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C'est le matin du tournoi, je me lève avec une énorme boule dans le ventre, c'est ce qu'on appelle plus communément : le stress.
On dirait que dans mon ventre, on a tiré la chasse d'eau et que mon estomac est en train de se faire aspirer par une force invisible.
C'est alors qu'après avoir fait ma toilette, je me suis rendue compte que c'était juste la faim qui me tiraille.
Enfin prête, je vais à l'entrée et mets mes chaussures de sport, je suis habillée d'un survêtement de ma couleur préférée. Dans la normalité, c'est le lycée qui prodigue ces tenues, mais c'est la hess comme on dit.
Ma mère est à côté de moi, ma sœur et mon frère aussi.
— On va te regarder à la télé, t'as intérêt à pas te décrotter le nez comme tu le fais dans ta chambre. Me préviens mon frère.
— Mais... je commence, surprise.
— Oui ! Et ne pète pas s'te plaît ! Tu vas tuer tout le monde sinon ! Boum ! Tu vas gazer toute la salle ! S'exclame ma sœur, les bras en l'air.
— Vous êtes... je tente de dire, mais en vain.
— Et surtout, n'oublie pas de me ramener mon beau-fils. Me coupe ma mère une main sur sa joue, rêveuse.
Mais allez vous faire foutre en fait, non c'est faux, je vous aime bande de chacals en chaleur.
Je me lève et je me précipite vers la porte d'entrée, je les salue puis je sors en trombe le plus rapidement possible. C'est alors que je vis mon voisin, celui que j'ai toujours aimé depuis toute petite, mes joues chauffent.
Je marche plus doucement, il est dans l'ascenseur. Moi aussi je compte prendre l'ascenseur, ça veut dire qu'on sera tous les deux... seuls ! C'est digne d'un roman d'amour ! J'adore !
Je souris, j'arrive bientôt, il ne me reste que quelques mètres à parcourir. Mais nos regards se croisent, le mien de couleur c/y fuie vers le sol. Je suis presque arrivée...
— Cheh. Dit la voix de mon voisin.
Je lève le regard... EH MAIS IL M'A FERMÉ LA PORTE DE L'ASCENSEUR EN PLEIN NEZ CE CHIEN DE MES DEUX DE L'HÉLICOPTÈRE DE MA GRAND-MÈRE QUI PUE COMME LA CHAUSSETTE DE STALINE ET DE SA MÈRE PAS LAVÉE DEPUIS LE ONZIÈME SIÈCLE.
Tfou.
La chaîne de télé bien sûr.
— Excusez-moi, vous savez où est le panneau ?
Pourquoi elle me demande ça la vieille ? Elle ne voit pas qu'on est dans un bâtiment ? Je la connais celle-là, c'est elle qui a fait tombé mon dessert préféré par terre quand j'étais petite !
— De panneau, y'a pas de panneau ! Je m'exclame en la regardant d'un mauvais œil.
— Pardon ? Insiste la femme qui m'avait accostée.
— Je te pardonne.
— Mais...
Je me précipite vers les cages d'escaliers, si je ne veux pas être en retard je dois me dépêcher, c'est aussi logique que mes cours de philo' c'est fou.
Mais souvent, quand on est à cet endroit, il nous arrive d'entendre des choses étranges...
— Le COUSCOUS TAjine ! Crie une voix de femme.
— Arrête la drogue ! Dit une autre voix d'homme.
— Pour quoi faire ?
— Je vais t'étrangler.
— OuLaLa c'eSt lA dEcAdEnCe ! Intervient un inconnu d'une voix mielleuse.
Ahlala, c'est eux qui m'ont éduquée toute mon enfance, merci les reufs.
Arrivée en dehors de mon incroyable bâtiment, je me précipite vers l'arrêt de bus. Cette fois, il n'y a pas Shoto et Ochaco est toujours là.
— Oh T/n, je ne m'attendais pas à te voir ici. M'apostrophe la brune. La gare a rouvert hier, je pensais que tu allais prendre le train pour aujourd'hui.
— Ah, je ne savais pas. Bon, pas grave.
Je m'assoie sur le banc tiède grâce au soleil, je m'échappe rapidement dans mes pensées, jusqu'à ce que le bus arrive. Je me suis assise tout au fond et au milieu de deux vieux en plus, yay !
Franchement, que Shoto soit là ou pas, ça ne change rien. Mais j'aurais préféré être à côté de lui et de son silence royal plutôt que de subir la conversation bruyante des deux vieux.
Accession à destination, ça ne veut absolument rien dire mais Google m'a dit que c'est un synonyme d'«arriver», faut bien que je raconte en beauté mon histoire tu vois, je sors rapidement du bus en inhalant l'air humide du printemps. Quelle joie, leur haleine était la pire chose que j'ai pu sentir jusqu'à présent.
Rapidement, je me retrouve dans les vestiaires. Je constate que ma classe a beaucoup de styles différents, tous sont vêtus d'un survêtement qui n'est pas de la même couleur que les autres. À croire que ça a été fait exprès, ils ont fait une réunion pour se mettre d'accord ou c'est comment ?
Le délégué de notre classe, Iida Tenya, nous crie dessus. Il veut qu'on fasse la queue pour arriver en beauté devant les milliers de gens qui nous regardent, il veut que notre lycée se démarque des autres et surtout notre classe.
— À à à la queuleuleu ! Tout le monde s'éclate ! À la queuleuleu ! Chante-t-il d'une fausse note, bougeant ses bras dans tous les sens.
— C'était quoi ça ? questionne Denki les sourcils froncés, ahuris.
— Une chanson de l'époque, quoi, vous connaissez pas ?
— T'es vieux comme le temps mec. Précise Kirishima, puis tappe énergiquement son épaule en disant qu'il rigole avec son délégué préféré.
Mais, il est en train de déboîter son épaule ! Arrête Kirishima ! Stop that ! Yamete kudasai ! Tu... tu vas tuer Bernard, la pauvre épaule de Iida ! Bernard, non ! Ne meurs pas !
— Pourtant, je fais votre âge les amis ! Je suis... aussi cool que vous. Iida dit sa dernière phrase en relevant ses lunettes avec style, enfin, je crois que c'est ça.
— Non. Dit la classe en chœur.
Après tout, c'est une évidence... il faut s'y faire et admettre la triste réalité...
Nous sortons des vestiaires, et nous rencontrons la classe avec qui nous allons nous battre pour vaincre les deux autres lycées, la seconde B.
Iida est en feu, non il ne brûle pas, il est juste super existé, non il n'est pas en chaleur, il prend plutôt son rôle de délégué très à cœur. Même avec la seconde B, ses bras bougent bizarrement, mais je pense qu'il a juste oublié de prendre ses pilules contre le surplus de hype. Ma sœur avait le même problème, il lui arrivait d'aller chez les voisins et de chier dans la gamelle du chat. Dommage qu'ils soient partis, j'aimais bien leur porte de couleur blanche.
On marche dans un tunnel, pareil que celui du Blue lock, un tunnel magnifiquement tunneleux, c'est incroyablement français tout ça j'adore ! Moi parler français, je france !
— Les amis ! Bombez le torse ! On arrive ! Nous avertit notre délégué.
La lumière devient beaucoup plus aveuglante, et nous voilà, devant des milliers de téléspectateurs et des milliers de fans dans les gradins, ils crient de joie en nous voyant, ils applaudissent et chantent leur bonheur de nous voir...
...vent...
Après tout, c'est toujours mieux que de te prendre des vues sur les réseaux. Yuei est assemblée dans un coin comme si c'est le pire déchet qui soit, notre directeur se tient devant nous et autour de lui se trouve nos professeurs.
C'est au tour de Shiketsu de faire son entrée, et là... tout le monde ne parle plus, ils n'aiment pas ce lycée, il est moche, comme leur uniforme et leurs faces de ratons laveurs de chiottes.
...cris du public...
— VIVE SHIKETSU ! S'écrie un mec sorti de nul part.
— Ouaiiis ! S'exclame les spectateurs.
— Ouaiiis ! S'exclame le directeur.
On le regarde, il nous regarde, les professeurs le regardent, nous nous regardons, ils se regardent.
— Y a pas de ouais ? Demande le directeur avec un sourire bête.
Il s'envola haut dans les cieux, mais les nuages le relâchent rapidement vu qu'il n'était pas comestible.
Vive la bouffe.
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