Deux jours après la soirée, Milaë se sentait de plus en plus perdue. Elle avait essayé d'attendre un signe de Dong Hae, mais il n'avait toujours pas donné de nouvelles, et chaque minute qui passait la rendait encore plus anxieuse. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi Tae-Jin avait disparu ainsi sans explication, et Dong Hae semblait être la seule personne qui pourrait lui donner des réponses. Mais pourquoi ce silence ?

Le soir, après son service, Milaë marchait d’un pas distrait vers son immeuble. Elle avait pris son téléphone et parlait à Soo-Ah, qui lui racontait avec enthousiasme l’évolution de sa nouvelle relation avec Rohwan. Elle était contente pour ses amis, mais une part d’elle se sentait de plus en plus seule dans ce tourbillon d’incertitude. Soo-Ah parlait de ses rendez-vous avec Rohwan, de la façon dont ils se rapprochaient et de la douceur qu’elle ressentait quand il était près d’elle.

Milaë sourit doucement en l’écoutant, même si une partie d’elle-même était ailleurs. La conversation continuait sans qu’elle prête une attention totale à ce qui l’entourait. Puis soudain, un bruit de moteur la fit sursauter.

Une voiture noire s’arrêta brusquement devant elle, faisant crisser ses pneus. Avant qu’elle puisse réagir, des hommes en sortirent rapidement, des silhouettes menaçantes dans la nuit. Avant qu’elle n’ait eu le temps de crier, un sac fut violemment jeté sur sa tête.

Elle poussa un cri de surprise et de terreur, tentant de se débattre, mais la prise des hommes était trop forte.

— Milaë, ça va ? cria Soo-Ah à l’autre bout du fil. Milaë ?

Milaë n’eut pas le temps de répondre. Un des hommes lui asséna un violent coup à la tête avec une force surprenante. Tout devint flou. Son téléphone tomba de ses mains, laissant Soo-Ah dans l’angoisse sans savoir ce qui se passait. La douleur dans sa tête monta en flèche avant que tout ne devienne noir.

Quand elle se réveilla, elle était allongée sur un sol dur et froid, une odeur de tabac flottant dans l’air. Ses yeux s’ouvrirent lentement, et elle se rendit vite compte qu’elle était dans une pièce qu’elle ne reconnaissait pas. Le sol était nu, à peine éclairé par une lampe faible dans un coin de la pièce. Elle tenta de se redresser, mais ses mains étaient attachées. Elle se secoua légèrement, cherchant à comprendre ce qui se passait.

Puis elle aperçut une silhouette assise devant elle. Dong Hae. Il était là, dans l’ombre, avec une cigarette à la main. Ses yeux brillaient d’un éclat étrange alors qu’il la fixait d’un regard perçant, comme s’il s’attendait à une réaction.

— Alors, Milaë.
Il prit une longue bouffée de cigarette et exhala lentement, son regard perçant fixé sur elle.
— Tu voulais des réponses, non ?

Milaë sentit son cœur s’accélérer dans sa poitrine. Elle serra les dents, détestant cette situation. Elle voulait des réponses, mais pas de cette façon. Elle fixa Dong Hae avec un mélange de colère et de peur.

— Qu’est-ce que tu veux de moi, Dong Hae ? demanda-t-elle, la voix rauque, détournant la tête pour éviter de croiser ses yeux.

Dong Hae sourit légèrement, amusé par la situation. Il écrasa sa cigarette dans un cendrier proche et se leva lentement. Il s’avança vers elle, ses pas résonnant dans la pièce silencieuse.

— Je pense que tu sais déjà pourquoi tu es là.
Il se pencha légèrement vers elle, son visage à quelques centimètres du sien.
— Tu es là pour obtenir des réponses, mais aussi pour comprendre où tu te trouves vraiment.

Milaë sentit une montée de frustration, mais elle se força à rester calme. Elle ne voulait pas lui donner l’impression qu’elle était vulnérable, même si son esprit était envahi de questions. Pourquoi Tae-Jin l’avait-il laissée dans l’ignorance ? Pourquoi Dong Hae semblait-il avoir tous les pouvoirs sur elle à cet instant précis ?

— Pourquoi m’avoir enlevée ? demanda-t-elle d’une voix ferme, bien qu’un frisson de peur la parcourût. Je ne comprends pas ce que vous voulez.

Dong Hae la fixa, un sourire sarcastique sur les lèvres. Il se leva à nouveau, faisant quelques pas autour d’elle comme un prédateur qui tourne autour de sa proie.

— Tu veux savoir où est Tae-Jin, hein ? dit-il, presque moqueur. Je ne sais pas si tu es prête à entendre la vérité.

Milaë se tendit, le cœur battant plus fort. Son esprit tournait en cercle. Que savait-il de Tae-Jin ? Pourquoi l’avoir amenée ici ?

— Dis-moi où il est, dit-elle, sa voix trahissant une pointe d’impatience. Je mérite de savoir ce qui lui est arrivé.

Dong Hae la fixa un moment, ses yeux brillant d’une lueur malicieuse.

— Il est loin, Milaë, dit-il enfin, sa voix devenant plus basse, plus grave. Mais tout ça… c’est pour sa propre sécurité. Tu comprends ?

La tension monta d’un cran. Milaë sentait que la situation devenait de plus en plus complexe et dangereuse. Dong Hae avait peut-être les réponses qu’elle cherchait, mais il semblait vouloir jouer à un jeu de pouvoir avec elle. Elle allait devoir être plus rusée si elle voulait vraiment savoir ce qui se cachait derrière tout cela.

Milaë serra les mâchoires. Son cœur battait à tout rompre, mais elle se força à garder une expression neutre. Elle ne pouvait pas se permettre de lui montrer sa peur, pas maintenant.

— Sa sécurité ? répéta-t-elle, sa voix tranchante. Est-ce que c’est pour sa sécurité que vous m’avez enlevée au beau milieu de la rue ? Que vous m’avez frappée ?

Dong Hae haussa les épaules, comme si toute cette mise en scène n’était qu’un détail.

— Tu t’approchais trop près, Milaë. Il fallait… disons, t’éloigner un moment. Pour voir si tu étais digne de savoir certaines choses.

Elle fronça les sourcils.
— "Digne" ? Vous me parlez comme si c’était un test. Vous jouez à quoi, Dong Hae ?

Il s’arrêta, posant les mains sur le dossier d’une chaise en face d’elle. Son regard se fit plus sérieux.

— Ce n’est pas un jeu, Milaë. Si tu savais ce que cache vraiment la vie de Tae-Jin… ce qu’il essaie de te protéger… Tu ne poserais pas ces questions.

Elle sentit un frisson lui parcourir l’échine. Le ton de Dong Hae avait changé. Il n’était plus moqueur. Il parlait avec une intensité étrange, presque... sincère.

— Alors dites-le-moi, souffla-t-elle, le regard ancré dans le sien. Je ne suis pas une idiote. Et je ne suis pas un pion. J’ai le droit de savoir ce que je suis en train de vivre.

Un silence s’installa. Dong Hae la regardait fixement, presque à la recherche d’un signe de faiblesse. Mais Milaë tint bon. Elle refusait de baisser les yeux.

Finalement, il s’assit en face d’elle. Il croisa les bras, l’air pensif.

— Tae-Jin travaille pour des gens… disons, très puissants. Ce que tu as vu de lui, ce n’est qu’un masque. Il a été formé pour cacher la vérité. Pour survivre dans un monde où l’erreur peut te coûter la vie. Il t’a tenue à distance parce qu’il savait qu’en te mêlant à lui, tu devenais une cible.

Milaë cligna des yeux, abasourdie. Les mots résonnaient dans sa tête.
— Une cible… ? À cause de lui ?

Dong Hae hocha lentement la tête.
— Oui. Et maintenant qu’ils savent que tu comptes pour lui… tu es en danger. C’est pour ça qu’il a disparu. Pour toi. Pas contre toi.

Un silence lourd tomba dans la pièce. Milaë sentit un mélange d’émotion l’envahir : de la colère, de la peur, mais aussi un éclat d’espoir. Alors Tae-Jin ne l’avait pas abandonnée. Il avait essayé de la protéger.

Mais quelque chose clochait encore.

— Alors pourquoi m’enlever ? Pourquoi pas simplement me dire tout ça ? Pourquoi la violence ?

Dong Hae soupira.
— Parce que ce que je t’ai dit, Milaë… tu ne devrais pas le savoir. Officiellement, tout ça n’existe pas. Et parce que tu ne pourras plus faire marche arrière. Tu veux le retrouver ? Tu veux des réponses ? Alors il va falloir plonger avec nous dans ce monde. Il n’y a pas de sortie.

Le cœur de Milaë battait à tout rompre. Elle comprenait enfin l’ampleur de ce qui se jouait. Et malgré la peur, une flamme s’alluma en elle.

— D’accord, dit-elle d’une voix basse mais ferme. Dites-moi ce que je dois faire.

Dong Hae la regarda longuement… puis sourit, presque fier.

— Bienvenue dans l’enfer, Milaë.

Milaë soutint le regard de Dong Hae, le visage fermé mais les yeux déterminés.

— Je sais déjà qu’il travaille pour les Heukcheon-ui Saek, dit-elle lentement.

Dong Hae releva un sourcil, surpris, mais resta silencieux.

— C’est lui qui me l’a dit, poursuivit-elle. Je sais qu’il efface des preuves. Qu’il… qu’il fait disparaître des corps quand c’est nécessaire et pleins d’autres trucs assez sales.

Le silence qui suivit fut glacial. Dong Hae ne souriait plus. Son masque d’arrogance venait de se fissurer.

— Alors pourquoi tu me fais jouer à ce jeu ? demanda-t-elle d’un ton presque cassé.

Dong Hae se passa lentement une main sur le visage. Pour la première fois, il sembla réellement fatigué.

— Parce que tu sais… je vois…mais tu ne sais pas tout, répondit-il d’un ton grave. Ce que tu as vu de Tae-Jin, ce qu’il t’a dit… c’est une partie de la vérité. Pas toute.

Il marqua une pause, puis s’approcha d’elle, posant ses mains sur les hanches, se penchant légèrement vers elle.

— Tu veux vraiment savoir où il est ? soupira-t-il.

Milaë hocha la tête sans ciller.

Dong Hae inspira profondément, comme s’il se préparait à trahir un secret trop lourd à porter.

— Il est enfermé, dit-il enfin. Par notre supérieur direct… Monsieur Choi, mon père.

Le cœur de Milaë s’arrêta une seconde.

— Enfermé ? répéta-t-elle. Tu veux dire… en prison ?

— Non, pas officiellement. Une sorte de confinement. Isolé. Père pense qu’il perd le contrôle. Qu’il se laisse distraire. Et tu sais très bien ce qui le distrait.

Il la fixa avec insistance, mais Milaë ne détourna pas les yeux.

— Il croit que je suis un danger pour Tae-Jin, souffla-t-elle.

Dong Hae acquiesça.

— Un danger pour sa loyauté, pour ses nerfs, pour ses décisions. Père lui a donné une chance de se ressaisir. De se couper de toi. De prouver qu’il est encore utile à l’organisation. Alors il a accepté l’isolement.Bon c’est un bien grand mot accepter. Il pensait que t’éloigner était la meilleure chose à faire.

Un silence pesant retomba. Milaë sentit un poids écrasant dans sa poitrine. Tae-Jin n’avait pas fui. Il avait été contraint. Pour sa survie… et peut-être pour la sienne aussi.

— Où est-ce qu’il est ? demanda-t-elle, d'une voix douce mais ferme.

Dong Hae hésita.

— Je ne peux pas te le dire. Pas maintenant. Mais si tu veux vraiment le voir, si tu veux lui parler… alors tu vas devoir me prouver que tu peux encaisser la suite. Parce que ce que tu vas découvrir… ce n’est pas un simple secret. C’est un monde qui dévore les faibles.

Milaë le fixa, plus résolue que jamais.

— Je suis prête.

Dong Hae se redressa lentement, hochant la tête, en poussant un rire de psychopathe.

— Très bien. Alors à partir de maintenant… tu entres dans le vrai jeu.