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- Dédicace -
𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏 : 𝐃𝐚𝐛𝐤é 𝐋𝐢𝐛𝐚𝐧𝐚𝐢𝐬.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐 : 𝐋𝐞𝐬 𝐊𝐚𝐧𝐚𝐚𝐧.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑 : 𝐃é𝐜𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐜𝐭é𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒 : 𝐋'é𝐭𝐫𝐚𝐧𝐠è𝐫𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓 : 𝐀𝐥-𝐀𝐥𝐦𝐚𝐬.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔 : 𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐭𝐚 𝐬é𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭é.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕 : 𝐃𝐞𝐬 𝐬𝐞𝐜𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐠𝐚𝐫𝐝é𝐬 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖 : 𝐈𝐧𝐯𝐢𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟗 : 𝐋𝐞𝐬 𝐃𝐢 𝐀𝐧𝐠𝐞𝐥𝐨.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟎 : 𝐒𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟏 : 𝐌𝐚𝐦𝐚𝐧 𝐩𝐨𝐮𝐥𝐞 ?
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟐 : 𝐃𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐒𝐨𝐮𝐟𝐟𝐥𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑 : 𝐄𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐞𝐭 𝐩𝐞𝐫𝐭𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟒 : 𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞 𝐕𝐨𝐢𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥'𝐀𝐥𝐥𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓 : 𝐅𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐟𝐚𝐜𝐞 à 𝐥'𝐚𝐛𝐬𝐞𝐧𝐜𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔 : 𝐔𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐟𝐮𝐦 𝐝𝐞 𝐝é𝐣à-𝐯𝐮.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕 : 𝐄𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐥𝐢𝐠𝐧𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐦𝐞𝐧𝐮.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟖 : 𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐥'𝐞𝐟𝐟𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐥'𝘼𝙧𝙖𝙠.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟗 : 𝐔𝐧 𝐛𝐚𝐢𝐬𝐞𝐫 𝐟𝐥𝐨𝐮.
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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔 : 𝐔𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐟𝐮𝐦 𝐝𝐞 𝐝é𝐣à-𝐯𝐮.

💄 A M A L I A 💄

Elles ne devraient plus tarder. Je dépose le dernier cannoli sur l'assiette. J'ai préparé quelques petites choses à grignoter pour cet après-midi entre filles. En ce jour, je me sens enfin comme l'hôte de cet appartement. Un sentiment que j'aurais pourtant dû avoir dès que j'y ai posé les pieds. Mais depuis ces derniers jours, j'ai vraiment l'impression de commencer à m'adapter à cette nouvelle vie.

Yara va venir accompagnée d'une personne qu'elle tient absolument à me présenter. Elle m'a expliqué que cette personne n'a pas pu assister à mon mariage, car elle se trouvait dans son pays d'origine. Qu'elle est revenue il y a trois jours, et à présent, elle souhaite rencontrer "la femme de Nadim" autrement dit, moi.

Je me demande bien de qui il s'agit. Yara n'a rien voulu me dire, elle s'est contentée d'un : "Tu verras."

Le ding de l'ascenseur retentit. Ils sont là. Je réajuste ma robe à motif fleurs et me dirige vers l'entrée. La première à sortir, c'est ma belle-sœur, toujours le visage rayonnant, ce qui me met immédiatement de bonne humeur. Juste derrière elle, Maysoon se pointe, fidèle à elle-même avec son éternelle expression d'aigri. Ces deux cousines, c'est vraiment le jour et la nuit : l'une est un soleil éclatant, l'autre une nuit bien sombre.

Puis, des talons claquent, résonnant sur le sol. La dernière à sortir de l'ascenseur fait son entrée. Une femme qui semble dans la trentaine, grande de taille, à la silhouette élégante.

Je reste surprise, presque éblouie par sa beauté et son allure gracieuse. Ses longs cheveux noirs, ondulés vers les pointes, encadrent parfaitement son visage ovale. Ses yeux en amande, d'un marron profond, me fixent avec une intensité troublante, soulignés par de longs cils épais qui accentuent encore son regard charmeur. Et puis, sa chemise blanc cassé et sa jupe satiné beige mettent en avant son teint clair d'une légère nuance doré.

Mais qui est cette femme, tout droit sortie d'un magazine ? Avec une allure pareille, elle doit faire tourner toutes les têtes sur son passage... et sans aucun doute faire tomber plus d'un homme dans chaque ruelle.

Yara, tenant une assiette dans une main, s'approche de moi pour me saluer.

— Amalia, je te présente Yasmine El-Masri. C'est une grande amie de la famille depuis très longtemps. Il fallait absolument que tu la rencontres.

Yasmine n'a pas détourné son regard de moi depuis sa sortie de l'ascenseur. D'un pas calme, mais assuré, elle s'avance et arrive à ma hauteur, elle me serre soudainement d'un bras dans une étreinte douce. Elle sent le jasmin, avec une légère touche sucrée. Son parfum m'est étrangement familier, alors que c'est la première fois que je le sens.

Elle recule légèrement, me regarde avec un sourire sincère, et elle pose délicatement une main sur ma joue.

— Comme on me l'a dit, tu es belle à en couper le souffle, Amalia, prononce-t-elle d'une voix douce, presque mélodieuse.

Je sens mes joues rougir à son compliment. Depuis que je vis ici, je ne saurais dire combien de fois on m'a complimentée. Si différent de mes vingt années passées chez ma famille, où les mots doux étaient rares.

Yara nous suggère de nous installer sur le grand sofa pour être plus à l'aise. La table basse est déjà dressée avec ce que j'ai préparé, et Yara y ajoute une assiette de baklava, leur dessert que j'apprécie le plus.

Yasmine s'assied à côté de moi, sur la longue partie du canapé, tandis que Maysoon et Yara prennent place sur la partie plus courte.

— Tu es donc la fille de Vicenzo et Arianna Di Angelo ? lance Yasmine pour ouvrir la conversation.

Ne connaît-elle pas ma famille ?

— Arianna Volpe, je la reprends gentiment. Mes parents ont divorcé quand j'avais onze ans. Depuis, je ne l'ai plus jamais revue.

— Sérieux ? réagit Yara. Elle n'a jamais essayé de te revoir ?

Je baisse les yeux, honteuse en me rappelant qu'elle est partie à cause de moi.

— Non... c'était compliqué, dis-je avec amertume. Je n'ai jamais vraiment connu l'amour d'une mère, à part celui de ma nounou, qui s'est occupée de moi jusqu'à nous avoir quitté.

— Je suis désolée pour toi, me dit Yasmine, le regard empreint de tristesse.

Je lui réponds par un sourire, mais il doit sans doute être crispé. Je préfère ne pas aller loin dans les détails sur ce sujet, ça risquerait de gâcher l'ambiance, surtout que nous sommes là pour passer un bon moment.

— On m'avait dit qu'Arianna a un caractère bien trempé, et qu'elle ne fait preuve d'aucune pitié, ajoute-t-elle par la suite.

J'essaie de repousser les souvenirs de ces années passées avec elle. Quand on évoque son nom, mon cerveau réagit instinctivement, me faisant sentir soudainement pas bien.

— C'est vrai. Elle vient d'une famille très puissante, et elle est réputée pour son manque total de compassion.

— Moi, elle ne me fait pas peur, lance Maysoon avec assurance.

— Qu'est-ce qui pourrait bien te faire peur à notre mignonne Maysoon ? réplique Yasmine en la taquinant, lui pinçant affectueusement la joue.

Pour une fois, je surprends une expression positive sur le visage de Maysoon, un léger sourire apparaît, et elle rejette en arrière ses longs cheveux bouclés.

Cette femme doit vraiment être appréciée dans leur famille, pour réussir à faire sourire la plus aigrie du monde.

— Amalia, tu ne trouves pas que Yasmine a un air de ressemblance avec la chanteuse Haifa Wehbe ? lance Yara avec malice.

Je suis soulagée qu'on ne poursuive pas le sujet sur ma mère. Je regarde ma belle-sœur, un peu perdue. Je ne connais pas cette chanteuse.

— Arrête de toujours me comparer à elle, répond Yasmine en esquissant un rire gêné.

— C'est qui ?

— Tu ne connais pas ? C'est une chanteuse libano-égyptienne très connue chez nous. Elle est l'icône de la pop arabe ! Attends, je vais te montrer une photo.

Elle sort son téléphone, tapote dessus, puis me tend l'écran. Je regarde la photo de cette chanteuse... et c'est vrai qu'il y a un petit air de ressemblance. Mais elle a les yeux clairs. D'une couleur gris-vert.

— Tu as raison...

— Tu vois ! Mais elle ne veut jamais l'admettre. Et le plus drôle, c'est que c'est sa chanteuse préférée !

Je vois Yasmine rouler des yeux.

— Ok. Haifa, c'est la chanteuse et moi, je suis...

— Oui oui, on sait. Yasmine, la danseuse orientale prestigieuse, très demandée, l'interrompt Yara sur un ton théâtral, ce qui me fait pouffer doucement, un rire que je cache derrière ma main.

Yasmine lui lance un regard mécontent, mais Yara s'approche d'elle en riant et l'enlace avec affection.

— Tu sais que je t'aime.

— Juste parce que c'est toi, je t'autorise à m'embêter, lui répond-elle en lui donnant un petit coup sur la tête.

— Vous dansez souvent ? je lui demande, intriguée.

— Oui, elle danse tous les styles de danse orientale, s'exclame Yara.

— Et je suis aussi leur professeure, précise-t-elle. Là, je suis revenue pour faire juge, c'est une première pour moi.

— Juge ? dis-je, un peu surprise.

— Oui, l'académie va bientôt ouvrir les inscriptions pour des cours de danse égyptienne, qui est ma spécialité. Ils m'ont demandé de participer à la sélection des meilleurs enseignants.

Je pensais que leur académie était uniquement dédiée à la danse libanaise...

— À la base, elle n'enseigne qu'à nous, explique Yara. Mais tu connais les hommes d'affaires... dès qu'ils ont une idée qui peut rapporter de l'argent, ils ne lâchent rien.

— Vous venez d'où ?

— D'Égypte.

Elle est donc Égyptienne... et non Libanaise, comme je l'avais cru.

— Je suis née ici, explique-t-elle, et j'ai fait ma carrière dans la danse égyptienne. C'est grâce à ça que j'ai gagné ma vie. Puis je suis retournée vivre dans mon pays d'origine. Mon mari et mon fils de dix-sept ans vivent là-bas. Je fais des allers-retours entre les deux pays pour continuer à travailler.

Un fils de 17 ans ? Quel âge a-t-elle ? Elle ne doit sûrement pas faire son âge.

— Je ne danse plus autant qu'avant, mais je gagne encore bien ma vie, continue-t-elle. Même si mon mari aimerait que j'arrête complètement...

— Pourquoi, demandé-je, intéressée par son histoire.

— Pour lui, j'en ai plus besoin. Sauf que la danse, c'est ma passion, ma moitié, on forme un tout. Tant que je suis encore en mesure d'en exercer, je n'arrêterai pas. La première fois où j'ai dû faire une pause de presque trois ans à cause de certaines circonstances, ça a été très difficile mentalement de ne plus avoir la possibilité de pratiquer pleinement.

Elle parle avec une telle intensité... On sent bien que ce n'est pas juste un métier pour elle. Elle le fait avec le cœur, par pur plaisir, et ça s'entend dans sa voix, dans la façon dont elle choisit ses mots, mais aussi dans l'expression de son visage.

— D'ailleurs, j'ai ramené quelques petits souvenirs d'Égypte, dit-elle en se penchant vers le sac qu'elle portait à son arrivée.

Elle en sort plusieurs objets qu'elle dépose sur un coin de la table.

— Servez-vous, faites-vous plaisir, nous encourage-t-elle avec un sourire chaleureux. Toi aussi, Amalia, prends ce que tu veux.

Je vois Yara tenir dans ses mains une belle boîte en fer, ornée de motifs géométriques et d'arabesques. Je jette un coup d'œil sur les objets et mon regard est aussitôt attiré par un foulard bleu orné de petites pièces argentées. Je tends la main pour le prendre... mais au même instant, une autre main l'attrape aussi. C'est celle de Maysoon. Elle me lance un regard noir, lourd de menace. Ce regard dit clairement : "Lâche. Il est à moi."

Sans me battre pour si peu, je relâche le foulard. Elle le saisit sans un mot.

— Maysoon, j'ai quelque chose de mieux pour toi, intervient Yasmine.

Elle lui reprend le foulard bleu des mains, ce qui me surprend, et lui tend un autre foulard, blanc cette fois, décoré de pièces dorées et de motifs raffinés. Maysoon, étonnamment, ne dit rien. Elle observe le foulard avec admiration, visiblement ravie de ce qu'elle lui a donné.

Pendant qu'elle le contemple, Yasmine se tourne vers moi, le sourire malicieux, et me tend le foulard bleu.

— Celui-ci t'irait à merveille.

Aucun mot ne sort de ma bouche, touchée par sa gentillesse et son attention envers moi.

— Si un jour, tu veux prendre des cours de danse, n'hésite pas à me le dire. Pour toi, ce sera gratuit, me glisse-t-elle avec un clin d'œil complice.

De si simples paroles me font chaud au cœur, venant d'une personne qui ne me connait que depuis quelques heures.

La conversation continue naturellement. Yasmine me parle longuement de son pays d'origine. Elle vit maintenant dans une ville ultra-moderne qui s'appelle New Caire. Elle m'a un peu parlé de son pays, des pyramides, de leur cuisine, de la richesse culturelle... Elle m'a aussi décrit la mer, d'un bleu limpide et transparent. En l'écoutant, elle m'a vraiment donné envie de le visiter.

Je n'aurais jamais cru m'intéresser un jour au Moyen-Orient, à ses traditions, ses histoires, ses origines. Avant, je ne connaissais rien de tout ça, et je ne cherchais pas à en savoir plus. Maintenant, c'est devenu une sorte de quotidien, une envie constante d'apprendre, de découvrir davantage le monde arabe.

Yasmine m'a promis de me faire goûter un jour leurs plats traditionnels, faits par ses soins. Sa vie là-bas semble lui convenir beaucoup plus que celle qu'elle menait ici. Même si, parfois, Las Vegas lui manque à cause des personnes qu'elle aime et qui y vivent.

Elles apprécient ce que j'ai préparé... sauf Maysoon, bien sûr, qui n'a presque pas touché à mes encas. De plus, comme à son habitude, elle reste en retrait. À un moment, elle se lève, le téléphone à l'oreille.

— Je vais aux toilettes, annonce Yara en s'éclipsant à son tour.

Je jette un coup d'œil à Yasmine, qui se sert un verre d'eau. Je l'observe discrètement. Sa posture, son port de tête, et sa gestuelle... Tout en elle évoque une femme sûre d'elle, quasiment inaccessible. Et pourtant, lorsqu'elle parle, elle dégage une douceur inattendue, presque maternelle. Un genre de tendresse que je n'ai jamais vraiment connu.

Elle attrape un cannoli posé sur l'assiette.

— C'est toi qui les as faits ? demande-t-elle en croquant dedans.

— Oui. Tu aimes ?

Elle mâche lentement, prenant soin de savourer, puis, après avoir avalé, elle me répond :

— Oui, c'est délicieux. J'en avais déjà goûté à l'époque, mais les tiens ont un meilleur goût.

Mes lèvres s'étirent en un sourire et je la remercie. Mais soudain, son visage s'assombrit légèrement. Elle repose la moitié du cannoli dans l'assiette, se tournant complètement vers moi jusqu'à ce que son genou touche ma jambe. Elle me regarde droit dans les yeux, avec sérieux.

— Toutes mes condoléances pour ton père. Ça a dû être une secousse émotionnelle, surtout qu'il était ton seul parent depuis que ta mère ne vit plus avec vous.

Un pincement me serre le cœur. Ce n'est pas depuis qu'elle est partie que j'ai grandi sans mère... c'est depuis ma naissance. Je n'ai jamais connu l'amour maternel. Cette femme ne m'a jamais aimée. Seul papà l'a fait.

Petite, j'essayais désespérément de gagner son affection. Je ne comprenais pas pourquoi elle me rejetait. Pourquoi elle ne voulait pas de moi. Ce n'est que des années plus tard que j'ai su... et ce fut un choc.

Des souvenirs remontent à la surface, un à un. Le jour où j'avais sept ans, et que mon père jouait avec moi, elle lui avait reproché de perdre son temps. Les fois où il était absent, elle m'interdisait de manger... Heureusement, ma nounou trouvait parfois le moyen de me rapporter un peu de nourriture en cachette. Et puis, toutes ces disputes. Chaque soir, mes parents s'engueulaient par ma faute.

Je n'ai que de mauvais souvenirs d'elle.

Lorsqu'elle est partie, je n'ai rien ressenti. J'étais déjà habituée à vivre avec un seul parent qui est mon père. Cependant, aujourd'hui, il n'est plus là non plus. Et je n'ai plus de famille.

Quand on me le rappelle, ça me fait mal. Ça ravive cette solitude que je tente de camoufler. Je me retrouve dans une famille qui n'est pas la mienne, à essayer de trouver ma place. À faire semblant d'être à l'aise... alors que je ne sais même pas si je devrais leur faire confiance.

Mon père les connaissait, leur faisait confiance, et c'est pour ça qu'il m'a confiée à eux. Mais est-ce qu'il a réellement fait le bon choix ? De toute façon, qui d'autre aurait pu m'accueillir ? Même mon frère ne décroche plus mes appels. Et quand j'essaie d'appeler chez moi, personne ne répond. J'aurais voulu, au moins, parler avec Alessandro ou Giorgio... juste pour entendre une voix familière, retrouver un peu de mes racines.

— Amalia...

Sa voix douce me ramène brusquement à la réalité.

Je baisse les yeux et réalise qu'elle vient de prendre ma main. Je ne m'étais même pas rendu compte que je me rongeais les ongles.

— Ne te laisse pas envahir par les mauvaises pensées... Je sais que c'est difficile au début, mais reste forte. La mort de ton père a été un moment dur, mais on ne choisit pas le jour de notre mort. Et il ne t'a pas laissée seule, tu sais. À présent, tu as une nouvelle famille. Il t'a confiée aux Kanaan, et il sait ce qu'il a fait. Les hommes de notre milieu font toujours le bon choix. Et tu le verras par toi-même, prononce-t-elle avec assurance.

Mon père me l'a dit, lui aussi. Il m'a assuré que j'allais être entre de bonnes mains. Mes yeux deviennent humides, mais je retiens mes larmes. Je refuse de pleurer, pas ici, pas maintenant. Pas devant elle. Je ne veux pas qu'on me voie une fois de plus comme une femme fragile.

— Tu as raison... Il a fait le bon choix.

Toutefois, à l'intérieur, une petite voix s'élève, pleine de doute : Es-tu vraiment convaincue de ta réponse ?

Pour l'instant... non.

...

Je monte les escaliers et quand j'arrive à l'étage, je remarque que la porte de sa chambre est entrouverte. Étrange. Il la ferme toujours. Surtout depuis qu'il sait que sa bestiole me fout la chair de poule.

Je m'approche de celle-ci et je jette un œil à l'intérieur. Les volets sont toujours baissés, c'est sombre. Pourtant, quelque chose cloche. Poussée par une mauvaise intuition, je pousse la porte délicatement, sans trop savoir pourquoi je me fais discrète après tout, il n'est même pas là.

Je glisse doucement la tête à l'intérieur de la pièce et je regarde vers la gauche, là où se trouve le terrarium. Mais je ne vois rien. Je fronce les sourcils, allume la lumière... et mes yeux s'ouvrent en grand.

Non... non, non et non !

C'est vide.

Je me précipite sur le terrarium et découvre qu'il est ouvert.

Quoi ?! C'est impossible. Cette fichue mygale n'a pas pu l'ouvrir toute seule.

Un frisson glacé me parcourt l'échine. Elle s'est échappée. Elle est quelque part... ici.

Je regarde nerveusement tout autour de moi, scrutant le sol, les murs, chaque recoin. L'idée qu'elle puisse être là me donne envie de hurler. Et si elle était entrée dans ma chambre ? Je vais devenir folle. Vraiment.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Je sursaute, la main plaquée contre ma poitrine et le cœur battant à tout rompre. Nadim est là, adossé contre l'encadrement de la porte, l'air calme.

— Ta be... Mina a disparu ! Regarde. Le terrarium est ouvert. C'est toi qui l'as laissée s'échapper ?! dis-je en le désignant du doigt, à moitié paniquée.

— Non. Je ne laisse jamais ouvert.

Il s'avance, lentement, pour examiner. Son parfum m'enveloppe d'un coup, envahit l'air de sa chambre... et, sans prévenir, à l'intérieur de ma tête aussi. Il sent bon. Beaucoup trop bon.
Mais ce n'est clairement pas le moment.

— Quelqu'un est monté ici ? me demande-t-il, l'air maintenant un peu plus sérieux.

Je m'apprête à lui répondre que non, je ne pense pas que quelqu'un soit monté, mais soudainement, un détail me revient en tête. Je me souviens avoir vu Maysoon monter les escaliers tout à l'heure pour répondre à son appel.

La petite peste, ça doit être elle...

Mais je ne vais pas l'accuser sans preuve. Peut-être que ce n'est même pas elle. De toute façon, Nadim ne me croirait sûrement pas.

— Je ne pense pas, je réponds finalement.

— Si je la retrouve, je la remets dedans.

— Cherche-la alors.

— Je n'ai pas le temps. J'ai un truc à faire.

— Mais...

Il me fige sur place avec son regard intense.

— Tu as deux heures pour te préparer. Ce soir, on dîne dehors.

Un dîner ?

Une réflexion me traverse l'esprit. Un dîner à l'extérieur, ça signifie qu'on pourrait être vus par tout le monde. Peut-être même des paparazzis ou des journalistes qui sont toujours à l'affût. Je le regarde un peu interloquée.

— Pourquoi ?

Il croise les bras et me fixe.

— On n'a jamais eu un vrai moment tous les deux. C'est l'occasion de discuter. Et cette fois, tu pourras t'habiller sur ton 31.

Est-ce qu'il a décidé ça de lui-même, ou quelqu'un lui a suggéré de m'emmener au restaurant ? Ou veut-il vraiment se rapprocher de moi ? Alors qu'il m'a dit qu'on vivait nos vies séparées. Pourquoi ce changement soudain dans son comportement...

Ah, je vois... c'est sûrement pour faire bonne figure devant les autres. Bien sûr.

Je lève les yeux vers lui, et je remarque que son regard est toujours fixé sur moi. Son regard posé sur moi semble chargé de sens... mais lequel ?

Mon cœur commence à s'emballer. Je déteste l'effet qu'il a sur moi. Je ne veux pas m'approcher de lui, surtout si c'est pour ne rien avoir en retour. Même si nous sommes mariés, et qu'on est obligés de nous croiser régulièrement, je préfère quand il est absent, c'est là que je me sens mieux.

Il se tourne, quitte la chambre, et me lance pour me rappeler une deuxième fois, sans se retourner  :

— À 21h, sois prête.

Je me précipite hors de sa chambre, m'assurant de bien fermer la porte derrière moi, au cas où la mygale se cacherait à l'intérieur. Je ne veux surtout pas qu'elle sorte de là. En entrant dans la chambre que j'ai choisie comme la mienne, je me rends compte que ça fait presque deux mois, et il ne m'a toujours pas demandé de dormir dans la même chambre que lui. Et j'ai le pressentiment que ça va vite arriver...

Je me tiens devant un coin de la pièce où des cartons de mes affaires sont encore empilés. Je n'ai pas tout rangé, mais il faut absolument que je trie tout ça. La moitié de mes affaires sont déjà dans le dressing, mais le reste, ce sont celles qui m'ont été ramenées. Je déteste avoir mes affaires éparpillées comme ça, ça me désorganise complètement.

Je commence à ouvrir quelques cartons pour chercher une robe. Je les sors une à une et les pose sur le lit. En soulevant l'une d'elles, je sens un poids. Puis un bruit métallique retentit, quelque chose vient de tomber sur le sol. Je me penche pour ramasser l'objet et, à ma grande surprise, je découvre qu'il s'agit d'une arme. Qu'est-ce qu'une arme fait dans mon carton ? Sauf que... je la reconnais.

Je la prends dans mes mains et l'examine. Puis je trouve les initiales gravées dessus :

V. D. A.

Vincenzo Di Angelo.

Pourquoi est-ce que son pistolet se trouve ici ? Est-ce lui qui l'a mise dans mes affaires ? C'est étrange... Lui qui ne se séparait jamais de cette arme.

Depuis sa mort, j'ai ce pressentiment que son décès n'est pas dû simplement à sa maladie. Et là, tomber sur sa Beretta, alors qu'il le gardait toujours sur lui, ça me semble encore plus suspect.

Est-ce que je dois en parler à Nadim ?

Je suis perdue.

Et si c'était papà qui me l'a mise ici, dans l'espoir de me protéger, au cas où ma sécurité serait menacée ?

Je fixe le pistolet, puis je prends la décision de le garder en secret.

~~~

Alors selon vous, le dîner comment va-t-il se dérouler ?

On se retrouve mercredi ou vendredi prochain pour un nouveau chapitre, un petit peu plus intéressant 👀🤭

Les filles, je sais que pour l'instant il ne se passe pas grand-chose dans les chapitres, mais soyez attentives : chaque chapitre contient de petits indices pour la suite. L'action arrive très bientôt, alors soyez patientes... Vous n'allez pas être déçues !

N'hésitez pas à voter, commenter et partager !

—> J'ai créé un groupe sur Instagram pour discuter de La famille Kanaan, que ce soit à la fin de chaque chapitre ou de l'histoire dans sa globalité. Si ça vous intéresse d'être dedans, dites-le moi en commentaire ou ajoutez-moi sur Instagram (@MonaCh_Wattp) et envoyez-moi un petit message !

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Bisous ❤️

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