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PetitePlume
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Chapitre 9 : Menaces voilées

Le jour s’était levé sur une fausse tranquillité. Dans la résidence, les bruits du quotidien reprenaient doucement leurs droits : le ronronnement de la machine à café, les pas feutrés des agents de sécurité, le froissement discret des rideaux qu’on tirait pour laisser entrer la lumière. Rien ne laissait présager que, derrière les murs épais et les sourires de façade, quelque chose était en train de se fissurer.

Pour Max, le réveil avait eu un goût doux-amer. Elle avait quitté le canapé bien avant que Garence ne se réveille, le cœur encore alourdi de cette proximité fragile qui leur avait échappé dans la nuit. Rien n’avait été dit, et pourtant tout avait changé. C’était là, entre elles, palpable. Une tension douce, mais risquée. Et elle le savait : la frontière entre protection et sentiment avait été franchie.

Max venait de commencer son débriefing avec son équipe, un petit groupe concentré, les yeux rivés sur les rapports de la surveillance et les stratégies de protection.

Garence, de son côté, s'était amusée à proposer tous les prénoms féminins possibles qui commençaient par "Max", son regard malicieux ne quittant pas Max pendant qu'elle énumérait à haute voix :

— Maxine ?
— Non.
— Maxima ?
— Toujours pas.
— Maximilienne ?
Max leva à peine les yeux de la tablette qu’elle tenait sur ses genoux.
— Là, tu inventes.
— Pas du tout, c’est un vrai prénom ! protesta Garence, accoudée à l’encadrement de la porte du salon, un sourire en coin.

Elle s’approcha tranquillement, visiblement décidée à faire tomber la résistance de Max par l’usure.
— Maxene ? Maximaëlle ? Maxandra ? Maxina ? Maxiane ? Maksymia ? Maxilda ?
Les agents assis dans le salon étouffèrent des rires. Léo, qui était accoudé contre un mur, lança :
— Tu trouveras jamais. C’est classé secret-défense, ce prénom.
— J’ai du temps, répondit Garence d’un ton malicieux

Max, bien qu’impassible, sentit le coin de ses lèvres se relever. Une seconde d’inattention, une chaleur familière dans sa poitrine. Garence était là, pleine de vie, de piquant, et elle rendait même les briefings presque supportables.

Mais la bulle éclata quand son téléphone vibra dans sa poche.

Elle décrocha aussitôt en voyant le nom s’afficher : Thomas.
— Max. Il faut qu’on parle, dit la voix grave et directe de son supérieur.

Elle se redressa légèrement sur le canapé.
— Je t’écoute.
— On pense avoir identifié la taupe. Des soupçons sur Léo, un de tes hommes.

Max eut un instant de flottement. Son regard croisa celui de Léo, toujours en train de rire doucement avec un collègue.
— Tu es sûr ?
— On n’en a pas encore la preuve formelle, mais ça colle. Et… il y a un autre souci.

Elle sentit le nœud se resserrer dans sa gorge.

— Garde un visage neutre. J’ai une idée, mais il ne faut pas que Léo s’en rende compte. Le ministre a été informé de ta… proximité avec sa fille. Il demande à ce que tu sois relevée de ta mission dès demain matin. J’ai essayé de le raisonner, mais rien à faire. Cela dit… c’est peut-être une opportunité.

Un silence s’étira. Max serra le téléphone un peu plus fort. Dans sa tête, des flashs de la veille : le souffle de Garence contre sa peau, son rire, sa main dans ses cheveux. Et maintenant, il allait falloir partir.

— Je comprends, répondit-elle d’une voix trop neutre pour ne pas trahir ce qu’elle ressentait.

Elle raccrocha, puis fixa l’écran de son téléphone un moment, le regard vide. Puis elle se réinstalla pour finir le briefing avec son équipe.

— Tout va bien ? demanda Léo.
— Oui. Juste quelques changements à prévoir pour demain. On en parlera plus tard. Pour l’instant, restons sur nos gardes. Pensez à faire des rondes régulières dans le quartier.

Tout le monde reprit son poste, et alors que l’équipe quittait la maison, Max observa Garence avec un regard anxieux.

Comment allait-elle lui expliquer tout ça ? Comment Garence allait-elle le prendre ? Et surtout… comment allait-elle la protéger ? Elle ne pouvait pas la laisser à la merci d’une taupe. Déjà parce que, d’un point de vue professionnel, c’était inacceptable. Mais surtout, parce qu’elle ne supporterait pas qu’il arrive quoi que ce soit à celle qu’elle aime.

La salle de sport improvisée dans une des pièces du rez-de-chaussée sentait le cuir et la poussière. Le soleil filtrait par les persiennes, dessinant des lignes claires sur le sol. Max resserrait les sangles du punching-ball quand Garence entra en traînant les pieds, les bras croisés.
— Sérieusement ? Tu veux qu’on s’entraîne maintenant ?
Elle leva les yeux au ciel, soupira et se laissa tomber sur un tapis.
— Tu veux m’épuiser pour que j’arrête de t’embêter, c’est ça ?
Max esquissa à peine un sourire, puis se pencha pour lui lancer une paire de gants.
— Non. Je veux t’entraîner. Si quelque chose tourne mal, faut que tu saches te défendre. Même sans moi.
— C’est-à-dire ? demanda Garence, fronçant les sourcils. Tu comptes aller faire les courses et me laisser ici avec… mon super instinct de survie ?
Max s’immobilisa une seconde. Elle hésita. Mais c’était le moment.
— Ton père a reçu un appel. Apparemment, il y aurait eu… des reproches. Sur notre proximité. Il pense que ça nuit à la mission. Il veut que je sois relevée.
Le cœur de Garence loupa un battement.
— Attends. Quoi ?
— À partir de demain, quelqu’un d’autre prendra le relais. Je ne suis plus ton agent assigné.
— Non. Non non non. Tu peux pas me dire ça comme si c’était un planning de livraison ! Tu peux pas partir !
Garence se releva d’un bond, les joues rouges, la voix qui tremblait.
— J’ai besoin de toi, Max. Pas juste pour me protéger. Pour… je sais pas… respirer ! C’est la première fois que je me sens en sécurité et libre. Tu comprends ça ? Tu peux pas juste… partir.
Max détourna les yeux, le regard rivé au sac de frappe.
— J’ai pas le choix, Garence.
— Mais si ! Tu peux lui parler ! Tu peux lui expliquer ! T’as qu’à lui dire que...
— Thomas l’a fait. Il n’a rien voulu entendre.
Garence resta figée un instant, blessée.
— Et si j’en ai rien à faire de son avis ? Et si j’ai pas envie qu’on me dise qui je peux aimer ? Qui je peux avoir dans ma vie ?
Max soupira, sa voix plus basse.
— Allez. Viens. Juste… pour essayer.

L’entraînement démarra dans un silence tendu, rythmé bientôt par les coups sourds contre le sac. Le bruit résonnait dans la pièce comme un écho de tout ce qu’elles n’osaient pas dire.
Garence lança un coup droit un peu trop sec, mal ajusté. Son poing effleura la main levée de Max… et heurta sa pommette.
— Merde ! s’exclama Garence, horrifiée. Pardon ! Je voulais pas !
Max recula d’un pas, cligna des yeux et porta instinctivement la main à son visage.
— C’est rien, marmonna-t-elle, même si son regard brillait d’un éclat surpris.
Garence s’approcha vivement, les gants encore aux mains, les joues rouges.
— Laisse-moi voir…
Elle déposa ses lèvres sur la joue de Max, là où elle l’avait touchée. Un baiser. Puis un autre. Un peu plus lent. Un peu plus bas, juste au coin des lèvres. Max ne bougeait pas. Elle respirait plus fort, pourtant. Garence s’arrêta, leur souffle se mêlant. Une seconde de trop. Une distance trop mince.
Et cette fois, ce fut Max qui céda.

Le baiser fut d’abord incertain, effleuré. Puis plus affirmé. Moins une erreur qu’une évidence. Le sac de frappe continuait de se balancer doucement derrière elles, témoin silencieux de ce moment suspendu.
Quand elles se séparèrent, Max effleura doucement le visage de Garence.
— On va devoir faire une pause dans l’entraînement.
— Pour te soigner ? demanda Garence, malicieuse.
— Non. Pour éviter que ça dérape encore.
Mais elle souriait. Et cette fois, elle ne luttait plus contre la chaleur dans sa poitrine.

Garence s’éloigna lentement, le cœur battant. Max était restée en arrière, droite, silencieuse. Pas fuyante. Pas proche non plus. Juste… retenue. Et Garence sentit la peur revenir. Pas celle de la menace extérieure. Celle de la perdre, elle.

Elle attrapa son téléphone sans réfléchir et quitta la salle d'entraînement à pas rapides.
Max leva les yeux.
— Garence… qu’est-ce que tu fais ?
— J'appelle mon père.
— Garence, non.
Max s’avança, tendue.
— Tu peux pas faire ça. Pas comme ça.
— Pourquoi ?! Parce que ça va faire des vagues ? Parce que ce sera officiel, que je tiens à toi ?!
— Parce que ça va nous exposer. Thomas pense avoir trouvé la taupe.
Garence s’arrêta, le téléphone dans la main.
— Qui ?
— Léo. Et si c’est lui, il a peut-être déjà des soupçons. Si ton père change soudainement d’avis, ce sera flagrant. Trop facile à remonter.
Garence hésita, le pouce suspendu au-dessus du bouton “appel”.
— Et alors quoi ? Je fais rien ? Je te regarde partir demain matin ? Je fais semblant de m’en foutre ?! Max, je peux pas… je veux pas. J’ai passé ma vie enfermée dans des bulles dorées, surveillée, utilisée, protégée pour de mauvaises raisons. C’est la première fois que je suis avec quelqu’un qui me voit. Vraiment.
Elle serra le téléphone, les larmes au bord des yeux.
— T’es pas qu’un agent pour moi. Et si ça fout la merde, alors tant pis.

Max s’approcha, plus douce cette fois. Elle lui prit la main pour abaisser doucement le téléphone.
— Tu veux pas que je parte ? Moi non plus. Mais on n’a pas le choix. Alors écoute-moi. On va pas lui forcer la main. On va lui prouver que t’as besoin de moi. Que je suis la seule à pouvoir te protéger. Pas en trichant. En tenant bon. En montrant qu’on maîtrise la situation. Ensemble.

Garence ne répondit pas tout de suite. Mais elle rangea le téléphone.
— Comment on fait ?
Max l’attira contre elle, la serra dans ses bras.
— Demain, Thomas va apporter des micros. Je les placerai dans la maison. Même si je ne suis pas à côté de toi, je serai là. Je t’entendrai. Je vais t’apprendre à te défendre. Comme ça, tu pourras tenir, juste le temps que j’arrive.

Sa voix se fit plus basse encore.
— Tu le cherchais… alors écoute. C’est mon vrai prénom.
— Sérieux ? Tu t’appelles...
Garence n’eut pas le temps de finir sa phrase. Max posa doucement sa main sur sa bouche.
— Chut. Juste toi et moi. Comme un code secret. Tu m’appelles par mon vrai prénom… et je comprendrai. OK ?
Garence hocha la tête.
— Je vais tout faire pour le démasquer. Et revenir le plus vite possible. Fais-moi confiance. Je tiens à toi. Et tout ça… c’est réel.

Garence ne bougea pas. Elle restait là, tout contre Max, le front posé sur son épaule. Elle ferma les yeux un instant, comme pour graver ce moment dans sa mémoire. Puis elle releva la tête.

— Je veux pas que ça s’arrête là. Pas ce soir. Pas comme ça.

Max hésita. Elle recula légèrement, son regard fouillant celui de Garence.

— Garence…

— Si tu pars demain, je veux pas que la dernière chose qu’on partage, ce soit une engueulade et un entraînement au sac de frappe.

Garence l’embrassa à nouveau, plus fort cette fois, comme si elle n’avait plus peur de ce qu’elle ressentait. Ses doigts cherchèrent la boucle de la ceinture de Max, la défaisant lentement, presque avec cérémonie. Elle glissa une main à l’intérieur de son pantalon, à la recherche de chaleur.

Max ferma les yeux un instant, la respiration bloquée. Puis elle posa son front contre celui de Garence.
— T’as conscience de ce que t’es en train de faire ?
— Plus que jamais, souffla Garence.

Max céda. Ce n’était plus possible autrement. Elle l’embrassa à pleine bouche, comme une faim qu’elle avait niée trop longtemps. Ses mains coururent le long du dos de Garence, la plaquant doucement contre le mur, son genou s’insérant entre ses cuisses, appuyant juste assez pour lui arracher un souffle tremblant.

Garence glissa ses mains sous le t-shirt de Max, ses paumes suivant le tracé ferme de ses abdos, ses côtes. Elle le lui retira d’un geste, le balançant quelque part derrière elle. Le bruit du tissu heurtant le sol n’eut aucune importance.

— T’es magnifique, murmura-t-elle.

Max ne répondit pas. Elle l’embrassa à nouveau, descendit le long de sa mâchoire, puis de sa gorge, effleurant sa clavicule de ses lèvres brûlantes. Chaque baiser était une promesse. Chaque contact, une supplique silencieuse.

Les mains de Garence tremblaient un peu lorsqu’elle déboutonna son propre jean. Max l’aida à s’en débarrasser, sans jamais la quitter du regard. Puis elle la souleva, la tenant fermement, et l’emmena à travers le couloir, leurs corps s’effleurant à chaque pas.

Elles s’arrêtèrent dans les escaliers. Max la cala contre la rampe, les bras encerclant sa taille. Elle embrassa son ventre, lentement, puis fit glisser la petite culotte de Garence le long de ses cuisses. Son souffle chaud suivait la trajectoire du tissu, et Garence bascula légèrement les hanches en arrière, incapable de retenir un gémissement.

Max posa ses lèvres là, contre son sexe, d’abord timidement, puis avec une tendresse désarmante. Elle la goûta lentement, comme si chaque mouvement avait une intention. Ses mains maintenaient les hanches de Garence, la rendant folle de douceur. Garence se cambra, s’accrocha à la rampe, l’orgasme montant en elle comme une vague qu’elle n’avait jamais connue. C’était lent. Brûlant. Profond.

Elle jouit en silence, tremblante, haletante, la tête penchée en arrière, le corps arqué vers celle qu’elle aimait.

Max l’embrassa doucement sur l’intérieur des cuisses, remonta lentement, la serra contre elle.

— C’est pas fini, souffla-t-elle à son oreille.

Elles rejoignirent la chambre. Là, dans la lumière chaude des lampes, Max l’allongea sur le lit. Garence, nue, belle, offerte, la regardait avec un mélange de fièvre et de tendresse. Elle la guida, la déshabilla, explorant chaque parcelle de sa peau avec une lenteur presque cruelle. Les baisers se faisaient plus mouillés, plus profonds. Max embrassa ses seins, fit rouler ses tétons du bout de la langue, traça un chemin de baisers jusqu’à son ventre, puis remonta.

— Maintenant, à ton tour, murmura Garence en l’attirant à elle.

Elle se redressa, inversa leur position, s’installa sur elle, ses hanches épousant les siennes dans un rythme langoureux. Elle bougea lentement, guidée par l’instinct, les mains de Max accrochées à ses cuisses. La chaleur montait en elle comme un feu tranquille, profond, irrésistible. Elles se regardaient, droit dans les yeux, et c’était plus fort que tout le reste. Plus fort que les mots, que les promesses, que la peur du lendemain.

Elles finirent ensemble, dans un soupir commun, une chaleur partagée, les cœurs battant à l’unisson.

Garence glissa ses doigts dans les cheveux de Max, l’embrassa sur la tempe, puis murmura :

— Si c’est la dernière fois, je veux que tu saches… que t’as été la seule. À me toucher pour de vrai.

Max la serra plus fort.
— Ce sera pas la dernière. Je reviendrai. J’ai une promesse à tenir.

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