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PetitePlume
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Chapitre 3 : Franchir la ligne

La journée s’était étirée dans une froideur palpable. Les heures de cours à l’université de droit s’étaient passées dans un silence presque glacial, chaque mot entre Max et Garence pesant comme un fardeau non dit. Max s’était concentrée sur son équipe, échangeant des messages, vérifiant des rapports, comme si la seule chose qui comptait était de maintenir cette distance entre elles.

Garence, de son côté, semblait avoir choisi d’obéir. Après l’incident de la veille, où elle avait tenté de franchir une ligne qu’elles n’étaient pas prêtes à franchir, elle s’était tue. Elle avait suivi les instructions de Max sans protester, comme si un accord tacite s’était fait entre elles. Elle avait évité de croiser son regard, gardant le silence tout au long de la journée, comme si elle savait que trop de proximité risquait de tout faire exploser.

Max, quant à elle, était restée distante. Sa concentration sur son travail était implacable, un mur invisible qu’elle avait dressé pour empêcher toute autre pensée de la distraire. Chaque mouvement, chaque geste était calculé pour ne rien laisser paraître, mais sous la surface, c’était un tourbillon.

Et maintenant, en la conduisant à travers les rues de Paris, elle sentait encore cette tension, cette distance, comme une fine pellicule de glace recouvrant chaque parole échangée. Elle savait qu’ils n’avaient pas encore franchi cette ligne, mais tout autour d’elles semblait déjà l’avoir fait.

Le silence était pesant. Chargé.

— Tu vas me faire la gueule longtemps ? lâcha finalement Garence.

Pas de réponse.

— Franchement… C’est pas comme si je t’avais mis une main aux fesses.

— Non. Juste essayé de m’embrasser, répondit Max, les yeux toujours fixés sur la route.

Garence sourit, sans se démonter.

— Tu dramatises.

Max ne répondit pas. Son attention venait de se fixer sur deux motos qu’elle avait déjà croisées à deux intersections différentes. Même modèles. Même allure. Trop synchro. Mauvais pressentiment.

Elle serra la mâchoire. Puis tourna brusquement à droite.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda Garence.

— Je prend un raccourci.

Mais sa voix était déjà basse, tendue. Ses yeux fixaient le rétroviseur.

Ils entrèrent dans une ruelle mal éclairée. Et c’est là que ça arriva. Un crissement de pneus. Des hurlement métallique.

Deux motos surgissant de l’autre extrémité. Des hommes en blousons noirs, casques intégraux, armes visibles. Trop visibles.

— Merde ! lança Max.

Elle pila.

— DEHORS ! hurla-t-elle.

Elle ouvrit sa portière d’un coup de pied, attrapa Garence par le bras, l’arracha de la voiture.

— Contre le mur ! Bouge pas !

Les balles éclatèrent dans la carrosserie. Max dégaina, riposta aussitôt.

Un tir. Puis deux. Calculés. Nets.

Garence se plaqua contre la brique, les bras sur la tête, pétrifiée.

Max bougea, fluide, précise, entre ombres et bruit. L’un des motards s’avança trop près : elle visa l’épaule, tira. L’homme tomba, l’arme glissant sur le bitume.

L’autre tenta un contournement.

Erreur.

Max s’élança, percuta le type à pleine vitesse. Il tomba à terre, et en deux mouvements elle l’avait désarmé. Son genou s’écrasa sur sa cage thoracique.

— Reste au sol, connard.

Silence.

Des Bruit de voiture au loin. Quelqu’un avait dû appeler. Il était temps de disparaître.

Max revint vers Garence, toujours figée.

— Ça va ? Tu peux marcher ?

Garence hocha la tête, blanche comme un drap.

Max la prit par la main.

— Viens.

Et elles coururent.

Elles trouvèrent refuge dans un vieil immeuble en travaux.

À l’intérieur de l’immeuble en travaux, l’air était froid et sec, saturé de poussière. Les néons cassés pendaient du plafond comme des os disloqués. Max verrouilla la porte d’un coup d’épaule, cala une poutre en travers, et se retourna d’un bond.

Garence était assise contre le mur, les genoux repliés, les bras entourant sa poitrine comme pour se retenir d’éclater. Son souffle était court, rauque, irrégulier.

Max s’approcha, prudente comme si elle s’approchait d’un animal blessé.

— Tu saignes ? demanda-t-elle, accroupie devant elle.

Garence secoua la tête. Mais ses mains tremblaient.

— Je vais bien... je crois.

Un silence.

Puis, d’un coup, elle tendit les bras. Max ne réfléchit pas : elle l’attrapa au vol. Le corps chaud et frémissant de Garence se colla contre elle. Max la serra sans réfléchir, son menton sur le sommet de son crâne, sa main posée dans le creux de ses omoplates.

Garence parlait contre son cou, sa voix étouffée :

— J’ai cru qu’on allait mourir.

— Moi aussi.

Le battement du cœur de Max cognait dans ses tempes. Elle ferma les yeux. Juste un instant. Juste une respiration.

Quand elle les rouvrit, Garence la regardait. De très près.

— Max...

— Ne dis rien.

Mais Garence leva une main et la posa contre sa joue, douce et brûlante.

— J’ai eu peur, dit-elle. Mais pas comme d’habitude. Pas pour moi.

Max resta figée.

— Embrasse-moi, murmura Garence.

— Garence...

— Embrasse-moi. Et si tu veux tout oublier après, fais-le. Mais là, maintenant, dis-moi pas que tu le veux pas.

Le silence entre elles devint un cri.

Max baissa les yeux. Elle voyait les cils de Garence frémir. Sa gorge se serra.

Et elle céda.

Le baiser fut bref, d’abord. Un souffle. Une frontière franchie sur la pointe des pieds. Puis Garence pressa ses lèvres plus fort. Max répondit. Une fois. Puis deux. Le monde se dissout dans l’instant. Le plâtre. La poussière. Les sirènes au loin. Il n’y avait plus que ça.

Quand elles se détachèrent enfin, Max resta une seconde immobile. Front contre front. Soupir contre soupir.

— C’est dangereux, murmura-t-elle.

— Je sais.

Max recula lentement. La ligne était franchie. Et elles le savaient toutes les deux.

Max se redressa, secoua la tête comme pour chasser l'instant. Elle scruta Garence un instant, puis, d'une voix calme mais ferme :
— Je connais un endroit sûr à quelques rues d'ici. On y va. Après, je contacterai mon équipe.

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