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SianaTulnamn
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Chapitre 6

Vous avez lu ce roman, non ?”. Ces mots résonnent dans ma tête et dans mon cœur à l’en faire frémir d’horreur. Regina ne m’a jamais répondu quand je lui ai demandé si ce roman tirait de son vécu. Et moi je ne voulais pas y croire. « Parce qu’elle n’est pas une princesse de cette Couronne ? » C’est bien ce qu’il a dit. Cette couronne.

Pourtant ce n’était pas si incohérent. Que sait-on de la si grande et si crainte Regina Turner, à part qu’elle est aussi incisive qu’une lame de rasoir et féroce qu’un molosse ? 

Alors Regina serait une princesse, elle aussi ? Bêtement je me sens plus proche d’elle. Et je l’admire davantage. Elle aurait réussi ce que je souhaite faire, quoi que dans son cas, ce n’était pas vraiment un choix. Quelle idiote je fais, elle a dû renoncer à tout, son trône, sa vie, pour fuir son père. 

Et Monsieur Stiltskin l’aurait pris sous son aile. 

Oui, ça expliquerait bien des choses. Avec un vécu pareil, nombreux auraient sombré également dans la magie.  Elle aurait donc bel et bien fait usage de magie dans la voiture…  Cette simple pensée me provoque un frisson d’effroi qui me parcourt tout entière. J’aurais basculé pour moins que ça. A vrai dire, je suis plutôt surprise de ne pas avoir développé de signe de magie depuis l’attentat. Et franchement soulagé. Pas sûre que mon statut de princesse m’aurait préservé du sort qu’on réserve aux sorciers…

Mais bon sang, reprends-toi Lucie ! Il faut que je reste concentrée. 

Je récapitule : Regina est une princesse. Elle est la princesse disparue du roi d’Eclatdor. D’après ses écrits, elle a fui lorsque son père a voulu la marier après le décès de la reine. Pour faire d’elle la nouvelle reine. J’aurais dû mieux écouter durant mes cours et les infos : est-ce qu’il y a une nouvelle reine à Eclatdor ? Je check sur mon téléphone.
            Je ne trouve rien en rapport avec ça, et si un roi s’était remarié, il y aurait eu au moins une demie douzaine d’articles. 

Mon estomac se tord, j’en ai la nausée. Regina… Elle vit avec ça en elle depuis toujours. Personne n’en sait rien, elle traîne ce poids et encaisse sans broncher toute la haine et les méchancetés qui peuvent se dire sur elle parce qu’elle ose pointer les injustices et dysfonctionnement de notre système. J’en suis une fois de plus admirative. 

Bon, d’accord, j’ai le début de l’histoire, mais ensuite ? Regina a fui, et trouvé — les dieux seuls savent comment — refuge auprès de Stiltskin. 

D’après lui, cet attentat visait Regina. Il m’a suggéré de réfléchir à tout cela, il ne m’a rien dit de plus dans cet ascenseur. A part qu’il ne laisserait pas sa fille seule avec la couronne lorsqu’ils viendraient lui rendre visite. 

Je regarde l’heure sur mon téléphone : 13h46.
            Ils arriveront dans un quart d’heure. Peut-être moins. Je souffle et ignore les notifications de mon téléphone. Je ne décroche pas non plus lorsque Raiponce m’appelle. 

Un attentat qui vise Regina le jour où je l’interview pour la sortie d’un livre dont elle est la directrice éditoriale. Personne ne sait qu’elle en est l’autrice. Sauf moi, Monsieur Stiltskin et… les autres personnages du livre. Son père n’aurait tout de même pas ordonné l’assassinat de sa fille ? Si…? 

Il aurait su avant la sortie que ce livre parlait de leur histoire ? A qui ai-je envoyé les services presse ? Il faudra que je revois ça, en urgence ! 

Je grogne de rage en me rendant compte que nos bureaux sont en ruine et que toutes ces informations sont sans doute parties en fumée avec ce foutu attentat.
            Le roi d’un royaume voisin aurait-il vraiment pu ordonner un attentat contre sa propre fille en sachant qu’une princesse d’un autre royaume serait présent ? Aurait-il donc perdu la raison à ce point ?!
            Je peine à y croire. J’ai la tête qui tourne et je me laisse aller dans les coussins de mon lit. Mon cœur s’emballe et frappe ma poitrine avec force. Il faut que je sois sûre de ce que j’avance, avec des propos pareille… C’est la guerre qui est à nos portes.
            “Jusqu’où dans les ténèbres êtes-vous prête à aller pour l’aider, Princesse ?”  m’avait soufflé mon boss. Je pensais qu’il faisait référence à la magie, et peut-être était-ce vraiment le cas ? Mais l’humain est bien plus sombre encore, parfois. 

Mon téléphone vibre une nouvelle fois, et à nouveau le nom et la photo qu’on a prise ensemble avec Raiponce s’affichent. J’attrape mon téléphone d’une main tremblante et décroche : 

— Allô Réré ? Je vais avoir besoin de toi et de Pascal !

✨✨✨

Dans le palais du royaume d’Eclatdor, les aboiements d’un chien se cognent et se répercutent en échos à travers les couloirs. Un tout petit chien. Il jappe et couine, assis et tremblant devant une porte. Personne ne réagit, et pour cause, tout le monde sait que le chien de la princesse est dépendant affectif et nerveux. 

Rien de bon pour cette pauvre bête, qui est trop attachée à sa maîtresse et vit mal la simple séparation d’une porte fermée. Après tout, lorsqu’elle sort sans lui, le petit pomsky se terre sur les chaussons de la princesse pour le protéger au péril de sa truffe ! Oui, la petite boule de poil grogne et jappe sur qui s’approcherait d’un peu trop près de son trésor.

Alors pourquoi aujourd’hui, plus qu’un autre jour, le petit personnel du palais s’inquièterait du comportement de l’animal ? Aucun ne parle son langage, les jappements se sont certes transformés en aboiement et hurlement digne du minuscule loup de poche qu’il est, et c’est à fendre le cœur, mais rien d’autre d’anormal.

Si ce n’était la présence du père de la demoiselle dans la chambre de cette dernière. Mais quel père n’irait pas s’inquiéter de l’état de sa fille dont la mère serait décédée depuis deux mois, aujourd’hui ? 

Qu’il soit veuf n’en faisait pas moins de lui un père, mais également un roi. Sans reine.

            Je referme le livre aussitôt que j’entends quelqu’un entrer. Je ne l’avais jamais eu entre mes mains, même lors des réceptions des tests pour l’impression, ou des modèles exclus aux éditeurs. 

            En voyant Stiltskin arriver, Wendy l’accueille chaleureusement en le serrant dans ses bras, restant toujours très respectueuse : 

            — Séverin ! Bonjour, comment allez-vous aujourd’hui ? Comment ça avance tout ce fatras ?

            Elle l’embrasse sur sa joue mal rasée et réceptionne sa veste alors qu’il claironne de sa voix de trompette : 

            — Je suis épuisé, ma petite Wendy. Ça n’est pas de tout repos de superviser le déménagement de l’entreprise, de mes biens, la gestion des pertes, que ça soit matériel ou de données… Il souffle et continue : Les dommages et intérêts dus au personnel, de continuer à faire tourner la boîte à côté de tout ça, de veiller sur nos ennemis et les autres vautours qui cherchent à grappiller des scoops. Les dons également, car le geste héroïque de Regina a beaucoup plu. Le public est ému et généreux.
            Un rictus de réel amusement passe sur son visage à cet instant, et il continue sa liste :

—    Et tout ça, c’est sans compter notre chère petite princesse. D’ailleurs, ton appartement a également été saccagé. Mais n’ai crainte, je m’occupe de tout ça.

            Génial… Plus de bureau, plus d'appartements. Je n’ai nulle part où aller. Je n’avais pas l’intention de m’enfuir, mais il était bon de savoir que si c’était nécessaire, j’avais un point de chute. Manquer de me tuer ne lui suffit pas, il faut qu’il détruise tout ce qui est en rapport avec moi.
            Mon protecteur s’est affalé dans un fauteuil, jouant avec sa canne et il remonte les manches de sa chemise en me fixant d’un air confiant : 

            — Comment te sens-tu Regina ? 

            — J’ai grand hâte de sortir. Quand pourrons-nous quitter ces lieux ? 

            — Quand tu iras véritablement mieux, tranche-t-il en plantant ses yeux effacés dans les miens. 

            — Je vais mieux, et si vous attendez mon rétablissement total, je crains que ça ne prenne des mois. Hors de question que je reste ici de la sorte aussi longtemps.

            — Je le sais, ma petite. On va déjà laisser passer la visite de la famille royale. Ensuite nous te mettrons à l'abri.

            Me mettre à l’abri ? Je n’ai pas besoin qu’on me protège comme une petite chose fragile. 

            — C’est hors de question qu’on m—

            — Ton très cher père court toujours, argue-t-il en grimaçant au mot “père”. Personne n’a été interpellé pour ce qu’il s’est passé. Il y a fort à parier qu’il profite de la situation pour arriver à ses fins. Ta petite visite à dû l’énerver plus que je ne le pensais. 

            — Tu es retourné voir ton père ? s’exclame Wendy.

            Ses yeux bruns cherchent une marque de folie sur mon visage, et je me contente de lui rendre un regard neutre, à défaut de confiant.

            — Elle y a été sur mes conseils, assure Stiltskin. Il fallait que nous mettions les choses au clair. 

            Wendy ne me lâche pas du regard alors qu’elle s’assoit d’une fesse au bord du lit, à mes côtés. Ses mains chaudes enveloppent l’une des miennes avec cette douceur maternelle qui lui est propre et qui me fait tant de bien, sans que je le comprenne : 

            — Mais enfin, qu’est-ce qu’ils vous a pris à tous les deux ?! nous accuse-t-elle en jonglant entre le vieil homme et moi. 

            — Tout s’est bien passé, ne t’en fais pas, tenté-je dans un demi-mensonge.

            Enfin, avant qu’il ne fasse péter l’immeuble de Mephisto où nous étions et la destruction de mes biens. Et si on oublie l’état léthargique dans lequel cette visite m’a mise. 

            — Mais pourquoi ? Pourquoi il a fallu que tu te rendes là-bas ?

            Elle presse mes mains mais lorsqu’elle termine sa question, c’est bien vers Stiltskin que se tourne son visage. 

            Et pour cause, il nous a toujours protégés durant les pires instants de nos vies, là où ceux supposés le faire en étaient incapables — ou bien en étaient la cause, songé-je avec amertume. Il a été la solution à nos pires tourments, l’espoir quand le désespoir nous rongeait. Les ténèbres qui nous absorbaient, nous faisant ainsi disparaître de la ligne d’horizon de nos tourments. La vie était moins froide et pénible, et mine de rien, très confortable. 

            Il n’a jamais regardé combien lui coûtait d’élever quatre enfants qui ne lui appartenaient pas. Non, il n’a jamais lésiné sur les moyens, que ça soit financier, matériel, ou même simplement humain — aussi curieux que puisse être d’utiliser ce mot pour un être tel que lui —  nous finançant les études que nous souhaitions. Il m’a offert la place de directrice éditoriale chez BeWitched, oui, mais parce qu’il savait que j’en étais capable. Grâce à lui

            Il nous a offert la sécurité, et une seconde chance. Wendy s’est naturellement tournée vers la puériculture et le social. Quoi de plus naturel après avoir élevé ses deux frères ? Ce qui me fascine chez elle, c’est cette capacité à se donner et voir le bon chez les autres, alors même que c’est cette part d’elle dont a profité ce Peter pour les détruire. Sa foi et sa confiance, depuis, elle l’a placé en ce Dieu qu’elle prit avec ferveur. C’est une véritable grenouille de bénitier, quoi qu’elle n’en oublie pas de vivre pour autant, et se permet quelques folies mais toujours avec raison.
            Le reste de sa confiance, elle l’a placé en ces personnes qu’elle devine aussi estropié qu’elle. Moi, ses frères, le vieux Stiltskin. Elle en distribue un peu à ceux qu’elle aide quotidiennement au refuge pour les plus démunis, mais jamais plus que de raison.
            Le vieux Stiltskin pose ses yeux sur moi d’un air interrogateur qui me ramène à la réalité. Il n’attend cependant pas de réponse de ma part pour se tourner à nouveau vers Wendy et annoncer très calmement : 

            — Il nous faisait chanter.

            Wendy me dévisage en quête d’une autre réponse, et je me contente d’affirmer d’un signe de tête. 

            — Comment… Comment ça il vous faisait chanter ? Comment ? Par quel moyen pourrait-il vous faire chanter ? Surtout vous, Séverin, j’ai peine à le croire. 

            Nouvelle œillade du vieil homme, non pas pour m’interroger mais pour me faire comprendre qu’il va tout dévoiler. Il sait les sentiments de Wendy à mon égard, ça l’a toujours beaucoup amusé. Mais Wendy est comme sa fille, et comme tout père de famille, il ne tolérerait pas qu’on fasse du mal à ses enfants.

            — Regina a fait ce qu’il fallait dans une situation délicate. C’était compromettant mais juste. Bien entendu, il a fallu que l’un de ces vautours de paparazzi soit dans les parages à ce moment. 

            — Le vieux Harold à des paparazzi sous sa coupe maintenant ? 

            — Depuis l’annonce de la sortie de La Liberté dans la Peau, il y a fort à parier qu’il a mis des hommes à mes trousses, annoncé-je.

            — Oui, il n’aura pas été compliqué pour qu’un membre du conseil ait eu vent de l’histoire et qu’il lui en fasse part, argue Stiltskin. 

            — Suite à quoi il aurait donné l’ordre de me garder à l'œil en attendant d’avoir de quoi faire pression. 

            Le regard de Wendy oscille tour à tour entre notre protecteur et moi, hébétée et impuissante. 

            — Pourquoi vous ne m’en avez rien dit ? souffle-t-elle. 

            — Nous ne voulions pas t’inquiéter inutilement, fait tout naturellement Stiltskin en retrouvant ses mimiques manipulatrices et son sourire en coin. 

            Oui, et puis ce n’est pas comme si elle m’en avait laissé l’occasion en m’ignorant volontairement. Je n’en dis cependant rien.

            — Inutilement, répète-t-elle en insistant dessus.

            — Nous ne pensions pas que les choses prendraient une telle ampleur, répliqué-je.

            — Regina, par Hadès lui-même, il s’agit de ton père ! fait-elle en dramatisant. 

            Je soupire déjà et Stiltskin s’apprête à répondre quand on frappe à la porte. Après un bref instant de surprise, Wendy va ouvrir. Un homme se tient droit dans l’encadrement et annonce distinctement : 

            — Sa majesté Sven et la reine Victoria souhaitent présenter en personne leur remerciement à Madame Regina Perrault Turner. Ils sont en chemin et arriveront sous peu. 

            — C’est Mademoiselle, pas Madame, corrige Wendy après un moment de flottement.

            La chose à dû lui paraître surréaliste, et je trouve ça véritablement drôle que ça soit tout ce qu’elle trouve à répondre. 

            Stiltskin se lève pour se placer derrière Wendy, et la voix du messager reprend fortement : 

            — Seuls seront tolérées la personne de Messir Séverin Rumpel Stiltskin et Mademoiselle Regina Perrault Turner, ainsi que les personnes en charge de la sécurité de cette dernière et qu’elle aura elle-même désignée dans cette tâche.

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