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Pourquoi ?
Ça veut dire que le nombre ne compte pas dans ce genre de compétition ? Alors, qu'est-ce qu'il les a fait gagner ?
Le commentateur, encore et toujours Present Mic, ne donne pas plus d'explication.
— Ouah, T/p, c'était injuste ! se plaint ma dite sœur alors que je me déchausse à l'entrée.
— C'était vraiment trop drôle, ajoute mon dit petit frère. Je ne comprends pas votre défaite.
Mise à l'aise, je me dirige vers le salon puis je m'affale sur le canapé face à cette télé éteinte. Au moins, tout le raffut de ce tournoi est terminé, il n'y aura plus de stress mais...
Yuei est toujours comme avant.
— T/p ! Où est ton prince charmant ?
— Maman, je ne suis pas d'humeur là.
Elle s'assit près de moi, mon frère et ma sœur sur le tapis face à nous. Ils essaient de me réconforter mais, je n'ai pas envie, je veux juste écouter de la musique seule dans ma chambre dans le noir en me remémorant tous ces moments où j'aurais dû faire quelque chose.
— Oh je vois, déclare ma mère. Tu as reçu un râteau... aïe. Mais au moins t'as le plan B !
C'est moi où j'ai l'impression d'entendre une copine parler au lieu d'une maman ? C'est quoi cette histoire ?!
— Quel plan B ?
— Mais tu sais, le voisin. Ah non c'est pas le plan B c'est le plan Q, désolée.
— J'ai pas reçu de râteau, notre lycée n'a fait que perdre un tournoi très important maman. C'était vraiment mais vraiment important tu vois, je me dis que j'ai peut-être fait quelque chose de travers.
Sans le voir, l'un de mes pieds commençait à trembler. C'est alors que ma sœur se lève précipitamment, et sort de la pièce à toute allure pour revenir avec une enceinte.
— Choisi, T/p, la musique.
— Vraiment ? Les musiques que je préfère ?!
— Euh, pas toutes s'il te plaît.
— Qu'est-ce que ça veut dire, vous ne me faites pas confiance ?
— Non !
— Hum, alors là je me sens blessée dans mon cœur, je ne sais pas si je serai capable de m'en remettre.
Je croise les bras, et puis, on a commencé à rire. C'était trop bête, mais c'était assez drôle. Si papa avait été là, je suis sûre qu'il serait de mon avis. Après tout, il n'a pas le choix.
Ma mère finit par choisir, et on commence à danser et à chanter. Peut-être que dans une autre version, je serai seule dans ma chambre à écouter de la musique. Mais, celle-ci me plaît, et puis, on a bien le droit de rêver quelquefois, non ?
Très tôt le matin, me voilà en route pour Yuei. Fatiguée, je ne regarde pas où je marche ce qui fait que je me cogne à quelque chose qui pue sa mère la tronçonneuse.
Je lève les yeux pour admirer cette puanteur.
— Nous perdus, moi redevenir SDF comme All might, All might mange pigeons maintenant.
Oulah, je crois que notre professeur principal a arrêté de fonctionner. Youpi, on n'aura pas cours pour aujourd'hui. Je me relève en faisant abstraction de ce prof bizarre pour réaliser mon rêve et me voilà dans ma magnifique et superbe classe.
Super l'ambiance.
Tout le monde a la tête baissé, je vois Midoriya qui est devant moi tremblé de tout son pauvre corps. Bakugo joue nerveusement avec son stylo, et Yuga se tient le ventre, son visage est tout bleu.
Mina commence à crier et à bouger dans tous les sens.
— On ne peut pas rester dans cette ambiance de... de... de chacal ! Faut se bouger les fesses, non ? Regardez vous, vous êtes tous abattus et moi je n'aime pas ça !
Kirishima se lève à son tour, le poing en l'air, la larme à l'œil.
— Bien dit, Ashido !
Ah oui c'est vrai, son nom de famille c'est Ashido.
— Maintenant, continue Mina. Toi, Midoriya et toi, Yuga ! Vous allez me faire le plaisir de danser !
Parce que vos têtes de déterrer me donnent envie de gerber.
De rien pour le rime, c'est toujours un plaisir.
— Quoi ? Suffoque le brocolis en se levant, faisant grincer sa chaise par la même occasion.
— Oh oui ! Avec plaisir ma Lady, ma brillance et tellement luminescente !
Le petit français tire le vert tremblant par le bras, et ils ne bougent plus devant le déclencheur de cet évènement. Ils semblent anxieux, très, très anxieux.
— Allez-y, on vous regarde.
Ah ouais non, même les personnages de Roblox dansent mieux.
Yaoyo-truc dit :
— Malgré notre défaite, on s'est quand même bien amusés.
— C'est pas faux.
Le doigt de Asui est sur son menton alors qu'elle regarde d'un œil livide les deux lycéens dansés.
— C'est bon, stoppez vous, vous faites honte à Yuei.
Midoriya cogne son pied contre une chaise et tombe avec puis titubant jusqu'à la porte de sortie qui s'ouvre et se cogne contre son minois trop mignon.
— La cavalerie est là sans chevaux et sans visa !
— Euh...
— La cavalerie est là sans chevaux et sans visa !
— Midoriya.
— La cavalerie est là sans chevaux et sans visa !
— Midoriya ?
— La cavalerie est là sans chevaux et sans visa !
Le vert gît au sol, la bouche ouverte, le nez ensanglanté, et sa sonnerie de téléphone qui se répète sans arrêt. Shoto, qui venait d'entrer en classe, essaie de le réveiller comme il peut, pauvre Midoriya.
— Allez, s'il te plaît !
— J'ai pas envie d'accepter ton invitation, maintenant lâche moi.
— Mais, on s'était bien amusés hier, non ? Allez, Kyoka.
— Hein ? M'appelle pas par mon prénom, abruti !
Et c'est comme ça que dans ces misérables conditions qu'il fait "gnééé".
Mais ce n'est pas fini, et parce que notre professeur tarde à venir et que la seconde A est devenue un beau bazar rempli de brouhaha et tout ça tout ça.
C'est au tour de Ochaco qui s'était elle aussi penchée au chevet du pauvre Midoriya de se retourner étrangement.
— Il est mort les gars ! Vite ! Il faut qu'on mange du brocolis !
— Ouais !
— Mais, pour quoi faire ?
— Ne pose pas de question Shoto, et mange. S'excalme Rikido avec une cuillère à la main.
Il me regarde, ahuri, comme si j'étais la seule personne consciente sur cette terre. Je hausse les épaules à côté de Marsupilami qui sort les fourchettes et les assiettes. Yuga a disparu, peut-être pour faire du pole dance.
Mon sentiment de défaite s'est volatilisé en un instant, même si cette académie est une déchèterie remplie de gens bizarres et des élèves qui ne représentent pas les héros, même si cette classe est vraiment moche et qu'il y a un mort au sol, même si rien ne s'était passé comme je le voulais, même si ce lycée paraît le plus nul, et il l'est, de tout le Japon.
Je me rends compte que la qualité ne se trouve pas là où se pose le regard, mais là où se pose le cœur.
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