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Mabbeey
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Chapitre 14

Deux jours s’étaient écoulés depuis la disparition de Milaë. Deux jours sans appel, sans message. Son appartement était vide, son téléphone injoignable. Soo-Ah tournait en rond dans le salon de Rohwan, les yeux rouges d’inquiétude, tandis que lui tentait de garder son calme, bien qu’une tension constante pesait sur ses épaules.

— Elle n’aurait jamais disparu comme ça sans prévenir, dit Soo-Ah en serrant une tasse entre ses mains tremblantes. Ce n’est pas elle. Il lui est arrivé quelque chose, j’en suis sûre.

Rohwan passa une main dans ses cheveux, agacé par son propre sentiment d’impuissance.

— J’ai appelé la police ce matin. Ils disent qu’il faut attendre encore un peu… que ça arrive que des gens s’isolent. Mais Milaë ? Non. Ce n’est pas elle.

Soo-Ah baissa la tête, les larmes lui montant aux yeux.

— Et si c’était à cause de ce type ? Dong Hae ? Ou pire… à cause de Tae-Jin ?

À cet instant, on frappa à la porte. Trois coups secs, assurés. Rohwan se leva aussitôt, méfiant. Il ouvrit la porte… et se retrouva face à un homme qu’il ne connaissait pas.

Il devait avoir autour de trente ans. Grand, les traits durs mais élégants, vêtu d’un long manteau noir, les cheveux sombres soigneusement coiffés. Ses yeux perçants les observaient avec calme et autorité.

— Vous êtes bien les amis de Milaë ? demanda-t-il d’une voix grave.

Rohwan fronça les sourcils.

— Et vous, vous êtes qui ?

L’inconnu sortit lentement une carte, qu’il tendit à Rohwan. Sur le carton épais, on lisait un nom : Kim Seok-hyun. Et en dessous : "Consultant logistique – Gwanak Distribution", une couverture. Mais il suffisait d’un regard à sa posture, à son ton, pour comprendre qu’il n’était pas un simple employé.

— Je suis… un collègue de Tae-Jin, dit-il. Et le seul dans l’organisation qui le soutien dans sa relation avec Milaë.

Soo-Ah releva brusquement la tête.

— Vous savez où elle est ? Vous savez ce qui s’est passé ?

Seok-hyun entra lentement dans l’appartement, refermant la porte derrière lui. Il scruta un instant leurs visages, comme s’il jaugeait leur niveau de confiance.

— Je suis ici parce que je peux vous aider. Milaë est en danger, mais en vie. Et si on ne fait rien maintenant… elle risque de ne jamais ressortir de là où elle est.

Le sang de Rohwan se glaça.

— Où ça, "là où elle est" ? Vous savez où elle est retenue ?

— Pas encore précisément. Mais je sais par qui. Et croyez-moi… on ne peut pas y aller seuls.

Soo-Ah s’approcha, ses yeux remplis d’espoir mêlé de peur.

— Vous allez nous aider à la retrouver ?

Seok-hyun hocha la tête.

— J’ai une dette envers Tae-Jin. Et Milaë est innocente dans tout ça. Je vais vous dire ce que je sais. Mais une fois que vous aurez entendu… vous ne pourrez plus faire marche arrière.

Il plongea son regard dans le leur, intense.

— Alors… est-ce que vous êtes prêts ?

Rohwan et Soo-Ah échangèrent un regard. Puis, presque simultanément, ils hochèrent la tête. Ils n’avaient pas besoin de parler : ils étaient prêts.

Seok-hyun s’assit lentement sur le bord du canapé, sortit un petit carnet de cuir noir de la poche intérieure de son manteau, et l’ouvrit à une page marquée. Des croquis, des schémas, des noms écrits en hangeul. Il posa son doigt sur l’un d’eux.

Choi Dae-hyun (Boss Suprême)

├── Im Tae-jin (Commandant Terrain)

├── Han Seo-yeon (Espionnage)

├── Nam Kyung-min (Finances)

├── Park Jin-woo (Forces Armées)

├── Yoo Mi-sook (Occulte & Rituels)

│ └── "Les Serpents Noirs" (Assassins d’élite)

└── Kang Ji-seok (Chef des Nettoyeurs)

├── Lee Hyun-woo (Équipe 1 - Corps)

├── Song Ji-min (Équipe 2 - Scènes)

└── Jung Do-hyun (Équipe 3 - Police et couverture)

Dong Hae. C’est lui qui a fait enlever Milaë. Mais pas seulement. Il agit sous les ordres de son père : Monsieur Choi Dae-Hyun. Un nom que vous avez peut-être entendu.

Soo-Ah pâlit.

— Le propriétaire de la chaîne d’importation maritime ? Celui qui finance des groupes criminels sans qu’on ne puisse jamais le prouver ?

Seok-hyun acquiesça.

— Lui-même. Ce qu’on ignore souvent, c’est qu’il n’est pas seulement l’un des financiers secrets des Heukcheon-Ui Saek mais il en est le boss, l’organisation pour laquelle Tae-Jin et moi y travaillons maintenant depuis des années. Jusqu’à ce qu’il décide d’en sortir. Pour elle.

Rohwan fronça les sourcils.

— Il voulait tout quitter… pour Milaë ?

— Oui. Il a tenté de disparaître, de couper tous les ponts. Mais Monsieur Choi a vu ça comme une trahison. Surtout que son fils, Dong Hae, le détestait déjà. Il l’a toujours considéré comme un rival. Et voir Tae-Jin s’attacher à quelqu’un d’extérieur au groupe, quelqu’un de vulnérable… a été la goutte de trop.

Soo-Ah murmura :

— Ils l’ont enfermé, n’est-ce pas ? C’est pour ça qu’il a disparu…

— Exactement. Monsieur Choi l’a fait enfermer dans un centre de rééducation privé, sous prétexte de le "redresser". En réalité, c’est une prison. Et Milaë a été enlevée pour le faire craquer… ou pour qu’il renonce définitivement à elle.

Seok-hyun les laissa digérer l’information quelques secondes, puis ajouta d’un ton plus sombre :

— Je suis le seul à qui Tae-Jin ait réussi à envoyer un signal. Un code que nous utilisions autrefois. J’ai identifié la provenance : un bâtiment désaffecté dans les hauteurs de Daechangno, surveillé nuit et jour. C’est là qu’ils retiennent Milaë. De là ou il est il ne peut rien faire pour la sauver.

Rohwan serra les poings.

— Alors on y va.

— Pas si vite, dit Seok-hyun en le retenant d’un geste calme. Ce n’est pas un endroit où on entre sans plan. Ni sans risques. Ils sont armés. Professionnels. Il nous faut une diversion… et des preuves et faire évader d’abord Tae-Jin.

Soo-Ah releva les yeux, l’expression déterminée.

— Que faut-il faire ?

Seok-hyun ferma son carnet et les fixa tous les deux.

— Après avoir libéré Tae-Jin, il nous faut ensuite localiser exactement l’entrée du bâtiment, neutraliser les caméras, et libérer Milaë sans alerter les renforts. Pour ça, j’aurai besoin de vous deux. Et d’un dernier contact de confiance que je vais appeler ce soir.

Il se leva.

— Préparez-vous. On commence.

Pendant de temps.

Un néon grésillant jetait une lumière blafarde sur la pièce aux murs nus. Une caméra trônait sur un trépied face à Milaë, attachée à une chaise en métal au centre de la pièce. Ses poignets saignaient légèrement sous les liens trop serrés. Des mèches de ses cheveux collaient à son front trempé de sueur. Ses yeux, bien qu’épuisés, brillaient d’une lueur de défi.

Une porte grinça. Des pas résonnèrent. Puis une silhouette entra lentement, comme un acteur qui savoure son entrée sur scène.

Dong Hae.

Il portait un costume noir, élégant, sans la moindre trace de pli. Un contraste brutal avec la saleté et l’odeur froide de la pièce. Il s’arrêta devant elle, un sourire étiré jusqu’aux tempes.

— Tu tiens toujours debout, hein ? dit-il en riant doucement, un rire étouffé… presque enfantin. Puis il bascula la tête en arrière et éclata de rire. Un rire dément, nerveux, strident, qui fit sursauter Milaë malgré elle.

— Tu ne sais pas à quel point tu es utile, Milaë. Il se pencha vers elle, attrapant son menton entre ses doigts. Tu es un pion parfait. Une reine, même, si on regarde le jeu de mon père. Mais moi... je suis là pour gagner la partie.

Elle tenta de détourner le regard, mais il la força à le regarder.

— Tu sais où est Tae-Jin, n’est-ce pas ? dit-il, d’un ton doucereux.  Non ? Tu veux savoir ? Il rit à nouveau, un gloussement plus bas, plus contrôlé.  Il est enfermé. Seul. Isolé dans une bâtisse que même les rats évitent. Et il ne sait même pas ce que je vais lui envoyer.

Il se redressa et alluma la caméra d’un clic. Le voyant rouge s’illumina. Dong Hae leva un téléphone et pointa l’objectif vers Milaë.

— Regarde la caméra. S’il te plaît. dit-il avec une douceur factice. Je veux que tu dises son nom. Que tu lui parles. Que tu cries s’il le faut. Que tu pleures. Il pencha la tête, félin.  Ça le brisera plus vite que tous nos coups.

Milaë serra les dents, refusant de lui offrir ce plaisir. Son silence était une résistance, et ça sembla agacer Dong Hae. Il siffla, fit un geste vers un des hommes en retrait. Celui-ci approcha, une barre métallique à la main.

Dong Hae se retourna, s’adressant à la caméra :

Regarde bien, Tae-Jin. Tu voulais jouer au héros ? Il ricana. Tu voulais te sauver avec elle ? Quitter notre monde ? Il se pencha vers l’objectif et susurra : Regarde ce qu’il en coûte d’aimer quelqu’un d’aussi faible.

Puis, il se redressa, théâtral :

— Action.

Et le coup tomba.

Dans une bâtisse abandonné, une pièce nue, froide. Les murs étaient couverts de peinture grise, sans fenêtre, sans repère temporel. Tae-Jin était assis sur une chaise, les mains menottées à la table en métal devant lui. Ses cheveux retombaient en mèches humides sur son front. Il n’avait pas dormi depuis des heures  peut-être des jours. Mais ses yeux restaient vifs, brûlants de rage contenue.

Face à lui, Monsieur Choi, impassible. Costume gris clair, assis avec une posture d’une droiture militaire. Il observait Tae-Jin comme on étudierait un animal dangereux derrière une vitre. Ni haine, ni compassion. Juste du calcul.

Un homme entra, un sbire. Il tenait une tablette. Sans un mot, il l’approcha et la posa devant Tae-Jin. L’écran s’alluma.

Le son d’un néon grésillant.

L’image trembla un instant, puis se stabilisa sur le visage de Milaë, pâle, abîmée, les bras liés. Elle respirait vite. Dong Hae entra dans le champ, hilare, excité comme un enfant devant un jouet cassé. Sa voix résonna, dérangeante.

— Regarde la caméra. Allez, Milaë. Offre-lui un souvenir inoubliable.

Puis, le rire. Ce rire. Celui de Dong Hae, strident, instable, presque inhumain. Tae-Jin se raidit. Il reconnut ce timbre. Ce ton sadique qu’il redoutait un jour d’entendre à nouveau.

Et puis le coup. La barre métallique. Le cri de Milaë.

Tae-Jin hurla.

Il se leva brusquement, traînant la table avec lui dans un vacarme métallique, les menottes tirant sur ses poignets. Ses yeux brûlaient de douleur, d’horreur, de pure haine. Il fixait l’écran, la mâchoire crispée, incapable de détourner le regard.

Monsieur Choi, lui, ne broncha pas.

— Tu vois ce qu’il en coûte, Tae-Jin ? dit-il calmement. Tu as choisi de trahir. De quitter la famille. De tomber amoureux d’une fille... ordinaire.

Tae-Jin tremblait. Ses muscles tendus. Il serrait les dents jusqu’à en faire saigner ses gencives.

Elle n’a rien à voir avec ça… gronda-t-il. Laissez-la en dehors.

Monsieur Choi croisa les bras, sans ciller.

Alors obéis. Reviens dans le rang. Renonce à ce rêve d’évasion. Et elle vivra.

Le silence s’installa. On n’entendait plus que le souffle erratique de Tae-Jin. L’écran montrait toujours Milaë, affaiblie, la tête penchée, mais encore vivante.

Il baissa les yeux. Un instant.

Puis releva la tête, un éclat noir dans le regard.

Je vais vous tuer… tous. souffla-t-il. Je vais les faire tomber un par un. Et vous le premier.

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