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Chapitre 4 [Partie 2]

La foule scandait le nom d’Helena, toujours en tête de la course. Klea la suivait de prêt qui cherchait la moindre ouverture pour reprendre sa position. En vain. La conductrice de la Toyota conservait la première place et anticipait les mouvements de sa rivale. Les yeux rivés sur la route, ses doigts se crispèrent une nouvelle fois sur le volant pour contrôler le véhicule à pleine vitesse. L’allure rendait la maîtrise de plus en plus compliquée, pourtant Helena s’en sortait bien, ne perdant aucune seconde sur la deuxième.

La voiture filait à toute allure ne laissant qu’une poignée d’étincelles derrière et le crissement des pneus pour couvrir les acclamations de la foule. Rien ne l’arrêterait. Helena transpirait la confiance. Elle connaissait les limites, elle les frôlait, augmentant encore l’allure et freinant tardivement dans les virages pour bloquer toutes tentatives de Klea. Elle gagnerait.

Klea ne lâchait rien. Le pied bloquait sur l’accélérateur, elle tentait tout pour dépasser la première mais les espaces restaient trop fermés pour espérer prendre l’ascendant. Elle n’était pas prête à envoyer la voiture dans le décor. Elle devait être plus intelligente. Trouver une solution, rapidement. La ligne d’arrivée approche dangereusement et elle ne terminera pas deuxième. Elle en était certaine.

Tout n’était plus qu’une suite de lumière flou devant elle alors qu’elle plissait les yeux pour mieux voir et ne pas provoquer bêtement une sortie de piste. Bien qu’elle conservait un bon rythme, les secondes entre les deux voitures s’additionnaient. Si elle n’agissait pas bientôt, elle perdrait. Et c’était impensable. Elle augmenta le rythme pour revenir à la hauteur de Helena. Au moins, elle pouvait avoir un instant de répit pour mieux analyser la situation et les options qui s’offraient à elle.

Klea accéléra encore, délaissant toute retenue alors que le moteur de sa voiture rugissait, prête à avaler les derniers mètres de bitume entre elle et Helena. La route défilait comme un éclair, un tunnel d’adrénaline et de concentration où chaque décision pouvait tout faire basculer. Elle savait que s’il restait une opportunité de passer, elle serait risquée, périlleuse, mais il n’y avait plus d’autre choix. La ligne d’arrivée approchait, et chaque seconde comptait comme une vie.

Helena était devant. Elle dominait. Sa voiture filait en ligne droite, sa trajectoire verrouillée comme une forteresse imprenable. Chaque virage, chaque ligne droite, chaque micro-seconde devenait une déclaration.

Ici, c’est moi qui commande.

Elle freinait. Elle ralentissait juste assez, guidant Klea comme un marionnettiste tirant les ficelles.

Tu veux passer ? Passe là où je te dis.

Les roues d’Helena mordaient l’asphalte pour tracer des lignes invisibles que Klea n’avait d’autre choix que de suivre.

Mais Klea n’avait jamais aimé qu’on lui dicte sa route.

Le virage arrivait. Serré. Vicieux. Un piège parfait pour qui hésiterait une fraction de seconde. Le monde autour n’était qu’un décor flou. Un graffiti de lumières néon sur le bitume noir. La foule, les cris, les phares qui s’étiraient dans la nuit — tout ça n’existait plus.

Seulement la trajectoire.

Seulement Helena devant.

Klea inspira profondément. Son cœur battait à un rythme frénétique, mais son esprit était clair. Elle connaissait les risques. Elle voyait la fumée des pneus, sentait le caoutchouc brûlé envahir l’habitacle, devinait l’odeur de l’adrénaline dans son propre souffle.

S’il n’y a pas d’autre chemin, je tracerais le mien.

Elle ajusta sa position. Ses doigts, crispés sur le volant, semblaient graver leur volonté dans la machine. L’intérieur du virage était là, à portée. Si elle pouvait y entrer, même d’un millimètre…. Elle freina plus tard qu’Helena, presque trop tard. La voiture grogna, vibrante, comme si elle protestait contre la brutalité de la manœuvre.

Le volant tourna. Brutal. Sec. Une décision prise dans l’instant, entre lucidité et folie.

Helena réagit. Sa voiture vira à gauche, coupant la trajectoire de Klea avec une violence maîtrisée. Pas aujourd’hui. Les deux bolides dansaient, se frôlaient, en équilibre sur le fil du chaos. Une manœuvre à la limite du raisonnable. Non, au-delà.

Les pneus crièrent. Un cri sauvage, perçant, qui semblait venir des entrailles de l’asphalte lui-même. Une fumée blanche s’éleva, enveloppant les deux voitures dans une étreinte oppressante. L’arrière de la voiture de Klea glissa. Une fraction de seconde. L’enfer. Les yeux fermés le temps d’un instant, elle porta la main droite vers son cou pour effleurer son médaillon, seul vestige de sa mère. L’instant d’après, elle corrigea violemment, redressant la voiture avec une maîtrise presque inhumaine.

Un battement de cœur plus tard, la route était à nouveau droite, mais son souffle, lui, était en morceaux.

Helena, devant, souriait. Dans son rétroviseur, elle apercevait Klea se battre pour garder sa place sur la piste. Une manœuvre presque désespérée. Mais pas suffisante.

Elle accéléra. Le moteur hurla, et la Toyota s’élança. Klea, elle, ne relâchait rien. Ses mains étaient crispées, son pied enfonçait l’accélérateur à fond. Chaque fibre de son corps vibrait avec sa voiture. Une seule pensée dominait.

Encore. Encore un peu.

Elle ne voyait plus qu’Helena. Elle n’entendait plus que le rugissement de leurs moteurs. Le virage suivant approchait. Un dernier espoir. Ou une sentence finale. Elle y allait. À fond. Une décision fulgurante. Klea plongea à l’intérieur, là où Helena ne pouvait la bloquer. La voiture grogna sous la tension, chaque pièce mécanique poussée à ses limites. Les roues effleurèrent le bord de la piste, la moindre erreur aurait été fatale. Mais elle tenait.

Helena, prise de court, tenta de corriger. Trop tard.

Klea jaillit, sa voiture filant à une vitesse fulgurante, projetant des étincelles alors qu’elle s’arrachait du piège d’Helena. Les deux bolides se croisèrent, presque au contact, dans une explosion de tension pure.

Et puis, elle était devant. Devant.

Helena, derrière, accusa le coup. Son sourire s’effaça, remplacé par un rictus de frustration pure. Elle tenta de relancer, mais sa manœuvre trop agressive lui avait coûté de précieuses secondes.

La ligne droite approchait.

Trop vite.

Derrière elles, Lorenzo et Isabela livraient un duel d’une intensité différente. Lorenzo, absorbé un instant par le choc entre Helena et Klea, relâcha sa vigilance. Une erreur infime, presque imperceptible, mais suffisante pour Isabela, qui n’allait pas laisser passer sa chance. Dans un mouvement précis et calculé, elle plongea à l’intérieur d’un virage, profitant de l’hésitation pour le dépasser avec une aisance déconcertante.

Le regard de Lorenzo se fixa sur son rétroviseur, où la silhouette d’Isabela disparaissait rapidement, gagnant du terrain. La frustration le traversa, mais il savait que cette bataille ne faisait que commencer. Devant lui, la voiture d’Isabela dansait sur l’asphalte, traçant une trajectoire impeccable, chaque virage maîtrisé avec une froide précision.

Lorenzo, loin d’abandonner, se concentra de nouveau, ses mains resserrant le volant comme s’il voulait imprimer sa volonté dans la machine. Sa voiture répondit avec un grondement profond, le moteur hurlant alors qu’il accélérait à fond pour réduire l’écart. L’adrénaline le poussait à frôler les limites, calculant chaque mouvement pour ne pas céder davantage de terrain.

Barbie ne me battra pas.

Isabela, consciente du danger derrière elle, adaptait son rythme, équilibrant vitesse et contrôle avec habilité. Les lumières de la ville se reflétaient sur la carrosserie rose de sa voiture, des éclats d’étoiles filantes traversant le bitume. Elle ne regardait pas derrière. Pas besoin. Elle connaissait Lorenzo. Il était rapide, audacieux, mais parfois trop impulsif. Elle pouvait le garder à distance, elle devait juste continuer à jouer sur sa propre force : la constance.

Les deux voitures glissaient dans la nuit comme deux félins en chasse, l’une traquant, l’autre fuyant, chacune cherchant l’instant décisif pour dominer. Et pendant un bref moment, tout sembla se figer : les moteurs rugissant comme une symphonie mécanique, les spectateurs retenant leur souffle, et le bitume brillant comme un fil d’argent tendu entre deux destins en collision.

Isabela traversa la ligne d’arrivée et termina à la troisième, sous les acclamations des spectateurs. Elle gara parfaitement sa voiture, fière, au côté de Klea alors que Helena restait en retrait face à sa deuxième place, rejointe par Lorenzo.

— Alors, tu disais ? questionna Klea face à sa concurrente.

Helena, les bras croisés, ne releva pas. Elle reconnaissait que sa rivale méritait la victoire, mais jamais elle n’oserait l’avouer à voix haute. Ce serait humiliant pour son égo. Helena préféra examiner sa voiture avec une attention méthodique suite à l’accrochage, son regard glissant sur chaque éraflure, chaque pli dans la carrosserie. Elle n’avait pas besoin de parler pour exprimer sa frustration — ses gestes précis, presque chirurgicaux, parlaient pour elle. La Toyota avait souffert. Le dernier virage avait laissé des marques profondes, des griffures métalliques le long des portières et un léger renflement à l’aile avant, là où elle avait tenté de bloquer Klea. Mais ce n’était pas que la carrosserie qui avait pris un coup.

Le moteur, encore chaud, émettait des bruits inconstants, comme un cœur battant irrégulièrement après une trop grande poussée. Elle savait que quelque chose n’allait pas. Les vibrations ressenties dans les derniers instants de la course ne trompaient pas. Helena ouvrit le capot, une volute de vapeur s’échappant dans l’air nocturne. Un spectateur curieux s’approcha, mais un regard glacial de la pilote le dissuada instantanément de poser la moindre question.

— Génial, marmonna-t-elle en observant une fuite d’huile glissant lentement le long du bloc moteur.

La course n’avait pas seulement mis en péril sa position. Sa voiture, son arme, sa compagne de bataille, était en danger de ne pas survivre à une autre épreuve aussi intense. La chaleur excessive avait probablement mis à rude épreuve les pistons, et les freins, déjà fragilisés, avaient commencé à grincer bien avant l’arrivée. Elle soupira profondément, tentant de calmer le mélange d’adrénaline et de colère qui pulsait encore en elle.

Klea l’observait de loin. Elle se frotta le front avec un sourire satisfait, fière de sa victoire, mais quelque part, un soupçon d’empathie traversa son esprit. Même si Helena avait frôlé le raisonnable, elle avait conduit comme une reine déchue, tenant sa couronne aussi longtemps que possible. La gagnante hésita, puis s’approcha, croisant les bras à quelques mètres d’Helena.

— C’est ton différentiel qui lâche ? demanda-t-elle, nonchalante, mais avec une pointe de sincérité.

Helena leva les yeux, d’abord furieuse qu’on vienne commenter ses problèmes, mais elle surprit l’expression de Klea. Pas de moquerie, juste un mélange étrange d’intérêt et de respect.

— Le différentiel, les freins, le moteur… Tout est bon à jeter, répondit-elle en haussant les épaules. Mais rien d’inhabituel, pas vrai ? Ces courses, elles détruisent tout.

Klea hocha la tête, son regard se posant sur la voiture meurtrie. Elle savait de quoi Helena parlait. Chaque course était un pacte entre le pilote et sa machine, une promesse de tout donner jusqu’à la limite, quitte à sacrifier l’outil en chemin.

— J’peux essayer d’arranger ta caisse, proposa Klea en lui donnant une carte de visite du garage où elle travaillait.

La tension dans l’air était palpable, comme une corde tendue prête à céder. Helena, les bras croisés devant sa voiture meurtrie, ne pouvait s’empêcher de ressentir l’irritation croître en elle. Elle avait donné tout ce qu’elle avait, et pourtant, ici se tenait Klea, fière de sa victoire, comme si elle avait découvert un point faible à exploiter.

— Garde ton aide, dit-elle sèchement, le regard dur. Je n’en ai pas besoin. Je sais exactement ce que je dois faire pour la réparer et l’améliorer. La prochaine fois, tu n’auras pas autant de chance.

Klea, surprise par la réponse, arqua un sourcil. Elle avait pensé offrir une main tendue, mais Helena ne cherchait visiblement pas à discuter. La tension entre elles était palpable, une rivalité ancrée dans le bitume.

— Tu sais, tu pourrais éviter de prendre des risques inutiles, répliqua Klea, sa voix trahissant une sincérité inattendue. Chaque virage que tu as pris, chaque freinage tardif… C’est un miracle que tu sois encore là. Tu es tellement obsédée par cette victoire que tu ne vois même pas les dangers qui t’entourent. Une course, ça ne se gagne pas seulement en mettant les gaz à fond, tu sais. Tu risques de blesser quelqu’un, et ce n’est pas juste une question de fierté.

Helena se redressa, un sourire ironique se dessinant sur ses lèvres. Elle n’avait jamais été du genre à reculer, à plier sous la pression. La douleur de cette seconde place était insupportable. Elle se tourna vers sa voiture, son refuge, son extension.

— Un miracle, dis-tu ? C’est exactement ce que je recherche. Les miracles ne se produisent pas sans un peu de folie. Tu devrais le savoir, toi aussi.

— Oui, mais il y a une différence entre la folie et l’inconscience, Helena. Si tu continues comme ça, un jour, tu ne gagneras pas seulement une course, tu perdras ta voiture, ou pire.

Helena se détourna, feignant de s’intéresser à sa Toyota, mais la colère bouillonnait en elle. Comment osait-elle remettre en question son style de conduite ? Chaque coup d’accélérateur, chaque freinage tardif, c’était elle, son essence, sa force.

— Je ne suis pas là pour être gentille, Klea. La compétition est féroce et je ne vais pas laisser passer ma chance. Si tu crois que je vais m’arrêter parce que ça devient dangereux, tu te trompes lourdement.

— Et tu penses que ça vaut le coup ? s’interrogea Klea, la voix plus douce, presque comme une amie. Ce n’est pas la victoire qui fait de toi une pilote, c’est la manière dont tu la gagnes. Si tu te détruis dans le processus, qu’est-ce qu’il te restera ?

Helena se retourna brusquement, le regard flamboyant.

— Ce qui me restera, c’est mon honneur. Je refuse de céder à la peur. Chaque virage, chaque seconde, c’est une partie de moi. Si je dois tout perdre pour prouver que je suis la meilleure, alors je le ferai. Je préfère être une guerrière que de me cacher derrière des précautions.

Klea la regarda, une lueur de compréhension dans ses yeux, mais aussi d’inquiétude.

— Tu es forte, Helena. Mais il y a une ligne entre la bravoure et la témérité.

Helena secoua la tête, l’adrénaline pulsant encore dans ses veines.

— Je ne perdrais pas. Et si cela signifie prendre des risques, alors tant mieux. Je préfère vivre intensément, quitte à brûler, plutôt que de m’éteindre dans l’ombre.

Un silence pesant s’installa entre elles, l’écho des moteurs en arrière-plan semblant se dissoudre dans l’atmosphère tendue. Klea savait qu’elle ne pouvait pas changer l’esprit combatif d’Helena, mais elle espérait qu’un jour, elle comprendrait que la vraie force résidait aussi dans la sagesse. Elle avait raison sur un point : cette passion, cette rage de vivre, c’était ce qui la définissait. Ce qui les définissait tous, dans un sens. Mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir un frisson d’inquiétude pour sa rivale.

— Ils arrivent ! Ils arrivent !

Klea n’eut pas le temps de poursuivre le dialogue afin de résonner Helena. Le spectateur qui les avait interrompues ne cessait de propager la nouvelle provoquant le dispersement de la foule qui ne désirait pas se frotter à la police.

— La prochaine fois, pas de cadeaux, Klea. Drive or die.

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