Mason se laisse tomber lourdement sur son lit, la tête pleine de question et de tension. La silhouette de la mystérieuse femme, l’image d’elle qui semblait se fondre dans l’air comme si elle n’avait jamais existé, hante encore son esprit. Le jeune lycan à l’impression d’être à la limite de comprendre quelque chose de bien plus vaste, bien plus complexe que les querelles internes de la meute, ou les alliances forcées qui se trament autour de sa sœur, Malia. Mais au fond, une autre question persiste. Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette présence étrange, ce parfum familier ? Et surtout, qui étaient ces femmes qui semblaient avoir traversé la frontière invisible des terres neutres ?
La forêt, cette partie, n’a jamais été un lieu où l’on croise facilement des étrangers. Les humains n’osent pas s’aventurer si loin, et mêmes les autres créatures, même les plus anciennes et puissantes, semblent depuis toujours éviter ce territoire. Il y a des légendes, bien sûr. Des histoires murmurées autour des feux de camps, des récits effrayants sur des être qui n’appartiennent ai aux vivant ni au morts, des fantômes ou des entités oubliées et des sorcières maléfique, mais Mason avait toujours traité ces histoire de contes pour effrayer les jeunes loups. Pourtant… ce parfum. Cette sensation de déjà-vu. C’est un comme un appel, un signal venu du passé qu’il ne veut pas entendre. Ou peut-être veut-il trop l’oublier.
— Non, se dit-il en se redressant. C’est ridicule.
Il doit se concentrer. Ses responsabilités, la position qu’il doit bientôt assumer… Voilà ce qui est important. Les affaires internes de la meute. Le mariage arrangé de sa sœur. Il n’a pas le luxe de se laisser distraire par des visions ou des présences qui ne sont peut-être que des illusions. Pourtant, au fond de lui, quelque chose bouillonne, une partie de lui savait que cette rencontre avec les deux femmes n’est pas un hasard. Il n’est pas certain de ce que cela signifie, mais ce dernier doit en apprendre plus.
Mason se lève et traverse la pièce. Il s’arrête devant son miroir, se détaillant un instant. Ses yeux d’un vert perçant semblent plus sombres que d’habitude. Il pose sa main sur la surface froide du meuble, son esprit plongé dans un tourbillon d’images, de pensées contradictoires. Il est encore temps, n’est-ce pas ? pense-t-il en serrant les poings. Nous avons encore le temps.
Une partie de lui veut fuir cette responsabilité de devoir gérer les meutes voisines, ce mariage imposé. L’autre, plus pragmatique, sait qu’il n’a pas d’autre choix. S’il ne prend pas les rênes, c’est sa mère qui le fera et lui choisira une femelle choisit. Ce qu’il ne peut permettre.
Au moment où il se retourne pour quitter sa chambre, un bruit léger, presque imperceptible, attire son attention. Le vent, peut-être ? Mais non. C’est un murmure, un souffle. Il tourne rapidement la tête, ses sens d’alpha en alerte. Rien. Rien, excepté cette étrange pression dans l’air, comme si la pièce avait changé, mais imperceptiblement, autour de lui. Il ne comprend pas ce qui se passe. Pas du tout. Mai une chose est certaine : il n’a pas terminé ce qu’il avait commencé dans les plaines. Si elles sont encore dans les parages, alors le jeune lycan doit comprendre ce qu’elles veulent, et, pourquoi elles sont apparues dans sa vie à ce moment précis.
Il se rend à la porte, mais avant de l’ouvrir, ce dernier se fige un instant. Une pensée lui traverse l’esprit. Informer son père ? Non, il se connait trop bien pour se laisser emporter par la panique et l’incertitude. Cela aurait trop d’impact sur la stabilité de la meute. Il ne peut pas prendre le risque de semer le doute dans l’esprit de son père et les autres membres. Non, il doit garder ça pour lui. Pour l’instant.
Mason sort de la maison, se dirige vers l’ombre du village, là où les femelles de son clan l’attendent. Oui, car, le jeune alpha à un plan pour choisir les mâles apte à aller dans le monde des humains. Cependant, Mason serre les dents en observant sa sœur, Malia permis les femelles. Il l’empoigne par un bras et l’emporte à l’écart sifflant entre ses dents :
— Malia, tu n’as rien à faire ici. Je ne veux pas te voir pavaner devant les mâles. Retourne à la maison.
— Ne suis-je pas une femelle, rétorque-t-elle à son frère, le défiant du regard. Je ne veux pas de cette union. Si je peux trouver mon compagnon permis les autres meutes, alors qu’il en soit ainsi. Je ne laisserais pas nos parents choisir un compagnon pour une alliance qui ne rapportera rien pour finir. La règle de la déesse est de ne jamais séparer des âmes-sœurs. J’y suis et j’y reste.
Mason la fixe, ses prunelles sombres comme la nuit, alors qu’il serre un peu plus fort le bras de sa sœur. Un frisson glacé parcourt son échine en la voyant si assuré, si déterminée. Elle ne comprend pas la gravité de la situation, ou peut-être qu’elle s’en fiche, préférant se perdre dans l’idée d’un amour idéal.
— Tu crois vraiment que la déesse va nous sauver de ce qui nous attend ? lance-t-il froidement, sa voix presque comme un murmure menaçant. Tu n’as rien compris. Ce n’est pas une question de choix. C’est une question de survie, Malia. Une alliance est nécessaire, même si je n’adhère pas à leur choix, sinon…
Il s’arrête un instant, la tension dans ses muscles palpable. Il sait que s’il prononce ces mots à haute voix, il pourrait la briser, mais c’est la vérité. Mason inspire profondément, ses yeux ne quittant pas ceux de sa sœur.
— Sinon nous mourrons tous, lâche-t-il enfin. Les humains se rapprochent chaque jour davantage. Les villes s’étendent, leurs chasseurs deviennent plus nombreux, plus expérimentés. Sans d’autre naissance, notre espèce est condamné à disparaitre. Si ces mâles ne sont pas capable de contrôler devant des louves, je n’ose même pas imaginer ce qu’ils pourraient faire à une humaine. Je ne veux pas que tu les teste. Reste auprès de moi, fait ce qui te chante, mais ne fait rien qui mettrait ta vie en périle.
Malia tressaille, mais ne baisse pas le regard. Ses doigts se crispent sur le bras de son frère, ses ongles s’enfonçant légèrement dans sa chair.
— Et tu crois que nous marier contre notre volonté nous sauvera ? murmure-t-elle avec amertume. Que briser les lois sacrées de la déesse sous protégera ? Notre force vient de notre unité, Mason. De notre foi. Si nous commençons à renier nos croyances…
— Nos croyances ! l’interrompt-il avec un rire sans joie. Nos croyances ne nous protégeront pas des balles en argent. La déesse n’a pas empêché les louves de faire des fausses couches ou les mâles alphas de se kidnapper.
Malia recule d’un pas, frappée par la dureté des mots de son frère. Une lueur de douleur traverse son regard, mais elle la masque derrière un voile de détermination.
— Tu parles comme eux maintenant, dit-elle doucement. Comme ceux qui ont perdu espoir. Mais regarde-nous, Mason. Regarde notre meute. Nous sommes toujours là, malgré tout ce qu’ils nous ont fait. Ce n’est pas en reniant qui nous sommes que nous survivrons.
Mason relâche légèrement sa prise sur le bras de sa sœur, ses traits s’adoucissant.
— Je ne renie rien, Malia. Je juste te protéger. Nous protéger tous. Tu crois que ça me fait plaisir de voir notre peuple réduit à des arrangements politiques ? De voir nos sœurs et nos frères forcés de s’unir pour des alliances ? Il passe une main fatigué sur son visage, soudain las. Mais les temps ont changé. Le monde des humains nous étouffe un peu plus chaque jour. Leurs villes grugent nos territoires, leur technologies nous traquent. Nous ne pouvons plus nous permettre le luxe des unions romantiques, des quêtes d’âmes-sœurs.
Malia pose une main sur le bras de son frère, son toucher aussi léger qu’une plume.
— C’est justement dans ces moment-là que nous devons nous accrocher le plus fort à nos traditions, murmure-t-elle. Si nous perdons notre âme en essayant de survivre, alors les humains auront vraiment gagné.
Un long silence s’installe entre le frère et la sœur. Au loin, les voix des autres louves leur parviennent, portée par la brise du soir. Mason observe sa sœur, remarquant pour la première fois les ombres de fatigue sous ses yeux, la tension dans ses épaules. Elle aussi porte le poids de leur situation et de son absence des dernières années, réalise-t-il, même si elle le montre différemment.
— Je ne oeux pas te forcer à entrer, dit-il finalement. Mais promets-moi d’être prudente. Ces mâles… certains d’entre eux sont dangereux, Malia. Ils ont été élevés dans la violence, la méfiance. Un faux pas et…
— Je sais me défendre, l’interrompt-elle doucement. Tu m’as appris toi-même, tu te souviens ?
Un fantôme de sourire traverse le visage de Mason. Ça lui semble si lointain, maintenant.
— Comment oublier ? Tu m’as cassé le nez deux fois pendant les entrainements.
— Trois fois, le corrige-t-elle avec un petit rire. La dernière fois avant ton départ, c’était intentionnel.
La tension entre eux s’allège légèrement, mais les préoccupations de Mason restent visibles dans son regard sombre. Il sait que sa sœur à raison, d’une certaine façon. Leurs traditions, leur spiritualité, c’est ce qui les a maintenus unis toute ces années. Mais face à la menace grandissante, la survie est primordiale. Peut-être que certains sacrifices sont nécessaires.
— Vas-y, dit-il finalement. Mais reste où je peux te voir. Au premier signe de problème…
— Tu viendras jouer les grands frères surprotecteurs, termine-t-elle avec un sourire en coin. Je sais.
Mason pousse un soupir avant de retourner avec sa sœur auprès des femelles. Il doit avoir une conversation avec elles.
— Je sais que je suis de retour depuis peu et ce que je vous demande est peut-être égoïste. Comme vous le savez tous, les meutes dépérissent, les naissances se font rares, les mâles disparaissent. Dans quelques minutes, des alphas de d’autres meutes vont faire leur arriver. J’ai la mission de trouver ceux qui sont apte à aller dans le monde des mortels et c’est là que vous entrez en jeu.
— Que veux-tu que nous faisions, demande une louve de même âge que ma sœur, nous t’écoutons.
— Je veux que vous camoufler votre odeur de louve. Faites-vous passer pour des humaines. Charmez-les, poussez-les à bouts… Il faut que je sois sûr que ceux que je choisisse puisse se contrôler.
Les louves échangent des regards, mesurant la portée de la demande de Mason. Une brise légère fait frémir les feuilles au-dessus de leurs têtes, comme un murmure d’appréhension.
— Tu veux qu’on teste leur contrôle, résume une louve aux cheveux auburn, les bras croisés. Voir s’ils peuvent garder leur calme face à des humaines.
Mason hoche la tête, le visage grave,
— Exactement. Dans le monde des humains, ils devront faire face à toutes sortes de situations. S’ils ne peuvent pas se maîtriser ici, dans un environnement contrôler…
— Ils ne tiendront pas une semaine là-bas, complète une autre louve aux yeux gris perçants.
Malia observe la scène, son expression indéchiffrable. Elle comprend maintenant pourquoi son frère voulait l’éloigner ; ce n’est pas seulement pour la protéger, mais aussi pour préserver l’objectivité du test.
— Comment procède-t-on ? demande une jeune louve aux traits délicats.
Mason se redresse, adoptant naturellement sa posture d’alpha.
— Utilisez les herbes de camouflage que les anciens nous ont enseignées. Comportez-vous comme une humaine ordinaires, du moins le plus proche. Soyez naturelles, mais… provocantes dans votre assurance. Un loup qui perd son sang froid face à un simple défi n’est pas prêt pour cette mission.
Les louves acquiescent une à une, comprenant la gravité de leur rôle. Ce n’est pas un simple jeu de séduction, c’est une question de survie pour leur espèce.
— Je serai là pour intervenir si la situation dérape, ajoute Mason, son regard s’attardant sur chacune d’entre elles. Mais je ne pense pas que ce sera nécessaire. Ces alphas savent ce qui est en jeu.
Un hurlement lointain interrompt leur conversation. Les premiers invités approchent.
— C’est le moment, murmure Mason. Que la déesse nous guide.
Les premiers alphas émergent de la forêt comme des ombres, leurs silhouettes se découpant dans la lumière déclinante du jour. Mason se tient droit, impassible, tandis que les louves se dispersent stratégiquement autour de leur, leur odeur déjà masquée par les herbes.
Le premier à s’avancer est un alpha massif aux cheveux noir de jais, ses yeux dorés d’une lueur sauvage mal contenue. Derrière lui, quatre autres alphas suivent, chacun portant les marques distinctivement de leurs meutes respectives.
— Mason, gronde le premier alpha d’une voix rauque, Ta meute nous fait l’honneur de nous recevoir.
Mason incline légèrement la tête en signe de reconnaissance.
— Alvek de la meute du nord. Sois le bienvenu, ainsi que tes frères alphas.
Les regards des nouveaux venus glissent sur les louves présentes, leurs narines frémissant. La confusion traverse furtivement leur traits, l’odeur humaine qu’elles dégagent contraste avec la présence dans ce territoire clairement lycanthrope.
Un second alpha, plus jeune, aux traits fins et aux yeux verts comme la forêt, un pas en avant.
— Je suis Caleb, de la meute des Trois Rivières, se présente-t-il avec élégance naturelle. On nous a parlé d’une… évaluation ?
Mason esquisse un sourire énigmatique.
— En effet. Nous cherchons des alphas capable de s’intégrer au monde des humains. Des loups qui sauront garder leur sang-froid quelles que soient les circonstances.
Un murmure parcourt le groupe. Un troisième alpha, un homme aux cheveux châtains et à la cicatrice barrant sa joue droite, laisse échapper un rire bref.
— Tu nous testes déjà, n’est-ce pas ? lance-t-il en désignant les louves d’un geste du menton. Ces ‘’ humaines ‘’ qui n’en sont pas.
— Perspicace, Ethan de la meute des Montagnes dorées, acquiesce Mason. Mais détecter leur vraie nature n’est que le début.
Les deux derniers alphas restent en retrait, observant la scène avec une intensité calculée. L’un d’eux, particulièrement imposant avec ses cheveux blonds presque blanc ne quitte pas Malia des yeux, comme intrigué par son assurance tranquille. Mason s’avance, sa présence d’alpha dominant emplissant l’espace.
— Vous êtes ici parce que vos meutes vous considèrent comme leurs meilleurs éléments. Mais le monde des humains n’est pas celui de nos ancêtres. Il demande plus que de la force ou de l’intelligence. Il exige un contrôle absolu.
Il fait un signe aux louves, qui commencent à se déplacer avec une grâce délibérée.
— Considérez ceci comme votre première épreuve. Ces humaines, comme vous l’avez deviné, vont tester vos limites. Montrez-moi que vous êtes dignes de cette mission.
Le regard d’Alvek s’assombrit dangereusement.
— Et si nous échouons ?
— Alors vous rentrerez dans vos meutes, répond Mason avec une simplicité tranchante. Il n’y aura pas de seconde chance.
Les alphas se regardant, l’enjeu de la situation pesant lourdement sur leurs épaules. Dans l’air du soir, la tension monte, palpable comme l’électricité avant l’orage. Malia s’avance la première vers le groupe, son pas assuré et son sourire énigmatique attirant immédiatement l’attention. Le test peu commencer.
Mason les observe dans l’ombre, mais est déçu de ne pas avoir plus de mâle alphas présent. Leur survie ne peut pas débattre qu’un petit groupe. Il y a sans doute d’autres loups quelques parts qu’ils ignorent.