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Renarde
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Chapitre 3

Lorsque j’ouvre les yeux, mon cœur tambourine encore dans ma poitrine à un rythme effréné. Je porte ma main à ma poitrine douloureuse, haletante. Autour de moi, la pièce est plongée dans la douce lumière matinale. Je reconnais les draps épais entassés près de moi et les peluches vieillottes sûrement à la mode quand ma mère était ado. Je ne suis plus dans la forêt sinistre de la veille : ce n’était qu’un rêve. 

Toute la nuit je n’ai pas cessé de me réveiller en sursaut, terrifiée par ces yeux jaunes que j’ai vu se découper dans l’obscurité de la nuit, hier soir. Fort heureusement, ma grand-mère a eu le réflexe d’enfoncer le klaxon jusqu’à faire fuir l’horrible bête qui m’avait clouée au sol. Alors qu’elle prenait ses jambes à son cou, j’ai pu me traîner jusqu’à la voiture, et celle-ci a redémarré sans protester, comme par magie. Je crois n’avoir jamais vu mes mains trembler autant que lorsqu’il a fallu enclencher la première vitesse. J’ai prié tout ce qui était priable pour que le véhicule continue de rouler jusqu’à la maison, et encore bien après avoir regagné le salon de la chaumière, j’ai continué de trembler comme une feuille. 

Je me redresse en essuyant mon front dégoulinant de sueur avant de grimacer sous l’effet de la douleur. En tombant, une pierre plus tranchante et pointue que les autres m’avait entaillé le bas du dos. Une coupure superficielle qui m’avait tout de même empêchée de trouver le sommeil pendant un long moment. Ou bien était-ce les résidus d’adrénaline encore présents dans mon corps ? Je me tords tant bien que mal pour inspecter le cataplasme que la vieille a posé en rentrant. A défaut de soulager la douleur, j’espère qu’il accélère la cicatrisation. 

Je passe une main sur mon visage en m’asseyant au bord du lit. Ces derniers jours ont été très intenses en émotions, je ne sais pas comment je vais appréhender la suite. J’attrape mon téléphone et essaye de l’allumer, en vain. Depuis le temps, il doit être déchargé. Je tire les rideaux et immédiatement la lumière du jour inonde la pièce, chaleureuse et réconfortante. Je me mets alors en quête d’une prise quelque part sur les murs, mais je dois me rendre à l’évidence : la chambre en est dépourvue. Maintenant que j’y pense, il n’y a pas de lumière plafonnière, pas d’interrupteurs, presque aucune trace de technologie en tout genre. La seule notable qui me vienne à l’esprit est le téléphone fixe carrément vintage qui se trouve dans le salon près de la cheminée. Mais ça reste très rudimentaire. Mon ventre se met brusquement à émettre des protestations quant à mon choix de sauter le dîner de la veille.

J’enfile un gilet par-dessus mon haut de pyjama et tire un bas de survêtement de mon sac - tout en me jurant mentalement de déballer mes affaires dans la journée - avant de quitter la pièce. Sur le palier, je crois entendre la respiration sifflante de ma grand-mère, plus forte et grave que la veille, et je fronce les sourcils, réprimant un frisson d’inquiétude.

Je laisse ma main glisser le long des murs de pierre et emprunte l’escalier en bois clair. Dans le salon, l’odeur des herbes est omniprésente. Les pots de plantes en tout genre décorent les meubles et pendent du plafond à certains endroits. Des bibelots s’entassent un peu partout dans cette ambiance de bazar organisé. Le canapé et les fauteuils, tournés vers la cheminée, sont vieillots, couverts de plaids tricotés main - si j’en crois celui en cours de fabrication qui gît sur une table basse - et de fourrures de poils drus. Une sorte d’horloge en bois à balancier est accrochée au-dessus de la cheminée où reposent des bougies à moitié consumées, des pierres semi-précieuses, des pommes de pins poussiéreuses et des plumes d’oiseaux colorées. Les fenêtres, occultées par les rideaux délavés, donnent sur la cour dans laquelle j’aperçois des oiseaux fouiller l’herbe à la recherche de vers, sûrement. Leur piaillement me parvient de loin, étouffé par les murs épais. 

Je tourne la tête vers la cuisine et croise le regard de ma grand-mère, assise à table, portant un nouveau breuvage inconnu à ses lèvres. Je la vois mal boire du simple café. Je renifle, analysant les effluves délicieuses qui se dégagent de la pièce. Mon ventre gargouille à nouveau en sentant se rapprocher le moment de manger, et j’admets que je ne serais pas contre un bon bol de céréales Crisp’It. Leur saveur caramélisée me fait à nouveau envie après les avoir délaissé deux bonnes semaines. Mais je ne me fais pas d’illusions : avec ce que j’ai vu du mode de vie de la vieille, je serais déjà surprise s’il y avait du pain. 

— Ma chérie ! Tu as bien dormi ? s’enquit-elle lorsque je m’approche pour la rejoindre.

J’élude sa question, encore troublée par les évènements de la veille, et la laisse me guider pour attraper de quoi petit-déjeuner. Je tâche de mémoriser l’emplacement de la vaisselle, et me dégote une tasse aux motifs fleuris et une assiette en céramique. En l’écoutant énumérer ce qu’il y a à disposition, je me rends compte que j’étais encore très loin du compte : jus de mauve, compotée de pomme et sauge blanche, pain de seigle, fromage frais à la lavande, beurre d’ail sauvage… Un festival d’aliments aux saveurs inconnues, bien loin des déjeuners hyper sucrés habituels. 

— Est-ce qu’il t’arrive de manger quelque chose que tu n’as pas assaisonné avec toutes tes herbes… bizarres ? je demande en ouvrant les placards et en les inspectant. Et d’ailleurs, où est-ce que tu stockes tes trucs frais ?

Je l’entends glousser et souffler sur sa tasse fumante. 

— On a une cave dans le garde-manger, je les range là-bas. Et si tu veux, on a de la viande de grison séchée. Elle est nature, ajoute-t-elle avec un clin d'œil alors que ma bouche se tord en grimace.

De la viande au petit-déjeuner ? Non merci.

Je m’assois finalement en face d’elle, résignée à goûter les produits loufoques qui garnissent sa cuisine. 

— Comment tu fais les courses si tu n’as pas de voiture pour aller jusqu’à la ville ? je demande en fourrant une cuillère de compote dans ma bouche. Tu marches ?

Je suis agréablement surprise par les saveurs que je découvre, et l’expression que j’affiche semble amuser ma grand-mère.

— Non, ce sont les garçons qui me les portent quand j’en ai besoin.

— A chaque fois ?

— A chaque fois, confirme-t-elle.

— C’est qui ces garçons ? Et pourquoi ils t’aident ? Tu les payes ?

La vieille éclate d’un rire doux et semble se cacher derrière sa tasse, tout en me scrutant avec des yeux malicieux.


— Dis-moi, tu arrives à manger en posant toutes ces questions ?

Je hausse les épaules, nonchalante. 

— Je suis curieuse, c’est tout. 

— Ne t’en fais pas, tu auras l’occasion de les voir rapidement, ils passent souvent à la maison. 

Bizarre, je songe. Je me replonge dans mon repas, encore affamée, et tente d’assimiler tout ce qui va devenir mon quotidien ici. Avec tout ce que j’ai vu hier, j’avais presque peur de découvrir des toilettes sèches. Heureusement, il y a des limites à l’austérité. Je ne suis pas  prête pour tant de changements. 

Dehors, il fait jour et le jardin est baigné dans le soleil, alors je me demande combien de temps j’ai dormi. Pour qu’il dépasse la haute crête des montagnes, c’est que j’avais plus que traîné au lit.

— Maintenant que tu vis ici, avec moi, il y a quelques choses dont on doit discuter, commence ma grand-mère après s’être raclée la gorge, rompant le silence. 

Je hoche la tête, relevant le nez de mes tranches de pain, et ses yeux gris me paraissent soudainement bien sérieux. 

— Premièrement, tu sais sûrement déjà que la porte près de l’escalier mène à mon atelier. J’y reçois des clients pour des consultations de phytothérapie, de travail énergétique, de divination, ou des conseils. Il y a souvent des personnes qui viennent parce qu’elles ont besoin de calme et d’une écoute bienveillante. C’est pourquoi j’aimerai que tu ne rentres pas dans l’atelier lorsque j’y reçois quelqu’un. 

Ses explications me laissent perplexes mais étrangement, elles ne me surprennent pas. Créer des potions et des décoctions, lire l’avenir dans les lignes de la main, faire résonner du bol tibétain en chantant des mélodies anciennes censées chasser les esprits et apaiser l’âme… Je jette un coup d'œil autour de moi. Non, ça colle parfaitement au personnage.

— Oui pas de soucis, je réponds. 

Nous discutons un peu plus longtemps, dans une ambiance détendue et agréable. Je me sens bien, entendue et comprise. La vieille semble tout à fait d’accord avec moi lorsque je lui demande de frapper à la porte avant d’entrer dans ma chambre, et j’accepte volontier de la prévenir quand je sors en ville aussitôt qu’elle me le demande. Cependant, je tique légèrement sur la dernière règle.


— Pourquoi tu ne veux pas que je sorte la nuit dans la forêt
spécifiquement ?

— Ma chérie, tu es assez grande pour faire ce qu’il te plaît, je ne compte pas t’imposer de couvre-feu. Tant que tu ne fais pas trop de bruit en rentrant, tu es libre d’aller et venir comme bon te semble. Mais la forêt, comme tu as pu le voir hier soir, est parfois le territoire d’animaux sauvages. On a déjà vu des loups ou des ours dans le coin.

“Oh…” je réponds simplement. J’admets qu’avec toute cette ambiance étrange qui sature l’air, j’aurai aimé qu’il y ait quelque chose de plus croustillant, comme un mythe, ou une légende, des événements surnaturels, des loups-garous… 

Je hausse simplement les épaules. Ce n’est pas comme si j’avais envie de sortir la nuit me balader dans une forêt flippante que je ne connais pas, de toute façon.

Ma grand-mère se lève et commence à ranger la table bien encombrée de notre petit-déjeuner, et je l’imite. Pas de lave-vaisselle non plus, apparemment, alors je me dévoue pour nettoyer les assiettes pendant que la vieille range soigneusement ses denrées. Je n’arrive pas à croire que je vais désormais manger fleurs et plantes du jardin à toutes les sauces. Littéralement

Quand la femme s’éclipse pour aller se préparer, j’en profite pour rejoindre ma voiture, lassée de cette déconnexion aux écrans forcée. Je grimace en sentant les gravillons s’enfoncer sous mes pieds et regrette de ne pas avoir enfilé des chaussons. Fort heureusement, il n’y a que quelques mètres qui me séparent de mon bon vieux 4x4. Je mets le contact et connecte mon téléphone au câble qui traîne puis patiente le temps que la batterie se recharge un peu. La première chose sur laquelle je tombe lorsque l’engin s’allume est une flopée de messages envoyés par Gina. J'en ai ignoré la plupart au cours des deux dernières semaines. Je les relis brièvement. Elle s’inquiète. Je n’ai pas donné signe de vie depuis un moment. Pas par manque d’envie, mais par manque de courage. Je passe ma main sur mon visage et quitte l’application des messages, sentant poindre le goût amère de la culpabilité. Pendant une trentaine de minutes, je traîne sur les réseaux sociaux sans conviction, sans réel intérêt en attendant que mon téléphone charge. Mais ça n’a aucune saveur.

Je suis allongée sur l’herbe verdoyante du jardin, près de la maison, sous les rayons chaleureux du soleil, lorsque j’entends un roucoulement familier. Je rouvre les yeux, curieuse, et roule sur le côté : il avance d’une démarche calme et détendue, près des pots de lavande, entreposés à côté de la porte-fenêtre qui mène à la cuisine, lorsque je le vois. Un chat.

Au début, il ne me remarque pas. Il se contente de se frotter à tout ce qui se trouve sur son chemin, tranquillement. Puis ses yeux dorés se posent sur moi et il semble intrigué. Je tends la main vers lui, pour lui proposer une session de caresse complète, et il ne se fait pas prier pour répondre à  mon invitation ; il trottine jusqu’à moi de sa démarche guillerette. Son pelage roux et noir est doux sous mes doigts, signe qu’il ne doit pas être complètement livré à lui même. Mais est-ce il ou elle ? Je ne me vois pas inspecter son derrière pour obtenir une réponse - ça serait impoli ! - alors je me contente de le renommer “Bouboule” dans ma tête, en référence à ses petits bourrelets adorables.

Je repose ma tête contre le sol, et je le sens venir se lover contre moi. Je referme les yeux et caresse distraitement son flanc. Un peu de compagnie, c’est définitivement ce qu’il me fallait.

Lorsque je suis venue m’installer ici, ma grand-mère accueillait une cliente dans le salon. Je n’avais pas vraiment envie de traîner autour d’eux alors je suis sortie pour découvrir le jardin. Les extérieurs sont magnifiques. La maison est entourée de buissons de lavande, de plants de sauges, et de quelques arbres fruitiers encore jeune. Un peu plus loin, près de là où je suis allongée, un grand arbre étire ses longues branches et l’odeur qui s’en dégage est agréable. Je ne suis pas une experte, mais il ressemble à un tilleul. Le petit coin de ferme se trouve plus loin à l’ouest. Le poulailler en bois est entouré de grillage, il y a un enclos pour les chèvres, et je ne suis pas allée plus loin mais je suis presque sûre d’avoir entendu des vaches. Grandir ici à dû être vraiment incroyable pour ma mère. 

Le vent dans les feuilles des arbres produit un son réconfortant qui me berce et la douceur de la brise sur ma peau est agréable. Je me suis rarement sentie aussi apaisée ces derniers jours. C’est bon de souffler un peu. Je m’inquiète toujours pour ma mère, évidemment. Mais je sais qu’il n’y a rien que je puisse faire. Elle est stable, c’est le plus important.

J’entends des pas à quelques mètres de moi, probablement grand-mère qui vient voir ses animaux, et je rouvre les yeux. Tout est si beau. La netteté de ce qui m’entoure me frappe. J’ai l’impression d’ouvrir les yeux pour la première fois. Oui, je pourrais bien me plaire ici.

— Tiens, la place est prise. 

Je sursaute et me redresse brusquement. Ce n’est pas la voix de grand-mère. Devant moi, un jeune homme se tient à une distance raisonnable, un sourire aux lèvres. En me voyant affolée, il lève les mains en signe de paix.

— Ah, désolée. Je vais bouger, je marmonne.

Je respire profondément. Je crois que ma rencontre avec la bête de la veille m’a plus perturbé que je ne le pensais. Mais je ne risque rien ici, Bouboule me protège. Je lui jette un coup d'œil et il me fixe, plus ennuyé par mon mouvement brusque qu’autre chose.

— Non, t’inquiète. T’as l’air installée. Je voulais pas te faire peur, désolé.

Le jeune homme s’approche, un sourire lumineux aux lèvres et vient s’asseoir près de moi. Bouboule s’étire tranquillement et se dirige vers cette nouvelle machine à gratouille qu’il a maintenant à disposition. Cela ne semble pas le déranger pour autant.

— C’est rien, j'étais dans mes pensées, ça m’a surpris, je réponds en passant ma main sur mon visage. 

— Je m’appelle Keiran. 

Ses doigts fins caressent distraitement le pelage du chat alors que ses prunelles bleues, elles, ne me quittent pas. 

— Suna, je me présente à mon tour. 

— La Vieille, c’est ta grand-mère, c’est ça ? 

— Ouais. Elle est un peu... spéciale. 

— Dans le genre coincé à son époque. J’accompagne une amie qui vient lui parler, m'explique-t-il en me lançant un regard complice.

— Ah, tu fais bien de t'asseoir alors, les bavardages de filles ça prend du temps apparemment.

Il pouffe de rire, et sa bonne humeur semble communicative parce que je ne peux m’empêcher de sourire.

— J’ai entendu parler de toi, de ton arrivée. Vraiment désolée pour ta mère.

Mon sourire s’estompe. Alors tout le monde est au courant ? Je ramène mes genoux contre ma poitrine et détourne le regard. Je n’aime pas l’idée que tout le monde me parle de l’état de ma mère comme si elle était déjà morte. Et le fait que de parfaits inconnus savent autant de choses sur moi me mets mal à l’aise. 

— Ça va, merci, j’élude.

— Ça m’étonnerait, déclare-t-il en rivant ses yeux vers la maison. 

Sa franchise me prend au dépourvu. Je me surprends à le dévisager, intriguée. Son nez est parsemé de discrète tâches de rousseurs, et il doit avoir l'habitude d’être dehors parce que son teint est doré. Le vent agite les mèches blond foncé qui bouclent sur son front. Sa bouche, elle, ne se tord plus en un sourire éclatant dévoilant ses dents blanches, mais ses lèvres sont pincées. Son expression sérieuse contraste avec sa jovialité précédente. 

— Quand ma mère est morte, ça n’allait pas non plus, ajoute-t-il en J'espère que ça va s'arranger pour ta mère. 

Ses mots me touchent et pour la première fois depuis quelques semaines, je me sens comprise. Je ressers ma prise sur mes genoux et pose ma tête. Un silence s’installe, tranquille, sans être étrange, et je finis par répondre.

— Merci, vraiment.

Nous restons quelques minutes l’un près de l’autre, caressant à tour de rôle le chat, et je ne me sens même pas gênée lorsque nos mains se frôlent. Je suis à l’aise avec ce garçon que je connais à peine. Et c’est aussi effrayant qu’agréable. Au bout d’un moment, il relève la tête et entreprend de se lever.

— Je dois y aller, mon amie et ta grand-mère ont fini. 

Je me lève à mon tour, sans savoir pourquoi, et lui emboîte le pas jusqu’à la porte de la cuisine laissée ouverte. Dans son sillage, je fixe son dos tout en me demandant comment il a deviné qu’elles venaient de terminer sans consulter son téléphone. Une intuition ?

Dans le salon, la vieille discute tranquillement avec une jeune fille brune de mon âge qui nous sourit lorsque nous arrivons. 

— Et le voilà ! Tu t’étais perdu Kei’ ? 

— Je suis allée dans le jardin et je suis tombée sur une belle fleur, déclare-t-il avec malice.

— Laisse-la un peu tranquille, la pauvre ! Le réprimande-t-elle avec une petite tape à l’arrière de la nuque. 

Je souris, amusée. A cause de la différence de taille, elle est obligée de se mettre sur la pointe des pieds tandis qu’il se penche légèrement, presque par habitude, comme pour accepter sa réprimande. C’est comme ça que je réalise que Keiran est vraiment grand.

— Quoi ? Suna ça veut bien dire “fleur” non ?

— Presque. C’est plutôt “lianes”, je précise.

Sa bouche se tord et il affiche un air boudeur.

— J’y étais presque… 

Ils remercient ma grand-mère, se dirige vers la porte d’entrée et la jeune femme m’adresse un signe de la main en guise d’au-revoir. J’y réponds timidement, agréablement surprise. 

— A plus Suna ! Me lance le jeune homme avec un sourire radieux et de grands gestes. 

Lorsque nous nous retrouvons seules, j’ai cette impression d’avoir été libérée d’un poids qui pesait sur ma poitrine.

— Tu les connais bien ? Ils avaient l’air d’avoir  l’habitude de venir. 

— Ce sont des jeunes de la meute, ils sont très gentils et bien élevés. C’est toujours un plaisir de les voir. Surtout Keiran, il a tellement grandi ! Tu sais qu’ils ont ton âge ? Ajoute-t-elle avec un sourire doux.

Mon cerveau semble ralentir et avoir du mal à traiter l'information. 

— Tu as dit… des jeunes… de la meute ?

La vieille acquiesce simplement comme si ce n’était pas complètement bizarre. Confuse, je balbutie.

— La meute ? La meute de quoi ?

— Eh bien de loup-garous, pardi !

Le choc m’empêche de passer à autre chose, même lorsque ma grand-mère me propose un goûter en se dirigeant vers la cuisine. Je reste plantée là, incrédule. Mes yeux naviguent entre la fenêtre qui donne sur la cour – comme si l’endroit où ils se tenaient quelques minutes auparavant allait me donner des réponses – et la vieille, déjà occupée à sortir de quoi grignoter. 

Des loups-garous. Rien que ça… 

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