Loading...
1 - 1 - Entrée en gare
2 - 2 – « Attention à l’ouverture des portes »
3 - 3 - Monter dans le train
4 - 4 - « Attention à la fermeture des portes »
5 - 5 - Départ du train
6 - 6 - Les à-coups du démarrage
7 - 7 - Prendre de la vitesse
8 - 8 - Les remous de la rame
9 - 9 - Les remous de la rame 2
10 - 10 - Le bruit assourdissant du tunnel [partie 1]
11 - 11 - Le bruit assourdissant du tunnel [partie 2]
12 - 12 - Arrêt inopportun
13 - 13 - Bloqué sur la voie
14 - 14 - Wagon restaurant
15 - 15 - Remise en marche
16 - 16 - Station d’arrivée
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Pythonisse
Share the book

2 – « Attention à l’ouverture des portes »

Sur le chemin du boulot, après avoir quitté le métro, mon esprit divagua une nouvelle fois. Bien que je donnerai tout ce que j’avais pour pouvoir vivre ce genre d’expérience un jour, j’étais tout de même heureux que ça ne me soit jamais arrivé « par hasard ». Parce qu’entre ces vidéos que je regardais et mes envies, il y avait une chose qui différait. Une petite chose, mais qui pourtant, changeait tout ; je ne voulais pas me faire agresser. Dans les films, dans plus de 90 % des cas, la femme n’était pas consentante. On voyait sa peur, ses refus… Moi, ce n’est pas ça que je voulais. J’attendais de cette appli qu’elle me trouve un partenaire qui me comprendrait et qui me respecterait. Alors, oui, j’en demandais peut-être beaucoup à une simple appli de rencontre entre dépravés, mais j’avais encore le droit de rêver ! Après tout, si on disait qu’il y avait des cons partout, le contraire était aussi vrai… N’est-ce pas ?

Je pris l’ascenseur afin de rejoindre mon étage puis déambulai dans le long couloir de moquette grise afin de rejoindre mon bureau. Dans cette pièce, Chris et moi, nous partagions l’espace comme on pouvait. Nous étions les deux seuls employés affectés aux archives. La plus crutiale de nos missions était de vérifier tous les dossiers numérisés avant de détruire les formats papier en nous occupant des plus anciens d’abord, vu leur état de conservation. Souvent, nous devions aussi nous déplacer dans l’immense salle des archives, au sous-sol, afin d’aller chercher des dossiers pour les autres services de l’entreprise. En fait, nous étions les secrétaires d’un bâtiment entier. Il n’était pas rare que je quitte le travail en retard, car quelqu’un avait besoin d’un dossier pour le lendemain et que, comme personne ne rangeait rien à part mon collègue et moi, je mettais littéralement des heures avant de retrouver le fameux document.

Au moins, mon compte d’heures supplémentaires comportait trois chiffres. Ça avait d’ailleurs énervé mon chef de service. « Tu dois apprendre à dire non, Éliah. Ils savent qu’ils doivent demander des dossiers au moins vingt-quatre heures à l’avance. Tu n’as pas à cumuler les heures pour eux ! », m’avait-il dit un jour. Sur le moment, j’avais acquiescé, mais quand une collègue du service de la comptabilité était venue me supplier, j’avais passé deux heures aux archives pour l’aider à retrouver les contrats perdus. Encore une fois, on me demandait en sous-ton de m’endurcir.

En prenant place derrière mon ordinateur, je saluai Chris qui fit de même.

— T’as passé un bon week-end ? me demanda-t-il en buvant une gorgée de café.

— C’était l’anniversaire d’une de mes sœurs. On a fait la fête, alors oui, j’ai passé un très bon week-end !

— De qui ? La sexy ?

Je ris.

— Pour commencer, mes sœurs sont toutes absolument sublimes. Et ensuite, non, c’était pas l’anniversaire d’Ambre. C’était celui de Caroline.

Il rit à son tour.

— Dommage ! Moi, j’ai été au bar avec des amis. On s’est encore déchiré la gueule, j’ai passé mon dimanche à dormir.

— T’as trouvé la femme de tes rêves cette fois-ci ? me renseignai-je, taquin.

Il me répondit par une moue triste quand la porte de notre bureau s’ouvrit. Notre chef de service entra, un dossier en main.

— Éliah, j’ai besoin des documents en lien avec ce dossier pour dans deux jours, tu peux t’en occuper ? Chris, j’ai la DRH qui me harcèle au sujet d’un dossier égaré… Elle me prend la tête.

— Celui du marché de 2012 ? Ouais, ben je lui ai apporté, directement sur son bureau y a bien trois jours. Si son espace de travail était moins encombré, elle retrouverait peut-être ce qu’on lui donne, bougonna mon collègue tandis que je hochai la tête à la demande de notre boss.

Il déposa la chemise en tissu à côté de moi puis sa main se perdit sur mon épaule tandis qu’il nous souhaitait bon courage. Une seconde plus tard, il n’y avait plus personne. Aussi vite qu’il était apparu, il venait de disparaître.

— Ferme la bouche, Éliah. On en a déjà parlé, me sermonna Chris.

Je détournai le regard, embarrassé. Depuis le premier jour où j’avais intégré l’entreprise, j’avais un méchant crush sur mon chef. Alors oui, c’était cliché ; le nouvel employé empoté qui craquait sur son boss, mais en même temps… il avait tout pour plaire ! La trentaine à peine entamée, il était gentil, attentionné avec les autres, nous emmenait souvent au restaurant… Tout le monde l’appréciait. Il m’encourageait régulièrement à me dépasser. Et son physique, n’en parlons pas ! Des cheveux blonds toujours impeccablement coiffés, des yeux bleus qui soulignaient son regard acéré, une taille qui frôlait le mètre quatre-vingt-dix et ses mains… grandes, fortes… Chris se moquait souvent de moi à ce sujet et je ne répliquais rien. Il avait raison, après tout. Je me faisais des illusions. Il était jute aimable et je demeurais un petit puceau de vingt-trois ans, ayant des facilités à fantasmer pour rien.

Lors de notre pause déjeuné, je sortis du bâtiment afin de rejoindre Eva. Elle était ma meilleure amie depuis le collège. Un peu la septième fille de ma fratrie tant elle était acceptée par ma famille. Elle venait régulièrement aux repas préparés par mes sœurs et se montrait présente à tous les anniversaires.

Elle avait une vie trépidante. Elle ne savait pas rester en place. Sa dernière lubie ? Elle avait rejoint le staff d’un groupe qui organisait des fêtes… peu communes… Elle m’abandonnait donc régulièrement le samedi soir, pour aller y « travailler ». Plusieurs fois, elle m’avait proposée de l’accompagner, mais j’avais toujours refusé. Ce qu’elle m’en avait raconté suffisait à m’en tenir éloigné, surtout le « nan, ce sont pas vraiment des orgies, c’est plus… une soirée où tout est permis du moment que c’est safe ! ». Son travail alimentaire, quant à lui, consistait à éduquer de jeunes enfants. Parce que oui, Eva était organisatrice de teufs libertines, mais aussi professeure des écoles.

À la voir courir vers moi, avec ses Van’s jaunes, son jean slim brut, son petit haut en coton et le pull en « pilou-pilou », comme elle disait, négligemment posé sur ses épaules, on l’imaginait mal organiser ce genre d’évènements. Elle fondit dans mes bras et m’étreint avec force.

— Mon petit chou à la crème, comment ça va depuis samedi ?

— Très bien, lui répondis-je avec un sourire.

Nous nous dirigeâmes vers le restaurant où j’avais réservé et nous fûmes bientôt à table, à attendre nos plats. Elle me raconta en détail la soirée organisée par son groupe.

— ‘Paraît même qu’il y a un des orga’ qui a privatisé la régie. Je sais pas ce qu’il s’est passé là-dedans, mais ça devait pas être joli-joli si tu veux mon avis !

— L’important, c’est que tu te sois amusée !

— C’était hyper bien ! En plus, on avait un nouveau DJ, et il a mis une ambiance de ouf ! Franchement, rien que pour ça tu devrais venir. Ça te ferait du bien de te dévergonder un peu !

Au moment où j’allais lui dire que je n’avais pas forcément besoin de me « dévergonder », mon portable sonna. Fait assez rare pour être souligné. Je le pris et le déverrouillai avant de voir que j’avais une notification d’un message de l’appli ! Intrigué, je cliquai dessus. Je fus envoyé directement dans la page de discussion et lus.

« Salut ! Si je te dis plage ou montagne, tu me réponds ? »

Quelle façon singulière d’entamer la conversation… Je répondis rapidement.

« Salut ! La plage ! Et toi ? »

— Tu m’écoutes ?

Je relevai les yeux vers mon amie et hochai la tête.

— Oui je t’écoute ! Y a eu un gang-bang dans la régie !

Elle rit, poursuivant ses explications tandis que je fixai les trois petits points m’indiquant que mon premier correspondant écrivait.

« ça colle avec ta PP. Alors, parlons peu, parlons bien. Tu es actif ou passif ? »

Ah… Il rentrait directement dans le vif du sujet, sans même rendre le temps de répondre à ma question. Drôle façon « d’échanger ».

« Passif »

Durant plusieurs minutes, j’attendis une réponse qui ne vint pas. Je finis donc par ranger mon portable et profiter du temps que j’avais avec ma meilleure amie. Une bonne heure plus tard, je retournai au bureau, le ventre rempli et l’esprit léger. C’était toujours comme ça avec Eva. Elle arrivait et chassait tout le négatif de ma vie. Je savais que certains la trouvaient insupportable, parce qu’elle avait tendance à être pipelette, mais j’avais grandi avec six filles. Et six filles, quand ça se crie dessus… De mon point de vue, Eva était tout à fait supportable. Ce ne fut que le soir, après être rentré dans mon cocon familial piaillant que j’eus une nouvelle réponse.

« Ça me va. Ça fait longtemps que tu fais ça ? »

Allongé sur mon lit, je répondis d’un sincère :

« Je l’ai jamais fait. Et toi ? »

J’eus à peine le temps de poser mon portable sur ma couette qu’il vibra de nouveau.

« Tu préfères quoi ? Gentil ou agressif ? »

Visiblement, il ne comptait pas répondre à mes questions. C’était un peu vexant d’être le seul à devoir subir l’interrogatoire.

« Gentil, je pense. Comme je ne connais pas, je préfère commencer doucement. »

« x) doucement ? Ça veut dire quoi doucement ? »

Il se moquait de moi ? Embarrassé, je ne sus pas vraiment quoi lui dire. Les minutes défilèrent tandis que je fixai mon écran puis, une ligne de conversation apparue.

« Commençons avec les questions de base. T’accepte quoi ? Les jouets ? La péné ? »

En lisant sa demande, je sentis l’entièreté de mon visage chauffer. Est-ce qu’il voulait parler de sextoys ? Et la « péné »… Je répondis à la hâte.

« Pas de jouets et pas de l’autre non plus ! »

La réponse ne se fit pas attendre.

« Tu peux même pas l’écrire… Puceau ? »

Je me recroquevillai sur mes draps. Est-ce que j’étais si transparent que ça ?

« Oui… »

« Toute une éducation à faire, alors. »

Je répondis trois points de suspension, n’ayant pas mieux en stock.

« Te vexe pas. C’est plutôt rare de trouver des puceaux ici. Généralement, les profils que je croise sont des vieux pervers qui veulent se faire des p’tits jeunes. Et puis, c’est marrant les puceaux, ça s’émoustille pour rien. »

Il essayait vraiment de me mettre à l’aise, là ?

« Si tu le dis… »

En même temps que j’envoyai ma réponse, un message venant d’une autre personne s’afficha.

« J’aime bien ta pp ! On peut discuter ? »

Accédant à la page de conversation, je répondis.

« Merci ! Oui, on peut discuter. »

Je retournai sur la première conversation pour trouver un message assez expéditif :

« … T’as l’air chiant. C’est pas pour moi. »

Je soupirai. C’était l’histoire de ma vie. Un prétendant en moins, en fuite à cause de mon côté « carpette »… Déjà dans la vie, je n’avais pas beaucoup de succès, mais si les gens pouvaient se rendre compte que j’étais inintéressant en l’espace que quelques lignes de conversation… J’allais rester puceau et célibataire pour le reste de ma vie… Heureusement, mon deuxième prétendant me contacta de nouveau.

« Ton profil est un peu vide, du coup, je sais pas vraiment sur quoi lancer la conversation -.-’ je vois que tu t’es inscrit hier, pourquoi ? C’était quoi ta motivation ? »

Il paraissait plus aimable, ceci dit, ses questions étaient aussi personnelles que celle de mon ancien correspondant. Cette fois, je fis mon possible pour être un peu moins barbant.

« J’ai envie d’essayer. C’est quelque chose qui me plaît, mais je n’ai jamais pu l’expérimenter. »

« Tu as l’air motivé , c’est bien ! C’est quoi qui t’intéresse ? Juste être touché ou aller un peu plus loin ? »

Bon, cette fois, je n’avais pas le droit de me louper ! Pas question de me retrouver une fois de plus le bec dans l’eau !

« Je n’ai pas d’attente particulière. Je veux bien me laisser guider. »

J’envoyai, priant pour que ça lui plaise. Je le vis écrire et décidai d’aller fureter sur son profil. Il était inscrit sous le nom « Nightmare » ce que je ne trouvais pas très engageant. Vingt-cinq ans. Il se décrivait comme un homme sûr de lui et en pleine possession de ses moyens – quoi que ça veuille dire. Sa liste de préférences était étoffée… Bien étoffée… Un peu trop peut-être… J’étais seulement déçu de ne pas pouvoir trouver son visage quelque part. Il avait plusieurs photos, mais aucune qui n’allait plus haut que ses épaules. En tout cas, il semblait grand… très grand ! L’information me fit sourire, j’appréciais les hommes bien plus grands que moi… Comme Mickaël. En retournant sur la page des messages, une réponse m’y attendait.

« Ok, ça me plaît ! J’aime bien sur quoi on glisse, là. Ça veut dire que tu me laisserais carte blanche à partir du moment où je ne vais pas plus loin qu’un certain stade ? »

Je fus touché qu’il prenne le temps de vraiment en discuter avec moi. Je ne savais pas si c’était normal comme façon de faire, mais moi en tout cas, ça me plaisait !

« Oui. C’est mieux comme ça. Je suis pas très doué de mes dix doigts, je ne saurais même pas quoi faire. »

Je me redressai dans mon lit. Alors, c’était bon ? J’allais vraiment le faire ? Pour de vrai ? Dans un vrai train ? Avec des vrais gens autour ? Et avec un vrai gen ? Je ne retins pas le large sourire qui s’imprima sur mon visage, pour autant, la teinte rouge qu’il prit m’obligea à le dissimuler ; j’attrapai un coussin et enfonçai ma tête dedans, continuant de sourire comme un idiot.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet