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- Dédicace -
𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏 : đƒđšđ›đ€Ă© 𝐋𝐱𝐛𝐚𝐧𝐚𝐱𝐬.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐 : 𝐋𝐞𝐬 𝐊𝐚𝐧𝐚𝐚𝐧.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑 : đƒĂ©đœđąđŹđąđšđ§ đšđœđ­Ă©đž.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒 : 𝐋'Ă©đ­đ«đšđ§đ Ăšđ«đž.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓 : đ€đ„-đ€đ„đŠđšđŹ.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔 : đđšđźđ« 𝐭𝐚 đŹĂ©đœđźđ«đąđ­Ă©.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕 : 𝐃𝐞𝐬 đŹđžđœđ«đžđ­đŹ đ đšđ«đĂ©đŹ 𝐬𝐹𝐼𝐬 đŹđąđ„đžđ§đœđž.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖 : đˆđ§đŻđąđŹđąđ›đ„đž.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟗 : 𝐋𝐞𝐬 𝐃𝐱 đ€đ§đ đžđ„đš.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟎 : 𝐒𝐹𝐧 đŹđšđźđ«đąđ«đž.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟏 : 𝐌𝐚𝐩𝐚𝐧 đ©đšđźđ„đž ?
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟐 : đƒđžđ«đ§đąđžđ« đ’đšđźđŸđŸđ„đž.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑 : đ„đ§đ­đ«đž đđžđŻđšđąđ« 𝐞𝐭 đ©đžđ«đ­đž.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟒 : 𝐒𝐹𝐼𝐬 đ„đž đ•đšđąđ„đž 𝐝𝐞 đ„'đ€đ„đ„đąđšđ§đœđž.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓 : đ…đšđąđ«đž 𝐟𝐚𝐜𝐞 Ă  đ„'𝐚𝐛𝐬𝐞𝐧𝐜𝐞.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔 : 𝐔𝐧 đ©đšđ«đŸđźđŠ 𝐝𝐞 đĂ©đŁĂ -𝐯𝐼.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕 : đ„đ§đ­đ«đž đ„đžđŹ đ„đąđ đ§đžđŹ 𝐝𝐼 𝐩𝐞𝐧𝐼.
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟖 : 𝐒𝐹𝐼𝐬 đ„'𝐞𝐟𝐟𝐞𝐭 𝐝𝐞 đ„'đ˜Œđ™§đ™–đ™ .
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟗 : 𝐔𝐧 đ›đšđąđŹđžđ« đŸđ„đšđź.
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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕 : đ„đ§đ­đ«đž đ„đžđŹ đ„đąđ đ§đžđŹ 𝐝𝐼 𝐩𝐞𝐧𝐼.

📿 N A D I M 📿

Saif m'attend dans mon bureau avec un enregistrement d'une vidĂ©o de surveillance. Je descends les marches rapidement et en mĂȘme temps, je scrute chaque coin Ă  la recherche de Mina. Je n'ai jamais laissĂ© son terrarium ouvert, je suis presque sĂ»r que c'est l'Ɠuvre de Maysoon. Quand je l'ai croisĂ©e plus tĂŽt, elle m'a mentionnĂ© que ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu ma mygale. Je trouvais ça Ă©trange qu'elle parle de Mina, alors qu'elle ne s'y intĂ©ressait jamais auparavant.

Lorsque j'arrive dans le bureau, je retrouve mon cousin en train de taper sur le clavier d'ordinateur. En me voyant, un sourire taquin se dessine sur ses lÚvres. Je sens déjà la connerie qu'il va sortir.

— Alors, tu es allĂ© t'assurer que ta petite femme allait bien ?

— Non, je lui ai juste demandĂ© de se prĂ©parer. Je l'emmĂšne au restaurant ce soir.

Saif laisse Ă©chapper une exclamation de surprise, puis se met Ă  applaudir. Je marche vers lui, et il continue Ă  taper dans ses mains, lentement, en me fixant avec une expression de fiertĂ©. Il compte s'arrĂȘter un jour ?

— Quel gentleman ! Il s'occupe bien de sa femme... sauf au lit.

Je lui lance un regard sévÚre.

— Ce qui se passe dans mon lit ne te regarde pas.

— Mais je sais qu'il ne se passe rien. Ça se voit Ă  des kilomĂštres. Tu hĂ©sites Ă  passer Ă  l'acte avec elle ou quoi ?

— Tu connais le consentement, ya hayawen (espùce d'animal) ?

Il me parle constamment de sexe. Il est obsédé par ma vie intime, toujours à vouloir savoir quand est-ce que je ne serai plus puceau, alors que ça fait bien longtemps que je ne le suis plus...

— Aucune femme ne peut te rĂ©sister, souligne-t-il. Vu la maniĂšre dont elle te regarde, je parie que c'est elle qui te sautera dessus la premiĂšre.

— Je ne sais plus comment te dire de t'occuper de ton propre entrejambe.

— J'attends le moment oĂč tu viendras me le confier, dit-il, en terminant avec un sourire en coin, comme pour me confirmer qu'il sait qu'il a raison.

Je suis conscient qu'un jour ou l'autre, il faudra qu'on passe Ă  l'acte, mais je ne veux pas la brusquer. Il dit qu'elle est attirĂ©e par moi, mais j'ai l'impression qu'elle ne veut absolument pas l'ĂȘtre. Elle m'Ă©vite depuis qu'elle a mis les pieds ici. Comme Plus tĂŽt, lorsque je me suis approchĂ© d'elle, elle a instinctivement reculĂ© comme si j'allais l'attaquer.

C'est une belle femme, je ne peux pas le nier, mais est-ce qu'on va franchir cette ligne ? Ça, c'est une autre histoire.

Je m'installe dans mon fauteuil, tandis que mon cousin reste debout à cÎté de moi. Je lance la vidéo, et nous commençons à l'analyser attentivement.

Lors de la premiÚre lecture, on voit Vincenzo, accompagné de son garde, arriver à la suite d'Amalia. Quelques minutes plus tard, Amalia sort et s'en va avec Giorgio. Puis plus rien, jusqu'à ce que Vito arrive avec ses deux gardes et entre à l'intérieur, quelques secondes aprÚs un des gardes en sort précipitamment. C'est donc à ce moment-là qu'ils découvrent le corps sans vie de Vincenzo.

Nous visionnons la vidéo plusieurs fois pour ne manquer aucun détail.

Quand Amalia m'a dit que son pÚre portait toujours ses médicaments sur lui pour éviter les crises, ça ne collait déjà pas avec ce que Vito nous a affirmé. Mais en regardant les images, on voit clairement qu'il est venu voir sa fille. Je pense que Vito ne savait pas qu'Amalia s'était éclipsée quelques minutes plus tÎt, ce qui montre qu'il a inventé une autre version pour dissimuler la vérité.

Je fixe le panneau de la suite en face de celle d'Amalia.

— Regarde, remarquĂ©-je en dĂ©signant du doigt l'Ă©cran. Le panneau s'est activĂ© en rouge de cette chambre. En "Ne pas dĂ©ranger", alors qu'il y a quelques secondes...

Il se penche un peu plus de l'écran. Je fais revenir légÚrement la vidéo en arriÚre.

— Il Ă©tait Ă©teint. Et on l'active uniquement lorsqu'une personne entre et insĂšre la carte dedans.

Mon cousin fixe l'Ă©cran, puis il tourne son visage vers moi, et je vois dans son regard qu'il arrive Ă  la mĂȘme conclusion.

— Personne n'est rentrĂ©.

— Non. Quelqu'un a pris la prĂ©caution de couper cette partie, et ce sont sĂ»rement les mĂȘmes personnes qui sont responsables de la mort de Vincenzo, conclus-je.

Malgré cela, nous n'avons pas encore assez d'informations pour accuser les Di Angelo. Nous avons passé une heure à analyser cette vidéo. La seule chose dont nous sommes sûrs est la partie coupée.

— Pour l'instant, on n'a pas de preuves solides, ni mĂȘme de raison concrĂšte. Mais je vais la trouver.

Saif finit par s'asseoir en face de moi, sort une cigarette de sa poche, et l'allume aprÚs m'en avoir proposé une. Je fais comme lui.

— Il y a autre chose que j'ai appris.

Je lui jette un regard pour l'inciter Ă  continuer.

— L'avocat de Vincenzo a Ă©tĂ© retrouvĂ© mort et la copie du testament a disparu.

Pourquoi est-ce que ça ne me surprend mĂȘme pas ?

— Ce qui renforce encore l'idĂ©e qu'il a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© tuĂ© par les siens, lĂąchĂ©-je.

— Tu penses vraiment que c'est sa propre famille qui est derriĂšre cette mort ? Massimo a Ă©tĂ© suspect lors de la rĂ©union, mais je ne le crois pas capable de tuer son pĂšre.

Je tire une bouffée de ma cigarette, la souffle lentement, et je fixe mon cousin qui soutient mon regard.

— Tu sais, quand je suis revenu de cette rĂ©union, la premiĂšre question qu'Amalia m'a posĂ©e est si son pĂšre a Ă©tĂ© assassinĂ©.

Le jour oĂč je l'ai emmenĂ© Ă  la morgue pour voir son pĂšre, elle a Ă©tĂ© la seule autorisĂ©e Ă  y accĂ©der. Je n'ai pas eu l'occasion d'examiner le corps de son pĂšre pour dĂ©tecter la moindre trace d'assassinat.

De plus, alors que je l'attendais, Vito est arrivé. Je ne sais pas si je peux réellement qualifier cela de simple coïncidence.

Saif fronce les sourcils.

— Elle sait des choses ?

Si elle m'a posé cette question, ce n'est pas anodin. Elle a des doutes sur ses proches, mais qu'est-ce qu'elle sait de plus ?

— D'oĂč notre sortie au restaurant, avouĂ©-je. C'est pour en savoir plus sur sa famille. MĂȘme si elle n'est pas trop impliquĂ©e, elle doit sĂ»rement avoir entendu des choses.

— Moi qui pensais que c'Ă©tait pour un moment romantique. Le business jusqu'au bout, mĂȘme ta femme n'est pas Ă©pargnĂ©e.

Je jette ma cigarette dans le cendrier.

— Je ne suis pas fait pour la romance, mais uniquement pour le monde du pouvoir.

— Si tu le dis. J'attends le jour oĂč tu vas tomber amoureux.

— Tu attends trop de choses de ma part, au lieu de t'occuper de ta propre vie, connard.

— DĂšs qu'on parle d'elle, tu t'Ă©nerves. Yalla (allez), on en reparlera.

Il se redresse du fauteuil et jette à son tour le mégot dans le cendrier.

— Je vais aller voir Hbibat AlbĂ© (l'amour de mon cƓur), elle m'attend pour que je lui lise une histoire avant de dormir, lance-t-il avant de quitter de la piĂšce.

J'ouvre mon tiroir de bureau et saisis mes lunettes de repos, en déplaçant une pile de feuilles carrées empilées sur le cÎté. Ce sont les mots qu'elle me laisse prÚs de mon repas.

Je ne sais plus quand est-ce que cela a commencé, mais chaque fois que je rentre tard le soir, elle me laisse toujours un repas accompagné d'un mot dans lequel elle écrit ce qu'elle a préparé, plus un poÚme.

Je ne sais pas pourquoi elle fait ça, mais si ça lui fait plaisir, Ă  quoi bon lui dire que ça ne sert Ă  rien, mĂȘme si elle n'est pas obligĂ©e de le faire. Ce qui est Ă©tonnant, c'est que chaque poĂšme est diffĂ©rent. Il n'y en a pas un qui soit identique. Ce sont des phrases sur la vie en gĂ©nĂ©ral, sans sujet particulier, et surtout sans dĂ©claration d'amour, sinon j'aurais trouvĂ© ça Ă©trange de sa part.

Je fixe une derniÚre fois ces bouts de papier, puis je referme le tiroir. Je termine quelques petites tùches. Je vérifie l'heure une derniÚre fois avant de quitter mon bureau pour me préparer rapidement, car nous devons bientÎt partir.

Trente minutes plus tard, nous sommes tous les deux prĂȘts. Les deux heures que je lui ai laissĂ©es, elle les a bien rentabilisĂ©es, puisqu'elle s'est mĂȘme lissĂ© les cheveux. C'est la premiĂšre fois que je la vois avec les cheveux ainsi, d'habitude, elle les laisse tomber en de sublimes ondulations.

Elle porte des vĂȘtements qui mettent ses formes en valeur, mĂȘme trop. Sa robe noire moulante, avec son col carrĂ© qui souligne sa poitrine, me dĂ©range. Elle va attirer trop d'attention, et ça ne va pas me plaire. Toutefois, je ne dis rien. Ce soir, je veux qu'elle se confie Ă  moi.

Nous sommes au sous-sol, en route vers ma BMW, laissant de cÎté ma voiture imposante. Les talons d'Amalia claquent derriÚre moi, mais je sens son regard insistant sur mon dos.

— Si tu as quelque chose à me dire, dis-le.

Je ne me retourne pas, continuant ma marche vers mon véhicule. Quelques secondes passent avant qu'elle décide de parler.

— Tu l'as retrouvĂ©e ?

Je devine qu'elle parle de Mina.

— Non.

Nous arrivons, j'ouvre la portiĂšre et la sienne se dĂ©verrouille en mĂȘme temps. Elle semble nerveuse, une lueur de panique lui traverse les yeux.

— J'espùre qu'elle est dans ta chambre.

Elle le dit plutÎt pour se rassurer que pour me l'assurer. En revanche, je doute, car en montant dans ma chambre pour me changer, je ne l'ai pas trouvée malgré mes recherches. Elle doit traßner quelque part dans la maison. Un jour ou l'autre, on finira par la retrouver... ou Amalia tombera sur elle.

On s'installe et je sens sa crainte, comme une tension palpable. Elle en fait trop, c'est juste une mygale inoffensive.

Je soupire un bon coup avant de lui dire :

— En rentrant, je vais la chercher. Je commencerai par la chambre dans laquelle tu dors.

Une mĂšche de ses cheveux tombe devant son front. Je me rapproche et, d'un geste dĂ©licat, je la repousse derriĂšre son oreille. Elle s'immobilise, et je me demande mĂȘme si elle a cessĂ© de respirer pour ce simple contact.

Je retire ma main et me remets bien en place devant le volant.

Je perds la tĂȘte ou quoi ? À vouloir juste la toucher ? La premiĂšre fois que ma main a effleurĂ© la sienne, ce soir-lĂ , Ă  table, en plein dĂźner de famille... C'Ă©tait instinctif. Mais juste aprĂšs, j'ai su que j'avais merdĂ©. Regrettant ce geste.

Ce que Saif m'a dit me revient. M'évite-t-elle parce qu'elle ressent, elle aussi, ce truc ? De l'attirance ?

Mais vous ĂȘtes mariĂ©s, c'est certainement pour ça que vous ĂȘtes attirĂ©s l'un par l'autre...

— ArrĂȘte de penser Ă  cette mygale, dis-je d'un ton sec.

Elle tourne son visage vers moi, ses yeux plissés, confuse par mon soudain changement de comportement.

Je démarre la voiture, je prends la sortie et me concentre sur la route, sans me soucier davantage d'elle.

Tout au long du trajet, le silence s'installe. Aucun de nous deux n'a lancé de conversation.

Je regarde droit devant moi, attendant que les voitures avancent.

Il y a des embouteillages causĂ©s par l'afflux de touristes. Un trajet qui me prend habituellement moins de dix minutes s'Ă©tend maintenant Ă  plus de quinze. Je scrute par la fenĂȘtre, et le bruit extĂ©rieur est couvert par la musique qui tourne.

Je repense Ă  tout Ă  l'heure, et une question me trotte dans la tĂȘte : est-ce que je n'annulerais pas cette sortie ? Être trop proche d'Amalia, c'est risquĂ© et je ne m'en suis pas rendu compte.

Je lance un regard vers elle. Ses lĂšvres bougent, elle chante dans un murmure tout en observant le paysage devant elle, et un de ses doigts tapote doucement sur sa cuisse au rythme de la musique.

— Tu aimes la musique ? je demande.

Son doigt s'arrĂȘte.

— Tu t'adresses à moi ?

— Non, à la personne derriùre... Évidemment que je parle à toi.

Elle me fait dire des choses idiotes et à présent, je me sens ridicule.

— C'est juste que tu ne parles jamais d'autre chose que de ton travail, rĂ©torque-t-elle.

Elle est insolente, en plus.

Elle se racle la gorge, sans doute gĂȘnĂ©e en rĂ©alisant son faux pas, et tourne Ă  nouveau son regard vers l'avant. Le feu passe au vert, les voitures dĂ©marre et j'appuie sur l'accĂ©lĂ©rateur.

— Oui, j'aime bien, finit-elle par rĂ©pondre Ă  ma question initiale. C'Ă©tait la seule chose que je pouvais faire chez moi. Écouter de la musique, lire des livres, surfer sur Internet, cuisiner... des trucs comme ça, des choses qu'une femme sans emploi peut faire. Et la musique m'a accompagnĂ©e pendant des annĂ©es. À un moment, j'apprenais Ă  jouer du piano, mais j'ai arrĂȘtĂ©.

— Pourquoi ?

Le silence qui s'installe me fait comprendre qu'elle prend le temps de réfléchir à ce qu'elle va me répondre.

— Je n'en avais plus envie d'en faire.

Son regard se perd, comme si elle était retournée loin dans ses souvenirs. Elle ment, c'est évident. Il y a une autre raison.

À notre arrivĂ©e devant le The Start Hotel, je descends de la voiture et remets mes clĂ©s au voiturier. Je fais un pas en avant vers l'entrĂ©e, mais je ne la sens pas derriĂšre moi. Je me retourne et vois sa portiĂšre toujours fermĂ©e.

Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle ne sort pas ?

Je m'approche, ouvre la portiÚre et la surprend à me regarder, comme si elle attendait que je fasse quelque chose. Elle pose un pied dehors et tend sa main. Un petit rire nerveux m'échappe.

TrĂšs bien, jouons le jeu, comportons-nous en gentleman et sortons-la de la voiture avec grĂące, comme une princesse.

Ses doigts fins et élégants, aux ongles soigneusement manucurés, glissent dans la mienne. Madame sort en me remerciant, et je retire ma main de la sienne comme si je m'étais brûlé.

— Dieu t'a donnĂ© des mains et des pieds, la prochaine fois, ne compte pas sur moi pour te sortir de la voiture.

Ça doit ĂȘtre habituel pour elle, car elle semble un peu offusquĂ©e par ma remarque.

Nadim, ne te laisse pas emporter par tes impulsions...

Putain, maintenant, je me parle Ă  moi-mĂȘme.

Mais c'est presque insupportable. En la voyant comme ça, j'ai juste envie d'attraper sa nuque et de l'attirer contre moi pour goûter à ses lÚvres teintées de tentation.

L'attirance physique que j'éprouve pour elle devient plus forte. Je n'ai pas satisfait mes désirs depuis un moment, mais ce n'est pas le moment de céder. Pas de cette maniÚre.

— Amer jusqu'Ă  l'os, je l'entends dire Ă  mon Ă©gard.

Je fais comme si je n'avais rien entendu. Nous entrons et on nous conduit tout en haut du Top of the World, Ă  une table prĂšs de la baie vitrĂ©e, offrant une vue imprenable sur les lumiĂšres fluorescentes du Strip. Nous nous installons, et cette fois elle ne prend mĂȘme pas la peine d'attendre que je lui tire la chaise. Ce n'est pas comme ci j'avais l'intention de le faire. Les seules femmes avec qui je me suis dĂ©jĂ  rendu Ă  des restaurants, sont ma mĂšre et mes sƓurs. Je n'ai jamais vraiment eu Ă  me soucier de ce genre d'attention pour une femme, c'est plutĂŽt le domaine de Saif. Je ne suis pas idiot pour autant, simplement c'est quelque chose qui ne m'a jamais rĂ©ellement traversĂ© a l'esprit.

Amalia parcourt le menu avec attention. Je l'observe puisque dans cette salle baignĂ©e de conversations brouillĂ©es et de tintements de couverts, elle est la seule Ă  rĂ©ellement capter mon intĂ©rĂȘt. Lorsqu'elle repose le menu, ses yeux en amande se lĂšvent vers moi, et j'y retrouve encore une fois cette lueur de mĂ©fiance. Si je le pouvais, je m'introduirais dans sa tĂȘte pour savoir exactement ce qu'elle pense de moi.

— Tu as choisi ?

Elle acquiesce. Moi, je n'ai mĂȘme pas besoin de regarder la carte, je vais prendre ce que je prends toujours. J'appelle le serveur, et nous passons commande.

Quand il part, Amalia se penche en avant, pose ses deux coudes sur la table, entrelace ses doigts et pose son menton dessus. Puis, elle me scrute intensément.

Elle essaie de faire quoi ?

Ses yeux sont légÚrement plissés, elle tente de lire en moi, mais je garde toujours mon visage impassible. Je ne laisse jamais transparaßtre mes véritables émotions devant les autres.

— Qu'est-ce que tu mijotes ? me demande-t-elle.

— Et toi, Ă  quoi penses-tu ? rĂ©pliquĂ©-je en retour.

Elle pince légÚrement les lÚvres, visiblement agacée que je lui réponde par une autre question.

— Tu es louche. Toi qui m'as dit que chacun fait sa vie, et voilà que tu me proposes un düner.

Elle peut ĂȘtre si imprĂ©visible parfois. Et je prĂ©fĂšre sa vraie personnalitĂ©. Quand je l'ai rencontrĂ©e pour la premiĂšre fois, je pensais qu'elle Ă©tait l'une de ces femmes timides, trop effrayĂ©es pour parler. Mais elle est bien loin d'ĂȘtre comme ça. Elle nous le dissimule systĂ©matiquement.

— Ce n'est qu'un simple dĂźner... dis-toi que c'est juste pour faire connaissance. Donc, si tu as des questions, c'est le moment, lui rĂ©ponds-je, soutenant son regard sans le quitter.

C'est vrai que mon changement de comportement est un peu étrange, c'est normal qu'elle se doute de quelque chose. Mais je ne vais pas lui donner raison.

— Tu comptes vouloir quelque chose en retour ? ajoute-t-elle.

Je retiens un sourire. Je saisis direct de quoi elle parle.

— Qui sait ? je prononce ces mots en la fixant, et elle grimace, visiblement dĂ©goĂ»tĂ©e, avant de reculer, jusqu'Ă  ce que son dos touche le dossier de la chaise, croisant les bras.

Ce n'est absolument pas ce que je pense. Je ne toucherais jamais une femme sans son consentement, encore moins le demander en Ă©change, mais j'aimerais voir jusqu'oĂč son imagination peut aller.

— Tu vas me forcer à coucher avec toi ? Tu sais que ce n'est pas ce que je recherche. Je veux le faire avec un homme qui m'aime.

Le rĂȘve de toute femme, bien sĂ»r... Faire l'amour avec un homme qu'elle aime et qui l'aime en retour. Cependant, nous n'avons pas les mĂȘmes intentions. Elle cherche l'amour, mais moi... l'amour n'a jamais eu sa place dans ma vie.

— MĂȘme si je ne doute pas que tu puisses m'apporter du plaisir. Je ne veux pas  coucher avec toi juste parce que je t'attire physiquement. Ce n'est pas ce que moi, je veux.

Je le sais.

— Penses-tu que mon physique pourrait t'attirer Ă©galement ?

Elle plonge un instant ses yeux Ă©bahis dans les miens avant de dĂ©tourner le regard. Sans doute est-elle surprise que je n'aie pas niĂ© son effet sur moi ? Mais peut-ĂȘtre encore plus troublĂ©e par le fait que j'aie perçu le sien. Cette attraction, elle doit la ressentir autrement, Ă  sa maniĂšre, puisque c'est tout nouveau pour elle.

— Vu ta façon dont tu me scrutes à chaque fois que je suis là, je pense que oui.

— Ce n'est pas vrai, rĂ©torque-t-elle d'un ton sec.

— Vraiment ? Et la derniùre fois, quand tu m'as vue torse nu ? Ou quand tu rougis dùs que je te touche et puis...

— Ça suffit.

Elle détourne toujours le regard et son visage est contrarié.

— Peut-ĂȘtre... un peu, finit-elle par avouer.

J'ai envie de rire. C'est drĂŽle de la dĂ©stabiliser ainsi, surtout qu'elle essaie toujours de jouer les plus malignes. Cependant, j'apprĂ©cie son honnĂȘtetĂ©. Mais je n'ai pas vraiment envie de m'aventurer dans ce genre de conversation avec elle.

Au moins, on sait tous les deux qu'un jour, ça pourrait déraper entre nous. La question est : qui fera le premier pas ?

— Je ne vais pas te contraindre à ça.

Ses yeux reviennent se poser sur moi, et je perçois un certain soulagement. Elle a sans doute eu, au premier abord, l'image de cet homme mafieux, obsédé par le sexe, du genre à imposer des rapports sous prétexte qu'elle est ma femme et que c'est son devoir. Ce cliché que je déteste. Mais au moins, cette image qu'elle se faisait de moi a probablement disparu.

Le serveur arrive avec nos commandes. Elle a pris un plat lĂ©ger qu'elle peut finir en deux bouchĂ©es. Elle ne mange pas Ă©normĂ©ment, et j'ai remarquĂ© ça le peu de fois qu'on a mangĂ© ensemble. Ça doit ĂȘtre une restriction pour elle. Alors que chez moi, on mange en grandes quantitĂ©s et nos plats sont toujours copieux.

Nous commençons à déguster et je lance une nouvelle conversation :

— Tu ne manques de rien à la maison ?

— Non, ça va. Je ne m'ennuie pas avec tes sƓurs.

— Quand tu veux quelque chose, je prĂ©fĂšre que tu me le demandes Ă  moi.

— Ça change quoi ? Tu n'es jamais lĂ , me rĂ©pond-elle, avec lassitude.

— Cela ne veut pas dire que je ne peux pas ĂȘtre disponible.

Un autre serveur s'approche pour nous servir le vin, un Porto, comme j'ai demandé, il est assez corsé. Il commence par remplir mon verre pendant qu'Amalia observe attentivement la bouteille. Je me demande si elle tiendra le coup... Elle m'a bien dit qu'elle ne tenait pas l'alcool. Et si je me servais de ça pour lui soutirer les informations ? C'est plus simple...

Alors que le serveur incline le goulot de la bouteille vers le bord du verre d'Amalia, je tends la main d'un geste rapide vers le haut de son verre, l'arrĂȘtant net. De quoi lui faire comprendre qu'il ne doit pas lui verser.

— Apportez-lui quelque chose de plus lĂ©ger.

Il marque un temps, sans doute surpris, puis hoche la tĂȘte.

— Bien sĂ»r, monsieur.

Amalia se crispe légÚrement, les sourcils froncés.

— Tu sais que je ne suis pas une enfant.

— C'est trop fort pour toi.

— J'aurais au moins pu goĂ»ter. Un seul verre.

— Non, tu ne vas pas tenir le coup.

Elle ne répond pas, se contente de hausser les épaules. Je dois l'agacer. C'est déjà la deuxiÚme fois que je lui refuse une boisson alcoolisée. Mais au fond, ce n'est pas pour la contrÎler, c'est pour ma conscience. Je ne veux pas discuter avec elle alors qu'elle est ivre. Ce n'est pas une méthode correcte.

Le serveur revient et lui sert du rosé. Elle ne fait pas de commentaire, et se contente de ce qu'on lui verse.

— Ta famille t'a contactĂ©e rĂ©cemment ? J'entame un nouveau sujet.

Elle tient son verre, le fixe un instant, puis en prend une premiĂšre gorgĂ©e. À peine quelques secondes plus tard, elle en prend une deuxiĂšme.

Pour rĂ©pondre Ă  ma question, elle hausse Ă  nouveau les Ă©paules, prĂȘte Ă  boire encore, mais je l'arrĂȘte en lui retirant son rosĂ© des mains d'un geste calme et fluide.

Toutefois, elle ne proteste pas, sans doute pour Ă©viter de faire un scandale dans le restaurant, comme on lui a appris. Elle fait attention Ă  son image. À la place, elle prend une fourchette de son plat.

— RĂ©ponds-moi avec des mots.

AprĂšs qu'elle a mĂąchĂ©e et avalĂ©e, elle soutient mon regard. Elle a l'air Ă©nervĂ©e... ou est-ce moi ?

— Non, ils ne m'ont pas contactĂ©e. De toute façon, je ne leur manque pas.

— Pourquoi tu penses ça ?

— Ils se sont dĂ©barrassĂ©s de moi. Mon pĂšre a bien fait de me marier, comme ça je ne les verrai plus.

En seulement deux gorgées, le vin l'a rendue un peu plus franche ? Non, c'est peu probable.

— Tu penses que c'est pour cette raison que ton pĂšre t'a mariĂ©e ?

Cette fois, elle baisse les yeux, son regard se perd. Encore les souvenirs.

— Je n'ai aucune idĂ©e de ce qu'il pensait Ă  ce moment-lĂ ...

Je n'étais pas présent lorsque Vincenzo a négocié ce mariage avec mon pÚre. La seule chose que j'ai déduite, c'est qu'il l'a fait pour sa sécurité, mais contre qui...

— Mais toi, tu aurais pu refuser. Pourquoi tu ne l'as pas fait ? me questionne-t-elle.

Elle ne se doute pas que, moi aussi, j'ai Ă©tĂ© coincĂ© dans une situation oĂč le choix n'Ă©tait pas vraiment le mien. On me voulait marier, et j'ai acceptĂ©.

— Alors ?

Elle attend une réponse, mais je suis plus intéressé par une autre, pour confirmer ma théorie, qui semble de plus en plus juste.

— J'ai entendu dire que ton pĂšre Ă©tait  trĂšs protecteur envers toi... Il t'a toujours protĂ©gĂ©e de tout, y compris de certaines personnes, n'est-ce pas ?

— C'est pour ça que je me retrouve ici, rĂ©pond-elle, sans rĂ©ellement rĂ©flĂ©chir Ă  ses mots, alors qu'habituellement, elle prend un moment avant de parler.

Elle s'arrĂȘte, regarde sa fourchette un instant, puis reprend le geste, en piquant une crevette. Elle s'est rendu compte de ce qu'elle a dit, mais elle ne le montre pas.

— Enfin, comme tout pùre envers sa fille.

Ça confirme un peu mes hypothĂšses. Son pĂšre l'a protĂ©gĂ©e de sa famille. Pourquoi ne l'avais-je pas dĂ©duit plus tĂŽt ?  Juste en observant sa relation avec ses proches, on le comprend. Mais il y a un autre problĂšme qui me bloque : pourquoi l'a-t-il cachĂ©e et mise dans l'ombre pendant toutes ces annĂ©es contre les autres clans et de l'extĂ©rieur, si le problĂšme vient de son propre entourage ?

— Cette conversation devient un interrogatoire, lĂąche-t-elle alors que je suis perdu dans mes rĂ©flexions. On parle uniquement de moi. Parle-moi un peu de toi, Nadim, puisqu'on est lĂ  pour faire connaissance.

Sans que je m'en rende compte, elle a repris son verre de rosĂ©, au moment oĂč mon attention s'est dĂ©tournĂ©e.

— Tu veux savoir quoi sur moi ?

— Tu aimes quoi, à part ton travail ?

— Je passe parfois au Hokkar Bar.

Comme tout à l'heure, elle se penche vers la table, mais cette fois, elle pose un seul coude et repose sa joue contre sa main. Son regard reste accroché au mien, mais elle affiche un air pensif, comme si ses pensées s'échappaient doucement. Ce soir, elle ne fait que ça.

Je ne rate aucun de ses mouvements. Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi je m'attarde sur chacun de ses gestes. C'est comme si ça m'hypnotisait. Comme si elle m'hypnotisait.

— Hum, Hokkar bar... je ne connais pas. Qu'est-ce que c'est comme endroit ?

— Un endroit pas pour toi, rĂ©pondis-je dans un souffle, mes yeux se perdant sur ses lĂšvres pulpeuses et colorĂ©es.

— Pourquoi ?

Mes yeux remontent lentement vers les siens, ce marron profond, bordé de longs cils noirs... Merde, reprends-toi.

Chaque seconde, je suis davantage captivé par elle.

— C'est un endroit oĂč il n'y a que des hommes.

— C'est nul, et c'est tout ?

Je fais mine de réfléchir, bien que ce soit effectivement tout.

— C'est tout.

Ses lÚvres effleurent le verre de rosé, et elle en prend une petite gorgée. Elle s'intéresse vraiment à ma vie, ou elle fait semblant ?

— Ta vie est ennuyeuse alors. DĂ©solĂ©e de te le dire comme ça, tu n'as mĂȘme pas d'autres hobbies. Ce n'est que travail et argent.

Elle devient trop franche à mon goût.

— Tu sais mieux que moi que c'est ça, notre seul passe-temps.

Quand je dis ça, je fais référence aux hommes dans la criminalité, et elle saisit.

— Heureusement que je ne suis pas nĂ©e homme. Ou non, j'aurais prĂ©fĂ©rĂ© ne pas naĂźtre dans une famille mafieuse. Au final, nous aussi, les femmes dans ce milieu, on se morfond. Enfin bref... j'ai soif.

Elle appelle un serveur qui lui apporte de l'eau plate. Elle n'est réellement pas habituée, elle se sent déjà déshydratée.

Nous finissons de manger en silence. Elle prend un dessert, tandis que moi, je me contente de l'observer savourer chaque bouchĂ©e de sa pĂątisserie, ce qui ne semble pas la dĂ©ranger. Ni elle ni moi n'avons tentĂ© de forcer la conversation, mais bizarrement, le silence n'a pas rendu le repas gĂȘnant.

Je n'ai pas obtenu assez d'infos, mais je m'arrĂȘte lĂ  pour aujourd'hui. Peut-ĂȘtre que plus tard, je pourrai en soutirer davantage.

Nous quittons le restaurant et je récupÚre ma voiture. Quand je reviens vers Amalia, je la retrouve accroupie, en train de parler avec un enfant.

— Qui est-ce ?

Elle lĂšve la tĂȘte, mais je suis dĂ©jĂ  en train de fixer le petit garçon. Ses vĂȘtements sont dans un sale Ă©tat, et ses cheveux longs n'ont probablement pas Ă©tĂ© lavĂ©s depuis un moment. Un enfant errant.

— Tu as du liquide sur toi ?

Je sors mon portefeuille et lui donne quelques billets. Amalia les prend de ma main, puis saisit la main de l'enfant, qui semble avoir peur depuis qu'il m'a vu. Elle lui plie les billets et les met dans sa paume.

— Zane garde-les bien, ne les perds pas, et surtout fais-toi plaisir.

Il hoche la tĂȘte et les enfouis dans sa poche. Il doit Ă  peine avoir sept ans. Il arrive que des sans-abri viennent mendier par ici, mais des enfants, c'est assez rare.

Elle pose sa main tendrement sur sa joue et essuie une salissure.

— Mon pauvre petit... Fais attention à toi, d'accord ?

À nouveau, il hoche la tĂȘte et la remercie plusieurs fois avant de s'Ă©lancer et de disparaĂźtre en tournant dans une ruelle, tout souriant d'avoir rĂ©ussi Ă  obtenir plusieurs billets.

— Ça me fait mal de voir des enfants Ă  la rue. Il m'a dit qu'il mendie tous les jours pour pouvoir se nourrir, lui et sa mĂšre malade. J'espĂšre qu'avec cet argent, il pourra se rĂ©galer ce soir.

Mon arriĂšre-arriĂšre-grand-pĂšre, c'est comme ça qu'il a commencĂ©, avant de rĂ©ussir Ă  bĂątir un empire. Il a quittĂ© le Liban jeune et est passĂ© de la rue Ă  un immeuble de luxe. C'est grĂące Ă  lui que nous vivons dans la richesse aujourd'hui. En travaillant dur (mĂȘme si en partie en illĂ©galitĂ©), sans relĂąche, c'est ainsi qu'on rĂ©colte plus tard le fruit de notre mĂ©rite.

Nous reprenons la route du retour. Elle n'a pas l'air fatiguée ni saoule, mais plutÎt dépitée.

— Il va s'en sortir s'il le veut, je lui dis alors qu'elle commence à fouiller dans son sac.

Soudain, elle jette celui-ci et enlÚve sa ceinture dans un état d'affolement.

— ArrĂȘte la voiture.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

— ArrĂȘte cette putain de voiture !

Je me gare sur un parking isolĂ© et Ă  peine la voiture est arrĂȘtĂ©e qu'elle ouvre la portiĂšre pour sortir. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Elle est devenue folle ?

Puis, quelque chose attire mon attention. Je saisis mieux la réaction d'Amalia. Des pattes noire et poilue se déplacent le long du bord. C'est là qu'elle se cachait.

— Ne m'en veux pas, mais je vais devoir t'enfermer pour que tu ne t'Ă©chappes pas une deuxiĂšme fois.

Je l'attrape et l'enferme dans le compartiment de rangement, prĂšs de la boĂźte de vitesses, puis je sors Ă  mon tour pour voir ce qu'elle fait.

Je la vois secouer sa robe en lançant des insultes, mĂȘme en italien, dans un Ă©tat de panique totale.

— OĂč est-elle ?!

Elle se tourne vers moi, le visage marqué par l'agitation.

— Aide-moi, elle est peut-ĂȘtre sur moi, regarde.

Elle tourne sur elle-mĂȘme, mais la seule chose que je remarque, ce sont ses formes accentuĂ©es par cette robe, soulignant chaque dĂ©tail de ses hanches et de sa taille.

— Probablement, elle s'est glissĂ©e dans ton dĂ©colletĂ©, dis-je d'un ton amusĂ©.

Elle écarquille les yeux.

— Oh mon Dieu !

Avant qu'elle ne tire le bout du tissu pour regarder, je détourne les yeux. Je n'avais pas prévu qu'elle pourrait presque se déshabiller devant moi, je plaisantais à peine.

— Bon, tu as fini ? Je l'ai trouvĂ©e et je l'ai enfermĂ©e.

Je n'entends plus de bruit, et aprĂšs un moment, le son de ses talons se rapproche.

— Tu es sĂ©rieux ? C'est que maintenant tu me le dis ?!

— C'Ă©tait drĂŽle de te voir dans tous tes Ă©tats, avouĂ©-je, un petit rire Ă©chappant de ma bouche.

— Tu sais rire.

— Pour te taquiner, on dirait bien que oui.

Ce n'est pas dans mes habitudes d'agir ainsi, mais ce soir, elle a fait ressortir inconsciemment une facette de ma personnalité que je pensais éteinte.

— EnfoirĂ©, murmure-t-elle en italien.

— Je comprends ce que tu dis.

— C'est intentionnel, rĂ©plique-t-elle en affichant un petit sourire.

Ensuite, elle monte dans la voiture avec prĂ©caution. Nous reprenons la route sans un mot de plus. Mais ce lĂ©ger sourire qu'elle m'a adressĂ© ne veut plus quitter de ma tĂȘte, et ça me perturbe.

Mais qu'est-ce qui me prend ce soir ? J'ai peut-ĂȘtre un peu trop bu, moi aussi...

Arrivés au sous-sol, elle sort la premiÚre. Je ne la rejoins pas, je reste dans la voiture, et elle ne m'attend pas à cause de ma mygale. Je la regarde s'éloigner, et à chaque pas, elle dégage à la fois une assurance et une sensualité captivante. Elle rejette ses cheveux en arriÚre et entre dans l'ascenseur, avant que les portes ne se referment derriÚre elle.

Serai-je vraiment celui qui ne cĂšdera pas en premier ?

Je m'apprĂȘte Ă  faire sortir Mina du compartiment, mais au mĂȘme moment, mon tĂ©lĂ©phone sonne. C'est un numĂ©ro non enregistrĂ©. Je n'hĂ©site pourtant pas et dĂ©croche.

— Nadim.

En entendant sa voix, mon humeur positive disparaßt en une fraction de seconde, remplacée par une montée de rage brûlante.

— Massimo.

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J'espĂšre que ce chapitre vous a plu đŸ„°
On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau chapitre !!

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Bisous ❀
Mona Ch.

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