Le matin arriva, baignant la chambre de Milaë d'une lumière douce et dorée. Elle s'étira longuement, encore engourdie par la nuit agitée qu'elle avait passée. Son premier réflexe fut de vérifier son téléphone. Plusieurs messages de ses parents s'affichaient à l'écran.
Papa : N'oublie pas de bien manger, ma chérie !
Maman : Comment se passe l'université ? Tu nous manques tellement ❤️
Un sourire attendri étira ses lèvres alors qu'elle leur répondit rapidement. Après ça, elle se leva et s'attela au ménage de son appartement. C'était une habitude qu'elle tenait de sa mère : commencer la journée dans un espace propre l'aidait à se sentir organisée et apaisée. Lorsqu'elle eut terminé, elle prépara un petit déjeuner simple – un bol de riz avec un œuf et une tasse de thé chaud. Assise à sa table, elle mangea tranquillement, son regard parfois attiré par le manteau posé sur la chaise. Il était toujours là. Elle soupira en se rappelant les événements de la veille. Cet homme... Il l'avait troublée d'une manière qu'elle n'arrivait pas à expliquer. Chassant ces pensées, elle se leva et se prépara pour la journée.
Elle opta pour un jean large, un top simple, une chemise légère et un cardigan épais pour contrer le froid matinal. Une touche de maquillage, des baskets confortables, et elle était prête. Attrapant son sac, elle sortit de chez elle et marcha jusqu'à l'arrêt de bus. Le trajet jusqu'à l'université lui permit de se recentrer. Son regard défila sur les rues animées de Daechangno, la ville toujours en mouvement, vibrante d'énergie. Après une dizaine de minutes, elle descendit du bus à deux minutes du campus, là où ses amis l'attendaient déjà. Soo-Ah agitait une main avec enthousiasme.
— Milaë ! Tu en as mis du temps ! lança-t-elle avec un sourire malicieux.
Rohwan, les mains enfoncées dans les poches, haussait un sourcil.
—T'as une tête de quelqu'un qui a mal dormi. Mauvais rêve ?
Milaë hésita un instant avant de secouer la tête en riant légèrement.
— Non, non... juste une nuit agitée.
Elle ne savait pas encore si elle devait leur parler de ce mystérieux inconnu car, même si elle ne connaissait pas son nom, il occupait déjà ses pensées bien plus qu'il ne l'aurait dû... Ils avaient encore du temps devant eux pour leur cours de l'après-midi. Ils étaient tous installés à une table dans un fast-food, dévorant leurs repas avec une énergie qui contrastait avec le calme de l'heure matinale. Milaë essayait de se concentrer sur la conversation légère de Soo-Ah et Rohwan, mais une pensée persistante la rongeait. L'homme de la veille. Elle n'arrivait pas à oublier la façon dont il l'avait regardée, son corps empreint de tatouages, son regard sombre, et l'intensité de la scène qui s'était déroulée. Soudain, la porte du fast-food s'ouvrit, et une silhouette familière entra. Milaë leva les yeux, surprise.
L'homme de la veille. Il était là, sa tenue différente cette fois, masquant ses tatouages, mais son aura restait la même. Il chercha quelqu'un du regard et l'aperçut. Il s'approcha d'eux, un sourire plus détendu que la dernière fois illuminant son visage.
— Bonjour, dit-il simplement. Tous les regards se tournèrent vers lui, intrigués.
Il les salua tous poliment, mais ses yeux se posèrent sur Milaë, et il la désigna du doigt, sans doute faute de savoir son nom. Milaë sentit une vague de chaleur monter en elle alors qu'il s'approchait d'elle, son cœur battant un peu plus vite.
— Puis-je parler à... elle ? demanda-t-il, sa voix plus douce et moins froide que la veille.
Elle se leva, son regard toujours accroché à lui, intriguée par son attitude qui avait changé en si peu de temps. À l'écart des autres, il lui adressa un sourire un peu plus large.
— Je suis venu récupérer mon manteau... Celui que j'ai oublié chez toi hier soir. Tu n'y as pas touché hein ?
Milaë cligna des yeux.
— Et... ton nom ? Je dois le connaître avant de te ramener chez moi demanda-t-elle, son ton hésitant.
L'homme la regarda droit dans les yeux, un sourire sincère sur les lèvres.
— Tae-Jin. répondit simplement.
Il lui sembla qu'il hésitait à ajouter quelque chose, mais il ne dit rien de plus. Il continua, plus détendu que la veille :
— Est-ce que je peux passer le récupérer ce soir, après ton service ?
Milaë acquiesça, ne sachant pas quoi dire d'autre.
— Oui, bien sûr. Et je m'appelle Milaë.
Tae-Jin sourit à nouveau, un sourire qui semblait plus naturel, presque amical. Il lui fit un signe de tête.
— Merci. À ce soir. Milaë
Puis, il se dirigea vers la sortie, la laissant un peu perdue dans ses pensées. Elle retourna à sa table, son esprit encore un peu embrouillé.
Soo-Ah la regarda avec des yeux pétillants de curiosité dès qu'elle s'assit.
— Alors, c'était quoi ça ? Un coup d'un soir ? Soo-Ah demanda, souriant comme si elle venait de résoudre un mystère.
Milaë la fixa, surprise par sa question.
— Non, non, rien à voir. C'est juste qu'il a oublié son manteau chez moi hier soir.
— Comment ça se fait que son manteau soit chez toi ?
— S'il te plaît Soo-Ah c'est une longue histoire.
Rohwan, qui écoutait la conversation d'un air blasé, roula des yeux.
— Soo-Ah, tu exagères. Ce n'est pas tout le temps que des types laissent des manteaux derrière eux. Si c'était juste pour un soir.
Milaë éclata de rire malgré elle.
— Il... il m'a juste demandé de lui rendre son manteau ce soir. Rien de plus. Il m'a donné un coup de main.
Soo-Ah haussait les sourcils, visiblement toujours intriguée.
— Un manteau, hein ? Elle sourit. On verra ce soir.
Les trois rirent ensemble, détendus, avant de finir leur repas et de se préparer à se rendre en cours. Milaë se sentait un peu plus calme, mais quelque chose la dérangeait encore. Tae-Jin... il avait semblé différent ce matin. Et son sourire, bien plus amical que la veille, avait laissé une impression profonde en elle. Alors qu'ils se dirigeaient vers l'université, elle se surprit à se demander si leur rencontre ne faisait que commencer...
Les cours se déroulèrent sans encombre, mais l'esprit de Milaë ne cessait de vagabonder. Chaque fois qu'elle jetait un coup d'œil à ses amis, son regard dérivait involontairement vers l'heure, en pensant à la soirée qui l'attendait. Lorsque la fin des cours arriva, elle se retrouva rapidement sur le chemin du travail avec Soo-Ah et Rohwan. Ils discutaient tranquillement, riaient de tout et de rien, avant de se séparer à l'entrée du café. Milaë entra dans son lieu de travail, et dès qu'elle se retrouva derrière le comptoir, son sourire habituel reprit sa place. Elle adorait ce moment de la journée. Accueillir les clients, discuter un peu, faire en sorte qu'ils se sentent à l'aise. C'était sa petite bulle, son espace de confort. Ses amis, eux, s'installèrent à une table près de la fenêtre avec leurs ordinateurs, occupés à travailler. Ils semblaient parfaitement à l'aise ici, à se mêler aux habitués du café. Quand elle eut fini, elle s'installa avec ces amis. Ce soir-là, elle finissait plus tôt. Milaë se sentait bien, comme à la maison. Mais cette soirée semblait différente. Elle se surprenait parfois à jeter un coup d'œil furtif vers la fenêtre, espérant voir une silhouette familière. Et ce soir-là, c'est exactement ce qu'il se produisit. Elle l'aperçut à travers la vitre, assis, seul, une cigarette entre les lèvres. Tae-Jin. Il attendait tranquillement.
Rohwan, qui suivait son regard, leva un sourcil avant de sourire.
— Eh bien, ton rendez-vous t'attend, Milaë. Il la taquina, un petit sourire malicieux sur le visage.
Ils rangèrent leurs affaires et sortirent à la rencontre de l'homme. Soo-Ah, ne manquant jamais une occasion de pousser Milaë dans ses retranchements, avec un sourire plein de sous-entendus.
— Prends soin de notre petite Milaë.
Elle tira Rohwan par le bras, l'entraînant avec elle tout en laissant derrière elle un rire amusé. Milaë, toute rouge de gêne, se tourna vers Tae-Jin, se mordillant la lèvre.
— Euh... tu peux... on peut y aller. Sa voix était timide, presque hésitante.
Tae-Jin la fixa un instant, ses yeux riant d'amusement.
— Je vois qu'on parle de moi à mon insu.
— Non... C'est juste que mon amie se fait trop d'idées.
Il s'approcha, un sourire malicieux sur les lèvres.
— Ne t'inquiète pas, Milaë. Je vais prendre soin de toi ce soir. Il ajouta d'un ton plus léger Mais tu devrais leur dire de ne pas trop s'inquiéter. Je ne suis pas un ogre.
Milaë ne put s'empêcher de rire, un rire nerveux, mais sincère. Son cœur battait plus fort, mais il y avait quelque chose de doux dans l'air ce soir. Quelque chose de plus simple. Elle acquiesça doucement, le laissant l'accompagner jusqu'à chez elle. Alors qu'ils marchaient, Milaë ne pouvait s'empêcher de se demander où cette rencontre allait les mener. Ce n'était plus une simple histoire de manteau oublié. Il y avait une tension dans l'air, un mystère, et elle ne pouvait pas échapper à l'idée qu'elle était sur le point de vivre quelque chose de bien plus complexe que ce qu'elle avait imaginé. Ils arrivèrent finalement à l'appartement de Milaë, la porte se fermant doucement derrière eux. Milaë, un peu nerveuse, se dirigea vers sa chambre sans un mot et retourna quelques instants plus tard avec le manteau qu'il avait oublié. Elle le tendit à Tae-Jin, tout en essayant de garder une certaine distance, comme si ce simple geste pouvait apaiser son anxiété. Tae-Jin prit le manteau sans hésitation, ses doigts effleurant légèrement ceux de Milaë dans un geste qui fit monter la température dans la pièce. Il se dirigea ensuite vers le canapé, s'y installa sans un mot, et la fixa un instant de ses yeux sombres, presque comme s'il la scrutait. Milaë se sentit soudainement un peu mal à l'aise sous son regard, mais elle essaya de garder son calme. Elle se lança dans une tentative de conversation pour briser ce silence pesant.
— Alors, euh... que fais-tu dans la vie ? demanda-t-elle, sa voix tremblante malgré elle.
Tae-Jin la regarda avec un sourire presque imperceptible avant de répondre, sa voix calme et posée.
— Je suis étudiant mais aussi nettoyeur.
Il ne dit rien de plus, son regard glissant sur Milaë, comme s'il attendait qu'elle comprenne quelque chose de plus dans ses mots, mais il ne précisa rien. Milaë, un peu surprise par la réponse laconique, hocha la tête, comme si elle n'avait pas voulu insister davantage. Elle choisit alors de parler d'elle.
— Moi, je suis étudiante. Je suis née et j'ai grandi en France avec mes parents, mais je suis venue ici pour l'université. J'ai toujours voulu découvrir la Corée, le pays de mes racines...
Tae-Jin la regarda, intéressé, mais sans manifester beaucoup d'émotion. Il hocha lentement la tête.
— Je comprends, dit-il, son ton détaché, mais peut-être un peu plus doux que la veille.
Il enleva ensuite sa veste en cuir, un geste qui sembla naturel, mais qui attira immédiatement l'attention de Milaë. Elle le vit se détendre un peu. Il tapota ensuite le canapé à côté de lui, une invitation silencieuse, mais évidente.
— Viens t'asseoir. Il ajouta, avec un sourire en coin.
Milaë, prise au dépourvu, hésita un instant, mais ses jambes la guidèrent instinctivement vers le canapé. Elle s'assit prudemment à côté de lui, une distance encore présente, mais plus fragile que tout à l'heure. Et là, d'un ton plus direct, Tae-Jin la fixa à nouveau, son regard brillant d'une lueur intrigante.
— Ça te dirait de sortir avec moi ?
Milaë déglutit, son cœur manquant un battement. Son esprit s'embrouillait sous l'effet de sa question inattendue. Elle ne s'attendait pas à une telle proposition, surtout après la tension qui était née entre eux. Elle se sentait prise au piège entre l'envie de répondre et la peur d'en dire trop. Mais elle ne pouvait pas ignorer la curiosité qui la poussait à en savoir plus sur cet homme, mystérieux et dangereux à la fois. Elle chercha ses mots, mais elle ne put que murmurer timidement.
— Pourquoi... moi ?
Tae-Jin, toujours aussi calme, sourit de manière énigmatique.
— Parce que tu me plais.
Et là, il se pencha un peu plus près d'elle, presque comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose d'encore plus personnel. Mais il s'arrêta juste avant, laissant planer le doute et l'excitation dans l'air. Son téléphone venait de vibrer, il se leva et se dirigea vers la porte pour partir son manteau en main. Il se retourna et lui dit.
— Je te laisse ma veste comme ça j'ai une excuse pour revenir te voir.
Après un clin d'œil, il s'en alla, refermant la porte derrière lui.