Milaë se tenait là, au milieu de l'aéroport, les pieds figés sur le sol, mais son esprit déjà loin, pris entre l'excitation et la mélancolie. Le départ était imminent. Elle jeta un dernier coup d'œil à ses parents, qui l'observaient de l'autre côté de la salle d'embarquement, leurs visages illuminés par une lumière tamisée. Tout semblait surréaliste, comme si elle n'était qu'un spectateur dans sa propre vie.
Sa mère, les yeux légèrement brillants, s'avança la première.
— Tu vas me manquer, Milaë, dit-elle, sa voix brisée par l'émotion.
Elle tendit les bras et Milaë se blottit contre elle, les bras autour de sa mère, savourant encore une dernière fois l'odeur de son parfum familier.
— Je reviendrai, maman, je reviendrai, murmura-t-elle, sa voix tremblante, mais déterminée.
Son père, d'ordinaire plus réservé, s'approcha doucement. Il posa une main sur son épaule, sa chaleur rassurante contrastant avec la froideur de l'aéroport.
— Prends soin de toi, Milaë. Et fais attention, dit-il, ses mots aussi pleins de tendresse que de prévenance.
Milaë hocha la tête, la gorge serrée. Le moment semblait suspendu, chaque seconde qui passait semblait vouloir durer une éternité. Mais la voix de l'agent de l'aéroport, lointaine, brisa le silence : "Dernier appel pour le vol à destination de la Corée du Sud."
C'était à ce moment-là que Milaë sentit une vague d'anxiété la submerger. C'était réel. Le départ était là, la porte de l'embarquement à quelques mètres. Elle se détacha lentement de ses parents et leur adressa un dernier sourire, bien que ses yeux fussent déjà embués de larmes.
— Je vous aime, souffla-t-elle.
— Nous aussi, Milaë, répondit sa mère, son visage marqué par la tristesse mais aussi la fierté.
Elle se tourna alors et fit ses premiers pas vers la porte d'embarquement. Le sol de l'aéroport semblait se dérober sous ses pieds à chaque pas. Elle essayait de respirer profondément, de calmer les battements irréguliers de son cœur. Elle n'avait pas imaginé que quitter la France serait aussi bouleversant. Mais il n'y avait pas de retour en arrière. La Corée l'attendait.
L'avion décolla finalement, s'élevant au-dessus des nuages et laissant derrière lui la terre familière de son enfance. Les heures passaient lentement, et Milaë s'efforçait de s'endormir, mais son esprit vagabondait. À quoi ressemblerait sa nouvelle vie là-bas ? Les gens, la culture, l'université... Elle avait des rêves plein la tête, mais aussi une peur sourde qu'elle n'arrivait pas à chasser.
La Corée. Le pays de ses racines, mais aussi un monde tout neuf pour elle.
Le vol toucha enfin le sol de d’Incheon. L'air, lourd et humide, la frappa dès qu'elle quitta l'aéroport. Les bruits de la ville, la rapidité des gens, tout semblait si vivant. C'était comme un autre monde.
Après avoir pris un bus, elle arriva à son logement étudiant, un petit appartement situé dans le quartier, à seulement quelques minutes en bus de l'université de Daechangno. L'endroit était simple, fonctionnel, mais chaleureux. Les murs blancs, les meubles en bois clair... Un cadre agréable, même si elle savait qu'elle s'y ferait à son rythme.
Elle posa ses affaires et se prit un moment pour regarder par la fenêtre, observant la rue qui s'animait en dessous. Les néons colorés, les petites boutiques de quartier, les passants pressés qui semblaient vivre dans une harmonie étrange. Milaë ressentit un mélange d'émerveillement et d'appréhension. Tout était si neuf, et elle se sentait à la fois perdue et excitée par cette ville vibrante.
L'après-midi, après s'être installée un peu, elle décida de sortir pour explorer un peu la ville. Marcher dans les rues de Jangmun, s'imprégner de cette atmosphère particulière qui mélangeait modernité et tradition. Elle s'arrêta devant une petite supérette, fascinée par la diversité des produits et l'effervescence des passants.
Mais elle avait aussi un objectif précis : se rendre à l'université de Daechangno. Ce n'était pas loin, et elle voulait repérer les lieux avant de commencer les cours. En chemin, elle s'émerveilla devant les grandes bâtisses et les parcs qui parsemaient la ville, mais sa destination était claire.
Arrivée à l'université, elle se promena sur le campus, admirant les bâtiments modernes tout en repérant les endroits où elle pourrait se retrouver facilement le jour J. Tout en se promenant, Milaë jeta un œil aux panneaux d'affichage. Plusieurs annonces étaient placardées, certaines pour des clubs étudiants, d'autres pour des offres d'emplois à temps partiel.
Son regard s'attarda sur une offre pour un café situé à quelques rues de l'université. Le travail semblait être assez flexible, et l'idée d'avoir un revenu supplémentaire ne lui déplaisait pas. Elle nota l'adresse, se disant qu'elle irait y jeter un œil dans les jours à venir. Elle se sentait plus sereine en voyant des options se dessiner devant elle.
Elle passa le reste de l'après-midi à flâner dans les rues, savourant la liberté que lui offrait ce nouveau chapitre de sa vie. À chaque coin de rue, elle se sentait un peu plus connectée à cette ville et à son avenir qui se dessinait, bien qu'encore incertain.
Après avoir arpenté les rues de Daechangno et son université, Milaë décida de se poser dans un café pour prendre un peu de temps pour elle. Le soleil commençait à se coucher, et la lumière douce de l'après-midi se mêlait à la lueur des néons. Elle entra dans un café cosy, l'air parfumé de café fraîchement moulu et de pâtisseries.
Elle commanda un latté, le sirota lentement en appréciant le calme qui l'entourait. Mais le temps d'un instant, elle se sentit un peu seule dans cette ville immense. Elle sortit donc s'installer dehors, à une petite table en terrasse, pour profiter de l'air frais du soir. Les passants continuaient de défiler autour d'elle, mais elle était absorbée dans ses pensées, observant la vie de Daechangno qui défilait.
Alors qu'elle se perdait dans l'agitation de la rue, une voiture noire étincelante s'arrêta juste devant le café. Elle tourna instinctivement la tête et aperçut une silhouette qui descendait de l'automobile avec une élégance indéniable. Un homme grand, imposant, habillé simplement mais d'une manière qui dégageait une certaine autorité.
Ce n'était pas juste son allure qui attirait le regard, mais aussi les tatouages qui recouvraient ses bras et une partie de son cou, visibles sous sa chemise légèrement ouverte. Il était... incroyable.
Le regard de Milaë se croisa brièvement avec le sien. Un éclat d'intensité dans ses yeux gris, un regard presque furtif, mais qui ne passa pas inaperçu. Elle sentit son cœur accélérer sans comprendre pourquoi, une chaleur soudaine envahissant ses joues.
C'était stupide, mais elle se sentit immédiatement gênée, presque comme si cet homme imposant venait de sonder son âme en une seconde. Il tourna légèrement la tête en passant près d'elle, son regard accrochant le sien à nouveau.
Milaë détourna vite les yeux, se sentant soudainement mal à l'aise et... intriguée. Le café semblait soudainement trop petit pour elle, comme si l'espace se rétrécissait autour de cette étrange rencontre. Elle tenta de reprendre ses esprits, mais elle ne put s'empêcher de jeter un dernier coup d'œil.
Il entra dans le café, ses pas lourds résonnant sur le sol, et elle aperçut un léger sourire en coin qu'il lui adressa, avant que la porte ne se referme derrière lui. Elle tenta de se concentrer sur son latté, mais quelques instants plus tard, il ressortit du café.
Il passa près d'elle encore une fois, et cette fois, il la fixa un peu plus longtemps. Un frisson parcourut la nuque de Milaë alors qu'il la regardait un instant, ses yeux gris perçants comme s'il savait exactement ce qu'il faisait. Il monta dans la voiture sans un mot et partit, laissant Milaë seule avec son cœur battant un peu plus vite que d'habitude.
Elle resta là, un peu perdue, observant la voiture s'éloigner dans la rue. Cette rencontre, aussi brève qu'étrange, la perturbait. Un homme aussi imposant, aussi beau, mais si difficile à lire. Elle se demanda qui il était, et pourquoi il avait jeté ce regard vers elle, un regard qui semblait la percer à jour.
Mais elle secoua la tête, se forçant à se concentrer sur l'instant présent. Après tout, elle venait d'arriver en Corée. Il y avait bien d'autres choses à découvrir ici. Pourtant, cette rencontre restait gravée dans son esprit. Peut-être le reverrait-elle un jour.