord de la baignoire, l'esprit troublé par la solitude qui m'entourait. Je pensais aux aventures que je vivais à travers mes personnages, à ces amis que je n'avais jamais rencontrés mais qui, pour un instant, me faisaient oublier mes douleurs.
Revenant à mes cheveux, je me refis un autre shampoing, frottant mes mèches avec une intensité presque désespérée, comme si cela pouvait laver ma tristesse. L'eau froide qui suivit me fit frissonner, et je ne pouvais m'empêcher de ressentir un malaise grandissant. C'était comme si des mains invisibles et glacées me touchaient, glissant sur ma peau. Une sensation de danger m'enveloppa, une peur irrationnelle qui me paralysait. Je me sentais vulnérable, exposée à quelque chose que je ne pouvais même pas nommer.
Je me dépêchai de me rincer, cherchant à me libérer de cette sensation oppressante. Pourtant, malgré mes efforts, des larmes commencèrent à s'échapper, traçant des sillons sur mes joues. Je ne pouvais plus les retenir. Ces larmes étaient le reflet de ma fatigue, de mes nuits hantées par des cauchemars qui semblaient s'intensifier chaque jour. Je pensais aux mots blessants de ma mère, aux coups verbaux qui me laissaient des cicatrices invisibles mais profondes.
« Pourquoi ne peux-tu pas être plus comme ta sœur ? »
Ces paroles, chargées de reproche, me hantaient. Mais plus que tout, ces larmes coulaient à cause du RP, ce refuge devenu à la fois une échappatoire et une prison. Je m'attachais à ces personnages inexistants, leur conférant des émotions, des rêves, des luttes. Ils étaient mes amis, mes alliés, mes héros dans ce monde qui ne me comprenait pas. À travers eux, je pouvais être qui je voulais, une guerrière, une aventurière, une personne qui ne se laissait pas abattre.
« Pourquoi suis-je si dépendante de ces histoires ? » pensais-je en renversant la tête en arrière, essayant de contrôler le flot de mes pensées.
Je souhaitais pouvoir vivre une partie de cette vie, loin de cette maison où je me sentais étouffée. Je voulais pouvoir partager ces récits avec quelqu'un, ressentir un lien, même avec des inconnus. Chaque personnage que je créais devenait une part de moi, une échappatoire à la douleur, mais en même temps, cela me rappelait à quel point ma réalité était vide. Je fermai les yeux, laissant l'eau s'écouler, espérant que, quelque part dans cet univers, quelqu'un pourrait comprendre. J'en ai marre, tellement, tellement marre.
Je suis allongée dans mon lit, le vieux téléphone de maman serré contre moi. Ce truc est comme un trésor, même s'il est vieillot et démodé. Personne ne pense que j'aurais pu le trouver, encore moins que j'aurais envie de l'utiliser. Mais pour moi, c'est plus qu'un objet oublié dans un tiroir ; c'est ma seule porte de sortie, mon unique lien avec l'extérieur. Grâce à lui, je peux enfin respirer un peu, plonger dans mes RP et me sentir vivante, ne serait-ce qu'un moment.
Alors que j'essaie de profiter de ce petit moment de liberté, la porte de ma chambre s'ouvre d'un coup. Je me fige, mon cœur bondissant dans ma poitrine. C'est Britanny. Évidemment. Elle est plantée là, dans l'encadrement de la porte, avec ce sourire en coin que je déteste tant. Je tente de glisser le téléphone sous mon oreiller, mais c'est trop tard. Elle l'a vu.
- Oh, tiens, tiens... qu'est-ce qu'on a là ? Murmure-t-elle, avec cette voix faussement innocente qui me donne toujours l'impression d'être une souris piégée devant elle. Elle s'approche, ses bras croisés, les yeux rivés sur le téléphone caché sous mon oreiller. Mon cœur s'emballe encore plus. J'ai toujours eu peur d'elle.
Je sens le piège se refermer, et je sais exactement ce qu'elle est en train de penser.
- Britanny... s'il te plaît, ne dis rien à maman.
Elle laisse échapper un rire sec, comme si ma demande la faisait rire aux éclats.
- Pourquoi je me priverais ? Je pense que Maman serait très, très intéressée d'apprendre que tu caches son vieux téléphone dans ta chambre, tu sais. Elle le cherche depuis un moment.
Je me sens sombrer. Si elle parle, c'est fini pour moi. Maman confisquerait ce téléphone en un instant. Elle me surveillerait encore plus, et je n'aurais plus aucun moyen de m'évader, de m'échapper.
- Qu'est-ce que tu veux, Britanny ? Je murmure ces mots, défaite, déjà résignée. C'est ce qu'elle attendait, je le vois dans ses yeux. Elle penche légèrement la tête, feignant de réfléchir, savourant son contrôle.
- Ce que je veux ? Mmm... À partir de maintenant, tu feras tout ce que je te dis. Pas de discussion. T'es à mon service, ma petite assistante personnelle. Elle se rapproche, et je vois cette lueur cruelle dans son regard. Et puis aussi... je veux que tu me laisses fouiller dans ton téléphone, quand j'en ai envie. Juste pour être sûre que tu fais rien de... bizarre.
La gorge serrée, je sens les larmes qui me brûlent les yeux. Elle veut fouiller dans mon téléphone ? Lire mes messages, mes RP, tout ce que j'écris et qui m'aide à supporter cette vie ? Elle veut me voler le peu de liberté que j'ai réussi à gratter, juste pour le plaisir de me garder sous contrôle. Mais je n'ai pas le choix. Elle le sait, et je le sais.
- D'accord...
C'est comme si je venais de vendre mon âme. Je serre le téléphone dans ma main, sachant qu'il ne m'appartient déjà plus vraiment.
Elle sourit, visiblement ravie, et s'approche pour tapoter mon épaule comme si j'étais un animal obéissant.
- Bonne fille, j'espère que tu respecteras notre petit arrangement. Sinon, ce téléphone... adieu. Elle recule et me lance un dernier regard triomphant avant de tourner les talons. La porte claque derrière elle, et je reste seule.
Je m'allonge de nouveau, le téléphone contre moi, mais ce n'est plus la même chose. Je me sens piégée, surveillée. Des larmes coulent doucement le long de mes joues. J'ai l'impression que ce tunnel, que je croyais voir se rapprocher, s'est refermé sur moi un peu plus, me laissant encore plus seule dans cette obscurité.
La voix de maman retentit depuis le salon, tranchante comme un coup de couteau :
- Hope ! Descends ici tout de suite !
Je prends une inspiration, me préparant mentalement. Je cache soigneusement le vieux téléphone de maman sous l'oreiller et me dirige vers le salon, le cœur battant un peu trop fort. Dès que j'arrive, je la vois debout, les bras croisés et le regard chargé de reproches. Elle n'a même pas besoin de parler pour que je sente déjà toute sa déception.
- Alors comme ça, t'as décidé de laisser tomber l'école, c'est ça ? commence-t-elle sans me lâcher des yeux. Tu crois que je ne sais pas ce qui se passe avec tes notes ? Que je n'ai pas vu ta moyenne chuter dans toutes les matières ?
Merde, j'avais oubliée.
Je sens mes joues chauffer, mais je reste silencieuse. J'ai déjà essayé d'expliquer que c'était compliqué, que je n'arrivais pas à me concentrer, mais je sais que ce n'est pas ce qu'elle veut entendre.
- Le brevet blanc est dans un mois, Hope ! Un mois ! Et toi, tu traînes dans ta chambre comme si tout allait bien, comme si ça n'avait aucune importance ! Tu comptes faire quoi, là ? Juste échouer et baisser les bras ?
Je baisse les yeux, mordant l'intérieur de ma joue pour ne pas craquer. Elle me connaît tellement peu. Pour elle, si mes notes chutent, c'est juste de la paresse, de la fainéantise. Elle ne sait pas à quel point je me sens épuisée, perdue, ni combien de fois je me dis que je vais essayer de m'y remettre sans y arriver vraiment. Mais surtout, je ne veux plus réviser, je n'ai plus le courage, ça me fatigue. Je suis mieux sur discord.
- Je ne comprends pas ce qui cloche chez toi, Hope, (Dit-elle, sa voix se durcissant encore) . Tous les autres élèves de ton âge arrivent à suivre, ils se débrouillent, mais toi, tu... tu t'enfonces. Tu penses vraiment que je vais te laisser comme ça, sans rien dire ?
J'avale péniblement ma salive, chaque mot résonnant en moi comme un coup de marteau. Elle ne propose rien, aucune aide, aucun soutien. Elle se contente de me rabaisser, de pointer du doigt tout ce que je fais mal, comme si ça suffisait à me motiver.
- Tu ferais bien de te ressaisir. (Conclut-elle d'un ton sec). Parce qu'à ce rythme-là, tu n'iras nulle part. Compris ?
Je hoche la tête, incapable de répondre, sentant une boule d'amertume me nouer la gorge. Elle me fixe encore un instant, puis fait un geste agacé de la main, me signifiant que je peux remonter.
Je retourne dans ma chambre, fermant doucement la porte derrière moi. Une fois seule, je m'assois sur mon lit, vidée. C'est comme si tout espoir s'était envolé, comme si rien de ce que je pourrais faire n'aurait jamais assez de valeur à ses yeux.