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Shadow3030
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Chapitre 9 - Elea

Elea retourne dans le monde des humains, criblée de doutes. Chaque pas résonne comme un écho de ses incertitudes. Elle doute de sa mission, se remémorant les histoires de sa famille. Les femmes n’avaient jamais eu de difficulté à concevoir. Leurs histoires avaient toujours parlé de fertilité et des liens sacrés. Alors pourquoi cet échec apparent ? Il y a quelque chose de caché, un secret qu’elle n’arrive pas à percer. L’arbre de sa mère, symbole de force et de sagesse, n’était pas chétif pour rien ; il porte le poids de l’histoire et des choix difficiles.

Une prêtresse est la puissance d’un clan, mais sa mère a défié les lois qui auraient permis à Elea de remplir son rôle. Pourquoi avait-elle voulu la destituer de de son nouveau statut ? C’est une question qui la hante depuis son exil, une douleur persistante qu’Elea ne comprend pas. Elle n’a pas le pouvoir de remonter dans le temps pour découvrir ce qui a mal tourné dans la vie de sa mère.

La jeune femme marche donc dans les ruelles sombres de la ville où les ombres du passé dansent sur les façades des immeubles. Elle se dirige vers l’appartement de son amie Jenna, qui doit se demander où celle-ci était passé depuis quelques jours. Les lumières tamisées du bas de l’immeuble, la rassurent. Jenna a toujours été plus qu’une simple amie, ; elle est sa confidente et son pilier. Elea avait réussi à lui livrer quelques secrets de son clan, de ses origines. Elle avait toujours fait preuve d’une compréhension inébranlable, même lorsque la magie et les mystère devenaient trop lourds à porter. Au fil du temps, son amie avait même rencontré Hildea, la grand-mère d’Elea, qui l’avait tout de suite adorée. Bien que Jenna fût parfois bizarre, sa présence était précieuse pour Elea dans ce monde si différent du sien.

La jeune sorcière insère la clé dans la serrure et pousse la porte. Des cris provenant du salon attirent son attention. Fronçant les sourcils, elle s’y dirige, sa curiosité piquée. Quelle n’est pas sa surprise en découvrant son amie chevauchant, nue, un homme sur le canapé.

         —         Oh mon dieu ! s’exclame-t-elle, se bouchant instinctivement les yeux.

         —         Elea ! s’exclame Jenna, avec une joue désarmante, en réalisant sa présence. Laisse-moi quelques minutes, veux-tu, ma belle ?

Elea tourne les talons et se dirige vers la cuisine, se frappant maladroitement contre le cadre de la porte dans sa hâte de s’éloigner de cette vision impromptue. Le rouge aux jours, elle entend encore le murmures et rires étouffés qui proviennent du salon. Ces manifestations si humaines, si terrestres de l’intimité la déstabilisent toujours, même après toutes ces années. Dans son monde, l’amour prend des formes plus subtiles, plus mystiques, des rituels où l’esprit et la magie on plus d’importance que la chair.

Elle ouvre le réfrigérateur pour se donner une contenance, contemple distraitement les bocaux et les contenants qui s’y trouvent, sans vraiment les voir. La jeune femme finit par prendre de l’eau qui déborde légèrement, mouillant ses doigts tremblants.

Quelques minutes plus tard, elle entend des pas, puis la porte de la salle de bain qui s’ouvre et se referme. Un homme qu’elle ne connait pas traverse le couloir, lui adresse un sourire venant un chercher un verre d’eau. Elea est soudainement frappé pas l’odeur de bois brûlé et d’encens. Il n’est pas un humain, c’est un vampire… Ce dernier lui dit d’une voix froide et enjoleur.

         —         J’ai beaucoup entendu parler de toi, Elea, ta grand-mère ne fait que des mérite pour toi…

         —         Tu fais donc partir de son clan, Jenna sait-elle que tu es…

Il sourit pensant son pouce sur sa lèvre.

         —         Bien sûr… Jenna est d’une ouverture d’esprit extraordinaire. Bien que je me nourrisse de sang humain, j’aime aussi le plaisir de la chair…

Soudain, il a regard absent.

         —         Jenna s’en vient, je dois repartir. Je suis heureux de t’avoir enfin rencontré, belle Elea.

Les yeux de la jeune sorcière demeurent fixés sur la porte par laquelle le vampire vient de disparaitre. Comment est-ce possible ? Les vampires sont censés être des créatures du monde des humains, des êtres de l’ombre qui ont choisi l’immortalité au prix de leur humanité. Et pourtant, celui-ci connait sa grand-mère. Les implications de cette rencontre tourbillonnent dans son esprit, ajoutant une nouvelle de complexité à sa mission déjà confuse.

Jenna entre dans la cuisine, resserrant la ceinture de son peignoir rose. Ses cheveux auburn sont encore humides, et son sourire malicieux s’efface légèrement lorsqu’elle aperçoit l’expression troublée d’Elea.

         —         Est-ce que tout va bien ? demande-t-elle en se rapprochant. Tu as l’air d’avoir vu un fantôme.

Elea se tourne vers son amie, l’observant avec un regard neuf. Jenna a toujours semblé différente des autres humains, plus ouverte, plus intuitive. Mais à quel point est-elle consciente de la véritable nature du monde qui l’entoure ?

         —         Ce n’était pas un humain ordinaire, n’est-ce pas ? dit Elea d’une voix basse. Il connait ma grand-mère.

Le sourire de Jenna se fige légèrement , puis elle soupire et s’assied sur l’un des tabourets de la cuisine, invitant Elea à faire de même.

         —         Je me doutais que tu le remarquerais, dit-elle finalement. Lucas est… différent. Comme toi, d’une certaine façon, mais pas tout à fait.

         —         C’est un vampire, Jenna, répond Elea, sa voix à peine plus forte qu’un murmure. Comment peux-tu… enfin tu es humaine, il s’en nourrit… comment peut-il connaitre ma famille ?

Jenna tend la main pour prendre celle d’Elea, mais celle-ci recule instinctivement, méfiante. Ce geste blesse visiblement son amie, dont les yeux s’assombrissent de tristesse.

         —         Elea, écoute-moi, commence Jenna. Je sais que c’est difficile à comprendre, mais le monde est bien plus complexe que tu ne le penses. Les vampires, les sorcières comme toi, et d’autres créatures encore… vous n’êtes pas aussi séparés que vous le croyez.

Elea inspire profondément avant de continuer.

         —         Ta grand-mère, Hildea, n’est pas seulement en contact avec ton monde. Elle est une sorte de… médiatrice entre plusieurs créatures. Les vampires la respectent profondément. Lucas m’a dit qu’elle avait sauvé son clan, il y a plusieurs décennies, bien avant ta naissance.

Elea sent sa tête tourner. Des fragments de souvenirs lui reviennent : des réunions mystérieuses auxquelles sa grand-mère assistait seule, des visites nocturnes dont personne parlait, des accords anciens mentionnés à demi-mots…

         —         Pourquoi ne m’a-t-elle rien dit ? murmure-t-elle, plus pour elle-même que pour Jenna.

         —         J’imagine qu’elle voulait te protéger, suggèrent doucement Jenna. Ou peut-être que ce n’était pas le bon moment.

Elle hésite, puis ajoute :

         —         Lucas m’a dit qu’un équilibre était en train de se rompre. Quelque chose concerne toutes les créatures. C’est pour ça qu’il est venu me voir aujourd’hui, pas seulement pour…enfin, tu sais.

Elea la regarde avec suspicion.

         —         Depuis quand sais-tu tout ça ? Depuis quand… fréquentes-tu des vampires ?

Jenna à l’air presque coupable maintenant.

         —         J’ai toujours été plus ouverte d’esprit que les autres, haussant les épaules, j’ai toujours cru à un monde mystique. Quand je t’ai rencontré, tu étais si différente, si mystérieuse. Je me doutais que tu ne venais pas d’ici… tu ne connaissais presque rien, mais je t’ai laissé t’ouvrir à moi. Peu de temps après avoir fait la connaissance de ta grand-mère et du clan de vampire de son compagnon, Lucas est apparu. Il m’a parlé de toi, de ta famille, de votre rôle dans l’équilibre des mondes.

Elle se lève, va chercher une bouteille de vin et deux coupes, comme si elle avait besoin de s’occuper les mains.

         —         Je n’ai jamais voulu te trahir, Elea, Je voulais juste… comprendre. Et puis avec le temps, j’ai réalisé que j’étais au milieu de quelque chose de bien plus grand que je ne l’imaginais.

Elea reste silencieuse, assimilant ces révélations, Sa meilleure amie dans ce monde, sa confidente, est en contact avec un vampire qui connait sa grand-mère. Rien n’est comme elle le croyait. Même son exil prenait une nouvelle dimension.

         —         Est-ce que tu sais pourquoi je suis ici ? demande-t-elle finalement, sa voix tremblante d’émotion. Est-ce que tu sais pourquoi j’ai été exilée ?

Jenna remplit les deux coupes de vin rouge, en tend une à Elea qui l’accepte cette fois, ses doigts effleurant ceux de son amie,

         —         Non, répond sincèrement Jenna. Lucas n’a jamais mentionné ton exil. Mais il a dit que ta présence ici était cruciale pour ce qui allait venir.

Elle prend une gorgée de vin, puis ajoute :

         —         Il a aussi dit que l’arbre de ta mère n’était pas malade par hasard. Que c’était un signe.

Elea sent un frisson parcourir son échine. L’arbre de sa mère, ce symbole de sa lignée et de sa force vitale, est au cœur de ses préoccupations. Que sait ce vampire que sa propre grand-mère ne lui a pas dit ?

         —         Un signe de quoi ? demande-t-elle, la gorge serrée.

         —         Il n’a pas voulu me le dire, secouant la tête. Il a juste murmuré quelque chose à propos d’une ancienne trahison et d’un équilibre à restaurer.

Elle pose sur sa coupe et s’approche d’Elea, posant doucement ses mains sur ses épaules.

         —         Elea, je sais que tu as des raisons de douter de moi, maintenant. Mais je te jure que je suis toujours ton amie. Tout ce que j’ai fait, c’était essayer de t’aider, même si je ne comprenais pas tout… et éprouver un peu de plaisir.

La jeune sorcière la regarde, cherchant dans ses yeux verts une trace de mensonge, mais n’y trouve que la sincérité et de l’inquiétude.

         —         Ma mission, commence-t-elle lentement, concerne la fertilité de mon monde. Des jeunes initiées vont venir ici, sous ma tutelle. Mais maintenant, je me demande si ce que je croyais être une mission absurde de ma mère n’est qu’une partie d’un plan bien plus vaste.

Elle prend une longue gorgée de vin, savourant la chaleur qui se répand dans sa poitrine.

         —         J’ai besoin d’en savoir plus sur que ma grand-mère et ces vampires savent. Et j’ai besoin de savoir si je peux encore te faire confiance, Jenna.

Son amie la regarde droit dans les yeux, sans faillir.

         —         Tu peux me faire confiance, Elea. Je ne comprends peut-être pas tout ce qui se pase, mais je sais une chose : je serai toujours de ton côté.

Un silence s’installe entre elles, lourd de questions sans réponses. Par la fenêtre de la cuisine, Elea aperçoit la lune qui monte dans le ciel, baignant la ville de sa lumière argenté, comme une invitation à la rejoindre. Dans son monde, cette même lune argentée éclaire les arbres sacrés, témoins silencieux des siècles d’équilibre et de magie. Et quelque part, sous cette même lune, des vampires et peut-être d’autres créatures encore, attendent que l’équilibre soit restauré.

         —         Je dois parler à ma grand-mère, décide finalement Elea. Et je veux rencontrer ce Lucas à nouveau, mais cette fois, en tant que prêtresse et non comme une simple humaine surprise dans sa cuisine.

Jenna hoche la tête, soulagée de voir la détermination revenir dans les yeux de son amie.

         —         Je t’aiderai, promet-elle. Quoi qu’il en coûte.

Elea la regarde, essayant d’imaginer comment cette humaine au cœur ouvert s’est retrouvée mêlée aux mystères des monde parallèles et aux intrigues de créatures immortelles. Mais une chose est certaine : dans ce labyrinthe de vérités cachées et de missions obscures, Jenna reste un phare de sincérité à chaleur humaine.

         —         Demain, dit Elea en finissant sa coupe. Demain, nous commencerons à démêler tout ça. Ce soir…

         —         Ce soir, nous sommes juste deux amies qui partagent une coupe de vin après une longue absence, complète Jenna avec un sourire tendre. Le reste peut attendre jusqu’à l’aube.

À l’extérieur, invisible aux yeux des deux femmes, une silhouette sombre observe l’appartement depuis le toit de l’immeuble d’en face. Lucas n’est pas parti aussi loin qu’Elea le pense. Il veille, sentinelle silencieuse d’un équilibre menacé, attendant de voir quel rôle la jeune prêtresse exilée choisira de jouer dans la bataille à venir.

Le vin coule dans leurs coupes tandis que la nuit s’approfondit. Elea et Jenna sont assises dans le salon, la gêne initiale dissipée par l’urgence des révélations qui les attendent.

         —         Si tu connais Lucas depuis si longtemps, pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ? demande Elea, tentant de garder une voix neutre.

Jenna joue distraitement avec son collier, un pendentif en forme de croissant de lune qu’Elea n’a jamais remarqué auparavant.

         —         Au début, je cherchais qu’éprouver du plaisir, tu me connais avec les hommes. Et ensuite, il est apparu, c’était bien jusqu’au temps que Lucas me parle de toi. Je suppose que je craignais ta réaction, avoue-t-elle. Comment dire à sa meilleure amie qu’on fréquente un vampire et qu’on en sait plus sur sa famille qu’elle ne le croit ?

Elle soupire, ses yeux s’assombrissant de souvenirs.

         —         La première fois que j’ai rencontré Lucas, c’était quelques mois après ta rencontre avec Hildea. Tu refusais quelque fois de ne pas vouloir sortir, prétextant des choses que je ne comprenais pas. Alors, je suis allée dans des bars. Une nuit, en sortant, seule, j’ai senti qu’on me suivait. C’était lui, bien sûr, mais pas pour les raisons habituelles qui poussent un homme ou un vampire à suivre une femme seule la nuit. Elle prend une gorgée de vin avant de continuer. Il m’a abordée en prononçant ton nom. J’aurais dû avoir peur, mais quelque chose dans son regard… Je savais qu’il n’était pas humain, mais je savais qu’il ne me ferait pas de mal.

Elea fronce les sourcils.

         —         Pourquoi t’approcher, toi ? Pourquoi pas directement moi ?

         —         Parce que tu étais surveillée, répond simplement Jenna. Pas seulement par ton clan, mais par d’autres forces. Lucas m’a expliqué que ton exil n’était pas ce qu’il semblait être… que c’était pour t’écarter de la voie de tes ancêtres que ta grand-mère voulait que tu suives. Hildea n'a jamais voulu que ta mère soit la prêtresse, même à sa naissance.

Un frisson parcourt l’échine d’Elea. Les pièces du puzzle commencent à s’assembler d’une autre façon qu’elle n’a jamais envisagée.

         —         Qu’a-t-il dit d’autre ? demande-t-elle, sa voix à peine plus forte qu’un murmure.

Jenna hésite, puis se lève pour aller chercher quelque chose dans sa chambre. Elle revient avec une petite boîte en bois sculpté qu’elle pose délicatement sur la table basse.

         —         Il m’a donné ceci, à garder jusqu’à ce que le moment soit venu. Je crois que ce moment est arrivé.

Elea observe la boîte, reconnaissant immédiatement les motifs gravés sur le couvercle : les mêmes symboles que ceux qui ornent les arbres sacré de sa lignée. Avec des doigts tremblants, elle l’ouvre. À l’intérieur se trouve une simple clé en argent et un morceau de parchemin plié. Sur le parchemin, une écriture qu’elle reconnait – celle de sa grand-mère.

‘’ Quand les mondes trembleront et que l’arbre pleurera ses feuilles, cherche la vérité là où sont les ombres rencontre la lumière. La clé ouvre plus qu’une porte – elle ouvre le temps.

Elea se lève les yeux vers Jenna, dont le visage est empreint d’une gravité inhabituelle.

         —         Je crois comprendre maintenant, murmure Elea. Ce n’est pas seulement une mission de fertilité… c’est une mission de rééquilibrage entre tous les mondes. Les vampires, les humains, mon peuple…nous sommes tous liés d’une façon que je ne soupçonnais pas.

Elle serre la clé dans sa paume, sentant sa fraicheur métallique contre sa peau.

         —         Je vois voir ma grand-mère. Immédiatement.

Jenna pose une main sur celle de son amie, la coupant dans son élan.

         —         Elea, tu dois savoir que Hildea est jalousement protéger par son compagnon vampire depuis qu’une autre espèce de surnaturelles s’en est prise à elle. De ce que j’ai pu comprendre, c’est un loup-garou associé à quelqu’un de ton clan… Quelqu’un qui est à la cause de ton exil

         —         Quelqu’un de mon clan…. La personne qui est la cause de mon exil… Myriam. Ma mère. Celle qui ne m’a jamais considérée comme la prochaine prêtresse.

Sa voix se brise sur ces dernier mots. Jenna reste silencieuse, laissant Elea absorber cette vérité qu’elle vient de formuler elle-même.

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