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ZakariasLambert
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Chapitre 5 - Errance

Kilian n'avait presque pas dormi cette nuit-lĂ . Pas vraiment.

Ses paupiÚres s'étaient bien fermées, pourtant. Son souffle avait ralenti, jusqu'à devenir imperceptible, comme mort. Mais dans les limbes d'un sommeil trouble, des formes floues s'étaient invitées. Elles avaient agité les doigts de Kilian, comme les membres d'un animal apeuré qui cherche à fuir une menace qui n'apparait qu'en cauchemar. Il tirait de son pouce le chien d'un revolver qui n'existait pas et pressait de son index une gùchette sans effet aucun. Un souffle court, un tressautement.

Des éclats de phrases illisibles s'imposaient à son regard, dans un brouillard de mots. La silhouette d'un visage qu'il n'arrivait pas à fixer. Les contours étaient flous, étrangement distants. Il avait beau scruter ce visage, il n'en discernait pas les traits. Et ce mot.
Toujours ce mot.

oRet.

Au rĂ©veil, l'Ă©paule du veilleur le lançait. Une douleur sourde, localisĂ©e, comme si un nerf avait trop vibrĂ© pendant la nuit. Ou qu'un poids invisible avait pesĂ© lĂ , juste lĂ , pour lui rappeler qu'il n'Ă©tait jamais vraiment seul. Kilian ne bougea pas tout de suite, Ă©tendu sur le dos dans son lit. Il ouvrit doucement les paupiĂšres, observant le ciel Ă  travers le plafond de sa chambre froide. L'odeur de la clope Ă©tait restĂ©e dans l'air. Il avait oubliĂ© d'aĂ©rer, aprĂšs avoir fumĂ©. Il devrait songer Ă  ouvrir la fenĂȘtre sinon il risquait de se faire engueuler. L'intrusion et, pire, la consommation de psychotropes dans l'enceinte du bastion Ă©tait prohibĂ©e. En tout cas, pas sur des substances qui n'Ă©taient pas fournies et contrĂŽlĂ©es par l'Égide.

Quand il ferma les yeux un instant, les mots sous ses paupiĂšres revinrent. Toujours les mĂȘmes mots qu'il ne comprenait pas. Kilian souffla par le nez. Finalement, son plafond Ă©tait plus intĂ©ressant, moins frustrant, mĂȘme si son imagination imprimait en lettrines dactylographiĂ©es "oRet" sur la surface rugueuse de la peinture.

Kilian secoua la tĂȘte et chassa cette pensĂ©e parasite de son esprit. La douleur de son Ă©paule lui tira une grimace alors qu'il se retournait. L'impression que quelque chose ou quelqu'un s'Ă©tait assis sur lui dans la nuit pour le coincer restait vivace. Mais le suĂ©dois Ă©vinça Ă©galement cette idĂ©e. Il avait sans doute pris une mauvaise position, voila tout.

Il se passa de tout commentaire et enfila un t-shirt propre. Les traits tirĂ©s, la mĂąchoire contractĂ©e, il fourra la lettre brĂ»lĂ©e dans la poche intĂ©rieure de sa veste, sans mĂȘme y penser. Ce ne fut qu'une fois que le morceau de papier y fut bien rangĂ©, qu'il rĂ©alisa son geste. Il ne savait mĂȘme pas pourquoi il emmenait cette lettre avec lui. Elle le hantait. Elle l'avait hantĂ© toute la nuit, comme une Ă©charde mentale qu'il ne parvenait pas Ă  extraire. Peut-ĂȘtre qu'en en parlant, elle perdrait de sa consistance ? Mais Ă  qui, Ă  Élias ? À Keiran ?

Il ne voulait pas dĂ©ranger Keiran Darvian avec cette histoire. Et puis, il se doutait dĂ©jĂ  de la rĂ©ponse qu'il lui aurait donnĂ©. Keiran Ă©tait pragmatique, si tant Ă©tait que ce fut possible dans un monde comme le leur oĂč ils Ă©taient garants de la frontiĂšre de l'Ă©sotĂ©rique. Mais mĂȘme ce monde avait ses rĂšgles et ses limites. Keiran Ă©tait raisonnable. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce ce dont Kilian avait besoin, d'ĂȘtre raisonnĂ©.

Il n'en ferait rien malgré tout.

Et Élias ? C'Ă©tait une idĂ©e. Kilian dĂ©gaina son tĂ©lĂ©phone et ouvrit l'application conçue par les logisticiens de l'Égide. Il balaya rapidement du doigt la page d'accueil qui relatait des annonces et informations de l'organisation dans le monde entier, pour accĂ©der Ă  son compte et la messagerie.

Quelques mots seraient suffisants. "Faut que je te parle de quelque chose."

Mais Kilian n'eut pas de réponse avant plusieurs heures et celle qu'il reçut le fit grincer.

"Occupé. Plus tard."

Le premier jour, Kilian traßna dans le bastion. Il errait comme une ùme en peine, sans savoir comment s'occuper. S'il avait pris un instant sa guitare basse pour composer, il s'était rendu compte que son esprit était trop accaparé par des pensées parasites pour aligner quelques notes intéressantes. La musique le désertait, elle aussi. Finalement, il avait reposé son instrument et ses feuilles de tablature raturées pour sortir.

Kilian s'Ă©tait assurĂ© de ne pas se faire d'amis dans cet endroit. Le boulot, c'Ă©tait le boulot. Et il avait appris Ă  la dure que les liens de proximitĂ© ne donnaient rarement rien de bon dans ce milieu. Son expĂ©rience au bastion de Tammiraak en Finlande, avant d'ĂȘtre mutĂ© en Allemagne, lui avait servi de leçon. Alors il planta ses Ă©couteurs dans ses oreilles, espĂ©rant que les paroles des chansons qu'il Ă©coutait suffisent Ă  passer par dessus le brouhaha de ses rĂ©flexions. Mais c'Ă©tait bien peine perdue.

Perdu dans ses pensées, il se retrouva sur le toit du bùtiment. Un toit terrasse, à flanc de falaise, qu'il avait atteint en grimpant un escalier de service déserté. Des cheminées de zinc crachaient leur vapeur blanche dans un frémissement de taule fine. Endormi dans la montage, le monstre de béton et de métal respirait encore. Kilian souffla.

Ses pas sur le revĂȘtement Ă©tait absorbĂ©s, presque tus, alors qu'il traversait le toit terrasse. Puis il enjamba le muret, pour s'y asseoir. Le picotement du vertige Ă©moussa ses sens. Quelques secondes, pas plus, avant qu'il ne domine ce rĂ©flexe.

LĂ , les jambes dans le vide, il observait la ville en contre-bas. Le bastion avait Ă©tĂ© construit dans la montagne qui bordait Eberstahl. Ses vastes galeries sous la ville, reprĂ©sentaient les tentacules de l'infrastructure et assuraient un dĂ©ploiement des troupes avec efficacitĂ©. Pourtant, rien ne trahissait la prĂ©sence de l'Égide, ici. MĂȘme le bastion en lui-mĂȘme paraissait greffĂ© sur la pierre et surplombait sans mal les hauts gratte-ciel de la ville. LĂ , dissimulĂ© Ă  la vue de tous, comme un laboratoire de haute technologie ultra-sĂ©curisĂ©. Tellement artificiel et pourtant bouffĂ© par la montagne. L'odeur des pins sur les escarpements parvenait mĂȘme Ă  atteindre Kilian.

Il aimait beaucoup venir s'isoler sur ce sommet quand il avait besoin de prendre de la distance avec le monde concret d'en bas. Les grognements des voitures et le vrombissement de la population l'atteignaient à peine. Le théùtre de cette fourmiliÚre se jouait à des lieues de lui, sans qu'il ne l'atteigne.

De nuit, les sons Ă©taient encore plus diluĂ©s, rĂ©sonnants, souvent distordus par une pluie fine, brumeuse dans cet ancien bassin industriel, coincĂ© entre une forĂȘt dense et des montagnes basses.

Mais de jour, Kilian pouvait profiter de la vue. Le ciel dĂ©gagĂ© et la hauteur de son perchoir lui donnait presque l'impression d'ĂȘtre un oiseau. Un rapace qui observait son domaine, d'un Ɠil protecteur. Il aimait ça.

LĂ , sous ses pieds qui pendaient dans le vide, un gouffre vertigineux. Seul le monorail suspendu qui traversait la ville sur d'antiques arches mĂ©talliques, vestiges d'un passĂ© glorieux, le sortit de ses songes. Le serpent d'acier technologique grinçait sur ses rails alors qu'il abordait une station. L'engin n'Ă©tait pas si loin, en bas, tant que Kilian pouvait presque sentir les huiles de ses rouages. Et en plissant les yeux, il aurait mĂȘme pu compter le nombre de passagers qui montaient Ă  son bord.

Il n'en fit rien cependant. Kilian était là pour s'éloigner des détails, oublier la précision de la réalité et s'embrumer le cerveau dans l'indifférence la plus totale.

Le veilleur songea un instant Ă  se rouler une clope. La fumĂ©e des plantes sĂ©chĂ©es qui envahirait ses poumons lui ferait sans doute le plus grand bien. Elle dĂ©tendrait ses nerfs et l'empĂȘcherait de trop penser. Comme la veille au soir. Mais son stock s'amenuisait et il n'Ă©tait qu'Ă  la moitiĂ© du mois. Kilian n'aurait pas de quoi en racheter avant de recevoir son revenu dans une quinzaine de jours. Il reposa son sachet au fond de sa poche. Il Ă©tait plus raisonnable de garder sa rĂ©serve pour ses crises d'angoisse, ce pour quoi il avait commencĂ© Ă  consommer du cannabis quelques annĂ©es auparavant.

Le regard sombre de Kilian se porta naturellement vers le quartier de la ville, plus ancien, loin des verriĂšres fumĂ©es du centre ville. Un quartier plus sale, presque oubliĂ© des magistrats, d'oĂč les grandes gens dĂ©tournaient le regard de crainte de se souiller rien qu'en lui accordant de l'attention. Kilian savait pourtant qu'on y trouvait bien des richesses si on savait fouiller. Des dealers, des revendeurs d'armes, des indic'. L'information valait de l'or quand on savait l'utiliser. Les indic' des bas quartiers Ă©taient parfois mĂȘme plus fiables et en avance que les rĂ©seaux de l'Égide.

Kilian resta là, à observer la vie des civils, ces Endormis, inconscients de cette trame ésotérique tissée étroitement avec leur réalité. Le jeune chasseur de démons n'avait jamais eu le plaisir de connaitre cette insouciance et il avait bien du mal à imaginer ce qu'aurait été sa vie s'il n'était pas né dans une des familles les plus renommées dans le milieu.

La nuit grignotait le ciel peu à peu. Le bleu cédait sa place à des flaques de rose et d'orange, comme une aquarelle trop imbibée, oubliée par l'artiste. L'ombre immense de la montagne recouvrait peu à peu Kilian, déposant sur ses épaules, le manteau de la froidure nocturne. Et puis, il y avait cet oiseau, posé sur un rebord à quelques mÚtres du veilleur. Il le fixait depuis un moment. Kilian l'avait ignoré au début, mais son regard l'agaçait. Comme si le corbeau voyait quelque chose que le garçon ignorait.

Kilian claqua de la langue. L'oiseau répondit en déployant ses ailes noires. Mais il ne s'envola pas. Son bec ouvert croassa briÚvement. Une mise en garde ?

Kilian rentra.

Sa nuit ne fut pas beaucoup plus reposante que la veille.

Le deuxiĂšme jour, Kilian s'Ă©tait rendu Ă  la salle d'entraĂźnement. Celle des veilleurs, pas celle de l'aile de soin. MĂȘme s'il avait une interdiction mĂ©dicale de s'entraĂźner, il espĂ©rait y trouver un visage familier. Il s'Ă©loigna vers la bibliothĂšque, mais le calme Ă©tait plat, comme toujours. Entre les rayonnages, aucun signe de son binĂŽme. Ce fut dans le dojo que Kilian retrouva Keiran Darvian.

La Lame enseignait à des enfants de six à huit ans. Des gosses de veilleurs. Le gÚne ne s'était pas encore éveillé pour eux mais l'enseignement et les entraßnements ne commençaient jamais trop tÎt. Keiran utilisait le jeu pour les éduquer et leur apprendre quelques bases. La porte du dojo grinçait mais les cris des enfants couvrirent l'entrée du jeune homme. Alors qu'il observait les deux camps de mini veilleurs se jeter dans la bataille, ses pas le menÚrent vers les quelques gradins qui bordaient les tatamis. Rien de bien cérémoniel, il s'agissait de deux rangées de bancs surélevés.

LĂ , il s'installa et sortit un paquet de bonbon de sa poche, pour grignoter. D'aprĂšs ses observations, un des groupes d'enfants jouaient le rĂŽle de crĂ©atures Ă©sotĂ©riques hostiles et l'autre groupe, des veilleurs qui devaient les contenir. Le jeu du "loup" en somme. Si Kilian ne connaissait pas les jeux de cour de rĂ©crĂ©ation pour n'y avoir jamais jouĂ©, il avait dĂ©jĂ  observĂ© Keiran les utiliser plusieurs fois. Il aurait aimĂ© que son pĂšre lui enseigne la Chasse au dĂ©mon de cette façon. Ça aurait Ă©tĂ© plus amusant. Mais selon Julian Caym, l'amusement n'Ă©tait pas l'adage des Chasseurs.

— Que fais-tu ici ? l'interpela une voix grave.

Accoudé sur le banc derriÚre lui, Kilian émergea de ses songes et ses souvenirs. Il quitta les neiges blanches de sa SuÚde natale pour trouver en face de lui, la chaleur d'une peau cuivrée.

Keiran Darvian.

La Lame brillait de la moiteur de l'effort — Ă©duquer des enfants n'Ă©tait pas de tout repos. Pourtant, il lui souriait, un peu essoufflĂ©, mais visiblement heureux de trouver son jeune binĂŽme dans son cours.

— Je dĂ©range ? supposa Kilian.

Keiran lui rĂ©pondit d'un rire lĂ©ger et secoua doucement la tĂȘte. Une goutte de sueur roula le long de son nez. Il l'essuya d'un revers de la main.

— Bien sĂ»r que non, qu'est-ce que tu vas t'imaginer ? Je te manquais, c'est ça ?

Un sourire flatté découvrit ses dents blanches et pendant un instant, Kilian ne réagit pas. Son regard décortiquait ce visage qui l'avait tellement insupporté lors de leur rencontre, mais qu'il trouvait maintenant réconfortant. Le sourire de Keiran était sincÚre et ses yeux, d'un bleu cristallin, ne mentaient pas. Jamais. Comme sa parole. Il était de ces veilleurs à la droiture impeccable. Keiran respectait les rÚgles, mais jamais au détriment de l'humain. Il ne mentait jamais et Kilian avait appris que son binÎme savait jouer des mots à la perfection pour, parfois, contourner la vérité. Il l'avait compris quand Keiran l'avait protégé auprÚs de la hiérarchie.

Ce type qui Ă©tait trop protocolaire, trop strict, et dĂ©testable Ă©tait devenu un pilier pour Kilian. D'un ennemi, il Ă©tait devenu un alliĂ©. Peut-ĂȘtre un ami. Parfois. Kilian voulait le croire, mais il redoutait toujours de baisser sa garde. Il haussa un sourcil, un brin hautain.

— Hmm, ça te plairait, hein. Mais rĂȘve pas, M'sieur Darvian, ça me fait des vacances de plus voir ta tronche.

— Menteur, rit Keiran en plongeant la main dans le paquet de fraises Tagada pour en chaparder une sous le regard outrĂ© du jeune homme. Je sais que tu as hĂąte de retourner sur le terrain.

À cette vĂ©ritĂ©, les Ă©paules de Kilian s'affaissĂšrent et il prit une grande inspiration.

— Oui, s'il te plait, tu peux pas me faire une dĂ©rogation, ou j'sais pas, une recommandation. On part sur quelque chose de simple. MĂȘme une patrouille. Keiran, je pourrais me contenter d'une patrouille de JOUR ! prĂ©cisa-t-il.

— Ah ouais... t'en es lĂ , se moquait gentiment Keiran. Je croyais que tu t'Ă©tais fait un ami pourtant ?

AussitÎt, Kilian fronça les sourcils. Son regard suspicieux se braqua sur le visage de son binÎme avec la précision d'un sniper.

— Qui t'a dit ça ?

— J'ai mes sources. Alors ? Le jeune Morven, c'est ça ? Il est gentil.

— C'est toi qui l'a envoyĂ©, c'est ça ?

— Bien sĂ»r ! C'est moi qui l'ai fauchĂ© avec ma Honda Civic pour que t'aies un pote de rééducation.

Kilian pouffa malgré lui. La simple idée que Keiran percute quelqu'un avec sa vieille voiture déglinguée était à mourir de rire.

— Si t'avais fait ça, c'est ta voiture qui partait à la casse...

— Espùce d'ingrat ! Elle est trùs bien ma Honda !

— Elle est plus vieille que toi, c'est une Ă©pave, attaqua Kilian, moqueur.

— Dit celui qui ne peut mĂȘme pas tenir son arme en ce moment.

À nouveau, Kilian fronça les sourcils. Il claqua de la langue.

— Allez, va te compter les cheveux !

Il sourit de toutes ses dents, narquois, avant de jeter un coup d'Ɠil Ă  la tĂȘte de Keiran. Le plus vieux des deux veilleurs, de par ses origines avait des cheveux trĂšs crĂ©pus. Et pour Ă©viter d'avoir une tignasse incoiffable, il se tondait le crĂąne. Kilian avait prit pour habitude de le tacler en l'appelant "le chauve".

— Je ne signerai aucun document qui t'autorise Ă  retourner sur le terrain contre avis mĂ©dical, jeune Caym, trancha Keiran. Si c'est pour me retrouver Ă  devoir sauver ton petit cul contre un clebs qui t'aura prit en grippe.

— Je suis vaccinĂ© contre la grippe, rĂ©torqua Kilian, qui n'avait pas comprit l'expression.

Habitué à cette lacune du langage du veilleur scandinave, Keiran ne releva pas, mais lui offrit à nouveau un de ses plus beaux sourires. Puis, il tapota le genou de Kilian, lui assurant que ça lui faisait plaisir de le voir, avant de retourner s'occuper des enfants. Les deux groupes avaient commencé à se bagarrer l'issue de leur jeu. Apparemment, l'un d'eux avait mordu un de ses petits camarades.

— Mais on a dit que j'Ă©tais un loup-garou ! se dĂ©fendait l'enfant.

— C'est pour de faux ! Tu m'as fait mal ! se fñchait la victime.

Fort heureusement, Keiran intervint. Il s'accroupit Ă  hauteur des tout petits veilleurs, examina la blessure gravissime, avant de jouer les modĂ©rateurs dans le conflit. Sans s'en rendre compte, Kilian souriait. C'Ă©tait une fĂȘlure dans son faciĂšs toujours froid, dur et hautain. Mais avec Keiran, le veilleur laissait tomber le masque. Il voyait la sincĂ©ritĂ© et l'authenticitĂ© de ses gestes. Il avait agi avec autant de bienveillance avec lui qu'avec ces enfants.

Il l'avait apprivoisé.

Kilian fronça le nez. Certainement pas ! Il n'était pas un petit animal qu'il suffisait de nourrir pour le domestiquer. Kilian se releva. Il grignota une fraise Tagada de plus, mais laissa le paquet entamé là, sur le banc. Keiran pourrait l'emmener ou le laisser aux enfants, qu'importe.

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